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EAN : 9782207140086
180 pages
Denoël (31/05/2018)
3.31/5   16 notes
Résumé :
Silvia, son mari Giorgio et Maria, leur petite fille de cinq ans, vivent au Maroc. Giorgio est un père présent et attentionné. Tout irait pour le mieux si Maria n’avait pas un comportement violent et exhibitionniste avec ses camarades. À l’école, on s’interroge : quelqu’un aurait-il eu des gestes déplacés envers l’enfant ? La mère refoule les sentiments contradictoires qu’éveille en elle cette question. Un jour, alors qu’elle rentre du marché, elle découvre un attro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
A Rabat, la vie est douce. Elle s'étire au rythme des enfants qui hurlent dans le dédale des rues, au milieu des burqas, des touristes et des mendiants. Elle a le goût du thé à la menthe et la couleur du soleil au couchant. Pour Maria, la vie est un cocon dans lequel elle évolue en compagnie de sa mère, Silvia, et de son père, un diplomate en poste à l'ambassade d'Italie. de temps en temps, sa grand-mère, Adèle, leur rend visite. le vernis de ce cadre idyllique ne tarde pourtant pas longtemps à s'écailler. Maria est une enfant étrange. Elle réalise des dessins qui interpellent sa maîtresse, elle a des rapports compliqués avec ses camarades de classe et son absence de pudeur fait parler d'elle, il lui arrive, enfin, de se montrer agressive avec sa mère. Un lien tout particulier l'unit à son père qui a l'habitude de lui lire des histoires et qui apaise, par son calme, les inquiétudes maternelles. Un jour cependant, alors qu'elle rentre de courses, Silvia découvre le corps de son mari étendu dans la rue. La fenêtre ouverte de l'appartement ne laisse que peu de doutes sur l'effroyable accident… Lorsque nous les retrouvons quelques années plus tard en Italie, Silvia ne sait plus comment aider Maria, tantôt mutique, tantôt provocatrice. Elle aime au point de la détester son enfant devenue adolescente.
Petite femme est un roman qui se lit d'une traite mais qui ne constitue pas une lecture facile. Cela m'arrive assez rarement, mais je m'en suis vraiment voulu des sentiments que j'ai éprouvés tout au long de ma lecture car j'en suis venue à trouver Maria absolument monstrueuse alors qu'elle n'est pas un monstre, mais une victime, nous le savons, nous le comprenons du moins très rapidement. Mais j'avais besoin que l'auteure m'aide à trancher et c'est ce qu'elle fait, je trouve, à la fin, de manière tout à fait implicite. En réalité, on peut même se demander qui est la victime dans ce roman. Entendons-nous bien, la victime « littéraire », celle qui, finalement, est peut-être mise au premier plan contrairement à ce que le titre indique. Silvia… Victime de sa confiance aveugle. Coupable de n'avoir pas compris. C'est un roman de l'ambiguïté. Tous les personnages le sont, de Silvia à Maria, en passant par Antonio, le nouveau compagnon de Silvia au sujet duquel on ne peut s'empêcher de se demander : « Mais à quoi joue-t-il ? » Ce thème du double est porté par d'incessants va-et-vient entre l'Italie et Rabat, entre le moment présent et le souvenir, parce que tout s'est figé avec cette fenêtre ouverte et cet attroupement dans la rue. Mère et fille sont restées engluées dans les non-dits, évoluant dans une relation malsaine parce que mensongère. Anna Giurickovic Dato signe là un premier roman déroutant et efficace.

Lien : http://aperto.libro.over-blo..
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"Lemon incest
Je t'aime t'aime, je t'aime plus que tout
Papapappa"

Maria est la fille de Silvia et Giorgio. La famille a quitté l'Italie pour Rabat, suite à la mutation de Giorgio au consulat italien du Maroc. Sous le soleil maghrébin, sur le sable chaud, doucement bercés par le vent léger qui souffle et qui fait s'envoler les grains un à un, la famille est heureuse. Elle semble l'être du moins. Maria a quatre ans, c'est une petite fille adorable, innocente, des yeux noirs profonds, elle chante, elle parle, elle fait parfois « l'autluche », elle aime sa maman et son papa. Et son papa l'aime aussi. Fort. Très fort. Trop fort ?

