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EAN : 9782875230232
570 pages
Nevicata (01/05/2011)
4.27/5   63 notes
Résumé :
Le Grand Jeu, c'est l'histoire de la lutte de l'ombre qui opposa, au XIXe siècle, l'Empire britannique et la Russie tsariste dans les montagnes et déserts de l'Asie centrale, du Caucase au Tibet. Les Britanniques étaient convaincus que les Russes voulaient s'emparer des Indes, joyau de l'Empire. Au début, les frontières entre la Russie et les Indes étaient distantes de plus de 3 000 kilomètres ; à la fin, moins de 30 kilomètres les séparaient par endroits. La guerre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Paru initialement en 1990, l'ouvrage de Peter Hopkirk, le Grand Jeu n'avait jamais été traduit en français. C'est chose faite grâce à la petite maison bruxelloise Nevicata, spécialisée dans les ouvrages relatifs à la montagne.
Dans ce livre tout à fait passionnant, Hopkirk fait revivre la lutte acharnée que se livrèrent Britanniques et Russes tout au long du XIXe siècle pour l'exploration, le contrôle et parfois l'occupation des territoires de l'Asie centrale. Pour Londres, l'enjeu était d'éviter que les Russes ne se rapprochent de l'Afghanistan, ce qui les auraient amenés à pouvoir menacer l'Empire des Indes. Pour Saint-Petersbourg, il s'agissait de se tailler un espace colonial au long de la frontière sud du territoire du Tsar, des portes du Caucase aux montagnes du Pamir. Et si d'aventure les portes des Indes lui étaient ouvertes de s'y engouffrer, profitant de l'aubaine.
Ils furent des dizaines de jeunes militaires, officiers et espions intrépides bravant les khans sanguinaires et les roitelets fourbes pour donner l'avantage à leur pays. Ils étaient prêt à risquer leur peau pour permettre aux marchandises britanniques de pénétrer les confins du Caucase et de l'Afghanistan ou pour empêcher les Anglais d'ouvrir un consulat auprès du gouverneur d'une lointaine région autonome du Turkestan chinois. Hopkirk ressuscite ces héros oubliés, comme le lieutenant Henry Pottinger qui se déguisa en marchand de chevaux pour explorer les passes reliant le nord de l'Inde à l'Afghanistan ou Sir Alexander Burnes tué par une foule déchaînée à Kaboul, le général Iermolov conquérant du Caucase russe ou le major Alikhanov, officier musulman du Tsar qui conquit la ville de Merv par la seule ruse. L'épopée fut aussi ponctuée de terribles déconfitures comme la perte presque totale de l'armée du général Perovski, partie conquérir Khiva et arrêtée par un hiver particulièrement précoce et rigoureux ou le massacre des troupes du général Elphinstone par le redoutable Akbar, neveu de Dost Mohamed, souverain afghan déposé par les britanniques. Les morts de ces terribles expéditions se chiffrent par dizaines de milliers. Quant aux autochtones, jouets des ambitions et des rivalités de leurs puissants voisins européens, il payèrent souvent au prix fort leur implication dans le conflit. Qui se souvient du malheureux peuple circassien ou des habitants de la ville turkmène de Geok-Tepe, massacrés pour ne pas s'être rendus assez vite à l'ogre russe?
Captivant de bout en bout, l'ouvrage de Hopkirk est très bien documenté. Il se base en grande partie sur les témoignages, les rapports et les mémoires laissés par les participants à ce Grand Jeu dont certains aspects ne peuvent manquer de faire songer à une actualité brûlante.
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On croit savoir que Napoléon aurait voulu conquérir l'Orient et l'Inde en particulier. Les Britanniques en ont en tout cas été persuadés et, lorsque l'empire napoléonien s'est écroulé, cette angoisse de perdre l'Inde - le joyau de l'Empire britannique - persista en se déplacant sur la Russie tsariste. La peur étant contagieuse, les Russes se sont des lors mis dans la tete que les Britanniques voulaient conquérir l'Asie Centrale (alors l'Est sauvage des khanats et autres tribus moyenageuses) en vue d'affaiblir l'Empire des tsars. Cette paranoia collective résulta en un siecle de conflit larvé pendant lequel des fringants officiers a l'esprit aventureux n'ont cessé des deux cotés (mais surtout britannique) d'explorer ces contrées sauvages en essayant de s'en allier les roitelets et autres chefs de tribu pour leurs souverains respectifs.

