Marie connaît Picasso, ils se sont rencontrés au Bateau-Lavoir; il lui dit bonjour et ils échangent quelques mots. Deux, trois jours plus tard, elle retourne chez Sagot, Picasso est encore là, mais cette fois-ci accompagné d'un ami que Marie n'a jamais vu et que Picasso lui présente. Cet ami est celui qui écrira peu de temps après à la jeune fille (sur une feuille de crédit à en-tête de la banque de Châteaufort et Poitevin, où il avait travaillé un bref moment) :
"Mon destin ô Marie est de vivre à vos pieds
En redisant sans cesse combien je vous aime."
Cet ami est Guillaume Apollinaire.
« Figurez-vous qu’elle venait me voir en sautant à la
corde tout le long du jardin. Et elle repartait en sautant
toujours, sur les marches de l’escalier. J’habitais au
2e étage, une véritable acrobatie ! Quand elle atteignait
la grille de la rue, elle faisait faire trois tours accélérés à
sa corde, ce que les petites filles appellent “vinaigre”, et
ce qui voulait dire : Au revoir — à bientôt — à demain."
"L'amour de Guillaume pour Marie a été son vrai degré d'alcool", dira André Rouveyre. "Si les pièces à Marie n'existaient pas dans "Alcools", l'oeuvre ne présenterait en somme qu'un immense désespoir... Apollinaire poète serait resté comme une sorte de héros de l'inspiration, mais qui n'aurait jamais eu la grâce divine." Sur le premier exemplaire paru d"Alcools",qu'il choisit de réserver pour Marie, la dédicace autographe commence ainsi :
Mon alambic, vos yeux ce sont mes alcools
Et votre voix m'enivre ainsi qu'une eau-de-vie
Des clartés d'astres saouls aux monstrueux faux-cols
Brûlaient votre esprit sur ma nuit inassouvie.
Tu ne vas pas te faire de bile pour les meubles. Les meubles sont les meubles. Quand nos amis sont morts, c’est pour le vide qu’ils ont fait qu’on doit se lamenter. Ne rien posséder, c’est un moyen d’être bien avec la mort.
A l'époque où elle vendit son tableau à Gertrude Stein, Marie Laurencin affirmait que cette américaine "qui, avec ses frères, forme le mécénat le plus imprévu de notre temps" avait acheté la toile, non parce qu'elle aimait celle-ci, mais pour ne pas avoir l'air de s'être trompée plus tard. Elle maintint toujours cette opinion.
Flora, the sleeping cat !