Découverte d'un nouvel auteur dont j'ai plusieurs livres dans ma PAL, je suis étonnée du peu de critiques trouvées, donc c'est dans le plus grand inconnu que je me suis plongée dans cette biographie. Ce fût une lecture instructive, je ne connaissais pas grand chose à l'histoire de la Turquie, on peut dire que c'est une nation tumultueuse, riche de ses différences. le personnage du sultant ne m'a pas conquise plus que ça, j'ai eu tout au long de ma lecture l'impression qu'il voulait redorer son blason, pour contrecarrer les écrits néfastes au personnage publiés depuis des décennies. La vérité doit se situer quelque part entre ces deux extrémités.
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Au plus fort de la crise égyptienne, alors que je végétais dans un noir pessimisme, j’avais entendu soudain la voix forte et jeune du cheikh Abdul Huda : « L’Empire est peut-être perdu mais il reste le califat. »
Le califat, c’est-à-dire l’autorité spirituelle que je détenais et qui obligeait tous les musulmans à répondre à mon appel et à venir à mon secours. C’était bien là une idée venant d’un Arabe bercé par les anciennes gloires des défunts califats de Damas ou de Bagdad. J’étais turc, donc plus réaliste.
Cependant, dans le marasme où je me trouvais, j’avais tendu l’oreille aux propos du cheikh. Très discrètement, nous fîmes venir à Yildiz des saints hommes de toutes les contrées musulmans du monde. Je leur parlai, je sus les galvaniser. Ils repartirent enthousiastes aux quatre points cardinaux, munis de corans dans toutes les langues imprimés à mes frais. Des Balkans à l’Himalaya, de l’est à l’ouest de l’Afrique, ils répandirent la bonne parole. J’accrochai dans mon bureau une carte du monde avec, lourdement marqués en vert, les pays musulmans. Et chaque fois que je recevais les ambassadeurs, particulièrement l’anglais, je pointais le doigt vers la carte, ce qui suffisait à les inquiéter. (pp. 183-184)
Tout en marchant, nous croisions des représentants de toutes les nationalités d’Occident. Les Italiens avaient commencé à venir à Constatinyé au siècle dernier, chassés de leur pays par les convulsions politiques, et, depuis, avaient prospéré. Les Anglais étaient encore des nouveaux venus, comme les Américains qui commençaient à s’installer, attirés par le développement offert au commerce. Les Français faisaient fortune en tant que boutiquiers ; presque tous les magasins de la Grand-Rue de Péra leur appartenaient. La communauté polonaise, elle, était en voie d’extinction ; mais en revanche, la russe s’étoffait à vue d’œil.
Des parasites, des vampires, ces giaours venus s’engraisser sur notre dos. Hélas! Il était mort le temps où le rugissement de mes ancêtres les faisait trembler. Le jeu sadique du chat et de la souris que prolongeaient depuis plus d’un siècle les grandes puissances avec nous, l’étranglement de notre empire, la destruction lente des forces morales de notre peuple, de notre gouvernement avec lequel ils entretenaient officiellement les relations les plus amicales : je n’en trouve pas d’exemple dans l’Histoire.
Naguère, mes ancêtres avaient accordé des privilèges alléchants aux étrangers. Mais en concluant ces traités, ils avaient inconsciemment signé l’arrêt de mort de l’Empire, car c’était au nom de ces droits que finalement ses habitants avaient été divisés en deux catégories : les étrangers auxquels tout était permis et les Turcs auxquels n’était permis que ce que les étrangers voulaient bien autoriser.
