AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782082130059
230 pages
Flammarion (07/05/1992)
4/5   2 notes
Résumé :
Le propos de la collection 'l'Age d'Or' est de réunir un certain nombre d'œuvres inconnues ou insuffisamment connues dont les auteurs se sont efforcés, non pas de refléter les seules apparences, mais d'aller au-delà de celles-ci. S'il se trouve que plusieurs volumes de ladite collection s'intitulent 'contes fantastiques', c'est que le fantastique est l'une des manifestations de cette réalité intérieure dont la quête seule, à notre sens, justifie que l'on prenne la p... >Voir plus
Que lire après Spirite - La morte amoureuseVoir plus
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
En voyant entrer le baron suédois, Malivert ne put s’empêcher de pousser un léger soupir de satisfaction. Jamais visite n’était venue plus à propos. Aussi leva-t-il vers M. de Féroë un regard empreint de reconnaissance. Guy, sans cette interruption opportune, allait se trouver dans un singulier embarras ; il lui fallait répondre à Mme d’Ymbercourt d’une façon catégorique, et rien ne lui répugnait plus que ces explications brutalement formelles ; il aimait mieux tenir que promettre, et, même pour les choses indifférentes, il prenait garde de s’engager. Le regard que Mme d’Ymbercourt jeta sur le baron de Féroë n’était pas empreint de la même bienveillance que celui de Malivert, et si l’habitude du monde n’apprenait à dissimuler ce qu’on éprouve, on eût pu lire dans ce coup d’œil rapide un mélange de reproche, d’impatience et de colère. L’apparition de ce personnage malencontreux avait fait envoler une occasion qui ne renaîtrait peut-être pas de longtemps, et qu’il coûtait à Mme d’Ymbercourt de provoquer ; car, à coup sûr, Guy ne la chercherait pas, et même l’éviterait avec soin. Quoique, dans des cas nettement définis, Guy eût montré de la décision et du courage, il avait une certaine appréhension de ce qui pouvait fixer sa vie d’une manière ou d’une autre. Son intelligence lui ouvrait toutes les carrières ; mais il n’en avait voulu suivre aucune, la route choisie l’eût peut-être détourné de la vraie voie. On ne lui connaissait pas d’attachement, excepté l’habitude sans charme qui le ramenait chez la comtesse plus souvent qu’ailleurs, ce qui faisait supposer entre eux des projets de mariage. Toute espèce de lien ou d’obligation lui inspirait de la défiance, et l’on eût dit que, poussé par un instinct secret, il tâchait de se conserver libre pour quelque événement ultérieur.

Après l’échange des premières formules, vagues accords par lesquels on prélude à la conversation, comme on interroge le clavier avant d’attaquer le morceau, le baron de Féroë entama, par une de ces transitions qui vous amènent en deux phrases de la chute de Ninive au triomphe de Gladiateur, une dissertation esthétique et transcendantale sur les plus abstrus opéras de Wagner, le Vaisseau fantôme, Lohengrin et Tristan et Iseult. Mme d’Ymbercourt, bien qu’elle fût d’une assez grande force au piano et l’une des élèves les mieux exercées de Herz, n’entendait rien à la musique, et surtout à une musique aussi profonde, aussi mystérieuse, aussi compliquée que celle du maître dont le Tannhaüser a soulevé chez nous de si violents orages. Aux analyses enthousiastes du baron, elle répondait de temps à autre, tout en ajoutant quelques points à une bande de tapisserie qu’elle avait prise dans une corbeille placée près du fauteuil où elle se tenait d’habitude, non loin de la cheminée, par ces objections banales qu’on ne manque pas de faire à toute musique nouvelle, et qu’on adressait à Rossini tout aussi bien qu’à Wagner, telles que manque de rythme, absence de mélodie, obscurité, abus des cuivres, complication inextricable de l’orchestre, tapage assourdissant, et enfin impossibilité matérielle de l’exécution.

