Les nouvelles de Je me tuerais pour vous sont inégales, et sans doute réservées en priorité aux amateurs de Scott, qui le retrouvent tel qu'il fut, à la fois solaire et blessé, contraint d'empiler les écrits plus ou moins réusssis pour payer le loyer et le gin, remettant toujours (à peu près) le même ouvrage sur (à peu près) la même table, un ouvrage qui fut au fond sa vie, son ascension et sa chute, les deux si rapides et mêlés, le temps d'un songe une nuit d'été.
Mineur peut-être mais d'un auteur majeur. On se tuerait pour lui.
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Je n'ai pas été très emballée par ce recueil de nouvelles. A chaque fois que j'en finissais une, je me disais que la prochaine sera peut-être mieux. Fausse espérance ! Je n'ai pas détesté, je n'ai pas aimé... j'ai plutôt ressenti de l'indifférence ; peut-être devrais-je lire autre chose de cet auteur que ses nouvelles... peut-être...
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Ces histoires courtes devaient certainement constituer un bon moment de lecture pour la bonne société. J'imagine le lecteur prenant du bon temps, assis sur un banc dans un magnifique parc. L'auteur fait preuve d'une imagination débordante, mais ces récits sont dépassés ; ils se situent dans les années 20 très pudibondes. Il y a souvent des redites et on se demande si c'est volontaire ou s'il s'agit d'erreurs. Les commentaires me paraissent « surfaits », comme si la notoriété de l'auteur nécessitait des compliments…MB
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Certaines nouvelles sont meilleures que d'autres, mais toutes permettent d'apprécier la valeur de l'illustre écrivain.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Des nouvelles inédites du romancier américain rappellent la fulgurance de son talent
Lire la critique sur le site : LaCroix
Dix-huit nouvelles inédites confirme le génie de l'auteur de "Gatsby", et son sens des passions contrariées.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Un recueil de nouvelles et de scénarios inédits témoigne surtout d’années 1930 difficiles pour l’écrivain américain.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Réussies ou ratées, rocambolesques ou poétiques, dix-huit nouvelles inédites forment un précieux recueil, riche des obsessions, de la sensibilité et du style du romancier.
Lire la critique sur le site : Liberation
Un recueil inédit composé dix-huit nouvelles écrites dans les années 1930 paraît, hanté par la mort, la mélancolie et la folie.
Lire la critique sur le site : LePoint
Fitzgerald instille ce mélange d'ironie cruelle, de profonde mélancolie et de vraie âpreté qui est son climat de prédilection.
Lire la critique sur le site : Telerama
Je pense que les neuf ans qui ont séparé Gatsby le magnifique de Tendre est la nuit ont gravement nui à ma réputation parce qu'une génération entière a grandi entre-temps pour laquelle je n'étais qu'un écrivain de nouvelles du Post...
Je trouve étrange que le talent que j'avais toujours eu pour les nouvelles ait disparu. C'était sans doute que les temps avaient changé, les éditeurs avaient changé, mais une partie de l'explication résidait sans doute dans notre couple - le happy-end. Bien sûr une nouvelle sur trois se terminait différemment, mais pour l'essentiel, je séduisais mon public avec des récits d'amours de jeunesse. Je devais avoir une puissante imagination pour qu'elle se projette aussi loin et si souvent dans le passé.
Lettre de Fitzgerald à Zelda, octobre 1940 (postface, p. 473)
C'est absolument affreux d'être ainsi endetté. J'y ai perdu toute confiance en moi jusqu'à un point affligeant. Autrefois, j'écrivais pour moi-même, aujourd'hui j'écris pour les éditeurs de magazine parce que je n'ai jamais le temps de penser à ce que j'aimerais vraiment faire, ni celui de trouver quelque chose qui me plaise. Je suis un peu dans la situation d'un homme qui tire de l'eau goutte à goutte parce qu'il a trop soif pour attendre que le puits se remplisse. Ah si j'avais la chance de pouvoir faire une pause !
Lettre de F. S. Fitzgerald adressée à Ober, mai 1936, Postface p. 474.
Chaussons de danse (p. 220)
En 1923, une famille russe (presque tous acteurs) arrive à Ellis Island et est interminablement retenue. La jeune fille, dix-huit ans, a fait partie de la Troupe Impériale de Ballet. Elle danse pour les autres passagers en troisième classe sur une musique d'accordéon. Elle n'a aucune idée de ce qu'est New-York, et pour attirer le regard d'un homme dans un petit canot, qui pourrait bien l'amener à destination avant ses parents, elle lui jette un vieux chausson de danse.
Merci pour le feu
Face à elle s'élevait la cathédrale catholique. Elle lui sembla très haute et Mrs Hanson eut une inspiration soudaine : si tellement d'encens était monté vers Dieu depuis les flèches, un peu de fumée dans le vestibule ne ferait aucune différence. Le bon Dieu ne verrait sûrement aucun inconvénient à ce qu'une femme épuisée tirât quelques bouffées dans Son église. (p. 293)
Puis-je dire d’entrée de jeu qu’à mon avis, rien de tout cela ne s’est vraiment passé ? L’histoire est trop grotesque et je n’ai jamais pu découvrir exactement où elle avait eu lieu ni réussi à identifier les différents acteurs par leurs vrais noms.