"L'amour que nous n' f'rons jamais ensemble
Est le plus beau le rare le plus troublant
Le plus pur le plus enivrant"

Mais quand il se glisse dans son lit la nuit… Après l'avoir bercée, comment ça s'appelle ? Et comment nommer ce sentiment de dépendance, d'attachement, de souffrance affective qui grandit en elle ? Elle le déteste, elle l'aime, elle a besoin de lui, elle voudrait qu'il n'existe pas, c'est son père, son amant ? Et elle, alors, qui est-elle ? Et sa mère, sa concurrente, son ennemie, son amie, sa plus grande force, sa faiblesse ?

"Exquise esquisse
Délicieuse enfant"

Une enfant ? Elle n'est plus une enfant ! Comment pourrait-elle en être ?! Après ce qu'on lui a fait ? Ces bras qui devraient la protéger mais qui l'emprisonnent ?
Quelque chose est mort en elle… Et elle ne sera plus jamais la même… A l'école aussi, elle embrasse les enfants, elle fait des choses bizarres, qu'une petite fille ne devrait pas faire… La maîtresse l'a vue oui… Trop tard, c'est trop tard, tout a changé, tout s'enfuit. Tout.

"Ma chair et mon sang
Oh mon bébé mon âme"

Il était là.
Il n'est plus là.
Et plus aucun autre ne prendra sa place. Jamais.

Dans Petite femme, Anna Giurickovic Dato nous raconte la terrible histoire de Maria, cette petite fille abusée par son père. Un roman troublant, perturbant, mais néanmoins très intéressant car l'auteure s'applique à étudier la psychologie de Maria, ce que je n'avais pas encore connu lors de mes précédentes lectures récentes du même genre. Sous le joug de son père, la petite fille a répliqué la seule marque d'amour qu'elle a connu, et s'est renfermée sur elle pendant toute son enfance, jusqu'au jour où son père est tombé par la fenêtre. Suicide ? Accident ?

Maria serait-elle enfin libérée ? On ne peut pas vraiment l'affirmer, car il est certain que Maria souffre d'un traumatisme profond, encore présent des années après ce tragique évènement…

(Lemon incest – Serge Gainsbourg)
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Diabolique, sensuel et dérangeant...
Est-on déjà femme, à 13 ans ? À observer le comportement inhabituel de Maria lorsque sa mère Silvia lui présente Antonio, son nouvel amant, et Silvia de contempler avec désarroi le jeu de séduction qui se déroule sous son toit, il semblerait que oui.
Ayant grandi à Rabat, le décès brutal du père de Maria à ses 9 ans provoque le retour de la petite fille et de sa mère en Italie. À travers le récit du déjeuner de la rencontre entre Maria et son beau-père, Silvia raconte leur passé, leur vie au Maroc, sa rencontre avec Giorgio, cet homme mystérieux et plus âgé, leur quotidien, sa naïveté, les nuits blanches de la petite Maria. Que s'est-il passé pour que cette petite fille ne parvienne plus à dormir ? Il semblerait que quelque chose ou quelqu'un ait instillé en elle un diable charnel.
Qui de la mère ou de la fille, Antonio va-t-il préférer ? Derrière ce combat de séduction, le roman nous livre une réparation nécessaire entre une mère et sa fille.
Aux accents de « Lolita » ou du film « Jeune et jolie », « Petite Femme » est un livre absolument immoral explorant les paradoxes de la féminité et des démons de la nature humaine.
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Voilà un roman court très ambigu. Maria est une gamine étrange et extrêmement impudique. A l'école, les professeurs s'interrogent sur ce qu'elle vit à la maison. Subit-elle des relations incestueuses ? Convoquée, Silvia, la mère, nie. Alors que cette dernière fait son marché, son mari chute par la fenêtre et meurt. La petite, qui se trouvait dans la cuisine, affirme ne rien avoir vu ni entendu. Plusieurs années s'écoulent et, maintenant installées à Rome, mère et fille s'opposent. Lorsque Silvia rencontre le bel Antonio, Maria met tout en oeuvre pour briser ce couple naissant. Anna Giurickovic Dato propose ici un premier ouvrage aux odeurs de soufre qui explore les contradictions de l'âme humaine. Maria est-elle finalement une victime ou un ange noir à l'esprit pernicieux ? Plutôt que de hurler ou que d'invectiver sa génitrice, elle s'active pour la déposséder de son histoire d'amour et articule tous ses charmes afin d'accaparer les attentions du nouveau venu, en se faisant chatte et intrigante. Assez vite, le lecteur découvre que la vengeance est un plat qui se déguste froid. Reste à savoir quel est le mobile de l'adolescence. Un traumatisme passé est-il le fruit du présent tourmenté ? A mesure que les chapitres s'égrènent, un horrible secret se met en exergue. Ce livre ambigu progresse incessamment sur le fil ténu entre innocence et dépravation et nous vaut quelques pages sulfureuses qui rebutent ou suscitent l'admiration. Quoi qu'il en soit « Petite femme » ne laisse personne indifférent et salue l'entrée en fanfare d'une nouvelle venue en littérature.
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Très court (il fait moins de 200 pages), Petite Femme est un roman troublant, sensuel et ambigu qui explore avec brio les tréfonds et les contradictions de l'âme humaine.

