Dans son roman
LA GRAINE NOIRE, l'écrivain macédonien Tasko Georgievski évoque l'une de ces îles bagnes où de nombreux Grecs et Macédoniens (natifs de la Grèce du Nord), furent battus, torturés, assassinés, "rééduqués" selon la terminologie officielle du camp.
"La guerre civile grecques (1946-49) a marqué toute une génération d'écrivains et de poètes. le combat fratricide entre royalistes et communistes dans le nord de la Grèce n'est pas fait de quartier. Des villages, des familles, des amitiés ont dû choisir leurs camps, un canon sur la tempe. le retard de la démocratie grecque date de cette époque. Et d'après le poète engagé Manolis Anagnostakis, la résistance antifasciste était multicolore, la guerre civile était noire. Lors de l'insurrection communiste grecque de mars 1946, soutenue quasiment uniquement par Tito, le gouvernement royaliste d'Athènes n'a pas pris des gants. En mobilisant les jeunes appelés, les gouvernementaux ont fait le tri. Tous ceux qui avaient des racines ou des convictions démocratiques étaient impitoyablement envoyés dans les îles du diable, centre de relégation. Toute une génération d'écrivains grecs, dont
Mikis Théodorakis, qui est passée par cet enfer, ont su décrire ces petits Dachaus sous le soleil de la mer Egée. Mais la dimension inter-ethnique était absente ; On parlait de Grecs de gauche contre les Grecs de droite. Or, dans les camps communistes une grosse partie de la minorité macédonienne slavophone
De Grèce avait pris les armes contre la royauté grecque." (
Christophe Chiclet)