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Suzanne V. Mayoux (Traducteur)Marilyn French (Préfacier, etc.)
EAN : 9782707139641
462 pages
La Découverte (06/02/2003)
3.99/5   81 notes
Résumé :
"Je vous demande, je vous supplie, je vous exhorte d'étudier ceux qui vous entourent. Laissez-vous immerger. C'est un sujet inconnu, ceux qui, ici, ont essayé sont loin, très loin d'une vie civilisée, superficielle mais évoluée. Puisez dans vos dons remarquables d'ironie et de satire. Ils sont ce que je considère comme de plus vital et de plus bénéfique. Ce que je veux dire en un mot, c'est profiter, regarder quel exemple désastreux je suis d'exil et d'ignorance. Vo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Edith Wharton est une fine observatrice d'une certaine société new-yorkaise du début du 20 eme siècle encore tournée vers l'Europe dans ses codes et modes de vie mais en cours de mutation. On est entre Washington Square et la 5 ème avenue, entre les anciens et les modernes, vers la ville qui ne dort jamais.

Ce roman, qui tourne autour d'un personnage assez désagréable à vrai dire, la très belle Ondine Spragg, nous raconte le parcours d'une femme trophée à la recherche de l'homme de pouvoir idéal pour lui apporter, statut, position, argent , tout ce que les femmes de cette époque ne pensaient pas pouvoir obtenir par le travail et le mérite personnel.

Ondine est autant dénuée de scrupule que de culture. Elle règle toutefois sa vie privée avec autorité, avec des hauts et des bas, comme ces messieurs règlent leurs affaires à Wall Street. On a affaire à une conquérante d'un autre type que la courtisane balzacienne, ou la suffragette, presque plus proche de Mélania Trump que de Jane Eyre.

Le roman de madame Wharton n'a donc rien de romantique. Il se concentre sur le récit, qui progresse en grandes étapes avec un art certain de l'ellipse temporelle et de la suggestion, sans longueur, et peu de descriptions. le petit monde qu'elle évoque est brossé à grands traits. Les relations sont plus explorées que les sentiments. C'est presque de l'anthropologie sociale.

Elle pose habilement des énigmes dès le début , cela entoure Ondine d'un mystère qu'on a envie de résoudre. On la suit volontiers car le style est agréable et c'est une bonne conteuse. Il est évident que je ne vais rien vous dire de plus sur l'intrigue, ni sur la fin.

Je connaissais les Belles Lettres pour ses textes médiévaux qui m'ont un peu fait souffrir par le passé . Avec ce roman, je découvre sa collection de littérature étrangère à la faveur de cette opération Masse Critiques.

Dommage que la première ligne de la quatrième de couverture comporte une belle coquille, et que le résumé en dise trop. C'est un réflexe, dès que j'ai un livre entre les mains, je le retourne...mais le catalogue est riche et diversifié, et puis j'ai découvert Edith Wharton, la plus française des auteurs américains.



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Dans un roman d'Edith Wharton, pour ne pas mourir ou finir anéanti par sa confrontation avec le monde, il faut être totalement vide et insensible. C'est le cas d'Ondine Spragg, l'anti-héroïne de cette oeuvre sombre et cynique. Ondine, c'est la quête perpétuellement insatisfaite de "ce qu'il y a de mieux", et qui lui est dû. Parce qu'elle est belle, et qu'elle le vaut bien. C'est un objet sur le marché du mariage, du beau mariage, et cela lui convient parfaitement. Les hommes doivent y mettre le prix. Fruit monstrueux d'une éducation et d'un milieu qu'elle ne remet jamais en question (parce qu'elle est dans l'incapacité complète de le voir), elle sème le malheur partout où elle passe, comme l'ange de la vengeance. Les hommes sont pris au piège des règles auxquelles ils ont soumis les femmes. Une si parfaite incarnation de la domination masculine devient pour eux un démon qui les ruine et les rend fous. Edith Wharton nous livre sa propre vision de la dialectique du maître et de l'esclave.
La première victime d'Ondine est un rejeton affaibli de l'aristocratie new yorkaise. Elle sèmera le chaos dans cette famille aux valeurs rigides et périmées. Leur agonie est cruelle. Ondine ne regardera pas une seule fois en arrière, abandonnant son fils, puis s'en servant contre eux d'une manière assez ignoble.
Sa deuxième victime -c'est une serial killeuse- est un aristocrate français tout droit sorti de Proust qui aurait mieux fait de rester caché au faubourg Saint-Germain ou dans son château moisi. Entre une Scarlett O'Hara en promo chez Auchan et un petit marquis, ça ne peut pas marcher.
Enfin son double masculin, probable troisième victime. Elle ne peut pas trouver mieux, mais...
Edith Wharton, colt au poing, tire sur tout ce qui bouge, les hommes, les femmes, les sociétés, les rituels, les fausses valeurs...L'hypocrisie et l'insincérité de tous les rapports humains font frémir. Pas un personnage ne s'en sort, tous sont atteints et tous en mourront, de ces paroles échangées qui ne veulent rien dire et sont dictées par des codes sociaux, de ces "amitiés" qui ne sont rien que des relations d'intérêt, de ces enfants qu'on délaisse comme si l'avenir n'existait pas, de ces "amours" exclusivement tarifées. Un conte à vouloir s'enfermer dans sa bibliothèque, en compagnie exclusive de chats.
Mais quelle perfection et quelle lucidité !
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Etre une femme « moderne » : doit-on faire choix de divorcer pour s'octroyer toujours plus d'argent et/ou pour combler ses exigences de luxe. En tout cas à cette époque, toutes les femmes rêvaient de faire un "bon mariage".
La modernité de nos jours c'est l'Amour même si le compte en banque de l'heureux élu est à zéro !! Bref…
Ce livre reste un extraordinaire portrait social de cette époque entre New York et Paris.
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À travers l'ascension sociale d'Ondine Spragg, originaire de la bourgeoisie d'Apex mais bien décidée à conquérir New York et ses hautes sphères, c'est, comme souvent, un portrait corrosif de la haute société américaine que nous livre Edith Wharton.

