Giraudoux
J'ai lu le Cantique des cantiques de
Jean Giraudoux, comme je lis, je regarde, j'écoute tout ce qui reprend le titre ou un verset de ce livre de la Bible, de
Shakespeare (Sonnet 127) à
Amos Oz, de Nigra sum de
Pablo Casals à Bashung et
Rodolphe Burger, et tant d'autres...Alors quand j'ai rencontré par hasard, ce titre chez
Jean Giraudoux,, et malgré mon manque de passion pour cet écrivain lettré, je l'ai lu.
Au premier abord, avant même de me plonger dans ces mots, il y a une parenté évidente,
Giraudoux n'écrit guére plus long que le Cantique de la Bible. Mais la situation semble sans rapport, un rade chic à Paris, une rencontre entre un vieux puissant et une jeune femme...Mais
Giraudoux glisse des mots qui sont parents de ceux du Cantique, quand la jeune fille parle de l'homme qu'elle aime: “Vous avez tout ce que j'admire, le cou royal, la sérénité, les jambes droites “.
Et puis, voici que le président dit : “Si vous retrouvez les bagues dans vos poissons, vous saurez ce que cela veut dire.” Est-ce là une allusion au récit autour du verset 12 du premier chapitre de Qohéletn – on sait la proximité des deux livres (le Cantique et Qohélet ou
L Ecclésiaste) tant dans leur forme que dans les difficultés auxquels ils on été confrontés lors du concile de Jabne (enter 70 et 80) pour être admis dans le corpus des livres de la Bible par les rabbins? Je ne sais pas, peut-être, voici ce que j'ai écrit autour de ce récit;
J'étais complètement défoncé,
ce type, Asmodée, que j'avais rencontré dans ce rade,
il m'avait donné cette dope…il m'avait dit,
‘prends là, tu oublieras toutes tes vanités',
je les ai oubliées,
je me suis oublié moi-aussi,
je n'avais plus mon anneau de pouvoirs
je n'avais plus mon anneau de pouvoirs
il l'avait pris,
il a pris mon corps, ma place,
et même ma mère,
il a couché avec elle,
Bethsabée, la plus belle des femmes de mon père,
je suis devenu le premier,
l'unique incestueux par procuration non consentie;
Je me suis retrouvé dans un trip infernal
sans plus aucune mémoire,
un ictus qu'il a déclenché…
en jetant mon anneau de pouvoirs dans la mer,
salopard…
je parcourais toute la ville
‘je suis le roi', c'est ce que je répétais
tous se moquaient de moi,
rejeté, moqué,
j'ai même supplié pour une croute de pain,
on me la jetait par terre dans les ordures,
alors je suis parti,
j'ai marché, longtemps,
je suis arrivé à Machkémam,
et j'ai été cuisinier,
moi, roi, cuisinier…
Naama m'a pourtant aimé,
mais le roi -qui était son père -
n'a pas aimé qu'elle m'aime, moi, le cuisinier,
lui aussi nous a chassé,
dans le désert,
sans rien qu'un morceau de pain,
une cruche d'eau,
et toi mon amour;
nous avons marché,
longtemps
et nous sommes arrivés dans un port,
nous avions faim,
j'ai péché un poisson,
Naama a trouvé mon anneau dans son estomac,
je l'ai reconnu, je l'ai remis à mon doigt, mémoire et pouvoirs me sont revenus
et j'ai chassé Asmodée, saloperie…
et je suis redevenu qui j'étais.
(Ce poème est une divagation autour de Qohélet 1.12 ‘Moi, Qohélet, j'ai été roi sur Israël, à Jérusalem'
Mon Histoire est tirée du midrach et de la aggada du Talmud de Babylone réécrite au 17° siècle par un cabaliste Rabbi Naphtali ben Jacob Elhanan Bacharach.
Le thème de l'anneau qui restaure la mémoire se retrouve aussi dans un targoum du Cantique des Cantiques. On le trouve aussi en Inde dans la tragédie Abhijnana Shakuntala du poète Kalidasa (4-5°s) et dans les contes arabes sur Salomon (Soliman) qui aurait perdu son trône au profit d'un mauvais esprit Sakhr pendant 40 jours qui jette également l'anneau à la mer et Salomon le retrouve dans le poisson.)
Lien :
http://holophernes.over-blog..