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EAN : 9782379511240
256 pages
L'Antilope (31/08/2023)
4.06/5   8 notes
Résumé :
Paris, 1960. Raoul Sévilla, élève d’un collège de la périphérie parisienne, est victime de harcèlement scolaire. Premier en rédaction, il est traité de « sale juif » par certains de ses « camarades ». Pour y échapper, il décide de faire l’école buissonnière. Rien ne l’arrête, même pas son amour secret pour sa cousine Paula.
Le jeune Raoul se retrouve plongé dans le Paris des années 1960, son métro, ses pissotières, Barbès, la gare du Nord, le boulevard Saint-... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« L'étrange journée de Raoul Sévilla » est une marelle entre ciel et terre.
Il aura suffit d'une journée pour que tout change.
Irradiant, magnétique, on ne quitte pas des yeux un seul instant, ce jeune collégien Raoul Sévilla.
Voici un récit de vie qui sème des petits cailloux sur les lignes où les rais de lumière proviennent de ce jeune garçon en quête existentielle.
Prodigieux, captivant, nous sommes au coeur d'une initiation en advenir, celle de Raoul, ce jeune narrateur très attachant.
Le récit se situe en banlieue parisienne. En 1960, dans cette orée d'après-guerre encore, comble d'antisémitisme latent. Raoul se sent mal chez lui, au collège, et dans sa vie même. Il ressent le mépris des lascars de sa classe. Bouc-émissaire, il est promis à des coups et des insultes, telle que « Sale juif ». Un coup de poignard en plein coeur.
Il esquive, fait profil bas. Il porte sur ses épaules, le poids de ses faiblesses et des rejets. Poulbot égaré entre les tables alignées, les lâches au garde à vous. Dévorés d'une haine profonde et d'une bêtise sans fin.
Le collège est l'épicentre d'une société fragilisée par les préjugés et un racisme foudroyant. Raoul serre les coudes, se fraie un chemin et réfléchit.
Mature et brillant, il honore la littérature, la création, et les rédactions, où il est toujours premier. Lisse dans les autres matières, son père n'a aucune ambition pour son jeune fils.. « Mon père, il souhaite que je fasse du commerce ou que je sois coiffeur ou comptable ».
Son frère est plus âgé, en deuxième année de médecine et déjà avec des convictions et les débats sous houleux entre lui et son père. Sa mère confectionne des blouses que son père vend ensuite. le foyer est fissuré par les épreuves. le manque d'argent. le caractère d'un père bien trempé et les disputes constantes. Sa mère est protectrice, trop. Elle ne voit pas Raoul grandir. Les gestuelles thérapeutiques, les rites médicamenteux, Raoul pourtant va bien. Elle fait du transfert et comble ainsi les affres intestines et ses frustrations. Elle devine le visage blessé de Raoul par ses camarades. Non-dits, e t faux-semblants, taire les méchancetés.
Raoul fait des plans et creuse sa tanière. Durant une journée souveraine, il va faire l'école buissonnière. Rater sa rédaction. Fuir la bande méprisable. Il a peur. Il est promis à des coups et une bastonnade par le meneur des lâches. La déambulation est spéculative. Il va se confronter au monde. Affûter ses armes et ses loyautés. Renaître à chaque pas. Les rencontres hasardeuses seront des trésors pour un lendemain de force et de ténacité. Il pénètre le labyrinthe de son émancipation. La littérature dans la poche de son pantalon. Les illusions deviennent des papillons de nuit. le jour affirme les rémanences. le petit garçon se métamorphose. Les clefs trouvées au fil des regards, des expériences et d'une renaissance où il vaincra ses doutes et ses peines.
Il pressent son advenir dans l'amplitude de l'écriture. Il vient d'avoir la foi en lui-même, et c'est beau. Lui, dont les rédactions sont des merveilles. Une journée loin de Sambre et Meuse. Loin de l'immeuble morose et terne. Il coopère enfin avec son libre-arbitre.
Le charme d'un livre dont la voix mue au fil des pages.
Une ode à l'apprentissage et à la littérature. Intensément personnel, magistral et vivifiant, c'est un livre qui accroche ses bras autour de votre cou. Un hymne à la jeunesse, à sa gravité et à sa quête existentielle. Une prouesse d'écriture par Jean-Pierre Gattégno auteur de nombreux romans, dont certains ont été adaptés au cinéma ou à la télévision.
En lice pour le prix Hors Concours des éditions indépendantes 2023/2024.
Publié par les majeures Éditions de L'Antilope.
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Raoul Sevilla, sage collégien en banlieue parisienne, est victime de harcèlement scolaire et a peur de se faire casser la figure par les « lascars » qui le harcèlent, et le traitent de sale juif. Fuyant le lundi fatidique, il décide de quitter le quartier de Sambre-et-Meuse, au fin fond du Xe arrindissement, de faire l'école buissonnière en occupant cette journée à déambuler seul dans Paris.
Cette étrange journee va le faire grandir et lui ouvrir les yeux. On découvre avec lui le Paris des années 1960, encore très imprégné par les ressentiments liés à la guerre. Raoul se sent de trop et nul part à sa place.
Il se sent exclu par les autres collégiens, qui grands de taille, le dominent tout en faisant preuve de lâcheté.
Son désir de devenir écrivain, lui le "bon en français", se heurte à une réalité peu enthousiasmante. Son père l'imagine coiffeur ou vendeur, tandis que François, le fils ainé, sera médecin.
Sa mère surprotectrice... fait de lui un jeune timoré. Elle transfère ses frustrations sur ce second fils, lequel se sent de plus en plus mal dans sa famille.
Il se sent également méprisé par un les Frydman, ses voisins ashkénazes, qui évitent les Sévilla, ces Juifs ladinos (chassés de chez eux par Isabelle la catholique et réfugiés dans l'empire ottoman au XVIe siècle), qui parlent une étrange langue où se mêlent l'hébreu, le castillan, l'italien et le turc et pas le pur yiddish.
Même la concierge qui a pourtant spolié sa famille se comporte en tyran vis a vis de lui et de ses parents.
C'est un vagabondage initiatique qui va révéler Raoul à lui-même. N'ayant jamais été seul dans Paris, cette journée riche en rencontres, en lieux (la Sorbonne, le Golf-Drouot où se produisaient les yé-yé , le jardin du Luxembourg et le quartier latin), en événements, va être l'occasion de s'émanciper et même de découvrir un secret de famille peu reluisant. Au fil des rencontres puis surtout celle de sa cousine Paula, dessinatrice de nu si libre, il quittera son allure de cadet, timide, victime désignée, toujours empêché et il osera enfin s'affirmer. S'affirmer dans sa famille, au collège et bientôt comme futur écrivain.
Cette épopée le conduit à "La Joie de lire" la légendaire librairie Maspero, lieu de discussions politiques où les livres sortaient souvent dans passer par la caisse (ce qui finira par conduire à la faillite l'institution littéraire). Raoul y vole La Nausée.
Cette journée est aussi une réflexion sur la création littéraire et artistique.
" Citoyen du monde, c'était à cela que devait aspirer un écrivain digne de ce nom. Rien ne me semblait plus important que de sortir des limites étriquées de ma banlieue."
Un livre bien écrit, et malgré quelques redites, nous offre un personnage sympathique confronté à des situations parfois ubuesques qui ne manquent pas d'humour.
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Roman d'initiation ou plus exactement de la découverte de la vie, le tout concentré en une journée.

