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Joe Flood (Autre)Macon Blair (Autre)
EAN : 9782810218189
168 pages
Rue de Sèvres (26/08/2020)
3.35/5   10 notes
Résumé :
Qui pourrait résister à l'appel d'un tel gueuleton quand on a l'estomac dans les talons ? Certainement pas Jed et Thanny, deux truculents vagabonds qui traînent leurs guêtres dans l'Amérique de la Grande Dépression à la recherche d'un eldorado aussi mythique qu'éthylique : Whiskyville. Mais tant pis pour la bâfre : accusés de la mort de sa femme par un crétin de flic irlandais qui en veut à leurs scalps, nos deux gaillards devront mettre les voiles vers des horizons... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique


Jed et Thanny sont deux hobos des années 30 US.

Deux purs produits de la Grande Dépression de 1929.

Deux vagabonds du rail, deux traine-misère, deux laissés-pour-compte de la Grande Histoire d'une nation oublieuse de ses erreurs et de la manière de les réparer.

Jed et Thanny, deux clochards « célestes » parmi tant d'autres.

Des délaissés, des marginaux sans domicile fixe, de ceux chantés par les folksingers Woody Guthrie et Pete Seeger et par nombre de bluesmen noirs ruraux, de ceux entrevus dans « Les raisins de la colère » ou dans « On achève bien les chevaux » de Horace MacCoy, de ceux décrits par Kerouac ou d'autres… Des ombres d'hommes, emportées par la tourmente sociale des années 30's, vers une misère ambiante devenue normalité. Des marqueurs sociaux d'une époque, hélas, toujours en prise avec l'actualité, devenus arguments de contestation légitime à l'usage des vagues successives de contre-culture américaine.

Jed et Thanny : deux passagers clandestins ferroviaires, transitant de wagons de marchandises en wagons à bestiaux, de ceux sillonnant la campagne de ville à ville entre plaines et montagnes. Deux hobos à la recherche de petits boulots hypothétiques, systématiquement mal payés; deux itinérants aux aguets de combines souvent foireuses, sources régulières de conséquences mélodramatiques épiques devenues légendes orales. Deux hommes pour qui l'amitié partagée et l'entraide (cf « Des souris et des hommes ») font la différence entre l'espoir et la résignation. le renoncement temporaire de l'un pallié par l'allant de l'autre, entre rires et larmes ; suivant l'humeur, bonheur ou dépression, au gré de ce qui, sans cesse changeant, se profile à l'horizon du jour.

Jed et Thanny , deux traine-misère poussés par la faim, pour qui une tourte chaude laissée à refroidir sur le rebord d'une fenêtre est un appel au vol pour calmer la faim qui ronge. Cette rapine inaugurera une bien grande aventure, de celles avec un grand A, un road-movie dessiné où les rencontres inattendues foisonneront, les péripéties se feront fertiles en rebondissements saugrenus, absurdes, improbables, rocambolesques, délirants, déjantés, loufoques, décalés, potaches, sans véritable souci de vraisemblance … comme fantasmés par ce qui pousse ces hommes vers l'avant : la promesse d'un eldorado mythique à eux seuls destiné, Whyskyville ; l'alcool y coule à flots et les hobos s'y font poivrots heureux.

… la suite appartient au récit.

De l'univers des hobos on retrouve les trains, les petites gares campagnardes, la perspective fuyante des rails, les paysages traversés, les marqueurs de route du code hobo sur les arbres, les wagons à claire-voie, les vêtements de misère, les godasses éventrées, les vêtements rapiécés et déchirés, les chapeaux-claque cabossés qui baillent comme des boites de conserve ouvertes.

