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J.M.G Le Clézio (Illustrateur)Janine Hérisson (Traducteur)
EAN : 9782070388691
272 pages
Gallimard (03/06/1994)
4.2/5   399 notes
Résumé :
Un jour, Sue Hubbell, biologiste de formation, ayant travaillé comme bibliothécaire, lasse de vivre en marge de la société de consommation de l'Est américain, décide de changer de vie. Avec son mari, elle part à la recherche d'un endroit où ils pourraient vivre loin des villes, suivant l'exemple du poète Thoreau. Après avoir cherché, ils trouvent cette ferme dans les monts Ozark, au sud-est du Missouri, et, ne connaissant rien à l'agriculture ni à l'élevage, ils déc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (79) Voir plus Ajouter une critique
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« La Dame aux Abeilles », quel joli nom, n'est-ce pas ? C'est comme cela qu'on appelle la botaniste-bibliothécaire Sue Hubbell, installée dans les monts Ozark, dans le Missouri.
Cette femme et son mari ont voulu quitter la vie urbaine, découvrir la vie sauvage en communion avec les bêtes et les plantes. Elle s'est retrouvée seule, et après quelque temps de furieux désespoir, a décidé de vivre.
Vivre ! Quel programme merveilleux ! Car quoi de plus stimulant que de vivre dans les monts Ozark, entourée de lynx, de cerfs, de serpents, d'araignées, de cafards, de grenouilles, d'oiseaux, de chiens, de termites, de chats, de chauves-souris, de papillons...
Quoi de plus exaltant que de marcher dans la forêt, dans des chemins bordés de fougères, de grimper le long de falaises et de découvrir le plus beau paysage du monde ?
Mais quel programme difficile quand on est une femme seule, et qu'il faut apprendre à se débrouiller avec le camion et sa mécanique, les bâtiments – même si ce n'est qu'un chalet et une grange – à rafistoler, à chauffer, et surtout, les ruches et la miellerie à entretenir ! Car j'y reviens, la Dame aux Abeilles est apicultrice et possède des ruches disséminées dans tous les monts Ozark.
Le travail ne manque pas, mais cela ne l'empêche pas de s'occuper de ses voisins (éloignés, cela va sans dire), d'accueillir ses amis dans son chalet, de participer à un barbecue avec les anciens combattants, de sauver de l'embourbement un camion enlisé dans un sentier, de s'engager dans la lutte contre la construction d'un barrage sur la rivière en bas de chez elle, et surtout d'observer, observer la vie grouillante, rampante, volante, végétale.

J'ai adoré lire ces pages pleines d'humilité et d'humour, ces pages où explose la vie et où l'être humain a une position non pas prépondérante, mais tout à fait adéquate. Sue Hubbell ne se proclame pas maitresse des abeilles, des animaux et des plantes. Elle les accompagne et fait les bons gestes, c'est tout. Elle prend sa place dans un monde où chaque être a un rôle, du parasite d'oreilles du papillon de nuit au lynx.

Si je devais trouver une bonne dénomination pour ce livre, je dirais que c'est un condensé instructif de sagesse souriante, oui, c'est tout à fait ça.
Bonnes vacances dans les monts Ozark !
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Lorsque j'ai commencé la lecture de ce livre, je ne m'attendais pas à cela. En ayant lu la 4ème de couverture, je pensais découvrir la reconversion de Sue Hubbell, son installation en tant qu'apicultrice et les débuts de sa nouvelle vie au fin fond de la campagne américaine.
Et bien, pas du tout...
Ici, l'auteur est déjà installée depuis une quinzaine d'année et l'apiculture n'est pas le sujet de ce témoignage.
Il s'agit en fait de sa relation avec la nature, tout simplement. Tout simplement, mais aussi de façon très belle, très profonde. Il y a une harmonie entre elle et la nature qui l'entoure. Alors oui, les ruches font partie de sa vie et elle en parle, mais elle nous raconte aussi tout son environnement, les arbres, les oiseaux, les plantes...
Un livre apaisant.
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«  C'est vous le rayon de soleil du Missouri ? » ou encore «  La dame aux abeilles » quelle joli titre pour Sue Hubbell, biologiste de formation et bibliothécaire à Rhode Island .

