Dans le monde d'aujourd'hui, monde à l'envers, les pays qui défendent la paix universelle sont ceux qui fabriquent le plus d'armes et qui en vendent le plus aux autres. Les banques les plus prestigieuses sont celles qui blanchissent le plus de narcodollars et celles qui renferment le plus d'argent volé. Les industries qui réussissent le mieux sont celles qui polluent le plus la planète ; et le salut de l'environnement est le fond de commerce le plus rentable pour les entreprises qui l’anéantissent.
Le monde à l’envers récompense à l’envers : il méprise l’honnêteté, punit le travail, encouragé l’absence de scrupules et alimente le cannibalisme.
On condamne le criminel, et non la machine qui le fabrique, tout comme on condamne le drogué, et non le mode de vie qui créé la nécessité du soulagement chimique et de son illusion de fuite. Ainsi exonère-t-on de sa responsabilité un ordre social qui jette toujours plus de gens dans les rues et les prisons, et qui génère toujours plus de désespoir. (...) Mais les discours officiels invoquent la loi comme si elle régissait tout le monde, et pas uniquement les malheureux qui ne peuvent y échapper. Les délinquants pauvres sont les méchants du film ; les délinquants riches écrivent le scénario et dirigent les acteurs.
Message aux parents
De nos jours, les gens ne respectent plus rien. Auparavant, nous mettions sur un piédestal la vertu, l'honneur, la vérité et la loi... De nos jours, la corruption s'étend dans la vie américaine. Là où l'on n'obéit à aucune loi, la corruption est l'unique loi. La corruption est en train de miner ce pays. La vertu, l'honneur et la loi se sont volatilisés de nos vies.
Déclaration d'Al Capone au journaliste Cornelius Vanderbilt Jr.
Interview publiée dans la revue Liberty le 17 octobre 1931, quelques jours avant l'incarcération d'Al Capone. (p. 15)
L'économie mondiale est l'expression la plus efficace du crime organisé. Les organismes internationaux qui contrôlent la monnaie, le commerce et le crédit pratiquent le terrorisme contre les pays pauvres, et contre les pauvres de tous les pays, avec une froideur professionnelle et une impunité qui humilierait le meilleur des poseurs de bombes.
Eduardo Galeano: Si on délirait un petit instant?