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"Etre seule avec le livre non encore écrit, c'est être encore dans le premier sommeil de l'humanité. C'est ça.
C'est aussi être seule avec l'écriture encore en friche. C'est essayer de ne pas en mourir. C'est être seule dans un abri pendant la guerre. Mais sans prière, sans Dieu, sans pensée aucune. - Marguerite Duras "(p.89)

Je poursuis mes promenades buissonnières à travers cette très captivante collection , "L'Un et l'Autre"... dont ce texte très percutant de Sylvie germain sur la création littéraire. Cet ensemble de réflexions, d'interrogations, de ressentis personnels à cette romancière, sur la construction d'une fiction, l'élaboration de tel ou tel personnage...La Lecture, l'Ecriture et ses mystères... Un ouvrage très dense, construit en brefs chapitres et in-fine, d'une courte nouvelle mettant en scène un écrivain en lutte avec la naissance et l'apparition de tel ou tel personnage, lui apportant tourments ou plénitude..!!

"Car tout lecteur qui remarque un personnage, trouvant en lui matière à émotions, à rêverie ou à réflexions, lui refait don d'un peu de vie, si infime soit ce peu. Les personnages n'habitent qu'n apparence dans les
livres qui les ont délivrés de leurs limbes, ils n'aspirent qu'à s'en aller déambuler en tous sens, à transhumer d'un imaginaire à un autre, à visiter beaucoup de pays mentaux. Ils n'appartiennent pas à leur seul auteur,
mais à une communauté.

Ils n'appartiennent à personne. Ils attendent juste la chance d'être lus, pour exister davantage, et toujours autrement. "(p. 31)

Sylvie Germain nous parle de la création littéraire, de poésie, de la complexité de la Fiction, de l'imaginaire, richesses irrationnelles indomptables. Je n'ai pas lu chronologiquement ce livre mais en piochant
selon l'humeur, tel ou tel chapitre...en prenant le temps de savourer, d'assimiler les interrogations d'une romancière, décortiquant son univers et son travail d'"Ecrivant "; En alternant avec d'autres lectures. Elle nous parle aussi des auteurs qui l'interpellent et la touchent, dont Simone Weil, avec "La Pesanteur et la grâce", entre autres !

Cette fois, il me faut rapporter ce livre à la médiathèque , le rendre aux autres lecteurs !!...

"Le romancier, lorsqu'il écrit sous la pression intérieure d'un personnage lui réclamant sa part de mots, sa part de vie, s'aventure à fond dans ce double mouvement d'écriture/lecture aussi opposé que complémentaire, et qui le rend aussi passif qu'inventif. C'est pourquoi il ne peut "bien" lire
(entendre, comprendre, interpréter) ce que semble vouloir dire le personnage qui le taraude qu'en écrivant : c'est le geste d'écrire, fût-ce à tâtons sur une feuille d'une blancheur à première vue stérile,
décourageante, voir écoeurante, qui dispense progressivement au romancier (mais à un rythme souvent discontinu) un peu de clarté, des brins de sens, lui ouvre des pistes. le geste d'écrire est toujours geste
de délivrance." (p. 37)

Une vraie pépite à lire, et relire... nous éclairant très finement sur le travail si subtil et difficile à cerner du "Romancier"... tout en ajoutant des analyses sur la Lecture, sur la participation active et agissante de tout lecteur , qui a aussi sa part de 'transformation" du texte!
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« Nous sommes des personnages…nous voulons une vie textuelle !
Nous sommes des personnages…nous voulons chair et esprit ! »

Une manif de personnages en quête d'existence littéraire, c'est un peu ce que m'inspirent les vingt-cinq déambulations proposées par ce court essai autour des personnages. Ils s'imposent sans raison apparente, prennent racine dans la fiction, et du magma créatif passe à la réalité écrite, puis lue.
Imaginez un peu le rififi dans la cervelle d'un écrivain face à la page blanche ou l'écran vierge. Désarroi, amertume, exaltation, euphorie, tout se mélange au coeur de la création ; car d'où viennent-ils finalement, comment s'incarnent-ils tous ces héros qui peuplent le monde si particulier de la littérature ?
C'est ce qu'en 120 pages, Sylvie Germain décortique avec humour et références à l'appui, d'un ton direct et très personnel à la fois, livrant des fragments de sa vérité face à l'écriture.