Il est dommage que l'auteur parle trop peu - ethnocentrisme anglais oblige - d'un personnage aussi mal connu qu'extraordinaire qui a pourtant eu une forte influence sur la Grande-Bretagne dans le cadre de ce "Grand Jeu". Il s'agit du grand voyageur, géographe, orientaliste, linguiste et professeur d'université Ármin Vámbéry (1832-1913). Ce Juif hongrois a été probablement le premier Européen a traverser en une fois les déserts d'Asie centrale de Téhéran a Téhéran (1863-1864) en passant par Karakoum, Khiva, Boukhara, Samarcande, Hérat, Balkh et Masshad (noms familiers aux lecteurs de "Le Grand Jeu"). Il a réussi ce tour de force grace a ses dons linguistiques, sa connaissance de la religion musulmane et... un déguisement de derviche. Vámbéry, démocrate dans l'ame, détestait la Russie tsariste depuis que celle-ci avait brisé la révolution hongroise de 1848 et il a pesé de tout son poids sur les décideurs britanniques avec le récit de son périple afin d'alimenter la peur d'une invasion de l'Inde par les Russes.

On ne peut manquer de remarquer la similitude de ce "Grand Jeu" du XIX. siecle entre Britanniques et Russes avec ce qui se passe aujourd'hui. Sauf que le jeu est devenu beaucoup plus complexe puisque le nombre des joueurs principaux n'est plus de deux - Grande-Bretagne et Russie - mais de quatre - Chine, Russie, Turquie et USA. Ni la Grande-Bretagne, ni les pays européens n'ont plus la force de jouer a ce jeu et la démographiquement gigantesque Inde, bien que devenue indépendante depuis, est trop sage ou trop faible encore (au choix) pour peser sur la "grande" politique internationale. Ainsi, les richesses minérales (aujourd'hui surtout énergétiques) de l'Asie Centrale ainsi que le role de zone tampon entre puissances plus ou moins concurrentes et aussi le statut de lieu de déploiement de la "Nouvelle Route de la Soie" continuent a donner a la région une importance géostratégique primordiale.

A lire donc absolument si l'histoire de l'Empire britannique, de la Russie ou de l'Asie centrale vous intéressent ou que vous aimiez simplement les récits d'aventures. L'auteur étant britannique jusqu'au bout de son parapluie, il ne faut cependant pas s'étonner s'il présente les colonisateurs britanniques de l'Inde sous un jour favorable et aussi romantique que les couvercles de ces boites a gateaux anglais avec des illustrations d'inspiration victorienne. On a ainsi droit a des poncifs a la Tintin comme celui de l'officier britannique sans peur et sans reproche, de l'Inde (sous coupe britannique) menacée par les méchants Russes et défendue par les gentils Britanniques, les braves et fideles cipayes et gurkhas qui ne demandent qu'a sacrifier leur vie pour la gloire d'une Grande-Bretagne qu'ils ne sauraient peut-etre meme pas trouver sur la carte, les fourbes autochtones musulmans, etc... Maintenant que vous etes prévenus, bonne lecture !
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Pendant tout le XIXème siècle Russes et Britanniques se sont regardés en chiens de faïence de part et d'autre de la frontière afghane.
L'empire russe, comme aujourd'hui semble-t-il, considérait ne pas avoir de frontières, tel une tache d'huile, il avait vocation à s'étendre aux quatre points cardinaux. Les anglais tenant à l'Inde comme à la prunelle de leurs yeux ne pouvaient que craindre une attaque venant du Nord. de crise en crise, les deux empires n'auront eu de cesse de s'espionner pour savoir quand et où aurait lieu l'inévitable attaque.

Seulement la zone à surveiller était tout simplement immense et des plus inhospitalières. Constituée de l'Ouzbékistan, du Kazakhstan, du Kirghizistan, du Tadjikistan, du Turkménistan ainsi que certaines parties de l'ouest et du nord de la Chine continentale, il aurait fallu des moyens gigantesques pour la contrôler.
Cet ample territoire était, par ailleurs, peu connu, mal cartographié et politiquement instable, gouverné par des khans en guerre permanente entre eux et avec des clans incontrôlables. Ajoutons à cela des déserts arides et des montagnes immenses uniquement traversés par les caravanes des routes de la soie.

