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EAN : 9782070137169
144 pages
Verticales (01/03/2012)
3.17/5   6 notes
Résumé :
Aux origines de ce récit, un inavouable secret d'enfance : le narrateur n'a jamais compris un traître mot de ce que lui disaient ses parents, chacun usant d'une langue non seulement étrangère, mais d'origine inconnue. À l'âge de trente-huit ans, lors d'une visite à sa mère, tout bascule : plusieurs mots sortis de sa bouche à elle font soudain sens. Troublé par cette révélation, il prend la fuite, recherchant qui voudra prêter une oreille attentive à son histoire.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Farfelue, l'idée de départ ? le narrateur a grandi entre un père et une mère dont il ne comprenait pas le baragouin. L'une se contentait de voyelles modulées, l'autre d'onomatopées qu'il réinventait de jour en jour. L'idée, simple et plaisante, ne peut se décliner plus de deux ou trois chapitres. le temps de nous convaincre qu'il ne s'agit pas d'une allégorie (que de parents ne parviennent pas à se faire comprendre de leurs enfants !) ni d'une réalité sociologique particulière (plusieurs années de recherche convainquent le narrateur que ses parents ne parlaient vraiment aucune langue). Il suffit alors d'aller au bout de la logique sans lever le mystère : comment le couple parvenait-il à mener une vie sociale normale, à travailler, à faire des courses ? On s'amuse un moment aux situations ubuesques imaginées par le romancier.
Pour maintenir l'intérêt du lecteur, il faut surenchérir sur la situation de départ : d'autres interlocuteurs se mettent à comprendre le discours des parents — ou font-ils semblant ? Et à trente-huit ans, pour la première fois, le narrateur saisit une phrase de sa mère, et laquelle ! « Tu comprends ce que je te dis ? » La singularité sur laquelle il avait bâti son identité s'effondre en un instant. Il s'enfuit pour ne pas devoir affronter les premiers mots intelligibles de sa mère.
le roman le suit alors dans une longue dérive, de plus en plus délirante, ponctuée d'érections intempestives qui rassurent au moins sur le plaisir qu'il y prend. Il devient urgent, pour lui, de raconter son aventure à des inconnus — une voisine de café, qui s'endort ; la femme d'un ami d'enfance, qui le regarde « comme si je proposais de jouer au bridge pendant un tremblement de terre », un passant aussi égaré que lui dans sa propre enfance, jusqu'à un hallucinant concours de souvenirs devant un auditoire convoqué par hasard.
Difficile de ne pas chercher une interprétation symbolique derrière cet enchaînement bien huilé de situations absurdes. Certains thèmes récurrents y invitent : l'importance de l'auditeur pour donner corps au récit, l'entente qui s'instaure par delà les langues par des inflexions ou des soupirs, le mutisme qui saisit le narrateur devant le babélisme d'un palace ou d'une réception mondaine… Les personnages autour desquels se noue finalement l'intrigue correspondent à des rôles plus qu'à des identités spécifiques.
Et pourtant, on suit avec intérêt, et parfois avec passion ce roman original, écrit dans une langue joyeuse, allergique aux clichés. Quelques scènes loufoques nous dérident (comme l'IRM avec une truffe qui évoque irrésistiblement un cerveau d'enfant malformé), quelques expressions justes nous font sourire (« nous restons un instant comme des paquets non réclamés »), et quelques pages de pure poésie élèvent le roman au niveau de l'épopée. « Mes parents ne parlaient pas, ils contribuaient au plan sonore du monde, à une autre échelle. le vent des galaxies s'amenuisait à travers eux comme dans une conque marine à taille humaine. » Entre la gravité du propos et la légèreté du récit, Philippe Garnier a trouvé un ton bien à lui, où le non-sens fait sens, mais sans s'imposer au lecteur. Au fond, n'était-ce pas cela, le langage inintelligible mais compréhensible des parents ?
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Un court roman à déguster sans hésitations. Très juste tout en conservant une certaine légèreté douce-amère.
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