Une fois n'est pas coutume, c'est une femme qui tiendra le rôle le moins sympathique du roman : cette Ondine à la fois naïve, inculte, égoïste, vaniteuse, calculatrice, mais qui sait charmer son monde et, reconnaissons-lui cette qualité, rebondir sans cesse devant les obstacles. Mais Ondine ne serait pas ce qu'elle est sans toute cette société corrompue par l'hypocrisie et les codes les plus absurdes, sans cette société dans laquelle elle se coule et se laisse enfermer - c'est une des caractéristiques étonnante d'Ondine Spragg de n'avoir aucun désir d'émancipation, contrairement à bien d'autres personnages féminins d'Edith Wahrton, ou du moins de ne pas savoir qu'elle aimerait, peut-être, s'évader de ce carcan qui l'étouffe mais qu'elle appelle de tous ses voeux, encore et encore.

Si bien que de robe en robe, de soirée en soirée, de mari en mari, Ondine, qui paraît tellement prédatrice au premier coup d'oeil, tellement vide de tout sentiment, reste sur sa faim. Elle, qui passe sa vie à tenter d'obtenir "ce qu'il y a de mieux", ne saura jamais d'où vient ce goût d'insatisfaction qui la taraude.

Le style de Wharton est un plaisir, comme d'habitude. Toujours elle analyse, elle dissèque les sentiments, les frustrations, les comportements d'une plume raffinée mais sans concessions, mettant à nu les vicissitudes de cette haute société qu'elle a si bien connue. Un constat déprimant, certes, mais combien brillant et réussi. Une fois de plus.
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On découvre Ondine Spragg à New York où elle vit depuis peu avec ses parents, des nouveaux riches originaires d'Apex en Caroline du Nord. La jeune femme ravissante et élégante est également une capricieuse arriviste et cela se perçoit d'emblée. On méprise ce personnage immédiatement ; son ambition est de gravir l'échelle sociale, côtoyer la haute société, elle aime l'argent, le luxe, les dorures, les parures, les robes, les bijoux, le clinquant, le divertissement, les voyages, les hôtels, elle aime être admirée et convoitée.
Elle tisse à merveille autour d'elle un réseau de relations, use de stratagèmes, de manipulations et de mesquineries pour arriver à ses fins. Ondine compte sur d'astucieuses alliances pour se distinguer. Toujours là où il faut être ; bals, dîners, ateliers de peintres à la mode, théâtre... Elle n'est jamais aussi radieuse qu'en plein coeur de la vie mondaine.
Son mariage avec Ralph Marvell, issu d'une grande famille new-yorkaise la déçoit vite car le voilà obligé de prendre un métier pour subvenir aux besoins grandissimes de sa femme. Une honte pour elle. Ondine aura tout de même un fils avec Marvell qu'elle délaissera.
Elle divorce, devient la maîtresse d'un banquier, puis part pour la France où elle rencontre le Marquis de Chelles mais pour pouvoir se remarier  elle doit faire venir son fils à ses côtés... ne supportant pas qu'on lui retire son fils Marvell se suicide. Faire souffrir ses proches ne perturbe pas Ondine. Elle suit une trajectoire établie, elle ne diverge pas. Son nouveau mari a beau être un aristocrate, la jeune femme s'ennuie très vite dans son château. Elle divorcera une seconde fois... et retrouvera avec joie un ancien ami d'enfance devenu riche... mais en éternelle insatisfaite, le bonheur pour elle est inatteignable.
Edith Wharton nous dépeint un monde empêtré dans ses convenances, ses valeurs, sa frivolité, ses moeurs légères, son avidité d'argent, sa respectabilité, son besoin d'amusements. On entrevoit un mouvement en ce début de xx ème siècle, l'aristocratie se meurt, les codes de la société sont baffoués, un vent de liberté souffle. L'auteure se montre évidemment cynique envers cette Ondine, femme dure et froide, qui se veut moderne et indisciplinée et pourtant complètement dépendante de l'homme.
Lien : http://lesmotsdelafin.wordpr..
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critiques presse (1)
LeMonde
22 octobre 2018
Beaux Mariages, roman de 1913 aujourd’hui réédité aux Belles Lettres, dans lequel on retrouve d’emblée ce qui – derrière les faces-à-main et les voilettes – fait sa modernité radicale. L’art de montrer, sous la surface lisse des bonnes manières, la violence clanique de « l’élite ».
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