Dans un coin plaisant du New Hampshire, sur une colline blanche en hiver et verte en été, on aperçoit une grappe de quatre ou cinq maisons. Par un après-midi de printemps, il n’est pas rare que les portes et les fenêtres de la plus grande et la plus élégante d’entre elles s’ouvrent largement sur les courts de tennis.
« L'histoire de ma vie est celle du combat entre une envie irrésistible d'écrire et un concours de circonstances vouées à m'en empêcher.
[…] Puis, mon roman a été publié. Puis, je me suis marié. Maintenant, je passe mon temps à me demander comment tout cela est arrivé.
Selon les mots de l'immortel Jules César : « Tout est dit ; il ne reste plus rien. » (Francis Scott Fitzgerald, « Qui est qui, et quoi? », paru dans le Saturday Evening Post du 18 septembre 1920.)
« […] En mai 1934, Fitzgerald [1896-1940] s'ouvre de son projet subtil à son éditeur, Maxwell Perkins [1884-1947] : « Comme vous le savez, je n'ai jamais rien publié de personnel sous forme de livre parce que j'ai toujours eu besoin de tout le matériel possible pour mes oeuvres de fiction. Toutefois, un certain nombre d'articles et de textes divers ont attiré l'attention d'un vaste public et pourraient le faire de nouveau si nous pouvions trouver, entre le titre et les textes, le lien qui puisse nouer l'humour à un soupçon de sagesse. » […] Perkins ne répond pas. Mais l'idée refait surface deux ans plus tard, en mars 1936, quand Fitzgerald lui propose « un livre de réminiscences, non pas une autobiographie, mais des réminiscences ». […] Fitzgerald, plus précis encore : « Il est plus triste de retrouver le passé et de s'apercevoir qu'il n'est pas à la hauteur du présent que de le voir s'échapper pour demeurer à tout jamais une construction harmonieuse de la mémoire. » Il s'agit donc, dans ce livre des réminiscences, au cours de cette délicate chasse aux papillons, de retrouver, en dépit de la tristesse et contre elle, un passé à la hauteur du présent, un passé qui tienne ses promesses à l'avenir. […] « Il se trouve que la plus grande partie de ces articles sont intensément personnels : alors qu'un journaliste doit trouver un sujet sur lequel écrire son article quotidien ou hebdomadaire, j'ai écrit ces articles uniquement lorsque l'impulsion venait de l'intérieur. En fait, j'ai les mains plus propres pour la non-fiction que pour la fiction. » […] le projet « Mains propre » était resté lettre morte. Que vive Un livre à soi. » (Pierre Guglielmina, Qu'est-ce qu'un « livre à soi »?)
« […]
[…] Jamais la foi dans le destin de l'homme n'avait atteint les sommets auxquels elle est parvenue dans les années 1890 - rarement cette même foi a plongé aussi bas qu'aujourd'hui. Lorsque nous observons autour de nous un rapide déclin des idéaux de conduite, il existe nécessairement une cause fondamentale pour l'expliquer. Il est impossible d'être vicieux dans le vide. Quelque chose de sérieux (que seuls les évangélistes professionnels, les romanciers de gare et les politiciens corrompus prétendent comprendre) affecte le monde. Il faudra un coeur solide pour nager à contre-courant dans ces eaux troubles et ne pas être, comme ma génération, un peu cynique, un peu las et un peu triste. […] - doit-on s'étonner que nous redoutions presque d'ouvrir les journaux le matin de peur d'y découvrir une nouvelle dérive de la civilisation, une nouvelle infamie dans cette chambre obscure que nous appelons le coeur humain !
C'est sur ce monde que nos enfants ouvrent aujourd'hui les yeux. […]
[…] si mon enfant est un meilleur homme que moi, il viendra me voir enfin pour dire, non pas : « Père, tu avais raison concernant la vie », mais plutôt : « Père, tu avais complètement tort. »
Et quand ce moment viendra, et il viendra, puis-je être assez juste et sage pour dire : « Bonne chance et adieu, car j'ai possédé autrefois ce monde qui t'appartient, mais je ne le possède plus. Suis ta voie à présent, avec vaillance dans le combat, et laisse-moi en paix, au milieu de tous ces torts passionnés que j'ai aimés, car je suis vieux et ma tâche est accomplie. » (Francis Scott Fitzgerald, « Attendez d'avoir des enfants à vous ! », paru dans Woman's Home Companion, juillet 1924)
« Crack-up (titre original de ce texte [Craquer]) signifie certes « craquer nerveusement », mais aussi, « rire » ou « faire rire ». Fitzgerald a certainement ce double sens en tête […] » (Note de Pierre Guglielmina)
0:04 - Craquer
13:51 - Générique
Référence bibliographique :
Francis Scott Fitzgerald, Un livre à soi, traduit par Pierre Guglielmina, Éditions Les Belles Lettres, 2017
Image d'illustration :
https://www.npr.org/2015/01/10/376118599/west-of-sunset-imagines-f-scott-fitzgeralds-last-years-in-hollywood
Bande sonore originale : Gotama - Inner Silence
Site :
https://gotama-music.bandcamp.com/track/inner-silence
#FrancisScottFitzgerald #Craquer
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