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EAN : 9782072692994
288 pages
Gallimard (07/09/2023)
4.6/5   5 notes
Résumé :
Rarement souverain pontife a autant déconcerté. A peine intronisé, le cardinal Bergoglio renverse un ordre établi depuis des siècles : au lieu de bénir la foule, il lui demande de le bénir. Bientôt, l'Eglise va accueillir les divorcés, reconnaître les personnes homosexuelles, envisager - avant d'y surseoir - l'ordination d'hommes mariés, réprimer les traditionalistes en les privant de l'ancienne liturgie, ou encore fraterniser avec l'islam.

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Cet essai rédigé d'une plume avertie, honnête et instructive, présente la personnalité, le programme et le style du Pape François. le lecteur apprend beaucoup en lisant et en méditant ces dix chapitres.

La critique rédigée par Polomarco est aussi incontournable qu'admirable aussi je me contenterai d'ajouter 3 points.

1) « La Révolution » de l'actuel pontificat s'inscrit dans une voie ouverte par Jean XXIII et Paul VI avec le concile Vatican II, rompt avec la « théologie du corps » enseignée par Jean-Paul II et avec la paix liturgique accordée par Benoit XVI. Cette révolution, comme le précise Jean-Marie Guénois, est prêchée par quelques encycliques et de nombreuses interviews accordées aux médias, qui sont autant d'actes qui ne relèvent pas de l'infaillibilité pontificale contrairement, par exemple, à la canonisation d'un saint. Cette révolution est préparée de longue date par le « groupe de Saint-Gall » qui regroupe depuis le Concile les cardinaux et archevêques « progressistes » comme le dévoile l'auteur.

2) Jorge-Mario BERGOGLIO a été éduqué en Argentine, à l'époque du régime péroniste, et son style de management, très clivant, en dérive. La brutalité avec laquelle l'Opus Dei et L'Ordre de Malte ont été enrégimentés , la rapidité avec laquelle Mgr AUPETIT a été démissionné, montrent comment « un argentin secoue le Vatican » et expliquent la vacance de l'influence diplomatique de l'église (immense sous Jean-Paul II) lors de « l'opération spéciale » en Ukraine.

3) Jean-Marie GUÉNOIS détaille les reproches énoncés urbi et orbi à la Curie, au clergé, aux fidèles catholiques par « l'évêque de Rome ».
Imagine-t-on un chef d'entreprise dénigrer publiquement son COMEX, ses employés, ses clients ?
Imagine-t-on le président d'une ONG critiquer ouvertement ses salariés, ses bénévoles, ses donateurs ?
La baisse des participants aux audiences pontificales, des entrées en séminaire et du denier du culte résultent de ces reproches et des fidèles ont tendance à reprendre la flèche de François Mauriac (visant Saint Pie X) « ce saint n'est pas de ma paroisse ».

L'Eglise, en vingt siècles, a connu divers pontifes (y compris Alexandre VI Borgia), a dominé plusieurs crises (y compris la papauté en Avignon et deux ou trois souverains rivaux à l'époque de Jeanne d'Arc et Sainte Catherine de Sienne), mais poursuit sa mission grâce aux prières des chrétiens et aux sacrifices de milliers de martyrs qui chaque année meurent en témoignant de leur foi.

Le père Jacques HAMEL sera vraisemblablement béatifié ; François le sera-t-il ?

PS : Jacques, mon frère
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le pape François sans avoir jamais osé le demander. Jean-Marie Guénois, journaliste au Figaro, suit l'actualité religieuse depuis plus de trente ans. Sa connaissance des arcanes du Vatican lui permet ici de prendre le recul qui manque au journaliste. En analysant les dix années écoulées depuis l'élection du cardinal Bergoglio en tant que pape, il fait en effet, ici, oeuvre d'historien, autant que de journaliste.

