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4,14

sur 289 notes
5 étoiles pour cette romance historique, c'est un peu cher payé, peut-être ?

Eh bien, non, j'ai adoré. Que dis-je j'ai dévoré ce roman !
Peu importe si la réalité historique fut autre, peu importe si le caractère des donzelles - les soeurs Boleyn - est sans doute exagéré, je me suis littéralement transportée à la Cour du roi d'Angleterre Henry VIII. Avec délectation, et sans remords ni honte, je n'ai perdu aucune miette des émois des courtisanes, des déceptions des unes, des espérances des autres, des complots ourdis par les pères et oncles de grande famille, des manigances pour plaire au roi, des coups bas et des finauderies ...

J'avais également beaucoup aimé la série Les Tudors qui est librement adaptée de la réalité historique, tel le roman. Cependant, le roman de Philippa Gregory se centre beaucoup plus sur les personnages féminins, leurs convoitises et penchants amoureux.
Dans mon souvenir, le personnage d'Ann Boleyn, porté magnifiquement à l'écran par Nathalie Dormer, occultait tous les autres personnages féminins.
Philippa Gregory a fait un choix différent : mettre en avant Mary Boleyn, la soeur de la si scandaleuse Ann. D'ailleurs, le roman a pour titre : The Other Boleyn Girl, qui correspond nettement mieux au roman en comparaison à celui de la traduction française.
Mary apparait au début du roman comme une oie blanche. Elle m'a agacé plus d'une fois par sa niaiserie et son manque de mordant. A côté de sa soeur Ann, charmante, piquante, ambitieuse et ne reculant devant rien ( une Scarlett O'Hara en puissance !) , Mary faisait bien pâle figure...
Mais, dans ce roman, c'est elle la narratrice...C'est elle qui racontera l'histoire à sa façon, qui finira par séduire les lecteurs et qui ne manquera pas de les rallier à sa cause.


Une lecture exquise pour les vacances !



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Le puissant roi d'Angleterre Henri VIII usa six épouses, dont deux périrent décapitées sur son ordre. À la couleur près - il était d'un roux flamboyant - nul doute qu'il contribua à la légende de Barbe bleue !

« Deux soeurs pour un Roi » débute en 1521 et s'intéresse à la première partie de son règne, au temps de sa splendeur, et s'achève en 1536 sur l'avènement de sa troisième épouse, Jane Seymour. Les deux soeurs en titre du livre sont Marie et Anne Boleyn. Marie, "blonde et anglaise", fut une de ses premières maîtresses, avec qui il aurait eu des enfants naturels. Anne, "brune et française", devint sa seconde épouse, après l'annulation de son mariage avec Catherine d'Aragon. Ce qui fait l'originalité de cette histoire, c'est qu'elle nous est contée de l'intérieur par Marie, « The Other Boleyn Girl », la plus méconnue des deux soeurs Boleyn.

D'emblée, ce roman historique m'a conquise car il est très bien écrit et extrêmement réaliste. Philippa Gregory a un don pour mettre en scène et rendre proches ses personnages. Certes, elle prend délibérément des libertés avec L Histoire, mais c'est pour mieux servir l'aspect intime et féminin du récit. le résultat est passionnant et beaucoup plus subtil, je trouve, que les séries racoleuses à grand spectacle sur les Tudors. Les luttes d'influence entre les grandes familles qui cherchent à placer leurs filles dans la couche du souverain pour renforcer leur pouvoir sont très bien rendues. On découvre aussi comment la petite histoire fait la grande. Par exemple, le stratagème dont use Henri pour invalider son premier mariage le conduira à rompre avec Rome pour créer l'Eglise anglicane.

