D’une plume alerte et malicieuse, non sans quelques piques visant le milieu (parfois lourdement chargé en testostérone) du « sport fishing », John Gierach a le don d’embarquer avec lui jusqu’au plus citadin des lecteurs.
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Au cours des dernières heures d'une journée sans la moindre touche, il est plus probable que vous vous souveniez de cette vieille définition du pêcheur qui est: "Un couillon au bout d'une ligne qui attend un autre couillon à l'autre bout."
Chaque jour, en dépit de tout ce que nous pouvions voir d'autre, nous nous arrêtions brièvement devant un nid de pygargue à tête blanche occupé (brièvement parce que si l'on s'attarde trop longtemps, un des adultes pique vers vous) et rendions visite à un couple de grands-ducs d'Amérique parents de petits qui venaient juste de quitter le nid pour chanceler sur les branches des peupliers voisins. Les adultes sont des créatures magnifiques et dignes, mais les jeunes ressemblent à ce qu'un concepteur d'ours en peluche pourrait peut-être imaginer après s'être saoulé toute une semaine.
Mais je compris aussi que, passé la cinquantaine, il vient un moment où une tasse de café froid peut vous pousser à réfléchir à la mortalité et que nous consacrons beaucoup trop de temps à nous demander ce que nous "ressentons" face à certaines choses alors que, dans la plupart des cas, ce que nous ressentons n'a aucune importance.
Lors d'un récent vol depuis un camp de pêche au saumon, le pilote a annoncé qu'une balise de détresse se déclencherait automatiquement en cas "d'atterrissage hors d'un aéroport." Un crash, autrement dit. Je préférais de loin un pilote comique du nom de Bernie avec qui j'ai volé il y a quelques années qui disait: "Si on plonge, bouclez votre ceinture, mettez la tête entre les jambes et dites adieu à votre cul." Une plaisanterie éculée mais efficace.
Les portables nous ont fait passer d'une nation de pionniers autonomes à une bande de types seuls au supermarché qu'on entend dire: "Ok, je suis dans le rayon tampons, mais je ne trouve pas."