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EAN : 9782072887710
208 pages
Joëlle Losfeld (03/09/2020)
3.95/5   40 notes
Résumé :
Bastia, 1954 : Joseph, un garçon de douze ans, pense devenir fou quand des voix s'invitent dans sa tête... C'est le début d'un jeu de piste avec certains objets qui lui parlent et l'attirent. Secondé par Mammò, l'arrière-grand-mère sage et révérée qui prend son don comme une malédiction, Joseph se plonge corps et âme dans la résolution des mystères familiaux par l'entremise d'un anneau perdu, d'une vieille photo oubliée ou d'un disque remisé dans un grenier. Différe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Un livre terriblement bien écrit ! Empli de poésie, de retenue, de pudeur aussi… de nos ombres est une histoire à clefs, où il nous faudra ouvrir plusieurs tiroirs pour en apprécier tout le sel et la beauté.

Joseph grandit en Corse, entourée de sa Mammo et du reste de sa famille. Il se découvre un don. Celui de ressentir les objets, de connaître leur histoire… Mammo le devine et va finir par l'accompagner dans une quête du passé où certaines choses n'ont pas pu ou pas eu le temps de se dire.

« J'aurais voulu fermer les yeux, les couvrir de mes paumes moites, me concentrer sur la douleur que j'aurais ressentie vraiment, mais c'était impossible, trois d'images, trop de bruits, trop d'endroits. Et je chutais, et je chutais encore, venant à espérer un sol où m'écraser, mais rien, rien que la chute. »

Dans un premier temps, j'ai pensé qu'il manquait du «liant », tels les petits cailloux du Petit Poucet pour me guider à travers les dédales du récit. Puis j'ai compris qu'il me fallait me laisser porter par les mots, les émotions sans essayer à toute force de reconstruire l'histoire, de vouloir la voir se dérouler sous mes yeux. Et j'ai pleinement apprécié de nos ombres

Merci à Babelio et aux éditions Joelle Losfeld pour l'envoi de ce livre.
Lien : http://page39.eklablog.com/d..
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"Sûrement ne verront-ils qu'un foutu brouillard, ceux qui me liront, que des ombres, des formes diffuses dans un vent de neige, un vent de cendres...Chaque fois elle me ramène à un endroit perdu où elle n'a rien à faire, l'histoire que je veux écrire. Une plage où je vois les miens attablés et qui me regardent comme s'ils attendaient de moi quelque chose. J'ai beau fermer les yeux pour les faire disparaître, quand je les rouvre, le flou de l'éblouissement passé, ils sont encore là à m'attendre.Cette histoire n'a rien à voir avec eux, et pourtant je reviens. Elle n'a rien à voir avec eux mais, si je m'éloigne pour la suivre, je les vois hausser les épaules, souriants mais déçus..."
Ainsi s'exprime l'écrivain qui s'apprête à écrire son histoire. Elle débute à Bastia, en 1954 où Joseph, douze ans, se met à entendre des voix. Il n'en parle à personne, mais Mammo, son arrière-grand-mère devine. Elle sera la complice de l'aventure dans laquelle va plonger Joseph, celle de la résolution de mystères familiaux, la révélation de secrets de famille et bien davantage que cela. Un angelot au pied d'un lit (plutôt horripilant, cet angelot, d'ailleurs !), un anneau, un vieux disque dans un grenier, une photo, une chimère qui aime la tarte aux poires, un saint mutilé, un fou, un sage, des justes, des femmes fortes et tant d'autres surprises vous attendent au fil des pages...jusqu'à la surprise finale !
Joseph et Mammo vous entraînent dans les ruelles du vieux Bastia, à Saint-Florent et dans le Cap corse. L'auteur-narrateur déroule la bobine de son histoire mais s'embrouille, s'égare et le dit ! L'histoire se multiplie en plusieurs histoires, son imagination s'emballe. Il voulait raconter l'histoire de Joseph, l'enfant qui entend des voix mais sa plume l'entraîne ailleurs. Il s'excuse. Il s'excuse auprès de vous et auprès de ses personnages ! "Il me fallait quelqu'un pour ouvrir cette porte, amener la clé. J'aurais pu la cacher sous une pierre du jardin, dans le ventre gonflé d'un poisson ou dans le creux d'un arbre. le gamin l'aurait retrouvée. Il trouve toujours ! Mais, un matin, je t'ai imaginée à ta fenêtre et ton regard m'a bouleversée. Ma fille de papier, je te demande pardon. Un moyen, tu n'étais pour moi qu'un moyen, une astuce inventée pour faire avancer l'histoire mais, mot après mot, je me suis attaché à toi plus que je ne saurais dire. (...) Encore un mot, un dernier mot, ma fille, pour t'apprendre ce dont tu ne pourrais te souvenir : que tu es de l'automne, du 15 octobre de cette année." Je vous présente donc Lucia :
"Aussi loin que sa mémoire portait, elle avait toujours vécu ici, dans cet appartement, à regarder les bateaux ondoyer, appuyée au rebord d'une fenêtre. Dans la journée sans fin que paraissait être sa vie, c'était sa seule occupation. Elle aurait voulu trouver autre chose, n'importe quoi, même s'abrutir à force de ménage, mais la poussière aussi semblait fuir cet endroit. Lire, elle avait essayé, mais c'était peine perdue. La couverture du livre qu'elle avait attrapé, vierge de tout titre, était resté entre ses doigts, ses pages effondrées sur elles-mêmes voletant comme de la fibre d'amiante."
De nos ombres est un roman en clair obscur, qui sort de l'ordinaire. On est tour à tour dérouté, enchanté, effrayé, intrigué, triste, amusé, stupéfait. Des histoires à une page d'Histoire. Je ne veux pas trop en dire !