Large place est laissée aux onomatopées : çà explose au bout des révolvers, çà craque d'éclairs d'orage qui émiettent le dessin, çà « zzzzzzzzzzz » quand çà dort, çà « $ !?#@&!#!!?* » (dixit) de noms d'oiseaux quand c'est pas content du tout, çà « clap clap clap » à tout rompre quand çà applaudit à deux mains …

Les textes sont à l'avenants, rapides, synthétiques, concis, habiles, centrés sur l'essentiel (c'est-à-dire l'instant), bourré d'humour dicté par les circonstances …

Graphiquement, le trait est vif, heurté et rapide. Les faciès de la plupart des personnages sont rapidement stylisés, apparaissent très différentiés ; chacun d'eux est immédiatement reconnaissable, associable à un profil social type. le mode caricature ainsi s'impose le plus souvent à les dessiner : le flic irlandais microcéphale dans son uniforme noir comme taillé dans une armoire normande ; le prédicateur efflanqué, entre alcool et eau bénite, aux longs bras décharnés dressés vers le ciel, à l'oeil alternativement avenant ou exorbité par la fureur et l'hystérie ; le montreur de monstres à tronche de voyou ; le Roi des Gueux à la trogne décidée, intransigeante et inflexible ; le Vagabond Eternel au faciès poupin et béat … s'y ajoute une singulière collection de freaks de foire (cf le long métrage de Tod Browning en 1932) où chaque élément est campé dans ses caractéristiques particulières. le dernier phylactère de la BD, précisant : « Et c'est la fin pour l'instant », pourrait augurer d'un retour vers cette faune singulière à l'égal du gestalt imaginé par Théodore Sturgeon dans « Les plus qu'humains ».

Seuls les deux héros principaux échappent au manichéisme graphique ambiant, ils sont plus complexes et difficiles à décrypter ; cela semble délibéré même si, ainsi, l'empathie envers eux peine à s'installer. Méchancetés gratuites et gentillesse naturelle, taquineries et tendresse amicale, violences et sérénité, bonheur dans l'adversité et la misère. On les voit tour à tour taquins, moqueurs, blagueurs, empathiques envers les Freaks qu'ils rencontrent ; un peu à l'image de Ribouldingue, Filochard et Croquignol, les trois pieds Nickelés d'antan qui trainaient leurs carcasses démantibulées, leurs coups foireux et leur gouaille sarcastique de phylactère en phylactère sous l'encre de Chine de Forton.

Il y a aussi du Charlie Chaplin en eux : ses jambes et ses bras sans cesse projetés dans toutes les directions, son pantalon vingt tailles au-dessus, ses godillots entrebâillés sur des entrailles de chaussettes tirebouchonnées sur les chevilles, ses bandes molletières serrées au plus près de maigres mollets. On retrouve Charlot et ses éternels croche-pattes au géant patibulaire et à l'intellect baignant dans la choucroute, cette fleur offerte à la jeune aveugle dans les « Lumières de la ville ».

« Sur la route de Whyskyville » semble un retour vers le temps béni d'un cinéma à la Charlot ou à la Keaton, saccadé et vif, plus soucieux de ses gags que de sa vraisemblance, l'important étant dans le rire de celui qui regarde. J'ai cherché hors vignettes, dans les étroites marges blanches, la silhouette improbable de la caméra à manivelle montée sur trépied, celle du réalisateur sur le siège en toile marqué à son nom, celle du mégaphone à portée de bouche, tant la BD s'inscrit dans un processus cinématographique où le maitre mot est rapidité et burlesque de circonstances.

Les deux héros sont toujours heureux, rarement dépressifs, toujours enclins à côtoyer la surprise au-delà du prochain tournant, peu soucieux du bordel laissé dans leur sillage, près aux coups de poing quand les visages sont à portée de phalanges, aux lampées d'alambics et à la chourave opportuniste.

Les deux compagnons de route, et ce n'est pas dit dans le récit, pourraient bien être aussi deux de ces okies (originaires de l'Oklahoma) qui poussés, durant les années 30, par le dust bowl, prenaient le chemin utopique de la Californie fruitière. Ce qui, pour conclure mon propos et l'illustrer graphiquement, me permet de mettre en avant la pochette si parlante d'un album de JJ Cale et, musicalement, l'instrumental qui va avec (cf le blog) …

Merci à Babelio, à Masse Critique, aux deux auteurs et Rue de Sèvres Editeur.