Les deux empires s'en remirent à des aventuriers pour découvrir ces nouvelles contrées, les cartographier, tisser des liens avec les souverains et surtout surveiller les agissements de l'ennemi. Souvent pris dans les rangs de l'armée ces explorateurs intrépides, partaient déguisés en marchands pour des centaines de kilomètres, souvent sur la base d'informations peu fiables et à la merci des pillards voire de leurs propres compagnons de route.
Ce sont leurs voyages que raconte Peter Hopkirk et c'est cette lutte à distance entre russes et britanniques que la presse appellera le Grand Jeu.

Et ce fut un jeu à bien des égards, les explorateurs jouant leur vie à pile ou face en choisissant une route plutôt qu'une autre, en faisant confiance à des alliés douteux tout cela sans avoir un soutien ferme de leur pays prêt à les lâcher en cas de pépin.

On pense beaucoup à Kipling en lisant le Grand Jeu, même si l'Inde n'est pas l'objet du livre elle en est l'enjeu. le pays clé étant l'Afghanistan que les anglais voyaient comme une indispensable barrière contre les russes. Au passage on apprend que les ombrageux afghans furent plus perfides que courageux.

Il faut reconnaitre de belles qualité à l'écriture de P.Hopkirk qui sait mettre du rythme et de l'enthousiasme dans ces récits d'aventure. le souci vient de la répétition, il y a une forte redondance dans les aventures de ces explorateurs qui finit par rendre la lecture fastidieuse. Si les territoires changent les parcours se ressemblent beaucoup mais il reste un recueil d'aventures vraies dans un contexte historique parfaitement décrit.

Finalement comme la guerre pour l'Inde n'eût jamais lieu, cela confirme la maxime « si tu veux la paix prépare la guerre » et que le Grand Jeu n'aura pas été inutile.
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Pour moi, l'Asie centrale n'était qu'une contrée floue, une Terra Incognita, avec des pays aux noms finissant par "-stan", peuplée de peuples exotiques aux noms improbables et contrôlée par une poignée de despotes aux noms impossibles à mémoriser. Visiblement, l'Empire britannique et l'Empire russe en avaient plus ou moins la même perception au début du 19ème siècle. Une contrée très mal connue, non cartographiée, que très peu d'occidentaux avaient eu l'occasion de visiter à cette époque, et dont l'intérêt géopolitique était inexistant.

En effet , les deux nations du "Moyen-Orient" qui préoccupaient les grandes puissances occidentales de l'époque, c'était principalement l'Empire Ottoman et la Perse. Mais cela évolua nettement au cours de toute la période qui suivit, lorsque les deux empires commencèrent à se tirer joyeusement dans les pattes en Asie Centrale au cours de ce que les historiens appelleront "le Grand Jeu". Et j'aime autant vous dire que ce fut plutôt folklorique... et violent, bien sûr.

Peter Hopkirk nous fait découvrir, avec un enthousiasme communicatif, les acteurs de cette pré-Guerre froide, principalement des officiers et des espions russes ou anglais, de véritables aventuriers, audacieux, rusés, plus ou moins scrupuleux, et pour la plupart complétement téméraires, qui s'activeront toute leur vie durant pour s'attirer les bonne grâce des potentats locaux, pour cartographier jusqu'aux moindres recoins de cette contrée hostile (montagnes, déserts, et quelques rares oasis), ou pour mener d'incroyables expéditions militaires afin de de conquérir les villes de Khiva, Boukhara, Tachkent, Marv, Samarkand et autres cités de la Route de la Soie.

Au final, on se retrouve avec un récit pittoresque et passionnant, avec de vrais morceaux de géopolitique internationale dedans, d'autant plus marquant qu'il se déroule dans une zone où, un siècle après les britanniques (qui s'y sont battu au cours des trois guerre anglo-afghanes), les soviétiques (1979-1989) puis les américains (2001-aujourd'hui) sont venus se casser les dents, incapables de maitriser des territoires et des peuples particulièrement rétifs aux dominations impérialistes. J'en conseille par ailleurs la lecture au amateurs d'aventure, car bien souvent, dans ce domaine, la réalité dépasse, et de loin, la fiction.