Rabat. Maria est une enfant étrange, une petite fille au comportement problématique, impudique. Elle éprouve une admiration dévorante pour son père tout en ayant terriblement peur de lui. On comprendra très vite pourquoi.

Devenue adolescente et de retour à Rome, avec sa mère comme seule compagnie, Maria ne sera plus qu'une jeune femme diaphane, déscolarisée, incapable de sortir de chez elle sans paniquer sur son apparence et sur les gens qu'elle risque d'y rencontrer. Belle, elle est capricieuse et fait tourner sa mère en bourrique. Quand cette dernière ramène un nouvel homme à la maison, elle s'attend à tout : Maria va devenir folle, elle va forcément mal le prendre… Mais non, bien au contraire. Plutôt consciente de ses charmes et de ce qu'ils peuvent provoquer chez les hommes, Maria s'amuse avec l'amoureux de maman. La dépossède de son histoire d'amour, la fait culpabiliser en silence.

Bientôt, nous, lecteurs, ne savons plus trop comment la considérer. Devons-nous la prendre en pitié ? Maria est-elle une victime, pauvre adolescente torturée par un traumatisme passé, mais immense, et incapable de se contrôler ? À moins qu'elle ne soit finalement qu'un démon, une créature de l'enfer sans morale et sans innocence dont il faudrait se méfier ?

J'adore les romans aux personnages ambigus, marchant sur la frontière étroite entre innocence et dépravation et j'ai aimé le personnage de Maria pour son ambiguité et pour le doute qui nous suit tout au long du roman. J'ai également beaucoup aimé la belle plume de l'auteure, notamment ses descriptions du Maroc et de l'Italie, que j'ai trouvé très visuelles, élégantes et poétiques.
En quelques mots,