La mise en abyme du jeu d'écriture, de l'écrivain se débattant avec son histoire et ses personnages, s'amusant aussi avec le lecteur, renvoie au pouvoir de l'écriture, à la "magie" de la littérature et du fait de raconter des histoires (tradition orale aussi, en Corse comme ailleurs). Un roman foisonnant, une plume malicieuse dotée d'une forte puissance évocatrice qui a le don de réveiller les morts, vous entraîne hors des sentiers battus. de nos ombres. Tout est dit !
Une belle découverte de la rentrée littéraire. Lisez-le !
Lien : https://milleetunelecturesde..
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« Dix paires d'yeux et pas la moindre larme, ces visions diluant jusqu'à ma peine, comme si mon âme, éparpillée entre ces points de fuite, avait perdu le fil de mon chagrin. »

J'ai eu la chance de pouvoir découvrir ce roman avant sa parution maintenant imminente, le plaisir n'en fût que plus grand...

Un jeu de piste qui serpente entre ombre et lumière, poème et prière.
« de nos ombres », par la musicalité de son écriture, vous murmure ses secrets au creux de l'oreille et, habilement, délicatement, noue son fil rouge autour de votre poignet.
Un récit qui vous soulève lentement, vous emporte là, entre chien et loup, là où tout se confond mais pourtant se révèle.

En achevant la lecture de cette histoire je m'interroge : ces ombres sont-elles devenues un peu les miennes, ou bien est-ce une part de moi qui vient de s'ajouter à leur somme ?

Ce qui est certain c'est que ce premier roman laisse une trace, quelque chose de subtil, de presque insaisissable, flottant dans l'air comme un parfum que l'on connaît par coeur mais dont le nom nous échappe.



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"De nos ombres", le premier roman de Jean-Marc Graziani, nous mène sur les chemins sinueux des secrets de famille.

De Bastia au Cap Corse, Joseph et Mammo, les deux protagonistes principaux, nous entraînent avec beaucoup de poésie dans une quête de vérités qui commence par la découverte d'une lettre. le récit se construit autour du don, des croyances et se trouve bercé de magie. Les femmes y ont une place particulière: femmes fortes aux histoires singulières.

