Cette étude titrée «
Victor Hugo Président » est composée de deux volets : le premier tiers analyse l'aspect politique de la vie d'Hugo, les deux autres tiers sont une base de données riche de cent textes publiés ou prononcés par notre écrivain national.
Le premier volet, émaillé de citations huroniennes, décrit sa vie politique (pair de France sous le Roi des français, député de la république en 1848, 1849 et 1871, sénateur de 1876 à 1885) et évoque ses principaux discours et articles de presse en les insérant dans leurs contextes historiques. C'est documentaire et intéressant.
Le second volet couvre une centaine de thèmes (éducation, Europe, justice, etc.) que l'auteur place sous le titre « programme ». C'est historique, varié, mais (dois-je l'avouer) un peu lassant.
L'ombre de l'exilé à Jersey et Guernesey couvre l'ensemble de cette analyse et il possible, ou probable, que
Victor Hugo a rêvé devenir président en1871, après la chute du second empire.
Mais du rêve à la réalité, une carrière politique exige des alliances, des supports et des médias, des financements, voire des compromissions … et cet aspect est oublié par
Bruno Fuligni qui décrit l'itinéraire d'un « poor lonesome cowboy » menant un parcours solitaire et donc utopique. le ministère de la parole ne suffit pas pour prendre le pouvoir …
D'où ma petite déception et un sentiment d'inachevé car
Victor Hugo, en réalité, a eu de nombreux soutiens et relais, notamment durant son exil et son épouse et ses fils ont tissé un réseau d'appuis. Dommage que l'auteur ne s'y soit pas intéressé car sa thèse m'en semble affaiblie.
Quoiqu'il en soit, l'exil de
Victor Hugo lui a laissé le temps d'écrire «
Les Travailleurs de la mer » qui est, à mes yeux, son chef d'oeuvre et l'un des plus beaux romans français. Une éventuelle présidence n'aurait rien apporté de plus à la gloire de notre écrivain national !