Raoul, c'est vous et moi. C'est le jeune garçon qui souffre (ici harcèlement scolaire) à l'école car il est une proie facile ; c'est le garçon « prisonnier » à qui parents souhaitent « imposer » un métier ; c'est le garçon ultra imaginatif, créatif, celui qui n'est pas dans ses baskets dans le milieu scolaire.

« Moi aussi j'étais de trop : quel que fût l'endroit où je me trouvais, dans ma famille ou au collège, je me sentais de trop. Sauf dans la pissotière dont je venais de rêver, il n'y avait nulle part de place pour moi »

C'est vous, c'est moi !
Et c'est surtout un garçon qui ose ! Ose faire l'école buissonnière, ose s'opposer, répondre, se pervertir.
« Rien n'était jamais sûr. Je l'avais appris au cours de cette étonnante journée ».

C'est un livre qui se lit tout seul. A l'instar d'une journée, on ouvre le livre de bon matin et on ne le lâche plus tant l'écriture est belle et fluide.

Livre engagé « Pour lui, dès qu'il s'agissait des djidios, l'injustice était partout. Il n'avait pas tort. Moi aussi, j'avais éprouvé un sentiment d'injustice devant les accusations de Larruche, j'avais alors, même s'il m'en coûtait de le reconnaître, partagé le désespoir de mon père ».

Livre sur la création, sur l'écrivain et son rôle, ses muses…
« Trop émotif, trop d'imagination ? N'étaient-ce pas justement les qualités d'un écrivain ? »

Une écriture fluide, une déambulation plaisante dans le Paris artistique, des thèmes de réflexion... un bon livre que je recommande
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critiques presse (1)
Marianne_
18 octobre 2023
Évasion du quotidien et radiographie sensible des Juifs ladinos fonde cette odyssée initiatique dans le quartier latin. « L’Étrange journée de Raoul Sévilla » de Jean-Pierre Gattégno est un roman qui narre la sortie de l'enfance d'un collégien en route vers son destin.
Lire la critique sur le site : Marianne_
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
207. «Tu voulais que je te dessine comme tu te vois ?
- Je ne sais pas, mais...
- Mais quoi ? Déjà, il n'est pas sûr que tu saches toi- même comment tu te vois. Si je t'avais dessiné comme tu en avais envie, ça n'aurait pas été un travail d'artiste.
- C'est quoi un travail d'artiste pour toi ?
- C'est montrer ce que l'on ne voit pas.
-Mais toi, tu le vois ?
- Moi non, c'est mon travail qui me montre ce que je ne vois pas.
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157 le peintre Basil Hallward disait "Tout portrait qu'on peint avec âme est un portrait, non du modele, mais de l'artiste." Ceux qui se figurent qu'un tableau représente ce qu'on voit n'ont rien compris. Ce n'est pas très différent pour un livre, seuls les imbéciles veulent savoir si on y raconte une histoire vraie. Une histoire vraie, ça n'existe pas, l'auteur l'arrange à sa sauce.
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124. Citoyen du monde, c'était à cela que devait aspirer un écrivain digne de ce nom. Rien ne me semblait plus important que de sortir des limites étriquées de ma banlieue.
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209. Un écrivain n'est pas complètement maître de son texte. Celui-ci le conduit vers des régions dont il n'a pas idée. Sans doute en est-il de même pour les lecteurs. Sans cette petite musique qui guide l'écriture et la lecture, on n'écrirait pas et on ne lirait pas.
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