Comment apréhender
James Frey, écrivain sulfureux et contesté, porté au pinacle pour son premier roman dont on découvrit plus tard que l'aspect biographique était surtout une manipulation. le super-auteur tombe en disgrâce, mais édite une poignée de romans intéressants dont celui-ci, avant sa renaissance en faiseur cynique de page-turners pour ados le rendant richissime mais voué aux gémonies des critiques littéraires "sérieux".
Un auteur talentueux mais manipulateur, ayant choisi le côté obscur de la Force? Soit. Cela me donne tout de même envie d'aller voir.
L.A. Story à l'ambition d un roman brassant large, une vue aérienne et macro donnant à voir une ville insensée et son urbanité étale, infinie et pourtant morcelée.
Peu à peu, à coups de zooms violents, quelques personnages ou archétypes émergent, des détails se détachent de la fresque.
Quatre personnages principaux pour être précis, chacun avec un arc narratif finalement classique et scenarisé a l'américaine. Car
L.A. Story sent l'efficacité serielle, les ateliers d'écritures américains, l'héritage de Brest Easton Ellis et consorts. La virtuosité et l'audace (réelles) tournent d'abord à vide ou sentent parfois la manipulation dont le lecteur ne préférerait pas etre le jouet. Comment aimer un live envers et contre son auteur?
Heureusement, celui-ci a du talent et nous tient jusqu au bout. Malgré une forme de systématisme, malgré l'ennui qui guette parfois, malgré ses facilités.
Conte de fées mexicain à la sauce Pretty Woman, grandeur et décadence d'un acteur adulé à la Tom Cruise, paumés fuyant leur famille white trash et cantonnés dans les périphéries, clochard illuminé guettant un signe de l'océan à Venice Beach... L'acuité psychologique enrichit les stéréotypes, humanise les destins peu édifiants.
Mais la ville monstrueuse reste la véritable héroïne.
Los Angeles dont le rythme syncopé, foisonnant, hétéroclite se retrouve dans l'écriture vidée de ponctuations, parfois répétitive ou redondante, hypnotique ou épuisante.
Los Angeles et ses promesses rarement tenues. Beaucoup d'appelés, guidés par leurs rêves ou leur désespoir, mais peu d'élus. Alors, parfois, pour la gloire ou seulement pour survivre, on fait taire son éthique, on abandonne quelque chose de soi, une forme d'innocence qui s'évanouit sans retour.
Finalement,
James Frey est devenu un personnage symptomatique de sa
L.A. Story .