J'ai trouvé cet ouvrage passionnant, d'autant plus qu'il est illustré pour conclure par deux « esquisses en marge » très originales, deux exemples de la difficile capture du personnage par l'écrivain qui doit réussir à « donner une carnation aux mots ».
Tout sauf une gestation évidente, mais quel talent pour nous y associer, nous les lecteurs !
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Les personnages sont un élément essentiel de la construction romanesque, et la réussite d'une oeuvre – ou son échec – dépend pour partie des qualités de leur élaboration.

Mais qui sont-ils ces êtres fantomatiques ? de quels lieux mystérieux du songe, de la mémoire, de la conscience ou de l'imaginaire sont-elles natives, ces créatures de papier ? Serait-il possible qu'ils aient, ces personnages, une vie propre, indépendante de la volonté de l'écrivain à qui, tout à coup, ils s'imposent au travers de la magie de l'écriture qui les amène à la vie ? Et que viennent-ils nous révéler de nous-mêmes, écrivains ou simples lecteurs, ces personnages qui « naissent d'un rapt commis là-bas, aux confins de notre imaginaire où, furtivement, dérivent des rêves en archipel, des éclats de souvenirs et des bribes de pensée. Et (qui) savent des choses dont nous ne savons rien » ?

Dans ce très bel essai d'une centaine de pages, Sylvain Germain explore – par le biais de la thématique des personnages de la fiction – tout l'espace de la création littéraire, de l'imagination créatrice et du travail de l'écriture. C'est intelligent, c'est passionnant, c'est – comme toujours avec cet écrivain – superbement écrit, inspiré, érudit et puissant. Et c'est un réel bonheur de lecture. Je me suis régalée !
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« A peine né à notre conscience, chaque personnage souhaite naître de nouveau, – autrement. Il veut naître au langage, s'y déployer, y respirer.S'y exprimer. Il veut avoir une vie textuelle. Doué d'une patience minérale, ce mendiant silencieux attend de recevoir une aumône qu'il estime lui être due. »

Ce court extrait qui figure dans les premières pages du livre nous donne une idée de la force poétique qu'y déploie Sylvie Germain. Tout au long de court essai, elle essaiera, forte de son expérience de romancière, de nous initier aux mystères du geste d'écrire. Qu'est-ce au fond que "faire vivre des personnages" ? de quelle chair sont-ils fait ? Quel rapport entretiennent-ils avec l'auteur et avec le lecteur ? Alchimie singulière que nous fait découvrir l'auteure avec un talent rare, à la frontière entre philosophie et poésie. A la fin du livre, deux courtes nouvelles viendront donner une incarnation aux aphorismes de l'essai. Superbe !
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Dans cet essai aux allures de conte saupoudré de réalisme magique, l'autrice philosophe fait preuve d'une spiritualité incantatoire et décrit une expérience métaphysique, celle de transformer le rien en langage. Elle porte une réflexion sur l'acte d'écrire, cette genèse textuelle que l'écrivain réitère chaque fois qu'il met au monde, ou aux mots, un nouveau personnage. « Donner une carnation aux mots. » (p. 31) Sylvie Germain s'appuie sur des textes et des auteurs immenses pour étayer son propos : l'Ancien et le Nouveau Testament, Simone Weil, Milan Kundera, Paul Celan, Marguerite Duras, etc. Elle interprète l'excision et les scarifications comme une peur de la bouche vorace et secrète, tenue en respect par un langage qui prend la peau pour support et vecteur du message. Elle rappelle surtout la vanité de la création littéraire. « Écrire est dérisoire : une digue de papier contre un océan de silence. » (p. 88) Voilà un ouvrage à faire lire à tous les aspirants romanciers pour leur apprendre à accueillir cet autre qu'ils font grandir dans leur imaginaire
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En 25 tableaux et 2 courtes nouvelles, Sylvie Germain développe les principes de création d'un roman ou d'une fiction. Elle s'attaque aux personnages, à leur identité, à leur vie propre, indépendamment de ce que leur réateur.trice a pu imaginer.