L'auteur nous livre ici une oeuvre forte, intime et terriblement émouvante qui nous laisse un sentiment étrange à la fois de vide, comme un manque que l'histoire se termine trop vite, et une forme de plénitude que les secrets trouvent enfin leurs chemins.
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Vu les critiques élogieuses et l'excellente note qui sont attribuées à ce livre, je pressens avoir loupé quelque chose car je suis passée à côté bien que l'ayant lu jusqu'au bout. Sans doute un manque de concentration de ma part.

Il m'a fallu arriver à la moitié du roman pour comprendre de quoi il en retournait, qui parlait de qui, et trouver un peu d'intérêt à l'histoire.
Malheureusement, l'affaire étant déjà bien avancée, il m'a manqué trop de repères et de références pour, enfin, entrer dans l'histoire et apprécier la suite.
Mais, je le redis, la faute m'en incombe ; je me suis laissée dérouter par un style et une construction avec lesquels je n'étais pas familiarisée.

Avec mes plus sincères remerciements à Joëlle Losfeld Editions pour cet envoi gracieux.
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Pourtant, collée aux mots que je pouvais lire, j’attendais ceux d’Auguste avec une impatience d’enfant. Ils étaient ma fenêtre sur la rue, une faible lucarne donnant sur une impasse, mais par laquelle une brise asthmatique rafraîchissait mon front, et l’espoir d’y voir passer l’ombre de François me donnait du courage.
Et cet homme, cet homme de rien, disant des mots de rien : il devint mon ami.
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Le lendemain, pour l’enterrement, il fait affreusement chaud. La sueur mêlée à l’eau de Cologne auréole les chemises, et sur le front de la morte, qu’on aperçoit dans le cercueil ouvert, perle une étrange rosée. Devant elle, on défile encore ; retardataires, curieux, laiderons se repaissant de l’immanente justice qui fait que, très souvent, les beautés sont fragiles ; tous passent, brisant de leurs dos, de leurs nuques, de leurs pauses trop longues devant le catafalque, le lien des yeux, celui que le veuf, debout à quelques pas, voudrait indéfectible ; et François la fixe, depuis plus d’une heure déjà, et n’a pas bougé d’un cil ; bien sûr on vient l’embrasser et dire "condoléances !", mais lui ne répond pas, ne vous regarde pas, il la fixe, et ce regard puissant pourrait vous transpercer si, à cet instant, vous partagiez le même univers, mais non, vous ne risquez rien : lui est ailleurs.
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En exergue

Quand j'y repense, il n'en reste pas moins que j'avais commencé d'écrire, et cela pour fixer les "secrets" que j'aurais pu oublier. Et même plus que pour les fixer, pour les susciter, pour provoquer des secrets à écrire. ---Louis Aragon, - Je n'ai jamais appris à écrire ou Les Incipit.
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Il revoyait tout, le pauvre : la main aimée à laquelle il reste juste assez de force pour achever d’écrire et plus assez pour replier le mot ; celle, anonyme, qui le fait à sa place et qui, pour satisfaire la dernière volonté du mourant, trouve n’importe quel disque pour le glisser à l’intérieur, et le disque dans l’enveloppe, et l’enveloppe dans la boîte ; les doigts qui la retrouvent derrière le meuble où elle avait glissé ; la main du facteur fouillant dans sa musette ; de Mammo qui ne savait pas ; la mienne déchirant le papier ; enfin la sienne, portant la lettre à ses yeux où les images se brouillent dans les larmes.
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Cela me prit beaucoup de temps mais, au prix d’efforts dont ma beauté m’avait dispensée toute ma vie, je parvins à isoler des images assez longtemps pour y trouver quelque réconfort, interrompant le flux discontinu des choses comme on recueille entre ses mains l’eau glacée d’une fontaine ; juste assez de temps pour boire. Je n’ai survécu que par cela, mon esprit je veux dire, par ces instants volés, ces toussotements de réverbères éclairant l’obscurité par intermittence. C’est grâce à eux que je n’ai pas sombré dans la folie.
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