Si vous recherchez un roman court, maitrisé et bien écrit, bien plus profond que vous ne pourriez le croire au premier abord, vous risquez de fortement d'apprécier Petite femme. Il s'agit d'un premier roman mais rien, ni la complexité des sentiments évoqués, ni la plume de l'auteure ne pourraient le faire croire. Étirée sur la longueur, une telle histoire aurait pu paraître moins intense, peut-être même surjouée mais la brièveté du récit joue vraiment en faveur de la tension permanente qu'il instille de la première à la dernière page.
Lien : http://cellardoor.fr/critiqu..
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Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
Maria au parfum de thym est blanche comme le lait chaud. Maria fait fondre le miel. Dans ses yeux bruns des filigranes vert mousse, son nez se retrousse comme celui d’un lièvre. Maria qui savoure le monde, curieuse et sans crainte.
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C’était un homme taciturne. Il rentrait fatigué, s’asseyait dans un fauteuil et mettait un cigare dans sa bouche, parfois éteint, juste pour le plaisir de sentir la saveur du tabac sur sa langue. En le voyant aussi réservé et enfermé dans ses pensées solitaires, j’avais du mal à me rappeler notre amour, celui frais et vif des premiers temps, et je doutais qu’un tel amour ait vraiment existé. Je l’avais adoré, je l’avais imploré, je l’avais attendu et enfin, quand j’eus dix-huit ans, il me demanda de l’épouser. Il en avait déjà vingt-sept et travaillait. Nous avions l’habitude de sortir ensemble le samedi après-midi, une glace dans la rue piétonne avant d’aller au cinéma, la première séance du soir. Jamais il n’avait glissé une main sous ma jupe ou, de ses paumes rugueuses, effleuré mes bas. Il m’embrassait avec pudeur, en me tenant la nuque, et disait en caressant mes cheveux : « Qu’ils sont doux, quel bon parfum de pêche. » Il ne lâchait jamais ma main, la serrait comme s’il voulait attirer mon corps contre lui, mais avec un profond respect il le laissait où il était, mes doigts entrelacés aux siens. Il hantait mes cauchemars et mes rêves, réglait mes humeurs, disposait de mon temps et de mes envies qui grandissaient comme une torture sans trêve.
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Tout l’islam célèbre l’Aïd el-Fitr qui marque la fin du Ramadan. Trois jours de réjouissances mérités après le jeûne. Les parents de Maria sont italiens et vivent à Rabat depuis quelques années seulement, mais ils participent à la joie de cette communauté. Elle marche main dans la main avec sa maman qui la laisse goûter tout ce qu’elle veut. Son papa explique à un couple français le sacrifice d’Abraham. C’est un homme robuste, grand, beau. Maria s’aperçoit que, quand il passe, les gens le regardent avec respect, briguent ses attentions. Elle sait que c’est un homme important, un diplomate qui travaille à l’ambassade italienne au Maroc. Elle aimerait couper une boucle orangée sur sa tête et la conserver dans sa trousse pour pouvoir dire : ça, c’est mon papa.« Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils. Mais l’ange du Seigneur l’appela du haut du ciel et dit : “Abraham ! Abraham ! Ne porte pas la main sur le garçon ! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique.” »Maria est absorbée par une pensée. Elle est l’unique fille de son père.
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Je voudrais pouvoir rejeter la faute sur quelqu’un, être jeune et belle, avoir tout à apprendre et n’avoir encore rien raté. Je voudrais pouvoir être écoutée, saisir ce maudit bras qui ressert du vin à ma fille, et le briser à la force de mes mains. Ordonner à ma fille de partir — un, deux, trois —, de ne plus se montrer jusqu’à demain matin. Voir la peur dans ses yeux, puis me réjouir de ses larmes coupables. Pourtant je crains, c’est presque une certitude, que toutes mes paroles soient vaines, qu’elles rebondissent bêtement contre les murs, ou bien, si je les prononce à voix haute, qu’elles soient perçues comme ennuyeuses, des humiliations, des lèse-majesté, alors eux seront encore plus complices pour se moquer de moi, me discréditer davantage. Je devine le regard méprisant de Maria qui déglutit bruyamment son vin et rit comme une chouette.
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Une main froide s’étend sur son corps, chatouille son flanc. Maintenant elle passe sous l’élastique de son petit pantalon en coton jusqu’à toucher son ventre. D’instinct elle se dégage, sa lèvre supérieure tremble. Elle ne veut pas contrarier son papa, c’est une petite fille spéciale. Trèsspéciale. L’homme pose le livre, éteint la lumière et Maria voit disparaître dans le noir ses reflets orangés. Son corps s’approche de celui de l’enfant. L’homme est ému au contact de sa peau délicate, repose sur elle tout son poids et Maria retient sa respiration. Elle n’arrive pas à gonfler son thorax, elle reste en apnée. Les mains de son père glissent dans sa petite culotte et Maria éprouve une sensation étrange, de chaleur et de tristesse.
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