« J'm a poor lonesome hobo, and a long way from home »
Lien : https://laconvergenceparalle..
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Traduction : Matz
Lettrage : Jean-Luc Ruault
Scénario : Macon Blair
Dessin et couleurs : Joe Flood

Les aventures et mésaventures de deux vagabonds, "des hommes de rien" à la recherche de la ville mythique de Whiskyville.
Ils ont bien les trognes et le langage de l'emploi. Ce sont des voleurs, des ivrognes, des resquilleurs. Oui, mais ils sont très attachés l'un à l'autre et très complices : je vous présente Jed et Nathaniel.
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Le titre de l'ouvrage porte la mesure du récit.... Une histoire de poivrot.
Il annonce la couleur du sujet : une certaine légèreté et insouciance.
Joe Flood et Macon Blair nous livrent ainsi une petite BD sympathique à lire.
Une aventure loufoque et pleine d'absurdité mais dont on adhère tout de suite car ça fait du bien de déconnecter une peu.
Et le whisky ça aide…

Le scénario de Macon Blair pour "Sur la route de Whiskyville” :

Je suis assez surpris par cette histoire à la fois humoristique et légère mais avec des passages plutôt violents, agressifs ou absurdes.
Quoiqu'il en soit, le sentiment final est un sentiment de liberté, de nonchalance.
Macon Blair conduit son récit sous une forme de Road trip course-poursuite dans le contexte des années 30 aux USA en pleine crise économique appelée "la grande dépression".
Les pages introductives cadrent bien le contexte et arrive même à nous inspirer des petits airs d'harmonica...
Vu la période, il n'est donc pas surprenant que nos héros soient finalement des vagabonds, des hommes sans le sou, se laissant vivre en essayant de profiter au mieux de leurs conditions...
L'aventure racontée reste tout de même très fantaisiste avec cet eldorado improbable qu'est Whiskyville, mais surtout extrêmement rocambolesque avec des scènes totalement inattendues, exagérées et parfois brutales.
Evidemment cela a le mérite de rythmer l'odyssée de nos compagnons, mais surtout de détendre les méninges du lecteur.
Clairement, au premier passage saugrenu, le cerveau du bédéphile déconnecte et comprend qu'il doit finalement se laisser aller sans vraiment chercher un vrai sens au récit.
Cependant, il en est un de sens ! Nos joyeux protagonistes finissent par comprendre qu'il ne sert à rien de courir à l'impossible et qu'il vaut mieux profiter et apprécier l'instant présent et ce que l'on a de plus cher... Amour et amitié.
Finalement, n'est-ce pas simplement ça atteindre le pays de cocagne ?

En bref un scénario surprenant en premier abord, mais à y réfléchir, il est bien plus profond qu'il n'y parait et vous insufflera une certaine joie de vivre.

Le dessin de Joe Flood pour "Sur la route de Whiskyville” :

Joe Flood est un illustrateur de comics ayant particulièrement cartonné avec son incroyable adaptation du monde fantastique de Stan Nicholls dans "Orcs - Forgés pour la guerre", sa première BD.
Il nous revient chez Rue de Sèvres pour dessiner ce voyage insolite.
Son style semi-réaliste convient très bien au ton récréatif de l'histoire et son trait épais, vif, fluide et parfois rude convient très bien à ces personnages écorchés et dépouillés que sont Jed et Thanny, mais aussi aux autres personnages secondaires qui semblent tous avoir un vécu incomparable.
Les couleurs s'imposent comme primordiale dans le cadre ce conte. Elles permettent de garder un environnement chaleureux, éclatant, inspirant le réconfort et la gaieté. Elles nous suggèrent d'aller à notre rythme, de respirer et de profiter de la vie.
Les ombres et lumières sont subtilement contrastées aidant ainsi les couleurs à évoquer cette sensation de bien-être.
Les compositions sont remarquables et variées avec des plans surprenants tels qu'une vue de haut tel un plan, ou une magnifique succession de perspectives rigolotes etc...
Les effets sont justes, maîtrisés et discrets. Quelques onomatopées ponctuent les cases et accompagnent la narration.
Le découpage est original, variant les mises en page allant de la pleine page à 6 vignettes en moyenne, superposant des cases, avec des dessins ou des bulles débordant sur d'autres images, des formes de cases cocasses illustrant les actions abracadabrantes etc...
Mais il réside un léger souci... Je trouve que l'on a du mal à ce prendre d'affection aux personnages, la magie de la projection ne se fait pas.
Le lecteur reste spectateur et les émotions ne sont probablement pas vécues comme elles le devraient.

