Au moment de choisir ce livre, j'avais pourtant hésité. J'aurais du écouter mon intuition, comme d'habitude. Je le sentais bien que ce bouquin n'allait pas accrocher.
Ce livre est pourtant extrêmement bien écrit, avis aux amateurs de la belle prose. Mais le hic, c'est que je n'ai pas aimé le sujet de l'OPA. C'est trop repoussant. Je devrais lire davantage les quatrièmes de couverture, mais ils sont si bavards d'ordinaire, que je ne les regarde même plus, ou si peu, afin de pouvoir encore me ménager quelques émotions pures.
En gros, il s'agit de l'histoire d'un couple, Corinne courtière, et Russell responsable d'une maison d'édition. Corinne ne va pas trop bien en ce moment, la pauvre, car elle trouve que ça sent un peu le roussi dans leur couple. Russell a des petits ennuis dans sa boîte, il a une petite mine et regarde un peu trop les filles l'air de ne pas le faire. Des soucis plein la tête. Un jour, il décide de racheter sa maison d'édition, en cachette d'Harold, son collaborateur, qui en a les parts majoritaires. Un coup vache. Il lance pour ça une OPA. Bien-sûr, il ne fait pas ça seul, mais aidé de ses collègues et de personnes spécialisées dans ce genre de manoeuvres assez louches. Je n'ai pas trop compris Russell ni le pourquoi de ses agissements. Parfois, on peut décrire, ou du moins de manière floue, un personnage, mais dans le cas de ce cher Russell, j'avoue que j'y ai vite renoncé.
J'étais à l'unisson avec Corinne. Je trouvais des côtés humains et logiques à ses angoisses, ses doutes, ses engagements auprès des sdf. Jeff, pareil, leur ami : quel homme bouleversant, plongé dans ses addictions. Oui, car ce livre parle aussi de la drogue. Je mentionne au passage que nous sommes dans les eighties. Malheureusement, il y a eu cette grosse machine du fric qui a surgi et qui a tout broyé. Je veux dire: tout mon intérêt.
McInerney était un auteur que je voulais lire. Bon, voilà c'est fait. L'écriture est ambitieuse, brillante et de toute beauté. Mais ça n'a pas fait mon bonheur.
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- En définitive, dit-il, je crois que les hommes parlent aux femmes pour pouvoir coucher avec elles et que les femmes couchent avec les hommes pour pouvoir leur parler.
- Et nous deux, où est-ce que ça nous mène ? demanda-t-elle d'un ton léger.
- Dans un jardin zen. Avec des mousses vertes et jaunes, du gravier ratissé. Le silence.
- Russ? Pourquoi est-ce qu'on n'aurait pas - pas tout de suite mais bientôt - enfin, un enfant , quoi ?
Elle attendait depuis une heure le moment de dire ça et voilà que l'ayant finalement bredouillé au dessert, ne recevant aucune réponse immédiate de Russell, elle se demandait si elle ne s'était pas, une fois de plus, imaginé seulement qu'elle le disait. Il était plongé dans l'examen de l'étiquette du vin et elle n'était, même pas sûre qu'il l'écoutât. Il finit par lever les yeux sur elle.
- Ce n'est pas parce que Tom et Casey vont avoir un enfant...
- Ça n'a rien à voir avec Tom et Casey.
- Ils peuvent se le permettre, ils en ont les moyens.
- Tu crois qu'il n'y a que les riches, qui ont des enfants ?
- Où on le mettrait ?
- Dans un carton à côté de nôtre lit. J'en sais rien. Quelle importance ? Pourquoi faut-il que tu déconnes toujours quand je parle de ça ? Tu te lances immédiatement dans des considérations secondaires qui n'ont rien à voir. Croirais-tu qu'il existe d'autres appartements que le nôtre, à New York - des appartements plus grands, par exemple ?
- Avec des loyers plus chers.
- On pourrait en trouver un avec une chambre de plus dans un immeuble moins chic. Tu n'arrêtes pas de dire que tu voudrais vivre plus bas, dans Manhattan, on peut chercher dans ce coin là. Trouver un loft, peut-être.
- J'ai horreur des lofts.
- Ce que tu peux être...
- Tu sais ce que je gagne. Sans ton salaire et avec une bouche de plus...
- Et alors ? On se passera de certaines choses. C'est une question de priorité. Je croyais que tu voulais des enfants.
- J'en veux. Simplement, pas... pas tout de suite.
- Quand, avec ta deuxième femme ?
Corinne parut plus remuée que Russell par ce qu'elle avait dit. En la regardant, il vit ce qui se passait dans son esprit, déjà ses paroles prenaient chair dans son imagination - leur mariage s'y défaisait, elle y vivait les nuits solitaires de la divorcée.
Il lui saisit les deux mains et la secoua pour la faire sortir de sa rêverie.
- Écoute, donne moi simplement le temps d'y réfléchir un petit peu, d'accord ? Peut-être que je vais aller parler à Kleinfeld de cette augmentation.
- Je deviens vieille, tu sais, dit-elle d'un air lugubre.
- Il te reste quand même un an ou deux avant qu'on doive t'abattre..."
Les mecs étaient comme ça avec les femmes et le système pileux. Le plus possible sur la tête, le moins possible ailleurs.
Comment peux-tu aimer les Clash, un groupe punk révolutionnaire, et vendre en même temps des actions ? C'était là le mystère inexplicable d'être Corrine Calloway à l'âge de trente et un an.
Les hommes parlent aux femmes pour pouvoir coucher avec elles; les femmes couchent avec les hommes pour pouvoir leur parler.
Bright Lights, Big City (1988) ORIGINAL TRAILER