Faveurs, disgrâces, amours et trahisons, violence physique et psychologique... Ce roi à l'égo démesuré, véritable ogre du XVIe siècle, nourrit une formidable oeuvre de fiction qui appelle naturellement à lire la suite, intitulée « L'Héritage Boleyn ».
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Deux soeurs pour un roi raconte l'histoire des soeurs Boleyn face au roi Henri VIII constamment insatisfait de ses épouses qui ne parviennent pas à lui donner un fils. Ce XVIème siècle anglais assez particulier nous est raconté par Mary, la plus jeune des soeurs. Elle est repérée par le roi pour sa douceur et son calme. Puis sa soeur ainée, Anne, revient de la cour de France, très à la mode à l'époque. Elle est jeune, belle, et a un tempérament de feu qui intrigue le roi et qui se démarque de toutes ces jeunes femmes qui sont à ses pieds. Peu à peu, Henri VIII délaisse Mary et sa femme d'alors, Catherine d'Aragon. Il est hanté par Anne qui se refuse à lui tant qu'ils ne seront pas mariés. Seulement, le divorce n'existe pas à l'époque. Un mariage ne peut être annulé que par le pape. La femme d'Henri, Catherine, avait d'abord épousé le jeune frère de celui-ci, Arthur, avant qu'il ne meurt prématurément à l'âge de 15 ans. Auprès de la papauté, Henri VIII tente donc de faire annuler son mariage sous prétexte que Catherine n'était plus pure pour leurs noces. le pape refuse tout argument et maintient le mariage. Henri VIII décide alors de se séparer de l'Eglise de Rome et de créer sa propre Eglise : l'Eglise anglicane. Il y a alors un « divorce royal » et Henri VIII est libre d'épouser Anne Boleyn.

Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Anne Boleyn, maintenant reine, a pour charge de donner un héritier au trône. Henri VIII est obsédé par cette succession mâle que Catherine n'a pas su lui donner (ils ont eu un fils qui est mort quelques jours après sa naissance et une fille qui, elle, se porte bien, Mary). L'histoire veut tristement qu'Anne ne parvienne pas à donner de fils au roi. Nait une fille, la future Elizabeth Ière, l'une des reines les plus puissantes que l'Angleterre ait connue... pourtant complètement délaissée par son père.

Le roman, pour en revenir au fond, raconte parfaitement ces histoires de pouvoir et ces jeux d'influence. Racontée à la première personne du point de vue de Mary, l'histoire nous fait comprendre l'honnêteté de la jeune femme et l'ambition grandissante de sa soeur aînée. Ce point de vue nous immisce dans la vie anglaise de cette époque et on imagine sans mal les châteaux aux vieilles pierres ainsi que les demeures un peu perdues dans les larges étendues campagnardes. Ce roman met aussi l'accent sur les mariages arrangés : c'est le cas de la famille d'Anne Boleyn, qui souhaite mettre la jeune femme entre les mains du roi dès qu'il se lasse de Mary. La position de favorite apporte en effet une meilleure condition sociale, des titres et beaucoup d'argent à la famille de (l'heureuse ?) élue. Anne se prend ensuite au jeu.

Deux soeurs pour un roi est certes un gros pavé, mais on plonge dedans sans problème. La traduction de l'écriture de Philippa Gregory est fluide et très agréable à lire. C'est un bon roman pour en apprendre davantage sur les moeurs de ce XVIème siècle anglais méconnu dont on ne retient, la plupart du temps, que l'image d'un roi obèse sur la fin de sa vie, déambulant dans des palais sombres.

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Mary Boleyn, à peine mariée et encore adolescente, est poussée par sa famille à devenir la maîtresse d'Henry VIII Tudor. Les Boleyn et, surtout, l'oncle Howard de Mary, souhaitent obtenir les faveurs du Roi et n'ont pas trouvé de meilleure solution que de lui offrir la jeune fille qu'Henry convoite depuis quelque temps.
Mais Anne, la soeur de Mary, est revenue à la cour anglaise après un long séjour en France. La rivalité qui a toujours opposé les deux soeurs renaît de plus belle : Anne est jalouse de Mary, sa cadette, qui a donné deux enfants à Henry VIII. L'aînée des Boleyn tente alors de capter l'attention du Roi.
Quand elle y parvient, la famille Boleyn et l'oncle Howard décide de la pousser sur le trône à la place de Catherine d'Aragon, l'épouse d'Henry, qui n'a pas pu lui donner d'héritier mâle. Mary Boleyn doit donc céder la place à Anne, cette soeur qu'elle déteste autant qu'elle l'aime...

Ceux qui me connaissent bien (ou qui suivent mes critiques depuis un petit temps) le savent : j'adore l'histoire et la culture britanniques. Et j'ai un faible pour la monarchie Tudor qui, malgré la cruauté dont elle a parfois fait preuve (Henry VIII n'hésitait pas à faire décapiter tous ceux qui le gênait) est tout de même une grande dynastie.
Ma soeur a donc et la bonne idée de m'offrir ce roman, que j'ai adoré.
Raconté du point de vue de Mary Boleyn, il apporte un regard extérieur assez effrayant sur la personnalité d'Henry VIII et d'Anne Boleyn.
Bien entendu, il s'agit d'une fiction historique. L'histoire y est donc romancé et, d'ailleurs, j'ai un peu de mal à croire qu'Anne Boleyn ait été aussi cruelle. Mais en ce qui concerne la tyrannie dont Henry VIII a souvent fait preuve, Philippa Gregory respecte assez bien l'histoire réelle...

