Ce petit livre est une perle à côté de laquelle il ne faut pas passer si l'on est en recherche. Ce chemin mystique résonne profondément chez celui qui est également en route... Il cheminera en compagnie de cet anonyme qui nous a laissé un enseignement incomparable.
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Car nulle part corporellement, c'est partout spirituellement... j'aimerais mieux n'être nulle part corporellement, luttant avec cet aveugle rien, que d'être un si grand seigneur que je puisse, lorsqu'il me plairait, être partout corporellement...
Laisse ce partout et ce quelque chose, pour ce nulle part et ce rien.
Ne t’inquiète point si ton intelligence ne peut appréhender ce rien, car assurément je ne l'en aime que mieux. Il est en lui-même si précieux qu’elle ne peut l'appréhender. Ce rien, on l'éprouve plutôt qu'on ne le voit car il est tout aveugle et pleine ténèbre pour ceux qui ne l'ont pas encore beaucoup contemplé... Une âme en l'éprouvant est plus aveuglée par l'abondance de lumière spirituelle qu'on ne l'est par les ténèbres ou le manque de lumière physique.
Qui donc l'appelle ‘rien’? C'est assurément notre homme extérieur, non l'intérieur. L'homme intérieur l'appelle ‘Tout’, car par lui, il lui est donné de comprendre toute chose, corporelle ou spirituelle, sans en considérer aucune en particulier
Tous les hommes ont matière à douleur ; mais celui-là tout particulièrement éprouve matière à douleur, qui sait et sent qu’il est. Toutes autres douleurs, en comparaison de celle-là, ne sont, en quelque sorte, qu’un jeu par rapport à chose sérieuse. Car celui-là peut prendre douleur au sérieux, qui sait et sent non seulement ce qu’il est, mais qu’il est. Et celui qui n’a jamais ressenti cette douleur, qu’il s’afflige ; car il n’a encore jamais ressenti douleur parfaite.
Lorsque tu sentiras que tu ne peux en aucune façon abattre [les distractions], alors tapis-toi sous elles, comme un misérable et un lâche vaincu dans la bataille, et dis-toi que c’est simple folie de lutter encore contre elles, et que, partant, tu t’abandonnes à Dieu ès mains de tes ennemis. Et assurément, me semble-t-il, si ce procédé est sincèrement conçu, ce n’est autre chose que la connaissance et le sentiment véritables de toi-même tel que tu es, un misérable et une chose immonde, bien pire que le néant ; lesquels connaissance et sentiment sont soumission (humilité).
Élève ton cœur jusqu’à Dieu dans un humble élan d’amour.
Ne considère que lui seul et aucun de ses bienfaits.
Ne pense à rien d’autre qu’à lui, que ni la raison ni la volonté ne soit occupée par rien d’autre que lui-même.
Ne t’inquiète de rien d’autre que lui, laisse là tout le créé ou le manifesté.
(…) Cette activité est celle qui plaît le plus à Dieu.
Ce néanmoins, il est des voies auxquelles doit s’employer un apprenti contemplatif, lesquelles sont : Leçon, méditation et Oraison, ou autrement appelées, afin que tu comprennes : lecture, réflexion et prière.
Armel GUERNE – Qui est Armel Guerne ? (France Culture, 1984)
L’émission « Agora », par Olivier Germain-Thomas, diffusée le 10 avril 1984 sur France Culture. Invité : Dominique Gagnard.