Sachez d'emblée que je ne suis pas qualifiée pour vous parler de musique. Je n'ai pas de connaissance en musicologie, je ne pratique aucun instrument, et je chante faux.
J'ai juste deux oreilles et j'éprouve beaucoup d'attrait pour l'opéra.
«
Verdi l'insoumis » de
Sylvain Fort est parfaitement adapté à mon cas dans la mesure où tout y est compréhensible.
L'opéra de Verdi prend naissance dans la réalité de la condition humaine, de la conscience politique aux états d'âme, des préoccupations sociales aux émotions les plus intimes. Les oeuvres de ce grand musicien reflètent son époque, et sont pourtant intemporelles.
Verdi accéda tôt à la notoriété et fut très vite adulé. Pourtant, il bataillera sa vie durant contre la censure autrichienne, mais aussi contre le conformisme et la rigidité morale, afin de représenter les « les âmes blessées », les laissés-pour-compte, les anti-héros. Dans ses personnages aux sentiments exacerbés, il laisse sa propre empreinte : ses origines humbles, sa liberté intellectuelle, son refus des concessions, ses souffrances, son ardeur, et aussi son désir de se faire entendre, d'être reconnu.
C'est essentiellement cette démarche qu'explique
Sylvain Fort, en s'appuyant sur les opéras de Verdi, sur l'évolution de son travail tout au long de sa carrière.
Ainsi par exemple, il replace « Rigoletto » dans son contexte historique, en éclaire précisément la signification première, et montre à quel point le propos de Verdi reste d'actualité.
Choisissant des sujets forts, étape après étape, Verdi innove, se démarque et réinvente l'opéra, privilégiant le fond sur la forme.
Musicien de génie et féru de mise en scène, il associe musique et théâtre pour dénoncer les travers de la société et révéler la force des passions.
La première moitié du livre m'a moyennement emballée. Quoi qu'instructif, le propos est peu développé ; l'écriture, assez sèche, ne suscite pas l'émotion. On a l'impression d'assister à un cours magistral.
Puis, à partir de 1865 (avec l'opéra « Don Carlos »), l'auteur s'emballe et devient écrivain. Son style s'enrichit, son langage se fait évocateur, et le récit gagne en intensité, devenant passionnant.
C'est grâce à un don exceptionnel que
Giuseppe Verdi, né dans un milieu modeste, et que rien ne prédestinait à devenir immortel, a révolutionné l'opéra pour en faire à la fois un « révélateur social » et un moyen d'introspection de la complexité de l'âme humaine.
Je remercie les éditions Robert Laffont, Babelio et cette chouette invention qu'est Masse critique.