Je n'en attendais absolument rien du tout : mais c'était très cool et j'en ressors avec la hâte d'enchaîner avec les suites car j'ai l'impression d'avoir lu un Space Opéra à la sauce
Frank Miller ("
300", "Sin City", "Robocop 2") !
Imaginez le flingue de "Judge Dredd". Affublez-le de l'IA facétieuse de l'Hendrix de "
Carbone Modifié" et dune puissance de feu digne d'un bolter lourd de "Warhammer 40000". Confiez-le à un hybride de Logan des "X- Men" et de Marv de "Sin City" (à moins que ce soit celui du Lieutenant Jean Rasczak de "Starship Troopers" et du "Conan" d'Howard). Ajoutez l'humour noir de Garrett, le sens de l'analyse de Toubib et les fourberies de Corbeau (
Glen Cook). Et vous obtenez Sven Tverskoeg, le frère caché du Jake Sullivan des "Chroniques du Grimnoir".
Tout commence avec un Danse avec les "Predators" à la sauce "Légionnaire". On enchaîne par un détour par le Paradis, une Sol Draconi Septem ("Endymion") à la sauce "Alcatraz", avant une mission infiltration et exfiltration sans la partie exfiltration (bref, une mission suicide), sauf que tout ne se déroule pas comme l'avait prévu les commanditaires. Et ceci ne constitue que le 1er tiers du roman…
Le reste nous plonge dans la boue et la crasse de la bataille d'Illesville où Sven marche sur les trace d'Ibrahim Gaunt (
Dan Abnett) en réunissant ses Aux' qui ont une belle gueule de Fantômes (
Dan Abnett encore).
On navigue entre
Richard Morgan et
Glen Cook, entre
Dan Abnett et
Larry Correia… Pour finalement marcher aux côtés de l'âme soeur du Vin Diesel des "Chroniques de Riddick". On nous offre de la violence, du sexe et de l'humour noir : il s'agit donc d'une lecture jouissive même s'il faut du temps à rentrer dedans en raison de la narration à la 1ère personne et du style assez brute (phrases courtes, dialogues courts, paragraphes courts, chapitres courts). le tout est assez pour ne pas dire très amoral pourtant on finit par s'attacher à la petite troupe de Sven ainsi qu'aux personnages secondaires comme les époux Wideside, Aptitude, Maria, Ion, Val 9, Val 11, Rachel…
Malheureusement, de bons concepts sont trop peu développés :
- les clones, les piles corticales, l'immortalité (ce que faisait "
Carbone Modifié")
- les bokors cybernétiques / les hakers vaudous sont juste esquissés : pourtant le concept est supracool !!!
- les intelligences collectives egocentriques (quel magnifique oxymore !)
- il faut attendre la fin du roman pour comprendre la géopolitique de l'intrigue
L'Union Libre et ses 500 milliards habitants qui contrôlent 80% de la Galaxie représentent l'Occident avec son haut de niveau de vie, sa haute technologie et sa fausse bonne conscience
Parmi le Tiers Monde néo-féodo-libéral 2 puissances se disputent les restes :
* L'Empire Octovien, dystopie à la Warhammer 40000 de la plus belle eau avec ses Faucheurs à la Waffen SS, dirigé par une IA rebelle ayant l'apparence d'un enfant de 13 ans.
* L'Exaltat, théocratie aristocratique et militaire où on ne sait plus si c'est les hommes qui se servent des machines ou si c'est les machines qui se servent des hommes.
Cela pêche par manque de profondeur, on sent les grosses ficelles pour amener l'antihéros là où l'auteur veut le faire sévir, et on attend toujours des explications sur les 1,5% d'ADN non humain présent dans le génotype de Sven… (son facteur autoguérisseur, ses pouvoirs psychiques, le truc enroulé autour de sa colonne vertébrale, la facilité avec laquelle il accède aux technologies divines des Exaltés…)
Un premier roman imparfait certes, mais une série B très fun car testostéronnée à l'action et à l'humour : parfois les trucs bien bourrins genre Bruckheimer littéraire, cela fait du bien !