NB : Mention spéciale pour les cartes "faites à la main" que l'on trouve au début du livre, qui à elles-seules m'ont ouverte des perspectives fascinantes.
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C'est une magistrale leçon d'histoire!
le Grand Jeu est la rivalité de deux empires Russe et Britannique au cours du 19ème siècle, de l'épopée napoléonienne à la 1ère guerre Mondiale et à la Révolution Russe qui a changé la donne.
Jeu d'echec, de go ou poker menteur?
Chacun avance ses pions, ses espions, ses armées. la confrontation est toujours latente, guerre de Crimée, appui aux montagnards Caucasiens, gesticulations dans les Détroits, en Méditerranée à l'Ouest, luttes d'influences sur les bordures orientales jusqu'au Tibet et aux Pamir.
Mais c'est en Asie Centrale que se joue la partie.
La Russie veut agrandir son empire, depuis Pierre la Grand, ses armées, ses cosaques envahissent des terres à l'est ou au sud de la Russie, occupent et n'en partent plus.
Les Britanniques ont une obsession : La Route des Indes. Les Indes sont les joyaux de la Couronne et tout ce qui pourrait les menacer les fait réagir. Les russes pourraient ils arriver aux portes de l'Himalaya? aux passes afghanes? L'Afghanistan est une pièce essentielle de ce Grand Jeu.
Deux guerres anglo-afghanes n'ont rien appris ni aux Anglais, ni plus tard aux Soviétiques et aux Américains qui auraient mieux de lire cette étude avant de se lancer dans de désastreuses aventures! le Grand jeu est il vraiment terminé? Un autres ne se joue-t-il pas actuellement?
Pour les grand plaisir de la lectrice, l'auteur raconte les péripéties des acteurs individuels comme dans un roman d'aventure, plutôt un roman d'espionnage. clins d'oeil à Kipling, au Jeu de Kim!
En lisant ce livre, on comprend ce que les romans d'espionnage britanniques doivent à ce grand jeu! on comprend aussi que la Géographie, l'exploration doit à cette guerre. quel plaisir de suivre ces cartographes indiens, ces pandit déguisés en pélerins avec compas et boussoles dans les moulins à prières.

Un bémol quand même, l'ouvrage est très gros, la lecture parfois laborieuse. Que m'importe l'anoblissement de tel capitaine ou colonel? les décorations militaires, j'avoue que j'ai parfois sauté les exploits guerriers et certaines batailles.
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critiques presse (2)
Lexpress
23 juillet 2011
Peter Hopkirk retrace l'affrontement entre la Russie et la Grande-Bretagne pour asseoir leur domination.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Liberation
14 juin 2011
[Peter Hopkirk] a pris le parti de raconter ce «tournoi d’ombres» à partir des odyssées de ceux qui se sont risqués sur la scène de cet échiquier grandiose qui vit s’affronter la Russie tsariste et la Couronne britannique.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le moins qu'on puisse dire est que conduire une caravane mal armée, mais chargée de biens précieux - de l'or, selon la rumeur- au coeur de l'Afghanistan est une entreprise périlleuse. Le faire à l'heure de l'anarchie la plus complète, alors que le pays est sur le point de basculer dans la guerre civile, exigeait du courage, voire de la témérité au plus haut degré. C'était pourtant dans cette aventure que Moorcroft et ses compagnons allaient se lancer têtes baissées. Les perspectives d'en revenir vivant, d'atteindre l'Oxus entier avec leurs marchandises, étaient minces. Et les rumeurs qui circulaient à propos du groupe ne devaient pas leur faciliter la tâche.
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Depuis leur arrivée à Kaboul deux ans plus tôt , les Britanniques s'étaient vraiment sentis chez eux dans la ville. L'exotisme de Kaboul et son climat vivifiant avaient attirés bien des épouses et même des enfants des chaudes et poussiéreuses plaines de l'Hindoustan.Toutes sortes de plaisirs étaient organisés : cricket, concerts, saut d'obstacles ,patinage. Certaine familles de la bonne société afghane se joignaient à eux .mais les autorités religieuses et une grande partie des dévots étaient outrés par les jeux de séduction et la consommation d'alcool qu'ils voyaient.
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Les premières phrases : Ce matin-là de juin 1842 à Boukhara, ville d'Asie centrale, on put voir deux silhouettes en guenilles, agenouillées dans la poussière de la grande place devant le palais de l'émir. Les bras solidement attachés dans le dos, ils faisaient pitié à voir. Repoussants de crasse et affamés, ils avaient le corps couvert de plaies et leurs cheveux, leurs barbes et leurs vêtements grouillaient de poux. Non loin de là, deux tombes avaient été fraîchement creusées.
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