«
le Cheval rouge est un chef-d'oeuvre absolu » (
Emmanuel Roblès).
NRF (Laurend Kovacs) : Parallèlement au récit, captivant parce qu'il rejoint la société vécue et vivante, il y a le coeur de l'oncle Boris, un coeur chaleureux qui bat puissamment à l'unisson d'une nature proche et vigoureuse. Oncle Boris, paysan du Kaïmaktchalan, en Grèce, vit intensément une existence sans dilemme ni alternative, ce qui ne le prive pas, bien au contraire, d'état d'âme. A l'origine de cette ardeur, il y a un choix, mais son expression et sa description ne prennent pas la place des termes mêmes qui le composent. Oncle Boris est aux prises avec les choses et non pas avec leur représentation. C'est l'affirmation de soi, de son identité inscrite dans toutes ses fibres qui donne à Boris l'énergie vitale qui le caractérise ; il puise seulement en lui-même les raisons de son combat même s'il en est la résultante politico-historique et non pas l'initiateur. Boris concentre en lui des éléments disparates dont il est la synthèse. Par strates il est macédonien de l'Empire, fils des opprimés ottomans, grec de la Nouvelle Grèce construite dans ses paysages et ses climats ancestraux, il est paysan levé contre l'oppresseur, fuyard vaincu dans la guerre civile, exilé doublement apatride - dans les déserts de l'U.R.S.S., la Grèce est loin et, même parmi ses frères de combat, on n'y reconnaît pas sa nation -, soldat prodigue au coeur duquel on ne tue pas le veau gras. de tous ces échecs, de toutes ces frustrations, il sort, d'une certaine manière, triomphant, car il est resté lui-même. Et c'est en homme qu'il meurt. (extrait de la critique publiée dans la NRF lors de la première édition du "Cheval rouge", en 1989)