Ce qui attire d'abord l'attention dans ce roman, c'est l'opposition qui existe entre les deux soeurs Boleyn. Mary est douce et gentille, elle a un physique typiquement anglais, avec ses cheveux blonds et son teint pâle. Anne, est plus "exotique", elle est brune et ténébreuse, dure et froide, et possède une séduction presque diabolique (ce qui lui vaudra quelques soucis à la fin de sa courte existence...). Anne elle-même perçoit cette différence entre elle et sa soeur et décide d'en jouer quand elle lui dit :
“I shall be dark and French and fashionable and difficult. And you shall be sweet and open and English and fair. What a pair we shall be! What man can resist us?”
Cette opposition se retrouve également dans leur caractère : Mary est un peu naïve, presque idiote diront certains. Elle n'a pas un grand sens de la repartie et a du mal à servir des réponses spirituelles à Henry VIII lorsque celui-ci commence à lui faire la cour. Anne, en revanche est vive et spirituelle et possède un grand sens de la repartie : elle n'a aucun mal à discuter sur un pied d'égalité avec le Roi, même sur des sujets aussi sérieux que la théologie ou la poilitique.
Au début du roman, c'est Anne qui semble la plus sensée et la plus intéressante des soeurs Boleyn. Mary, elle, est reléguée au second plan malgré son rôle de narratrice.
Mais au fil du récit, Anne s'endurcit de plus en plus ; tandis que Mary devient de plus en plus sensée. On éprouve alors plus de sympathie pour cette "autre Boleyn" (Mary) auquel le titre du roman fait référence.

Philippa Gregory s'amuse également à opposer les cours successives de Catherine d'Aragon et d'Anne Boleyn. Au début du roman, l'ambiance de la Cour est plutôt bon enfant. Les messieurs accompagnent le Roi dans les appartements de Catherine et y font une gentille cour aux dames de compagnie de la Reine. Tout se passe de façon très courtoise.
Quand Anne montera sur le trône, cette même Cour va se transformer. On ressent, grâce aux descriptions que nous en fait Mary Boleyn, une ambiance de débauche et d'orgie qui n'existait pas du temps de Catherine. La "première Reine" d'Henry VIII était pieuse et vertueuse, mais Anne ne vit que pour son plaisir et pour séduire le Roi. Ses appartements accueillent constamment des musiciens, des poètes, des hommes qui font une cour moins subtiles à ses dames...
Les conditions de vie à la Cour se durcissent. Henry VIII est de plus en plus entouré par des gens qui souhaitent obtenir ses faveurs et sont prêts à tout pour y arriver.
Les conditions de vie des femmes de l'époque sont également bien expliquées par Philippa Gregory, toujours par le biais de Mary. Cette dernière, une fois qu'elle n'est plus la favorite d'Henry, est littéralement oubliée et ignorée par sa famille. Elle ne sert plus qu'à seconder Anne, à la conseiller afin que celle-ci conserve l'affection du Roi. Mary, devenue veuve, ne peut même pas se choisir elle-même un nouvel époux. On la prive de ses enfants, qu'elle ne voit qu'une fois par an alors qu'elle souhaiterait les élever elle-même. Elle est rejetée le jour où elle se marie sans l'autorisation d'Anne et de leur oncle Howard (qui est le chef de famille).

Dure époque que celle du XVIe siècle anglais. Et pourtant, on ne peut se retenir d'éprouver une certaine admiration pour Henry VIII et ses deux premières épouses. Malgré son caractère épouvantable, Henry VIII est un grand monarque et le prouve plus d'une fois dans le roman de Philippa Gregory. Au début de son règne, il sait s'entourer d'hommes intelligents, qui dirigent le Royaume à sa place et de main de maître (le cardinal Wolsey, Thomas More, Cromwell et bien d'autres). Catherine d'Argaon, fille des Rois catholiques (Isabelle et Ferdinand) a été élevée pour régner. Elle a toutes ces qualités qui font les grandes Reines et le peuple anglais y est très attaché. Anne Boleyn, si elle ne dispose ni de l'éducation nécessaire à sa fonction, ni de l'affection du peuple, est néanmoins prête à tout pour régner. Sa pugnacité, son entêtement se révèlent payant. Et puis, surtout, on ne peut s'empêcher de la plaindre, puisqu'elle est poussée dans le lit du Roi par sa famille, qui souhaite s'élever grâce à elle.
Ce sont donc de grands personnages qui animent les 600 et quelques pages de ce roman. Evidemment, cela donne un récit fabuleux, qui nous plonge directement dans cette époque moouvementée. Une fois encore, Philippa Gregory parvient à rendre l'histoire passionnante. Effrayante aussi, étant donné la fin prématurée et cruelle infligée à certains grands personnages de l'époque.
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Il s'agit du titre de Philippa Gregory dont j'ai entendu le plus parler. Pour autant, ce n'est pas le premier que j'ai lu d'elle et c'est heureux.

