Ce livre est un gros pavé bien sévère. Cependant, passées les deux ou trois premières pages, le talent de l'auteur m'a emmenée dans une narration passionnante, et malgré le récit fort compact où la ponctuation des dialogues est inexistante, j'ai été embarquée dans cette histoire, avec quelques remous par-ci par-là.
Le portrait de l'homme qui était le compagnon d'
Oriana Fallaci et dont il est question, est très émouvant. Il est restitué avec tous ses excès, ses paradoxes, et elle ne perd pas son oeil de journaliste. Elle écrit son livre comme une fable, où elle emploie le Tu en racontant toute la vraie histoire sur les luttes qu'il a menées à la recherche de la liberté de son pays, la Grèce.
En 1968, Alexandre Panagoulis, est un mathématicien qui, suite au putsch de Papadopoulos en Grèce, déserte son pays, et lorsqu'il demande un laisser passer pour l'Italie, le ministre Gheorgazis, voulant renverser la junte en place, lui demande de participer à un attentat contre le dictateur militaire grec Papadopoulos. Alexandre doit poser une bombe sous un pont au moment du passage de la voiture du dirigeant, mais les fils s'emmêlent et il n'a plus assez de jeu pour le poser sous le pont. Mais les fils s'emmêlent et il ne peut pas accéder jusqu'au pont car il n'a pas assez de jeu. A mon humble avis, il vaut ce qu'il vaut, le récit minutieux de cet attentat est une bravoure littéraire. C'est à ce moment là que j'ai été complètement en empathie avec Alexandre. Ce sont des pages époustouflantes.
S'en suivent divers séjours en prison d'Alek, des évasions, et le récit de ses insolences, de ses mises en danger, de ses provocations. J'ai adoré lire ces pages, elles sont saisissantes et passionnantes, car l'homme est imprévisible, et il a sans cesse des plans secrets.
C'est du fond de ses geôles, où on le torture, qu'il apprend l'italien et correspond avec
Oriana Fallaci.
De belles pages sur la politique en générale, sur la philosophie, sur la vie en elle-même, sur l'engagement. Cette lecture m'est parue beaucoup plus exigeante , dans certains passages, et par intermittences. Par la suite, Panagoulis tombe dans la vraie action politique, si on peut l'appeler comme ça. Mais il est plus désespéré encore, car ses déceptions sont inévitables, étant donné que les luttes sont sans fin.