« Ce n'est pas le livre le plus connu d'Edith Wharton, mais, à le lire ou le relire, on s'aperçoit qu'il est au moins aussi complexe que les célèbres L'Âge de l'innocence ou Chez les heureux du monde. Quand elle commence à le rédiger, la romancière vient enfin, après de longs atermoiements, de divorcer d'un mari indigne. Elle vit en France et elle crée, avec il est vrai beaucoup de difficultés, ce personnage extraordinaire qu'est Undine Spragg. A-t-elle choisi exprès les initiales? Il semble en effet plus que probable qu'elle a décidé de régler son compte avec les États-Unis, et l'entreprise est on ne saurait plus ambigüe. [...] Il est sûr qu'on comprend mieux avec près de cent ans de recul que cette U.S., incarnation du pur désir, est l'un des personnages les plus problématiques de la littérature américaine et qu'E. Whartona frappé vraiment très fort en donnant naissance à un roman qui ne saurait avoir de dénouement, pas plus que le désir ne pourrait s'arrêter. »
BCLF
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Les sources vitales, étouffées en Ralph, commençaient à resurgir ; il y avait des jours où il était content de de s'éveiller, de voir du soleil à sa fenêtre, où il commençait à faire le plan de son livre et à penser que ce plan l’intéressait vraiment. Il parvenait même à entretenir l'illusion pendant plusieurs jours - chaque fois un peu plus longtemps - avant qu'elle ne périsse à nouveau dans une douloureuse explosion de désenchantement. Le pire était qu'il ne puisse jamais prévoir quand allaient survenir ces bouffées d'angoisse. Elles s'emparaient de lui au moment où il se sentait le plus en sécurité, où il se disait : "Après tout, la vie vaut vraiment la peine...", et même alors qu'assis auprès de Clare Van Degen, écoutant sa voix, contemplant ses mains, il retournait dans son esprit les premiers chapitres de son livre.
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Il était caractéristique de sa part de garder des ses échecs un souvenir aussi aigu que de ses triomphes, et un désir passionné de les "rattraper", qui comptait toujours parmi les motifs obscurs de sa conduite. Elle avait enfin ce qu'elle voulait - elle avait conscience de posséder "ce qu'il y avait de mieux" ; et parmi les autres sensations, plus diffuses, l'adoration de Ralph lui procurait le plaisir raffiné qu'aurait pu connaître une reine guerrière portée en triomphe par les princes vaincus, et lisant dans le yeux de l'un d'eux la passion qu'il n'eût pas osé exprimer.
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Svelte comme une ombre dans ses longues fourrures, elle se pencha pour embrasser Mrs Fairford, puis elle se tourna vers Ralph :
- Oui, je comptais bien vous surprendre ici. Je savais que c'était l'anniversaire de votre fils, et je lui ai apporté un cadeau : un cadeau coûteux, vulgaire, à la Van Degen. Il ne me reste plus assez d'imagination pour trouver la chose juste, celle dont l'achat exige du cœur au lieu d'argent. Maintenant, quand je cherche un cadeau, je n'entre jamais dans une boutique en disant "je voudrais ceci ou cela", mais "donnez-moi quelque chose qui coûte tel prix" (Elle tira un paquet de son manchon.) Où est la victime de ma vulgarité, que je l'écrase sous le poids de mon or ?
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"Un divorce sans amant ? Voyons, c'est aussi absurde que de s'enivrer avec de la limonade !"
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Videos de Edith Wharton (33) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Edith Wharton
https://www.laprocure.com/product/1525906/chevaillier-louis-les-jeux-olympiques-de-litterature-paris-1924
Les Jeux olympiques de littérature Louis Chevaillier Éditions Grasset
« Certains d'entre vous apprendrez que dans les années 1912 à 1948, il y avait aux Jeux olympiques des épreuves d'art et de littérature. C'était Pierre de Coubertin qui tenait beaucoup à ces épreuves et on y avait comme jury, à l'époque, des gens comme Paul Claudel, Jean Giraudoux, Paul Valéry et Edith Wharton. Il y avait aussi des prix Nobel, Selma Lagerlof, Maeterlinck (...). C'était ça à l'époque. C'était ça les années 20. Et c'est raconté dans ce livre qui est vraiment érudit, brillant et un vrai plaisir de lecture que je vous recommande. » Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
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