Essai extrêmement intéressant. Articulé autour de plusieurs idées dont la substance est décrite dès le prologue :
Aujourd'hui, l'individu souffre de l'injonction qui lui est faite d'atteindre la jouissance permanente.
Notre culture mondialisée exalte cette jouissance, « dont la psychanalyse nous enseigne la proximité avec le malheur et la pulsion de mort ».
Le maître mot de ce changement de paradigme : Liberté.
Liberté comme individualisme, idéologie de notre civilisation occidentale moderne...
Cette pseudo avancée risquant in fine d'être fatale à l'humanité, comme le laisse prévoir le post humanisme qui, sous couvert d'« homme augmenté » suggère la prochaine disparition de l'homme lui-même.
Fini le « Weltanschauung » (conception du monde), mais on met en avant un ensemble disparate de « valeurs » parfois contradictoires dont chacun s'accommode assez bien puisque flattant au moins une partie de l'individu. Dans cette société de l'instant présent, la culture, au sens ancien du mot, est devenue simplement une marchandise ou une source de profit. Seulement, ce vide culturel aura un impact dangereux sur les nouveaux sujets de ce monde. L'homme postmoderne n'est plus caractérisé par des convictions fondamentales, auxquelles il restait fidèle toute sa vie. Ce « caractère » qui confinait à une routine, était soit inné, soit forgé au cours de la vie.
Or cette cohérence est aujourd'hui méprisée, car l'individu jouissant a le sentiment de manquer quelque chose, de devoir renoncer à quelque chose, alors que le nouvel idéal est de jouir partout et tout le temps.
« L'ironie de l'histoire aura voulu qu'avec la mondialisation en cours, qui aurait dû lui donner son espace de déploiement, la valeur de l'universel soit de plus en plus contestée, détestée, refoulée, détruite. Que ce soit à l'échelle globale ou singulière, l'humanité est en train de perdre en même temps le sens de l'un et celui du tout. C'est pourquoi il n'est pas excessif d'envisager la psychose comme l'avenir de l'humanité. »
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Lorsque, par exemple, les circonstances conduisent un individu à agir en désaccord avec ses propres croyances, comme lorsqu’une direction d’entreprise oblige un employé à prendre des décisions cyniques contraires à ses valeurs morales, celui-ci éprouvera un état de dissonance cognitive.
Vendredi 10 décembre
Théâtre Princesse Grace
Monaco
Conversation « Peut-on renouer avec la nature ? »
Présentée par Robert Maggiori
Avec
Christian Godin, philosophe
Caroline Lejeune, politiste
Grégory Quenet, historien
La notion de «nature» a de telles arborescences de sens que les controverses naissent dès qu'on tente de la définir, et, en même temps, elle apparaît fixée par mille chevilles à l'histoire de la pensée, et inéliminable. La «nature» serait «tout ce qui est né» et «est là», l'ensemble des phénomènes, l'essence de quelque chose, mais on dit «naturel» ce qui n'est pas artificiel – sinon ce qui n'est pas «spirituel», quand en théologie le «naturel» est synonyme de «rationnel» – et on fait enfin référence à «sa nature propre» pour désigner quelque chose comme un instinct irrépressible. On parle de «nature humaine», mais on fait retour à la nature», et l'on s'y promène. On l'a tenue pour l'ensemble des ressources dont l'homme se voulait « maître et possesseur» – et de fait l'homme et ses techniques l'ont exploitée sans limites, jusqu'à la défigurer, en briser les équilibres, la détruire, en compromettre l'avenir. Dès lors ont été ravivés les mythes d'un retour romantique au «naturel», à une nature originelle et immaculée. Dès lors, surtout, est née la conscience d'un nécessaire dépassement de l'anthropocentrisme, s'est ouvert l'horizon d'une écologie intégrale dans laquelle l'homme assume la responsabilité de bâtir une relation de respect, de soin, de protection de la nature inerte et du vivant, de tous les vivants, humains et non-humains. Comment penser une telle relation aujourd'hui ?
#philomonaco
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