En cela, elle illustre une idée de Georges Simenon qui avouait parfois que les personnages lui échappaient. Sylvie Germain ne cite pas Simenon, qui semble sans doute en-dessous de sa condition, elle s'oriente vers Kundera, Weil, Michel-Ange, Pierre Michon ou Ezechiel (ancien testament). Elle analyse avec pas mal de glose les rouages par lesquels les personnages prennent vie dans une histoire. Ce qu'elle écrit fait sens, par contre la manière dont elle l'écrit est parfois un peu "je-regarde-mon-nombril-façon-XVIè-Arrondissement"... je me comprends. J'aurais pu arrêter la lecture à chaque page, tant le style m'endormait et me pesait. Il semble difficile à l'autrice de dire les choses simplement, directement, sans en faire des caisses de style...

Les deux nouvelles ajoutent à la réflexion en mettant en scène d'une part une autrice en panne d'inspiration sur une page blanche et un auteur dépouillé de son identité par un personnage qui s'est invité dans sa nouvelle sans crier gare. C'est -malheureusement- du déjà-lu. Thomas Owen ou Jean Ray ont déjà abondamment composé ce genre de rouages dans des nouvelles gothiques. Mais le style de Sylvie Germain me laisse de nouveau assez dubitatif encore sur ce genre de nouvelles. Je reste un inconditionnel des deux auteurs belges précités sur ces nouvelles qui mélangent rationnel et mystère.

Tout ça pour ça, finalement. Heureusement, le livre est court (mais m'a pris du temps quand même).
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J'ai découvert cette merveille cette semaine,à déguster et á lire à voix haute,tranquillement.Chaque chapitre,court et dense,nous fait pénétrer dans la
création littéraire,avec le magnifique phrasé de l'auteur,son érudition et ses réflexions.
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Alors que les critiques sur Babelio sont plutôt élogieuses, je n'aime pas du tout la façon d'écrire de Sylvie Germain. D'ailleurs, "Les personnages" est ma deuxième tentative de lecture de cette auteure et ça ne passe toujours pas.
C'est comme ca, il y a des gens que l'on comprend aisément et d'autre que l'on ne décode pas.
Alors que le sujet sur la création littéraire s'annonçait passionnant, je n'ai pas été inspirée.
Je ne dis pas qu'elle n'a pas de qualités, non, mais que j'ai du mal à la comprendre. Quand elle cite Marguerite Duras c'est très clair, je trouve donc que sa démonstration est inutile.
Certes, il y a de beaux passages comme ceux sur les personnages de fiction se trouvant à la lisière de la conscience et de l'imaginaire, dormeurs se réveillant de songes qui attendent d'être lus pour exister davantage. Mais c'est toujours en référence à d'autres dont les poètes Denis Clavel ou Paul Celan.
C'est dommage, je suis passée complètement à côté de ce livre.

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"Un jour ils sont là. Un jour, sans aucun souci de l'heure.

On ne sait pas d'où ils viennent, ni pourquoi ni comment ils sont entrés. Ils entrent toujours ainsi, à l'improviste et par effraction. Et cela sans faire de bruit, sans dégâts apparents. Ils ont une stupéfiante discrétion de passe-muraille.

Ils : les personnages".

