Le dernier long-métrage de
Sergio Leone, un des premiers dans mon coeur de cinéphile vétéran. Lorsqu'un film m'impressionne dans tous les sens du terme, je suis prêt à lire beaucoup sur sa genèse.
Ilaria Feole avait 14 ans à la vision de la version longue (229 minutes) le soir du 20 septembre 1997. Une date marquante comme elle l'explique dans son introduction lyrique. Elle avait l'âge des jeunes protagonistes. La pièce maîtresse de Leone a donné le goût du cinéma à l'auteure.
Le découpage du livre est sobre : carte d'identité du film, prologue, récit et épilogue. La carte d'identité détaille les séquences de la version complète, écourtée de 85 minutes à sa sortie après Cannes, par un producteur frileux.
Le texte encadre une incroyable série de photogrammes, illustrant plan après plan le déroulement d'une tragédie extra-temporelle.
L'écriture est factuelle,contextuelle et référentielle à l'histoire d'un genre et à l'oeuvre de Leone. Elle décode aussi certains mouvements de caméra, démonte le montage. L'émotion et le ressenti sont cantonnés à l'introduction. La réussite d'écrire sur un objet aimé tient à la justesse de l'analyse découlant d'une imprégnation subtile des images et du langage d'un cinéaste décédé prématurément.
L'épilogue ose une comparaison graphique avec deux films, filiations supposées, de la geste sublime de Leone. Il s'agit de Histoire de la violence et L'étrange histoire de Benjamin Button.
Ce superbe fascicule cartonné est le prolongement idéal d'une projection exceptionnelle de la mélancolie à l'écran, ou un aide-mémoire à feuilleter en écoutant l'envoutante bande originale d'Ennio Morricone, immortalisée par une flûte de pan venue des tréfonds de l'être.
Leone voulait de la flûte partout, disait-il à son comparse Morricone. Celui-ci de répondre : il y en aura Sergio, il y en aura là où il faut, mais certainement pas partout.