Premier pape à n'avoir pas connu le Concile Vatican II (1962-1965) puisque ordonné prêtre en 1969, premier pape issu de la "Compagnie de Jésus", premier pape argentin, petit-fils d'immigrés italiens, François déroute par son action. Même s'il a la responsabilité de la préservation de la foi et de sa transmission au plus grand nombre, il vise en effet une profonde réforme culturelle de l'Église catholique : passer d'une culture du pouvoir à une culture du service. Réforme : le mot est faible ; le sous-titre de l'ouvrage est d'ailleurs "la révolution". Une révolution mentale qui "vise à ne plus mettre en avant, dans l'enseignement de l'Église, le dogme mais sa faisabilité. le pape ne définit pas ce qu'il faut croire, il cherche d'abord, en bon jésuite, la voie d'accès la plus adaptée pour parvenir à ce dogme (...). Au lieu de s'appuyer sur des livres et des dogmes définis par des siècles de réflexions et de débats, il part des gens tels qu'ils sont" (pages 191-192).

Jean-Marie Guénois présente ainsi les quatre principes qui guident l'action de François : 1. le temps est supérieur à l'espace ; 2. l'unité prévaut sur le conflit ; 3. la réalité est supérieure à l'idée ; 4. le tout est supérieur à la partie. L'ouvrage montre ensuite comment ces principes ont trouvé à s'appliquer en matière d'égalité, de fraternité et de liberté, domaines où François bouscule l'ordre établi.
L'égalité. D'une part, il veut réduire la supériorité du Saint-Siège sur les églises catholiques locales pour aller vers davantage de collégialité, ou selon l'expression vaticane, de "synodalité". François ne se cache pas de vouloir "une Église moins hiérarchique et plus égalitaire" (page 132), mais, paradoxalement, il dirige le Vatican en autocrate, comme aucun de ses prédécesseurs. D'autre part, il réforme, frontalement et courageusement, la Curie romaine "qui avait réussi à étouffer Benoît XVI jusqu'à le conduire à la démission" (page 202). Tandis que les papes passent, la Curie incarne en effet la continuité d'un appareil d'État qui demeure le gouvernement du Vatican, et dont la tendance est d'exercer le pouvoir à la place du pape.
La fraternité. Auteur d'une encyclique remarquée, "Fratelli tutti", François a comme priorités la défense des pauvres, des exclus et de ceux qui sont aux périphéries, la main tendue envers l'islam, et surtout l'accueil inconditionnel des migrants. Jean-Marie Guénois analyse ainsi les tenants et aboutissants du premier déplacement pontifical en juillet 2013 à l'île de Lampedusa où, face à la "mer-cimetière", il dénonce "la mondialisation de l'indifférence".
La liberté. En vertu de son principe "la réalité avant l'idée", François prend ses distances avec l'héritage de Jean-Paul II sur les sujets de morale sexuelle, qu'il choisit d'éviter. Il tend aussi la main aux divorcés-remariés, auxquels il permet, par une petite note de bas de page de l'exhortation apostolique Amoris laetitia, d'accéder, sous conditions, aux sacrements de confession et de communion. Il porte enfin une attention bienveillante aux personnes homosexuelles, à propos desquelles il déclare "Qui suis-je pour les juger ?".

L'ouvrage nous offre un éclairage très instructif sur le mode de pensée et d'action de François, soucieux de faire perdurer dans le monde d'aujourd'hui l'héritage de la foi catholique reçue des Apôtres. Un pape à "l'habileté madrée", ayant placé ses frères jésuites aux postes-clés du Vatican, et qui avance au large, en s'écartant parfois de ses prédécesseurs, tout en oeuvrant à la construction d'un même et unique Royaume.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Le pape François a voulu créer une Eglise pour tous. Il n'a pas rogné le dogme, il n'avait pas le droit de le faire, surtout en tant que pape puisqu'il en est le gardien et le garant, mais il a inversé la perspective.