« Voilà une dissertation bien savante pour moi, qui ne suis en musique qu’un pauvre ignorant, ému par ce qui me semble beau, admirant Beethoven, et même Verdi, quoique cela ne soit pas bien porté, maintenant qu’il faut être, comme au temps des gluckistes et des piccinistes, pour le coin de la reine ou pour le coin du roi, et je vous laisse aux prises, ne pouvant apporter aucune lumière à la discussion, et capable tout au plus de pousser un hem ! hem ! comme le minime pris pour arbitre d’une discussion philosophique par Molière et Chapelle. »

Ayant dit ces mots, Guy de Malivert se leva pour prendre congé. Mme d’Ymbercourt, dont il secoua la main à l’anglaise, arrêta sur lui un regard qui voulait dire : « Restez, » aussi clairement que la réserve d’une femme du monde le permettait, et ce regard suivit obliquement Malivert jusqu’à la porte, avec une nuance de tristesse qui l’eût touché sans doute s’il eût pu l’apercevoir ; mais son attention était occupée par la physionomie impérieusement tranquille du Suédois, qui semblait dire : « Ne vous exposez pas de nouveau au péril d’où je vous ai tiré. »
(Spirite -1865)
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Théophile Gautier (25) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Théophile Gautier
En 1834, Balzac imagine et commande une canne somptueuse à l'orfèvre parisien le Cointe. La « pomme » en or, finement ciselée des armoiries des Balzac d'Entraigues, qui n'ont aucun lien avec l'écrivain, est ornée d'une constellation de turquoises, offertes par sa bien-aimée Mme Hanska. Cette canne est excessive en tout, et très vite, elle fait sensation parmi journalistes et caricaturistes. C'est la signature excentrique de l'écrivain, la preuve visible et provocante de son énergie et de sa liberté, imposant sa prestance au milieu de la société des écrivains. Pour Charlotte Constant et Delphine de Girardin, amies De Balzac, la canne est investie d'un pouvoir magique…
Pour en savoir plus, rdv sur le site Les Essentiels de la BnF : https://c.bnf.fr/TRC
Crédits de la vidéo :
Direction éditoriale Armelle Pasco, cheffe du service des Éditions multimédias, BnF
Direction scientifique Jean-Didier Wagneur
Scénario, recherche iconographique et suivi de production Sophie Guindon, chargée d'édition multimédia, BnF
Réalisation Vagabondir
Enregistrement, musique et sound design Mathias Bourre et Andrea Perugini, Opixido
Voix Geert van Herwijnen
Crédits iconographiques Collections de la BnF
© Bibliothèque nationale de France
Images extérieures :
Projet d'éventail : l'apothéose De Balzac Grandville, dessinateur, entre 1835 et 1836 Maison de Balzac, BAL 1990.1 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
La canne De Balzac Orfèvre le Cointe, 1834 Maison de Balzac, BAL 186 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Sortie des ouvrières de la maison Paquin, rue de la Paix Béraud Jean (1849-1936) Localisation : Paris, musée Carnavalet, P1662 Photo © RMN-Grand Palais / Agence Bulloz
La pâtisserie Gloppe, avenue des Champs-Elysées Béraud Jean (1849-1936) Localisation : Paris, musée Carnavalet, P1733 Photo © RMN-Grand Palais / Agence Bulloz
Balzac à la canne Illustration pour Courtine, Balzac à table, Paris, Robert Laffont, 1976 Maison de Balzac, B2290 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Balzac, croquis d'après nature Théophile Gautier, 1830 Maison de Balzac, BAL 333 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Portrait-charge de Balzac Jean Pierre Dantan, sculpteur, 1835 Maison de Balzac, BAL 972 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Honoré de Balzac Jean-Théodore Maurisset, graveur, 1839 Maison de Balzac, BAL 252 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Balzac en canne Jean-Théodore Maurisset, graveur, 1839 Maison de Balzac, BAL 253 CCØ Paris Musées / Maison de Balzac
Comtesse Charlotte von Hardenberg Johann Heinrich Schroeder (Boris Wilnitsky) Droits réservés
Delphine Gay (Portrait de Delphine de Girardin) Louis Hersent, 1824 Musée de l'Histoire de France © Palais de Versailles, RF 481
+ Lire la suite
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (6) Voir plus



Quiz Voir plus

Le pied de momie

Le narrateur de la nouvelle est :

un parisien
un marchand
un prince

10 questions
362 lecteurs ont répondu
Thème : Le pied de momie et autres récits fantastiques de Théophile GautierCréer un quiz sur ce livre

{* *}