Dans ce roman dense, j'ai été ébahie de la construction que nous offre Philippa Gregory. Pour ce moment qu'est un tel tournant dans le règne d'Henry VIII, j'attendais beaucoup. Je n'en suis pas déçue.
Premièrement, la personnalité des personnages est très bien esquissée. Je suis d'autant plus contente d'avoir lu Princesse d'Aragon en premier. On y voyait la personnalité d'Henri, déjà égoïste et vaniteux. On y voyait aussi celle de Catherine, fière, pieuse et déterminée. Ce sont des traits que l'on retrouve dans ce tome-ci. J'avais peur, j'avoue, de trouver une différence de personnalité, telle que j'avais pu le percevoir pour Elizabeth d'York. Ce ne fut pas le cas.
Pour la personnalité de George, là encore je l'ai trouvée assez conforme à l'idée que je me faisais de lui : courtisan, très lié à ses soeurs et à sa famille, ambitieux mais faillible. Philippa Gregory nous tisse un personnage qui va à sa perte. Je connaissais son destin et j'ai vu la tapisserie se tisser chapitre après chapitre, Philippa Gregory posant un jalon ici et là. le fait de procéder ainsi rend le sort inéluctable, l'intrigue compréhensible, le rythme bien dosé.

Pour ce qui est de Marie, c'était tout autre chose. D'elle, je ne connaissais rien. L'autre Boleyn. Un nom des mieux choisis. Narratrice de l'histoire, j'ai trouvé intelligent de lui donner ce rôle-là. Au centre de la passion du roi puis délaissée au profit de sa soeur, enfermée dans le carcan de la cour et des ambitions de sa famille, quel destin a-t-elle pu avoir? Au début, j'avoue ne pas avoir apprécié sa personnalité. Je la trouvais fade, ennuyeuse et peu intelligente. Sauf que c'était là le souhait de l'autrice. Nous n'avons pas ici une personnalité déterminée, fougueuse mais bien soumise à son époque, constatant l'inéluctable et pourtant aspirant à plus de droits, d'équilibre, de libertés. A travers elle, Philippa Gregory aborde la condition féminine. Après tout, qu'est-ce qu'une fille à cette époque si ce n'est un atout dans sa manche pour obtenir plus d'avantages pour sa famille? Une dote, des terres, des titres, des faveurs royales. S'il faut mettre une, deux voire trois nièces dans le lit du roi afin d'obtenir influence, qu'il en soit ainsi et peu importe la perte de leur vertu, encore moins leurs aspirations personnelles.
C'est un personnage qui évolue. Il faut dire qu'elle a été mariée jeune. C'est une adolescente qui finit dans le lit d'un roi! Toujours poussée par sa famille, tel un pion, on finit par se prendre de compassion pour elle et aspirer à ce qu'elle obtienne ces quelques rêves qui nous semblent si en décalage avec sa famille : vivre d'amour, dans un coin rural, avec sa famille. Si contraire à son éducation, à la conduite de sa propre famille, prête à la renier sur une décision contraire à leurs intérêts. C'est en définitive des aspirations pleine de sagesse. L'image qu'elle a d'elle-même dans ce récit, confortée par ses proches, est dure, confortant notre compassion. Enfin, j'ai été sensible à sa position vis-à-vis de Catherine. Peu dupe sur sa soeur et Henri, trouvant la princesse d'Espagne estimable, mais coincée par le rôle que lui donne sa famille, elle se retrouvait souvent confrontée à un choix, savait qu'elle faisait sciemment le mauvais d'un point de vue éthique et s'en ouvrait avec franchise vis-à-vis de la reine. C'est là son sort : être au milieu de tous, constater avec clairvoyance et faire ce qu'elle ne veut faire mais le faire tout de même.
Philippa Gregory lui a donné vie à elle, qui fut oubliée de l'Histoire, nous offrant une héroïne bien moins terne au final que ce qu'elle nous donnait d'elle au début.

