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EAN : 9782923165844
166 pages
LEs Editions Ecosociété (17/10/2012)
4/5   2 notes
Résumé :
Hollywood règne sur le cinéma dans le monde, vend du rêve, du film catastrophe, des héros, de l'action et des émotions mais traite aussi de questions sociales et politiques. Comment décoder les messages politiques véhiculés par cet imaginaire ? Voici un guide critique du cinéma étatsunien des années 1980 à aujourd'hui, illustré par de nombreux exemples de films. Forgé au c?ur même de l'empire américain, le cinéma hollywoodien obéit à une structure de concentration é... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Fabrique de rêves et de consensus, la politique dans les images

Il y a de multiples façons possible d'aborder le cinéma et la politique. Claude Vaillancourt nous offre des analyses qui contribuent à dénaturaliser ces 24 images par secondes qui nous fascinent, nous font rêver et suscitent « une importante adhésion symbolique à l'échelle internationale ».

L'auteur questionne et indique « le cinéma hollywoodien, sous l'égide des grands studios et faisant partie intégrante du système capitaliste, est-il condamné à produire des oeuvres embrigadées, au service des intérêts de ceux qui le financent ? Les créateurs profitent-ils d'une grande liberté, nécessaire à la conception d'oeuvre d'art et qui correspond à l'une des valeurs les plus cardinales de la société étasunienne ? Il est difficile de trancher aisément et la réponse se trouve quelque part entre ces deux questions. Ces deux façons de voir le cinéma coexistent sans trop de difficulté. C'est d'ailleurs ce dont nous allons traiter principalement dans cet ouvrage ». Il ajoute que son livre est « une réflexion sur les liens entre la politique et l'imaginaire hollywoodien ». le répertoire des films examinés « sera principalement celui des années 1980 à nos jours, alors que le modèle néolibéral a été adopté et développé, avec les conséquences diverses pour le cinéma ».

Avant de présenter d'aborder les thèmes de l'ouvrage, je voudrais souligner un silence, même si le rôle de la famille dans le cinéma d'Hollywood est rappelée « la famille reste essentielle, comme une prolongation de l'individu », sur ce cinéma du « statu-quo » ou de « questionnement ». La naturalisation des rapports sociaux de sexe, du système de genre, la domination des femmes par les hommes, le mythe de l'amour, etc. sont aussi au coeur des représentations cinématographiques. Les imageries réductrices des femmes, leur assignation aux rôles sociaux genrés, la valorisation de leur corps, de leur relation aux enfants, au domestique, à la maison, sont au coeur des modèles distillés. L'auteur pourtant indique que son choix portera aussi sur « tout ce qui touche la place de l'individu dans la société et la façon dont cette dernière est organisée ».

De manière plus générale, le choix d'individu-e-s socialement très situé-e-s, des individus « moyens » (ou de milieux socialement favorisés) mais le plus souvent, homme, blanc, hétérosexuel, etc… invisibilise à la fois les rapports sociaux de classe, de sexe et de « race ». Cette imagerie s'appuie sur la séparation entre les domaines privé et public. Cela me semble aussi une dimension essentielle de la politique d'Hollywood. D'autant que la majorité des cinéastes sont aussi des hommes « blancs ».

« Qu'ils le veuillent ou non, les cinéastes donnent un sens aux sujets politiques et sociaux qu'ils abordent ». L'auteur se propose d'aborder les messages politiques « au royaume d'Hollywood » en trois catégories : « le cinéma du statu-quo », « le cinéma de questionnement », et enfin le « cinéma subversif ». Sans nier le « plaisir de voir une bonne réalisation », il convient de garder l'esprit critique et, entre autres, sur les conditions dans lesquelles se conçoivent les films « un système qui fabrique des oeuvres artistiques de façon industrielle, avec un marketing intensif, dans l'intérêt de puissants actionnaires ».

Claude Vaillancourt va donc commencer par analyser « A qui appartient Hollywood », l'histoire des studios, l'insertion de l'économie cinématographique dans l'économie mondialisée et en particulier la place des studios dans les empires financiers, les problèmes de risque et de rentabilité (et le rôle des blockbusters ou des stars). Ce faisant, il souligne que « le cinéma utilise le langage ambigu de la fiction » et que le cinéma Hollywoodien « a la mission officieuse de rendre attrayant l'american way of life ».

L'auteur poursuit par un chapitre intitulé « Art, cinéma et politique » dans lequel il examine les principaux sujets, les principales questions politiques abordées. Il souligne aussi ces quelques films qui nous surprennent « au sein d'une production dans l'ensemble assez conformiste ».

Le cinéma d'hollywood est marqué par un « profond individualisme » (d'où la place du héros solitaire ou de la famille comme prolongement de l'individu) et cette « valeur étasunienne » bénéficiera, au niveau mondial, « d'une exposition hors du commun ». Souvent manichéen dans ses visions du « méchant », dans sa quête de bouc émissaire, dans le départage « entre le Bien et le Mal » ce cinéma ne cesse de propager le « mythe américain » et sa « négation du problème des classes sociales », sans oublier sa vision très respectueuse et fantasmagorique des institutions étasuniennes (dont ses forces armées).

Les analyses, détaillées et illustrées par des films concrets, des deux parties suivantes, me semblent les plus intéressantes.

La seconde partie du livre est consacré au cinéma du statu quo. Elle comprend des analyses sur le « film patriotique », le « film catastrophe » et le beau chapitre sur le « placement de produits », dimension souvent négligée dans les analyses.

La troisième partie « le cinéma de questionnement » est sous divisée en « la critique détournée » (détaillée remarquablement en « désamorcer sa propre critique afin de la rendre inopérante », « changer de cible » et « réduire le problème à un phénomène conjoncturel »), « le filmallégorique », « le charme discret de la banlieue » et l'analyse de ces films présentant un héros (ou plus rarement une héroïne) « seul contre tous ».