Au lieu de s'appuyer sur des livres et des dogmes définis par des siècles de réflexions et de débats, il part des gens tels qu'ils sont. C'est une forme de populisme catholique. Certains estiment qu'il est inspiré par sa formation de jésuite et sa matrice politique avec les méthodes du péronisme, du nom du colonel Juan Domingo Perôn (et de son épouse Eva) qui gouverna l’Argentine de 1946 à 1955, puis lors de sa deuxième présidence de 1973 à 1974-

Beaucoup de spécialistes de l'Amérique latine affirment que le pape François a été fortement influencé par cette histoire politique. Le péronisme est donc toute sa jeunesse, socialiste, populiste, nationaliste, troisième voie entre le communisme et le libéralisme, avec deux caractéristiques qui se retrouvent curieusement dans son pontificat : le mépris des élites constituées ; un pouvoir qui s'adresse sans intermédiaire au peuple, en court-circuitant les élites, par un usage assumé des médias qu'il a courtisés.
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François, lui, chercha à modifier au plus vite le visage du Sacré Collège ainsi que l'on appelle l'assemblée des cardinaux. Il est ainsi allé trois fois plus vite en la matière que son prédécesseur polonais et deux fois plus vite que son aîné allemand.

On attribue cette phrase à saint Ignace de Loyola, le fondateur des jésuites, même si d'autres assurent que la paternité en reviendrait à Luther, le fondateur du protestantisme : « Prie comme si tout dépendait de Dieu, agis comme si tout dépendait de toi. » Cette maxime s'applique comme un gant à la gestion, par François, de sa succession par lui-même. Même si rien n'est jamais acquis en matière d'élection papale, c'est parmi ces profils d'hommes, moins intellectuels qu'auparavant et très décidés à poursuivre l'œuvre de réforme ouverte par François, que les cardinaux du Sacré Collège vont devoir choisir.
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Affirmer que la réalité était supérieure à l'idée est une forme de libération pour François. C'est une rupture avec les us et coutumes du Vatican qui se réfèrent plutôt aux usages du passé, aux protocoles établis qui dictent le mode d'action et de décision, ou encore à renseignement dogmatique pour définir ce qu'il convient de penser.

En introduisant cette primauté du réel sur le monde des idées et le monde spirituel, le pape a aussi inversé une hiérarchie établie entre la prière et l'action. Le pape Benoît XVI plaçait, lui, la prière avant l’action, sans les opposer, l'une étant source de l'autre. François ne les oppose pas davantage, mais il place l'action au premier plan.
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Dans la tradition chrétienne, les deux (action et prière) sont un « sacrement » du Christ, c'est-à-dire un signe visible, actif du Christ.

Saint Augustin rappelait que l'eucharistie — le sacrement phare du catholicisme, qui voit dans le pain et le vin consacrés lors de la messe le corps et le sang de Jésus-Christ, présence réelle du Christ — était tout aussi présent dans le pauvre qui tend la main. Pour Augustin, le mendiant, quel qu'il soit, est une présence réelle du Christ comme dans le sacrement de l’eucharistie.
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A partir du moment où la réalité est supérieure à l'idée, l'Eglise catholique n'est plus une entité close de frontières théologiques imposant un passeport de bonne conduite pour y être admis. Ouverte à tous vents, l'Eglise devient une zone libre.

Au point que ce pape va jusqu'à la définir comme une Eglise « en sortie », une Eglise qui est hors de ses propres murs, « en marche » vers les « périphéries » géographiques et existentielles, son grand mot. Les périphéries ? Entendez par là tout ce qui n'est pas officiellement catholique, avec une prédilection pour la proximité de toutes les pauvretés. Ce qui aboutit à ce paradoxe : l'Eglise catholique se trouve réellement en tout ce qui n'est pas catholique…
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Videos de Jean-Marie Guénois (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Marie Guénois
https://www.laprocure.com/product/1220741/francois-la-vie-de-jesus
La Vie de Jésus Andrea Tornielli, Pape François Éditions de Cerf
« Quand le pape François a réformé toute la communication du Vatican, il a réuni neuf offices, neuf entités diverses qui regroupaient des médias différents : L'Osservatore Romano, Radio Vaticana, la Libreria Editrice Vaticana, Vatican News*..., donc des médias, des supports différents. Il a créé une unique direction éditoriale pour ces médias. Donc, mon travail, c'est de faire travailler ensemble tous ces médias différents et de les unifier... » Andrea Tornielli, pour la librairie La Procure Paris L'échange est animé par Jean-Marie Guénois et traduit par le Seuil. *le quotidien d'information, la station de radio, la librairie éditrice, le site internet.
+ Lire la suite
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