Maintenant, passons à Anne Boleyn. C'était le personnage vis-à-vis duquel j'avais le plus d'attentes, je ne vais pas le nier. Objectif rempli, Philippa Gregory. Là encore, par touches successives, l'autrice nous brosse un portrait vraisemblable. Avant même qu'elle ne soit favorite d'Henri, c'était une jeune fille fougueuse, séductrice, intelligente et égoïste. Toujours en rivalité avec sa soeur, la blessant continuellement, arrogante dans son entourage, persuadée de sa supériorité, intriguant du haut de ses seize ans : c'est une personnalité complexe mais crédible pour celle qui fit comprendre à Henri quel tyran il pouvait être. Philippa Gregory montre son ambition, la séduction, la passion mais aussi la crainte, la déchéance. On la déteste mais on est fasciné. On la trouve cruelle et pourtant on compatis à son sort. On la trouve capricieuse mais on admire son intelligence et même son culot, quand elle repousse les limites encore et encore. Ce personnage a marqué L Histoire et Philippa Gregory le montre véritablement dans ce récit.

Entre l'ascension et le déclin des Boleyn, une part belle est donnée à la séduction, à la passion. Beaucoup moins à la romance pure. D'un autre côté, dans un monde de courtisan, on sait que le calcul est nécessaire et Philippa Gregory l'a bien orchestré. Badinage, séduction et amours interdits tout cela y est. Je suis impressionnée par la manière dont l'autrice nous raconte la cour d'Henri VIII pour Anne Boleyn. Une passion magnifiquement narrée. Il s'est dit ensorcelé. On le sent tout de suite. On sent la tension, le feu qui les dévore, le juste équilibre qu'Anne Boleyn doit garder en main pour ne pas trébucher. On sent cette folie destructrice. L'ascendant qu'elle a sur lui. La chute est d'autant plus brutale qu'elle a donné le ton et que d'autres l'imiteront pour la faire chuter... Un retour de bâton amer s'il en est.
Dans cette atmosphère de séduction Une chose reste cependant assez peu développé mais peut-être était-ce trop lourd pour un tel récit, et au final peu à portée du jugement de Marie : les questions théologiques, la montée de l'Eglise anglicane.
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Deux soeurs pour un roi est un roman de toute beauté avec une histoire saisissante et poignante, un pur chef d'oeuvre. le livre retranscrit parfaitement bien le destin tragique des deux soeurs Boleyn. C'est bouleversant de voir comment, par l'ambition et la soif de pouvoir des hommes, deux soeurs si étroitement liées au début vont tout doucement être opposées et connaître un véritable drame.

Il y a un réel contraste entre les parties du livre ; au début, il commence avec légèreté et joie et tout doucement il devient sombre et tragique et se termine pas une tragédie sans nom. On retrouve Anne Boleyn, une femme ambitieuse et envoûtante qui à force de viser trop haut connaîtra une longue et douloureuse descente aux enfers, sa forte ambition la conduira à commettre de nombreuses folies qui la conduiront à sa perte emmenant malheureusement avec elle son frère.
Sa soeur, Marie Boleyn, est une jeune femme douce et sublime qui, par la décision des hommes de sa famille d'accéder au pouvoir, deviendra la maîtresse du roi pour ensuite être rejeté, elle sera entraîné dans un tourment dont elle n'a jamais voulu, heureusement pour elle la sympathie et confiance que le roi éprouve en elle lui permettront d'avoir une chance que sa soeur n'a pas connu.

C'est impressionnant de voir comment à cette époque une famille, et notamment l'oncle et le père des deux soeurs ici, changent par intérêt le destin de leurs enfants en les vendant comme du bétail, aussi bien pour les jeunes femmes de leur famille que pour les jeunes hommes... Même si cette pratique de donner ses enfants à des hommes de pouvoir pour avoir des titres et être dans la bonne grâce n'est plus d'actualité de nos jours, le fond de tout ça est encore bien présent à notre époque, à savoir le fait que les hommes sont prêts à tout pour avoir plus de pouvoir ou même d'argent.