C'est par ces mots que commence cet essai de Sylvie Germain. On pourrait discuter le terme d'essai, mais ce texte est de toute façon difficilement qualifiable. Essai, réflexion poétique, recueil de fragments sur le processus de création avec comme clef de voûte le personnage... ou tout ça à la fois. Ce n'est pas très important.

Ce qui l'est, en revanche, c'est le choc que j'ai reçu en le lisant. Je ne vous mens pas. Je me suis dit des choses comme« cette Sylvie Germain est une grande... elle a tout compris... », tout capté de ceux qu'elle appelle « les suppliants muets », (comme dans la tragédie grecque, le suppliant est celui qui vient, envoie des signes. le personnage aussi. Il ne dit rien. Se manifeste en silence ), « dormeurs clandestins » qui sommeillent dans nos têtes, émergent de nos songes pour réclamer de vivre par l'écriture...

« [Le personnage] veut naître au langage, s'y déployer, y respirer. S'y exprimer» écrit Sylvie Germain. C'est vrai et c'est magnifique.

J'écris. Modestement mais j'écris. Et je trouve passionnant de créer un personnage, de le sentir monter en soi tout doucement, silhouette floue qui devient corps... Il est d'abord de dos,« avance masqué », plein de promesse et du bonheur d'écrire à venir... mais ce n'est pas si simple. ça fait souvent mal. Celui qui écrit est maso, on le sait bien. Il recommencera malgré la douleur.

Le personnage est le meilleur ami de l'écrivain mais aussi son pire ennemi.

il se dérobe, s'échappe, et s'il consent à se laisser saisir, c'est pour obliger l'écrivain à se remettre en question. Eh non, il ne sera pas celui qu'il aurait dû être. Tout le contraire peut-être. Il bouscule nos certitudes et notre façon d'écrire. La création d'un personnage est fluctuante, incertaine.

Elle est magique.

Elle dit tout cela, Sylvie Germain, dans une langue d'une grande beauté. Elle dit tout de la joie d'écrire et de la souffrance de la plume tarie, de l'amour et de la colère qu'on peut ressentir envers ce « fort rebelle » qui nous intime l'ordre de fouiller en nous, en profondeur, pour le faire naître. le personnage nous force à nous découvrir. Ecrivons et voyons ce qui se passe... Pour lui et pour nous.

Je trouve ça palpitant. Une expérience à nulle autre pareille.

Il faut lire ce merveilleux petit ouvrage, exigeant parfois, mais indispensable pour toute personne aimant l'écriture, ou simplement intéressé par le travail de création. Cerise sur le gâteau, Sylvie Germain illustre et conclut son propos par deux très belles nouvelles.

Vraiment un régal.

"Il y a de la douceur dans la visite impromptue d'un personnage - celle de la possibilité d'une histoire à découvrir, d'une surprise, donc.

Il a y éveil de la curiosité, relance du désir de se colleter avec son propre imaginaire, avec sa langue. Il y a de la jubilation dans la perspective de partir, ou de repartir à l'aventure dans les géographies aussi vastes qu'accidentées du langage. Il y a quelque chose de l'émoi et de l'allégresse au tout début d'une rencontre amoureuse. On ne sait pas où l'on va, mais on a une folle envie d'y foncer.

Il y a une obscure volupté dans ce jeu de séduction. le personnage ne s'offre t-il pas en nourriture? Tiens, mange !"Mange mon image, croque la promesse littéraire que je suis, déguste les mots exquis dont je suis imprégné, savoure le sens dont je suis chargé..." semble traîtreusement suggérer le personnage.

Et puis, c'est aussi un formidable soulagement (...) On entrevoit quelques beaux jours d'encre devant soi. Alors on avale avec avidité le personnage qui s'avance masqué en promesse de jouissance d'écriture."
Lien : http://bgarnis.canalblog.com/
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J'ai bien aimé ce petit livre à lire et à relire car dense, très dense.
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