Ce que j'ai ressenti:
L'Australie, terre rougie de sang…
« Étrange, comme la terre joue des tours à l'esprit. »
Le Bush et ses grands espaces…
Paul Howarth nous conte, avec brio, le Queensland des années 1885, un paysage hypnotique de perdition entre sécheresse et violence, dans un western puissant au coeur des déserts australiens. La ségrégation raciale frappe ce pays et, les autochtones subissent la colonisation britannique, à coups et à sang…La couleur des peaux étant un critère pour que la barbarie se déchaîne, la moindre étincelle pouvant déclencher des feux ravageurs, ces espaces de poussières sont, à deux doigts de l'embrasement…
La terre absorbe, en secret, les pires horreurs, les reliefs escarpés dissimulent des cadavres à l'abandon, des vies oubliées sous le soleil brûlant…Noirs étaient les coeurs. Noires étaient les peaux. Noir est ce roman. le rouge du sang et le roman noir, s'épousent dans une poésie sombre, sur ces terres arides…Et
le diable dans la peau se pare de leurs obsessions, de leurs violences, de leurs misères, de leurs drames…
« Les premiers accords du crépuscule tombaient sur la plaine, les ombres s'allongeaient sur le sol. le coucher de soleil était plein de douceur, ce soir. Des volutes cramoisies dans un ciel d'ouate. Les couleurs tourbillonnaient et devenaient plus profondes à mesure qu'ils avançaient… »
Et pourtant, pourtant, tant de couleurs et d'émotions émergent de ce roman, une symphonie entre noirceur et lumière. Un lieu qui se prête tellement à la poésie et aux folies, aux mirages et aux contemplations…Un roman qui pousse à réfléchir sur toutes les formes de dualités…Ruine et Abondance. Pauvre et Riche. Noir et Blanc. Esclavage et Liberté. Devoir et Droit. 400 pages où, ses contraires se livrent une bataille sans merci.
Fascinante Australie.
Une fratrie déchirée…
« Les rêves, c'est ce qu'il y a de pire. Je revis tout, minute par minute. »
Tommy et Billy, deux frères que la tragédie va bientôt séparer, presque fatalement. Des enfants anéantis dans le chagrin et tiraillés entre le bien et le mal, la liberté et la servitude, la peur et la foi. Et contre toute attente, c'est le plus jeune des deux, qui a le regard le plus avisé sur cette manipulation. Des adultes hantés par une haine, qui tentent de rallier ces deux orphelins à leur cause, les faisant tomber dans les affres de la folie et de l'alcool. Certaines scènes sont très difficiles à lire, tant la violence des propos et des coups portés sont bouleversants.
Du fait, d'avoir le point de vue sain et naïf de Tommy, on prend encore plus conscience des actes abominables de ces hommes lancés dans une vengeance stérile et sanglante. Je me suis énormément attachée à ce jeune homme qui essaye de lutter comme il le peut, contre cette vie de servitude déguisée. Il est touchant dans ses élans d'amour et de main tendue vers son frère. Il est un souffle de fraîcheur dans cette fournaise de rage.
« le bien et le mal, ça n'existe pas. La seule question, c'est la volonté d'agir de l'individu. le reste c'est vernis, formalités, perceptions…des mots. »
Un enfant démuni face au racisme, une rivalité entre frères et une innocente sacrifiée,
Paul Howarth décrit une famille brisée pour des enjeux politiques et économiques… C'est une histoire qui a le pouvoir de vous hanter, aussi sûrement qu'un diable dans la peau.
J'ai adoré.
« On ne regrette que ce qu'on n'a plus, on n'accorde pas de valeur à ce que l'on a. »
Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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