À la fin du roman, on ressort révolté par le comportement des hommes, touché par le sort des personnages, autant par celui des soeurs que celui de leur frère ou même celui de la reine d'Angleterre, ému par le fait de voir que malgré les trahisons que les soeurs se sont infligées entre elles, elles restent unies et à jamais liées, essayant de protéger et de secourir l'autre... On en ressort changé tout simplement. Deux soeurs pour un roi a toutes les qualités pour être un bijou ; un des meilleurs romans historiques... Et très franchement il l'est, il est même bien plus que ça.
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Marie Boleyn a 13 ans et un époux quand le roi Henri VIII en fait sa maîtresse. Encouragée par son père et son oncle, la jeune fille doit se soumettre à la volonté des Boleyn. « Si elle partage la couche du roi et y conçoit un bâtard, nous aurons gros à jouer. » (p. 22) En effet, la reine Catherine d'Aragon n'a pas su donner de fils au roi et ce dernier craint que son royaume n'ait pas d'héritier. L'arrivée d'Anne, la soeur d'aînée de Marie, bouleverse les plans des Boleyn. « Je suis née pour être votre rivale […], et vous, la mienne. Nous sommes soeurs, n'est-ce pas ? » (p. 154) Désormais, c'est d'Anne dont le roi est épris et la famille Boleyn est déterminée à asseoir cette fille sur le trône d'Angleterre et obtenir avantages et richesses de cette union. « Ma propre famille avait décidé que je serais la putain quand elle serait l'épouse. » (p. 204) Pour assouvir son désir envers Anne et obtenir enfin un fils, Henri VIII est prêt à tout, même à s'aliéner Rome et à instituer une Église d'Angleterre indépendante. Marie, narratrice et témoin de toute cette folie, cherche avant tout à protéger ses enfants et à vivre en paix avec l'homme qu'elle a choisi contre la volonté des siens. Elle assiste à l'ascension démesurée de sa soeur et à sa chute inexorable, après près de 10 ans d'intrigues, de tromperies et de trahisons.

Tout au long du livre, Anne la brune est présentée comme une femme ambitieuse et calculatrice, plus ou moins insupportable et égoïste, alors que Marie la blonde se présente comme douce et victime. C'est un parti pris de l'autrice assez agaçant. Pour ne rien arranger, le style est parfois lourd et inutilement pompeux. Cependant, à mon grand étonnement, j'ai tourné les pages de ce livre à une allure folle, sans bouder mon plaisir. Sans doute parce que je connaissais déjà la tragique histoire des épouses d'Henri VIII et que je ne me suis pas perdue entre tous les protagonistes. Amour, raison d'État et d'Église, et ambitions personnelles s'entrechoquent et constituent une histoire tellement démesurée et pleine de rebondissements qu'on pourrait la croire inventée. Si vous cherchez d'autres versions plus ou moins romancées de cet épisode historique, je vous recommande vivement la série Les Tudor ou Wolf Hall, la seconde surpassant largement la première.
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Philippa Gregory nous embarque dans les flots et les folies des rois qui ont marqué l'histoire et aussi des femmes qui ont joué des rôles pertinents dans ces folies, ici il s'agit des soeurs de la maison de Tudor, celles dont cette grande famille s'est servie pour introduire du sang Tudor dans la royauté anglaise...du sang qui donnera à l'Angleterre l'une des plus grandes reines d'Europe la reine Elisabeth 1ère la grande...

Il m'est arrivé dans certaines lectures de découvrir la terrible vie de Anne Boleyrn mais je n'avais pas soupçonné celle de sa soeur Mary qui est d'ailleurs la narratrice dans ce livre. Plus ambitieuse que sa soeur Mary qui a donné des enfants au roi Henry VIII sous le statut d'une maîtresse, Anne Boleyrn, elle, voudra le faire une fois serait devenue reine. Elle fera jouer les cartes de son coté par tous les moyens, conduisant le roi à divorcer de Catherine d'Aragon, allant jusqu'à faire excommunié le roi par le pape...

Mais le roi est un paranoïaque, c'est un féru du pouvoir et aussi des femmes, il va en connaitre huit et il fera exécuter deux dont Anne de Boleyrn...
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Et bien voilà une romance historique comme je les aime !

Oui parce qu'on ne peut pas dire que le côté historique soit totalement respecté ici. En effet, Marie Boleyn reste un sujet controversé par rapport à sa liaison avec Henri VIII. Qu'elle soit sa maîtresse, non, on a tout de même quelques soupçons. Mais qu'elle lui ait fait des enfants, le débat reste là. Cela dit, une intrigue amoureuse entre deux soeurs et un roi, avec toutes les intrigues politiques et autres qui en découlent. J'avoue que là j'ai couiné comme pas possible. La Cour anglaise ! Les Tudors ! Ça c'est vendeur.

