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Joseph Leo Blotner (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070404759
640 pages
Gallimard (16/06/1998)
4.19/5   13 notes
Résumé :

Un bon tiers des nouvelles de ce recueil sont des textes de jeunesse (c'est-à-dire d'avant le premier roman, Monnaie de singe) : la plus longue, " Portrait d'Elmer ", est même une version courte tirée par l'auteur vers 1935 d'un véritable " roman de formation " inachevé, datant du premier et décisif séjour à Paris, en 1925, et intitulé Elmer. Le caractère autobiographique de certaines de ces nouvelles ne f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce livre regroupe des nouvelles posthumes ou non publiées en recueil, Faulkner ayant essuyé de nombreux revers de la part des éditeurs dans les années 1920-1930. Si sa notoriété après Sanctuaire et le Bruit et la fureur lui offrit un accueil plus digne de son talent, les sujets de ses récits n'en laissaient pas moins perplexes des éditeurs frileux. Ce fut le cas par exemple du très drôle Mr Acarius, un riche alcoolique cherchant à s'avilir encore plus en se prenant une cuite retentissante avant d'entrer dans une clinique pour y suivre une cure de désintoxication. Faulkner traitant d'un sujet qu'il maîtrisait bien.
Et l'on se demande comment des éditeurs purent refuser des petits chefs-d'oeuvre comme Evangeline, Portrait d'Elmer ou Idylle au désert. Certaines nouvelles annonçant ainsi, par leurs personnages et les drames pitoyables et comiques qu'ils soulèvent, les grands romans de Faulkner.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Pendant un fragment de temps suspendu lui fut communiquée, par une vision pure, sans intervention de l’intellect, la présence de l’eau noire en attente, du tronc perfide, des arbres animés d’un pouls et d’une respiration, et des branches dressés comme une invocation à un dieu obscur et caché ; puis les arbres et le ciel étoilé basculèrent lentement à sa vue. Dans sa chute étaient la mort, et un rire morne, plein de dérision. Il mourut, mourut encore — mais son corps disait non à la mort. Puis l’eau le prit.
Puis l’eau le prit. Mais il y avait autre chose que l’eau. Elle courait, obscure, entre son corps et ses vêtements, et il sentit ses cheveux se plaquer sur son crâne. Mais là, sous sa main, tressaillante, une cuisse glissa comme un serpent ; parmi les bulles noires, il sentit une jambe nerveuse ; et lorsqu’il coula, la pointe d’un sein lui effleura le dos. Dans le lent chaos de l’eau troublée, il vit la mort comme une femme resplendissante et noyée qui l’attendait ; il vit un corps étincelant, torturé par l’eau ; et ses poumons, rejetant l’eau, aspirèrent une bouffée d’air mouillé.

("Nympholepsie", p. 411)
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Frankie, allongée sur son lit, songeait à toutes les autres filles de par le monde qui, étendues sur leur lit dans l’obscurité, songeaient à leur bébé à naître. On est comme le centre du monde, pensait-elle. Elle se demandait d’ailleurs combien de centres du monde il y avait ; et si le monde était une boule avec, dessus, des vies humaines pareilles à des chiures de mouche, ou si la vie de chacun était le centre d’un monde, auquel cas chacun ne voyait que son propre monde, et rien d’autre. Tout cela devait lui paraître sacrément drôle, à celui qui avait tout agencé ! Mais peut-être que lui aussi était le centre d’un monde, et qu’il ne voyait que ce monde-là, et rien d’autre. Et lui aussi, d’ailleurs, n’était peut-être qu’une chiure de mouche sur le monde de quelqu’un d’autre.

("Frankie et Johnny", p. 428)
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Et trois ou quatre fois l’an je revenais, ne sachant pourquoi, seul, pour les contempler, non pas seulement Grand-père et Grand-mère mais eux tous, profilés sur le fond du vert luxuriant de l’été et l’embrasement royal de l’automne et la ruine de l’hiver avant que fleurisse à nouveau le printemps, salis maintenant, un peu noircis par le temps et le climat et l’endurance mais toujours sereins, impénétrables, lointains, le regard vide, non comme des sentinelles, non comme s’ils défendaient de leurs énormes et monolithiques poids et masse les vivants contre les morts, mais plutôt les morts contre les vivants ; protégeant au contraire les ossements vides et pulvérisés, la poussière inoffensive et sans défense contre l’angoisse et le chagrin et l’inhumanité de la race humaine.

("Sépulture Sud", p. 609)
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Quand la lune jeta un regard entre deux nuages, Juliette put voir la tignasse de son frère et le col usé de sa chemise, et des larmes douloureuses, qui montaient rarement en elle, coulèrent sur la courbe de ses joues. Enfin, elle pleura franchement, elle aussi, parce que tout lui paraissait si éphémère et si absurde, si futile ; chaque effort, chaque mouvement impulsif qu’elle faisait vers l’accomplissement du bonheur était contrecarré par l’intervention aveugle du sort, au point que même ce qu’elle avait tenté pour fuir une famille qu’elle haïssait se trouvait frustré par quelque chose au-dedans d’elle-même. La mort elle-même ne pourrait lui venir en aide, qui n’est rien d’autre que l’état où sont jetés les vivants abandonnés par le défunt.

William Faulkner
("Adolescence", p. 55)
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Et il se rappelait les paroles du père Gianotti, un prêtre qu’il n’appréciait guère : « De tout temps, l’homme a tout fait pour se mettre dans des situations qui échappent à son contrôle. Le mieux qu’il puisse faire est de régler sa voilure pour étaler la tempête qu’il a lui-même déchaînée. Et rappelez-vous bien qu’une seule chose ne change pas, c’est le rire. L’homme sème la tragédie et la récolte toujours. Il enfouit dans la terre des graines qu’il a amoureusement amassées, des graines qui ne sont rien d’autre que lui-même, et que récolte-t-il ? Quelque chose qu’il n’avait pas prévu et qu’il se révèle incapable de maîtriser. Le sage est celui qui, quel que soit son état, peut se retirer du monde, et qui rit. L’argent que vous aviez, une fois dépensé, vous ne l’avez plus ; le rire, et seul le rire, est comme la coupe de vin fabuleuse qui ne désemplit jamais. »

("Le Prêtre", p. 434)
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De quel écrivain génial André Malraux parlait-il quand il a dit : « C'est l'intrusion de la tragédie grecque dans le roman policier » ?
« le Bruit et la fureur » de William Faulkner, c'est à lire en poche chez Folio.
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