Pierre l'Ermitte ou L'Hermitte, dont l'origine est obscure, est-il un enfant de petite noblesse ? Est-il né vers Amiens entre 1050 et 1055 ? Fut-il d'abord un homme d'armes avant de devenir un homme de Dieu ? Un halo de légende entoure ce personnage de ses débuts à sa mort en l'abbaye de Neufmoustier sur les bords de Meuse vers 1115.
En tout cas, ce personnage semble plutôt sentir le soufre que l'encens.
Il est sans doute plus fanatique encore et plus inquiétant qu'il ne paraît l'être d'après le souvenir entretenu par les manuels scolaires d'antan, où on le tenait plutôt pour un saint homme convaincu de bien faire en exhortant les hommes à prendre le chemin de la Terre Sainte pour "libérer le tombeau du Christ". On dit qu'un pèlerinage l'aurait convaincu de cette nécessité. Cet épisode n'est même pas certain.
Quoi qu'il en soit, il aurait su convaincre les humbles et entraîner à sa suite des milliers d'hommes en prêchant un peu partout, vers le Berry et le pays orléanais puis en Champagne, et enfin sur les bords du Rhin. Sur le nombre exact des personnes entraînées, les chiffres varient. Mais, en tout cas, elles ont commis tout un ensemble d'exactions, persécutant en particulier les communautés juives pour leur soutirer de l'argent et des moyens de subsistance, ce qui fait tache sur toute leur entreprise. En Hongrie aussi, ils laissèrent de mauvais souvenirs et échappèrent à leurs poursuivants en colère en pénétrant en territoire byzantin. le basileus s'en débarrassant en leur faisant passer le Bosphore et en les dirigeant vers Civitot où des milliers périrent, tombant sous les coups de l'armée du sultan Kilidj Arslan.
Pierre l'Ermite réussit à s'enfuir et on le retrouva en compagnie des nobles à Antioche en juin 1098.
Son parcours, qui comporte plusieurs zones d'ombre, est celui d'un religieux fanatisé et illuminé, qui ne reculait pas devant l'incitation à l'élimination de ceux qu'il considérait comme les ennemis du christianisme.
Jean Flori profita du portrait qu'il en fit pour traiter de la question de la manipulation des foules dans le phénomène de Croisade à ses débuts.
François Sarindar
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Voilà un personnage dont le portrait fluctue en fonction de l'actualité ! On nous l'avait vendu comme un saint , voilà que certains faits contemporains nous mettent en garde contre les prêcheurs de croisades aux mains tachées de sang . L'analyse scrupuleuse des sources permet à Jean Flori de nous rendre plus compréhensible ce moment de l'histoire et de nous forger une opinion. Ce texte est aussi pour moi un moyen de rendre hommage à un érudit récemment disparu et que j'ai eu le plaisir de compter comme ami.
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Prendre sa croix c'est souffrir avec Lui. L'ennemi, lui aussi,s'intériorise.Un nouveau danger pointe alors à l'horizon:celui de se détruire soi-même pour le Christ comme on avait , dans la Croisade, détruit l'ennemi pour Lui plaire.
Prêcher la croisade, Jean Flori
Prêcher la croisade, Jean Flori
XIe -- XIIe siècle -- Communication et propagande
La croisade est un phénomène tout à fait étonnant...
En quoi peut-on parler de communication et de propagande ?
Quelle image peut-on retenir de la croisade ?
Pierre Vallaud pour Le Club Histoire. Retrouvez + d'infos et des livres sur :
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