Résultat, j'ai passé 500 pages comme une petite fleur à me dire que Marie était vraiment malheureuse, qu'Anne était vraiment une s... méchante et que Henri était vraiment un homme à femmes ! Je me suis dit que la vie de femme dans les années 1500 à la Cour d'Angleterre n'était pas si facile que cela, et que les intrigues politiques du moment, surtout celles concernant les héritiers à la couronne, et bien, c'était vraiment du costaud. On a beau s'en défendre, on se laisse happer par l'ambiance, on se demande comment Marie Boleyn va s'en sortir de ce panier de crabes et enfin et surtout on s'attache à peu près à tous les personnages.


Une rivalité entre soeurs

C'est, on peut le dire, le thème central de ce livre : la rivalité entre Anne et Marie. D'un côté, nous avons Anne qui est une intrigante. Elle est une véritable Boleyn dans le sens où elle a reçu une éducation à la cour française, elle a du charme, voire énormément de charme et elle compte l'utiliser pour assouvir son ambition : devenir la femme a plus puissante à la Cour d'Angleterre. Elle souhaite d'abord devenir la maîtresse du roi. Mais c'est à sa soeur Marie qu'on donne ce rôle tout d'abord. Verte de jalousie, elle tente de devenir duchesse en épousant Henri Percy. Mais la Cour et le conseil familial met son grain de sel et annule ce mariage, l'étouffe dans l'oeuf. Plutôt que de se résonner, ne voulant pas faire moins que sa soeur qui dans ce roman donne un enfant mâle au roi, elle décide non pas d'être la maîtresse en titre du roi mais de l'épouser. Pour cela, elle assassine à tour de bras et évince la reine Catherine.

Dans ce jeu mortelle se noie Anne qui à 14 ans est mariée. Elle attire l'oeil du roi, tombe amoureuse de lui et lui donne deux enfants. Suite à une grossesse difficile, il la délaisse. Elle doit retourner auprès de la reine Catherine qu'elle admire mais qu'elle ne peut être l'amie car elle est la maîtresse de son mari. (vous suivez ?) A cela, elle doit laisser l'homme qu'elle aime pour sa soeur et abandonner tout espoir de vie heureuse pour assouvir les ambitions de sa famille. Renonçant à la rivalité avec Anne, elle parvient toutefois à se marier par amour mais même là elle doit intriguer au pas possible pour vivre tout simplement.

Les deux soeurs s'aiment et se détestent à la fois car chacune ne peut vivre sans la concurrence de l'autre. Ainsi, nous suivons Marie qui doit être le témoin de l'échec de chacune de ses ambitions, car celles-ci sont ruinées par sa soeur. D'un autre côté, la satisfaction d'Anne n'est complète que dans l'humiliation publique de Marie. Nous aurons donc un personnage sans arrêt bafoué dans ce roman. Aussi, accrochez vous. Car vous vous prenez des claques constamment.


La condition de la femme sous la Cour d'Henri VIII. C'est pas superbe non plus.

Oui, forcément, on voit cela avec nos yeux de femmes modernes. Mais c'est bien vrai. Marie fait partie de la noblesse mais pourtant elle ne possède strictement rien : ni fortune, ni enfant, ni bien, ni même son corps. Si sa famille lui dit de coucher avec le roi, elle n'a d'autres choix que de se dire que c'est pour son bien. Si elle tombe amoureuse et que sa famille lui dit de renoncer, elle n'a même pas le droit de protester. Si son fils intéresse politiquement sa soeur, elle ne peut qu'accepter que celle-ci l'adopte !

Le personnage de Marie Boleyn est très intéressant à la lecture car nous la suivons sur une quinzaine d'années. Nous suivons tout d'abord un personnage passif qui a certes des aspirations mais qui sont très vite étouffées. Mais de trahisons en veuvage en intrigues politiques, on voit qu'elle se rebelle et qu'elle prend son destin en main. Ainsi, elle parvient à acquérir une certaine autonomie. Mais pour cela, elle doit tout de même passer par les hommes.

En bref, si vous désirez avoir des intrigues à gogo et si vous ne tiquez pas trop sur les réalités historiques. Vous pouvez y aller les yeux ouverts. J'ai hâte de voir ce que l'auteure a fait dans ses autres livres, de voir ces destins de femmes (même si ces destins n'appartiennent qu'à notre imagination).
Lien : http://labibliodekoko.blogsp..
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The Other Boleyn Girl
Traduction : Céline Véron-Voetelink


C'est probablement parce que, suite à la diffusion sur Arte du très joli - mais trop américanisé - "Les Tudor", je songeais à une vieille série de la BBC, tournée dans les années soixante-dix et relatant, en six épisodes, le destin des six épouses d'Henry VIII, que j'eus la fantaisie d'acheter ce gros volume de poche, fort de six-cent-cinquante-sept pages, et ceci en dépit de sa couverture un tantinet racoleuse. A peine l'avais-je acquis que je pensai, non sans maussaderie : "Je serai déçue, c'est certain : les bons romans historiques, c'est rare ..."

