Sur la couverture du deuxième roman de
Eliane Saliba Garillon, je suis d'emblée bien accueillie par un de mes illustrateurs préférés.
Voutch a en effet croqué, sans légende cette fois-ci, ce qui pourrait résumer le personnage principal : un sacré chardon à approcher avec prudence. Mais au-delà de la couverture de ce « Journal Impubliable de George Pearl » ?
George Pearl, architecte new-yorkais à la réussite exemplaire, a vendu son agence pour profiter d'une retraite bien méritée à Rome… loin de ses concitoyens. Riche, célibataire sans enfant et d'une lucidité positivement cynique, il est fier de son surnom plein de promesses : George Pearl Harbor. Libre de son temps et retiré des affaires, il se consacre chaque jour à l'écriture du journal intime dont nous sommes les bienheureux lecteurs. Il y raconte ses démêlés avec sa soeur pique-assiette, sa femme de ménage Benita qui veut le marier ou sa nièce ingrate… sans oublier les e-mails cocasses échangés avec le locataire mielleux de la maison familiale qui écrit une biographie du philosophe
Henry David Thoreau, ce grand apôtre… du renoncement au monde. Toutes ces rencontres donnent lieu à un festival de répliques d'une causticité « pearlienne », à l'humour aussi cinglant que perspicace… et on finit par s'attacher à ce personnage qui n'a finalement de misanthrope que la note de « tête » comme pourraient le dire les parfumeurs. Derrière le premier sillage, on va découvrir une autre générosité. La surprise va également venir des visites impromptues et surnaturelles de Laurel : quelle est leur raison et vers quelle issue cet « émissaire » emmène-t-il notre George Pearl ? Je ne vous ferai pas l'affront d'en dire plus…
Cela se sirote plus qu'agréablement mais pas seulement : cela nous interroge constamment sur ce que nous appelons la franchise et l'hypocrisie, la misanthropie et la bienveillance, la bonté ou la gentillesse… George Pearl Harbor nous dit dans son journal : « Se montrer gentil est l'arme des pauvres. J'ai toujours préféré me montrer juste. C'est l'arme des rois. » Exagère-t-il quelque chose qui a son fond de vérité ? Merci en tout cas à Monsieur Pearl de n'avoir pas pu faire le nécessaire pour empêcher la publication de son sacré journal.
Lien :
http://voustombezpile.com/20..