En bref on ne retiendra pas le nom des personnages longtemps malheureusement…

J'ai apprécié cette lecture détente, et accompagnée d'un bon verre, elle n'en devient que plus savoureuse et amusante.
Lien : https://www.7bd.fr/2020/09/s..
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Nos deux héros vagabonds Jed et Thany sur une route des Etats-Unis à l'époque de la grande dépression ne sont pas rendus sympathiques au premier abord où une jeune femme est tuée accidentellement.

Il faut dire qu'elle a réagit à coup de fusil pour le vol d'une simple tourte à la viande. Son mari, un flic irlandais, n'aura de cesse de vouloir se venger alors qu'il a également sa part de responsabilité dans ce terrible drame qui nous rappelle la législation américaine sur les armes à feu.

Du coup, on oscille entre le comique et la tragédie ce qui met un peu mal à l'aise le lecteur en peine de repères. Par ailleurs, il y a une certaine complicité entre nos deux compères dont l'un semble poursuivre un rêve impossible d'atteindre une ville paradisiaque pour les sans-abris.

Certes, il y aura une sorte de course poursuite mais également des moments de rencontre assez intéressantes comme celle avec la cour des miracles ou le cirque des monstres avec une ambiance très bohême. Cela manque parfois d'une mise en scène plus simple qui serait en cohérence avec le récit et l'intrigue principale.

J'ai tout de même bien apprécié le dessin qui est assez coloré mais qui reste précis dans ses décors et ses personnages.

Au final, une lecture plutôt sympathique même si parfois assez déjantée pour la poursuite d'une joyeuse chimère.
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Je remercie Babelio et les éditions Rue de Sèvre pour m'avoir fait parvenir cette BD à l'occasion d'une masse critique.
Dans l'Amérique profonde des années 30 frappée par la crise économique, nombreux sont les déshérités et les laissés pour compte qui ont été jetés sur la route. C'est le cas de Jed et Thanny, un duo de vagabonds assez déjantés et prêts à faire les 400 coups en sillonnant les routes des Etats-Unis. Ils ont une quête : trouver Whiskyville, le paradis rêvé des clochards ! Jed est sûr de l'existence de cet Eldorado, il en a même une carte (qu'il ne sait toutefois pas déchiffrer) ! Mais leur vie bascule quand ils tentent de voler une tourte à la femme d'un flic. Celle-ci veut leur tirer dessus mais son pistolet lui explose dans la main et elle en meurt. Fou de douleur et de haine, son mari va poursuivre le duo à travers la campagne américaine.
C'est un road movie bien sympa, qui aurait pu être un bon film des frères Coen. Les dessins, au style plus franco-belge que comics, sont très bons, les personnages attachants et l'humour présent en permanence. A priori l'histoire appellerait une suite, j'espère donc qu'il y en aura une.
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critiques presse (2)
BDGest
07 octobre 2020
Histoire loufoque mettant en scène un duo touchant, Sur la route de Whiskyville joue la carte de la comédie slapstick traditionnelle.
Lire la critique sur le site : BDGest
Sceneario
28 septembre 2020
Une équipée de l’Ouest abracadabrantesque qui a le grand privilège de nous divertir sans nous faire réfléchir.
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Est-ce que je devrais t'arracher la langue comme on déroule du papier toilette ?
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