Dans ces « Carnets d'Amérique », on est aussi bien dans la sphère de l'intime qui peut influencer l'écriture et un témoignage d'une époque à un temps T.
John Hopkins (34 ans) et sa compagne (31 ans) on quitté Marrakech où ils ont vécu les derniers 18 mois. Lorsque débute ce voyage en Amérique centrale, on sent l'influence de ce temps passé au Maroc. Il nous explique aussi dans quelle situation se trouve sa compagne avec le sentiment que « tout peut basculer » d'un moment à l'autre. Alors qu'il était dans ses intentions de se poser et retravailler un roman, le voilà parti pour se déplacer. Il est beaucoup question de mouvement et d'observations. Son nomadisme n'est pas un besoin d'aventure, c'est comme s'il était un éternel insatisfait.
C'est un écrivain au regard aiguisé. D'entrée il détaille les pélicans ce qui n'est pas anodin car il va l'intégrer à l'un de ses romans, et ce n'est qu'un premier élément. Il y a une grande présence d'oiseaux dans ces carnet. Comme eux il est resté sur le qui-vive tout le long de ce voyage.
Ce que j'ai trouvé intéressant c'est que l'on suive jour après jour grâce aux dates et lieux indiqués mais aussi le prix des transports, des hôtels et des restaurants.
La question que je me suis posée en commençant cette lecture était « A qui s'adresse t-il ? », en effet il explique des choses sur ses différentes observations, il y a des références historiques, des méditations. Ce sont bien plus que des notes pour d'éventuels autres écrits. On a bien l'impression qu'il a toujours été dans son intention de le publier. Il dévoile des choses qui concerne sa compagne, je suppose qu'elle était consciente en vivant avec lui qu'elle allait perdre un peu de son intimité, je pense en particulier à sa fille dont elle a perdu la garde pour vivre avec
John Hopkins… Il est respectueux, c'est vrai que c'est particulier ce côté « personnage publique ». L'épilogue répond un peu a mes interrogations.
Dans ce genre de récit c'est aussi un témoignage sur une époque, même si bien sûr il est subjectif. Il est conscient aussi de l'impact que produit le fait qu'il soit un touriste américain. Il vit avec son temps même s'il prend des chemins de traverse.
Ces écrits sont la somme de réflexions sur sa vie et celle de sa compagne mais aussi sur les pays qu'ils traversent, leurs rencontres et découvertes...
Le sous titre donné à cette version française donne à ces carnets un sens supplémentaires car en effet John et Madeleine vivent un amour imparfait.
Il y a des choses qui sont toujours d'actualité et d'autres qui sont propres à ces années là. Il parle du rôle de la CIA , des événements comme au Chili, ceux du Brésil, Nicaragua, il n'est pas forcément dans le pays en question mais il est à l'écoute des informations qui circulent.
Ces carnets sont composés d'anecdotes, d'extraits d'articles, de certains passages de correspondance, des avis sur des films et des lectures. Il y a des notes sur l'avancement de son travail et aussi pour garder des idées, des descriptions de personnages, de situations et de lieux.
Le texte est émaillé de mots locaux et leur traduction ou en espagnol, ce qui ancre encore plus le lecteur en Amérique Latine.
J'ai beaucoup aimé les parties du voyage où il est au contact de la nature et des hommes. Même si l'alcool est toujours présent il est moins dans la représentation et les mondanités. Il est plus authentique, il observe et absorbe les paysages et les traces laissées par l'histoire. On voit la diversité des modes de vie d'un pays à l'autre. Par exemple au Surinam on est aux antipodes de Veracruz. C'est incroyable comme certaines choses ont peu évolué.
J'ai noté quelques références à ces carnets ... il y revient très souvent, en voici juste 3 qui sont assez proche. Je pense qu'en tant qu'écrivain il s'interroge beaucoup sur l'acte d'écrire... jusque dans l'épilogue. J'ai trouvé très significatif le fait de trimbaler le manuscrit d'un livre dans tout ce périple.
Je compte lire d'autres livres de cet écrivain.
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