Je le pense toujours mais, en définitive, je n'ai pas été déçue. Même : voici un ouvrage que je recommande fortement à tous ceux qui s'intéressent à L Histoire des Tudor et de la monarchie anglaise mais qui redoutent de se perdre au milieu des dates, des conflits d'intérêts et des batailles politiques. L'auteur y retrace, à grands traits nets et simples, les évènements qui aboutirent à la rupture d'Henry VIII avec Rome et à la naissance de l'Eglise anglicane. Certes, tout cela est montré par le petit bout de la lorgnette et s'exprime par la voix d'une Mary Boleyn légèrement rajeunie pour la circonstance - il semble qu'elle ait épousé son premier mari, William Carey, à vingt ans et non à quinze. Sur d'autres points, Gregory a pris certaines libertés avec la réalité historique mais comme elle est, c'est indéniable, de la même nature que notre Alexandre Dumas national, on le lui pardonne de bon coeur.

Pour rétablir l'exactitude, on rappellera que Mary, qui grandit à la cour de France, compta sans doute parmi les maîtresses de François Ier et qu'elle n'était donc pas une novice quand, sur pression de sa famille, elle entreprit de séduire Henry VIII. En ce qui concerne les deux enfants qui furent reconnus par William Carey, on n'a jamais pu prouver réellement qu'ils étaient les fruits de sa liaison - le cadet, Henry, avait pourtant, semble-t-il, le physique des Tudor. de même, il ne semble pas non plus qu'elle ait soutenu sa cadette lors de l'arrestation de celle-ci. Enfin, pour nombre d'historiens, elle ne fut jamais si proche de ses cadets, Anne et George, que le montre Philippa Gregory.

Si l'on veut bien conserver ces points à l'esprit, on s'abandonne avec facilité à cette histoire certes romancée mais qui présente quelques mérites non négligeables :

1) Tout d'abord, l'auteur met bien en évidence le peu de poids qui était celui des femmes, fussent-elles de sang royal, comme Catherine d'Aragon, dans la société anglaise du XVIème siècle. Mary, sa soeur, sa fille et sa mère elle-même, Mary, la soeur du Roi et Catherine, sa première épouse, toutes ne sont que des pions. le drame d'Anne Boleyn sera justement de se vouloir reine - la pièce la plus puissante du jeu d'échecs.

2) En dépit des apparences, la complexité des caractères est, elle, scrupuleusement respectée : la relation ambivalente qui est celle de Mary et d'Anne, mélange d'amour et de jalousie ; les étranges rapports qui unissent George à ses soeurs et tout particulièrement à Anne ; et, chez Henry, l'affirmation d'une personnalité de plus en plus envahissante et despotique qui entre parfois en conflit avec des sentiments secrets et plus doux, comme sa tendresse pour ses filles.

3) le portrait que dresse Gregory et de la Cour et des rivalités qui s'y déroulent est brillant et glacial. Il rappelle à quels abîmes de bassesse et de lâcheté peuvent atteindre hommes et femmes lorsque les aiguillonne la soif du pouvoir. Dans le même ordre d'idées, son analyse des motivations auxquelles obéissent tous les membres de la famille Howard-Boleyn est impressionnante.

On regrettera bien sûr, moi la première, certaines ellipses : les grandes querelles politiques, la triple opposition François Ier-Charles Quint-Henry VIII, le renouveau spirituel et les tensions qu'il commence à engendrer dans toute l'Europe, des références plus explicites au passé anglais et à la victoire des Lancastre sur les York, auraient été les bienvenus. En tous cas pour les lecteurs connaissant bien L Histoire.

Les autres, il est vrai, les débutants, intéressés mais en même temps sûrs et certains qu'ils seront vite dépassés par un récit où le sérieux l'emporte sur le romanesque, cela les ferait fuir. Or, manifestement, Philippa Gregory poursuit le but inverse. Elle peut être fière : avec ce livre, son objectif est atteint, et même dépassé. Il donne même envie de découvrir les autres volumes. Que dire de plus ? ... ;o)
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