Je suis plus réservé sur le chapitre sur « le cinéma subversif ».

Chacun-e pourra compléter les analyses proposées, ou les corriger d'autres regards sur certains film. Cependant les analyses et les catégories proposées par l'auteur me semblent pertinentes. Et ce livre, très simple (mais non simpliste) nous aide à questionner ces films que des millions de personnes regardent, le plus souvent juste comme un spectacle. Cette industrie du rêve, ne nous ouvrent pas souvent les portes de la pensée ou de la réflexion. Et si sa fonction économique est de rapporter des dividendes à certains, sa fonction politique est globalement de participer au consensus, de sur-valoriser le mythe de l'american way of life, réduction largement stérile des espérances émancipatrices.
Lien : http://entreleslignesentrele..
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Un livre remarquable . Il est certain que le cinéma à un impact politique , et Hollywood le prouve bien . Cet ouvrage commence dans les années 80 , années ou Reagan était au pouvoir . Dans ces années là une grande partie du cinéma américain était du coté du pouvoir , donc on a vu sortir des films de propagande à la gloire de l'armée Us , entre autres "Delta force " , "Portés disparus " , ect . le cinéma américain est clairement en phase avec l'èvolution politique . Ainsi Hollywood à adapté ces films suivant la personnalité du dirigeant en place . On nepeut que citez Michael Moore qui fut l'un des adversaires féroces de l'administration Bush . Alors que sous l'administration Obama c'est un cinéma bien plus intelligent ,millitant , qui a vu le jour , avec Georges Clooney principalement . Ce livre remarquablement bien fait dresse un bilan passionnant , pédagogique , des liens trés étroits entre Hollywood et l'éxécutif en place .
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Dans un célèbre ouvrage, Michael Hardt et Antonio Negri
ont développé le concept d’un « Empire » qui n’aurait pas de
limites, pas de frontières territoriales, et fonctionnerait « à
tous les niveaux de l’ordre social ». Il « intègre progressivement
l’espace du monde entier à l’intérieur de ses frontières ouvertes
et en perpétuelle expansion 1 ». L’Empire aurait donc une forme
de pouvoir total et intemporel, sans qu’on ne puisse jamais le
réduire à des individus ou à un seul pays prépondérant. Les
États-Unis, en tant que pays, ne constitueraient pas la vraie force
dirigeante, et encore moins ses citoyens ordinaires, tout aussi
victimes des abus de l’Empire. Il s’agirait plutôt d’une forme de
gouvernement mondial illicite et insaisissable, formé du pouvoir
financier, des entreprises, des lobbies, obéissant à de puissants
intérêts et organisé selon une logique implacable assurant sa
perpétuation.

Il n’en reste pas moins qu’il serait difficile de situer le cœur de
cet Empire ailleurs qu’aux États-Unis, même si de nombreux
citoyens de ce pays sont exclus du cercle de domination qui s’est
mis en place, qu’ils en subissent les conséquences et qu’ils en
élaborent parfois de sévères critiques. S’il est nécessaire de recon-
naître l’apport des États-Unis dans le monde, notamment pour
l’avancement de la science et une certaine défense de la démocra-
tie et de la liberté d’expression, il faut aussi condamner certains
de ses comportements qui affectent parfois non seulement leurs
citoyens, mais les hommes et les femmes partout dans le monde :
le soutien à des dictatures sanguinaires ; la participation à des
guerres longues et meurtrières ; le gaspillage de ressources éner-
gétiques non renouvelables ; de nombreux dommages à l’environ-
nement ; le refus de signer nombre d’ententes internationales,
dont le protocole de Kyoto ; la promotion d’une économie axée
sur la déréglementation, le libre marché et la concurrence, ce qui
provoque, entre autres, des écarts toujours plus grands entre les
riches et les pauvres ; l’absence de volonté de réduire les inégali-
tés ; la collusion profonde entre le pouvoir politique et le pouvoir
financier ; l’expansion de ses multinationales formant des oligo-
poles et contrôlant le marché ; le racisme envers sa communauté
afro-américaine et certains autres groupes ; son appui indéfectible
à Israël.




p. 34-35
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Le cinéma hollywoodien, sous l’égide des grands studios et faisant partie intégrante du système capitaliste, est-il condamné à produire des œuvres embrigadées, au service des intérêts de ceux qui le financent ? Les créateurs profitent-ils d’une grande liberté, nécessaire à la conception d’œuvre d’art et qui correspond à l’une des valeurs les plus cardinales de la société étasunienne ? Il est difficile de trancher aisément et la réponse se trouve quelque part entre ces deux questions. Ces deux façons de voir le cinéma coexistent sans trop de difficulté. C’est d’ailleurs ce dont nous allons traiter principalement dans cet ouvrage
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Qu’ils le veuillent ou non, les cinéastes donnent un sens aux sujets politiques et sociaux qu’ils abordent
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Si les studios prennent parfois certains risques, ils ne perdent
jamais de vue que leur fonction est d’abord et avant tout d’offrir
des produits qui doivent être vendus au plus grand nombre et de
réaliser des profits pour les actionnaires, auxquels ils sont liés,
comme dans toute grande entreprise capitaliste. Ainsi, le contenu
et la qualité d’un film comptent beaucoup moins que ce qu’il
rapporte.

p. 29
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En général, les créateurs inspirés se retrouvent du côté de
l’opposition ; la vocation artistique vient souvent d’un senti-
ment de frustration ou d’insatisfaction, d’un rejet d’un monde
contemporain jugé médiocre, étouffant, corrompu, banal.

p. 35
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Video de Claude Vaillancourt (1) Voir plusAjouter une vidéo
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