Du coup, j’avais hérité de provinces, de royaumes attachés par un fil de coton ; je l’empêcherais de se rompre, j’en fis le serment. Tant que je serais sur le trône, le pavillon de l’Empire continuerait à flotter haut et fier. (p. 106)
La perte cruelle de mes illusions s'ajoutait à l'humiliation intolérable d'avoir été trompé comme le plus naïf des innocents
« […] toute chose vraie est prophétique et inonde son temps de lumière, et c'est à la poésie qu'il incombe de répandre cette lumière ; c'est pourquoi l'esprit ne doit et ne peut surgir qu'à travers elle. L'esprit ne surgit qu'à travers l'inspiration… » (Bettina von Arnim, Begeisterung)
« Hölderlin (1770-1843) a seize ans. […] déjà, c'est de poésie surtout qu'il se nourrit […].
[…] ce sera toujours immédiatement, antérieurement à toute réflexion, à tout vouloir, au désir même, que le monde bourré de sa charge de sacré l'assaillera, indubitable, indéchiffrable. […]
[…] Hölderlin méditera longtemps, et avec quelle profondeur, sur la Grèce ; mais il ne l'aurait pas fait, ni de cette manière, s'il n'avait été d'abord emporté, ravi (au sens le plus fort).
[…] » (Philippe Jaccottet, avant-propos)
« […] Jamais peut-être la haute tristesse méditante n'a été si magnifiquement exprimée. Parfois ce génie devient obscur et sombre dans le puits amer de son coeur ; mais le plus souvent, son apocalyptique étoile Mélancolie brille, merveilleusement touchante, au-dessus de la vaste mer de ses émotions. […] » (Clemens Brentano à Philipp Otto Runge, le 21 janvier 1810)
« […] je parle comme quelqu'un qui a fait naufrage. On est alors porté à conseiller aux autres de rester au port jusqu'à l'arrivée de la saison propice au voyage. J'ai de toute évidence voulu m'élancer trop vite, j'ai aspiré trop tôt aux grandes choses, et je l'expierai sans doute tant que je vivrai ; il est peu probable que je réussisse parfaitement en quoi que ce soit, faute d'avoir laissé mûrir ma nature dans la tranquillité d'une modeste insouciance.
[…] » (Friedrich Hölderlin à son frère, Francfort-sur-le-Main, le 12 février 1798, traduction par Denise Naville)
« Durant toute la première moitié de sa vie, Hölderlin est resté presque inconnu ; la démence, durant la deuxième moitié de cette vie, l'a maintenu dans une étrange absence où, du monde des hommes, il ne voyait plus que les images des saisons. […] » (Philippe Jaccottet, avertissement)
« […]
[…] Il affirme que la source de la sagesse est empoisonnée aujourd'hui, que les fruits de la connaissance sont des noix creuses, une tromperie. […] » (Fragments de l'entretien du menuisier Zimmer avec l'écrivain Gustav Kühne, qui rendit visite à Hölderlin au cours de l'été 1836)
« […] C'est ainsi : qui hante de trop près les dieux, ils le condamnent à la misère.
[…] » (Bettina von Arnim, Die Günderode, 1840)
0:00 - le Laurier (poème)
0:18 - Lettre à Neuffer
Hypérion ou l'ermite De Grèce :
0:57 - 1er extrait (Hypérion à Bellarmin)
1:45 - 2e extrait (Hypérion à Bellarmin)
2:29 - 3e extrait (Hypérion à Bellarmin)
2:56 - 4e extrait (Hypérion à Bellarmin)
4:24 - 5 extrait (Hypérion à Bellarmin)
5:14 - Lettre à son frère
5:46 - Lettre à Johann Gottfried Ebel
7:05 - Lettre à Neuffer
7:22 - Lettre à son frère
Empédocle :
7:54 - La mort d'Empédocle (extrait)
8:11 - Lettre à Suzette Gontard
Période des grands poèmes :
8:57 - Vocation du poète
10:14 - le pain et le vin
11:25 - L'archipel
12:13 - Comme au jour de repos
13:51 - L'esprit du Temps
14:18 - Générique
Référence bibliographique :
Friedrich Hölderlin, Oeuvres, édition publiée sous la direction de Philippe Jaccottet, Éditions Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1967
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