Ce recueil parle d'amour.
Et de désolation. Surtout de désolation.
L'un ne va pas sans l'autre, semble-t-il, pour
Gabriela Mistral.
L'amour est sujétion :
"Il t'offre son bras chaud et tu ne sais le refuser. Il se met à marcher et tu le suis, ensorcelée, sachant qu'il t'emmène à la mort !"
L'amour est aussi honte :
"Celui qui baisa ma joue m'a trahie ; il m'a reniée pour ma robe de pauvre."
L'amour est trahison :
"Va l'embrasser comme un voleur dans les entrailles de la terre : mais lèveras-tu son visage et ce sera le mien, en larmes."
Heureusement, nous dit-elle, la mort apporte la délivrance en mettant l'aimé à l'abri des tentations :
"Non ! plus jamais tes bras ne connaitront l'horrible noeud imposant à mes jours sa sombre horreur : le noeud d'une autre étreinte !... Par la quiétude purifiés, les voici dans la terre desserrés, enfin, mon Dieu ! hors de danger !"
L'amour est regret de ne pas avoir eu d'enfant (attention les trentenaires, celle-ci pique) : "J'ai maintenant trente ans et la cendre précoce de la mort jaspe mes tempes." (C'est quand même très stylé pour parler de son premier cheveu gris.)
La deuxième partie est moins sombre, et nous parle d'émotions plus terrestres : des poèmes sur l'eau, sur le pain, sur les arbres et la montagne. "Là où bleuit l'altiplano s'ouvre l'espace de la louange."
En définitive, j'ai trouvé ces poèmes remarquablement écrits (et traduits par
Claude Couffon), mais j'ai eu du mal à me sentir touchée par les émotions de
Gabriela Mistral.
Challenge Nobel
LC thématique de novembre 2021 : ''Faites de la place pour Noël”