Fatiguée de vivre en marge de la société de consommation de l'Est américain elle décide de changer de vie .
Avec son mari elle trouve une ferme dans les monts Ozark , au sud- est du Missouri, ils décident de créer une « Une ferme d'abeilles ».
Commence pour elle une aventure solitaire : son mari l'a quittée dont elle n'imagine guère les conséquences .
Mi- roman, mi- journal, le lecteur découvre les tâches innombrables qu'elle doit accomplir au fil des saisons, en créant une miellerie , dans cette nature isolée et sauvage , elle entre dans un monde nouveau riche d'enseignements —— la nature ne donne pas la même réponse à toutes les questions ——
Grâce aux dix - huit millions d'abeilles, habitant ses ruches, qui couvrent dans leurs vols deux - cent cinquante mille hectares des Ozarks à son labeur harassant, recherche des sucs, ventilation, de la ruche , nourriture des larves et de la reine, essaimage , distillation du miel , mise en bocaux puis vente elle vit en communauté étroite , en harmonie avec maints bêtes et plantes : chant des rainettes , papillons, opossums, serpents, bruants indigo, araignées, insectes, mouettes, jaseurs' mésanges, oiseaux - satin , mocassins d'eau, épeires, tout un monde qui vit et frémit autour d'elle , toutes les formes de vie qu'elle observe et respecte tout en maniant la tronçonneuse et en abattant des arbres pour se chauffer....
On découvre au fil des pages le ciel changeant , les tâches multiples de l'auteur au fil des saisons, ses évocations pétries d'humour et de bon sens , ses observations minutieuses et éclairées sur plantes , insectes , mammifères , animaux qu'elle respecte tant , ses analyses évoquées avec pédagogie et enthousiasme , ses remises en question, son humilité en découvrant que la vie naturelle est un très bon professeur et qu'il faut laisser le savoir mûrir et germer comme tout ce qui est vrai et vivant .

Une très belle histoire de savoir engrangé, lié au charme magique d'une femme indépendante et solitaire qui est parvenue à percevoir l'enchantement qui maintient les éléments naturels ...
Une bouffée d'oxygène qui peut ne pas plaire à tout le monde.
Ce n'est que mon avis, bien sûr !

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Elle était bibliothécaire et biologiste de formation et avec son mari, Paul, ils en ont eu assez de la société de consommation. Ils sont partis, errer sur les routes américaines pendant un an à la recherche de la terre promise, d'un idéal de vie. Arrivés dans les Ozarks, Sue découvre cette propriété de presque quarante hectares, encadrée par deux rivières et occupée par une ferme en vente. Elle saute sur l'occasion et s'installe comme apicultrice afin de gagner sa vie. C'est cette vie que Sue Hubbell nous raconte dans « une année à la campagne », saison après saison. Une aventure qui dure depuis une douzaine d'année au moment de la publication de ce journal de bord. L'expérience qu'a menée l'auteure est fascinante et surtout un magnifique témoignage écologique. C'est un superbe livre de chevet à lire et relire, à consulter et à s'en inspirer, particulièrement pour qui souhaite se lancer dans l'apiculture car il fourmille de conseils techniques. A noter page 164, la recette de la tarte aux kakis et aux noix à essayer…
Traduction de Janine Hérisson et préface remarquable de J. M. G. le Clézio.
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Chut ! Après avoir été bien attentive à ce merveilleux cours de sciences naturelles, il me faut du silence pour digérer paisiblement toutes les fabuleuses informations qui se bousculent dans ma tête.
Au fil des saisons, j'ai bu les mots de Sue Hubbell, sans un souffle, sans un soupir, pour ne rien perdre de l'inestimable cadeau de ses observations de la nature dans les collines des monts Ozark dans le Missouri.
Depuis douze ans, elle habite entre bois, collines, rivière bouillonnante et cascades d'un petit ruisseau. Un endroit qui, de par sa beauté époustouflante, suscite l'émotion. Elle le partage avec des bruants indigo, des couples de cardinaux, un coyote femelle, des rainettes, un mocassin, un lynx… Qui a finalement la légitimité pour se proclamer propriétaire légal de cette parcelle ?

Après le départ de son mari, c'est dans cet environnement en éternelle effervescence qu'elle réussit à tourner le dos à son chagrin pour continuer sa vie dans ce monde qu'elle s'est choisi.

Selon la saison, enfoncée dans son fauteuil en cuir marron ou assise sous les chênes, entre deux gorgées de café, elle nous parle de la sérénité des grenouilles, de l'étonnement d'une vipère rouge, de l'air féroce de l'inoffensif hétérodon, de la timidité de la recluse brune et bien sûr de l'activité bourdonnante des ses 300 ruches, la quête de nectar, les moyens de communications des abeilles, la récupération d'un essaim, la réception de nouvelles reines.
Elle apprécie chaque période de l'année, même l'hiver où la diminution des déplacements est synonyme de calme et de paix. Elle en profite pour étiqueter ses pots de miel au coin d'un bon feu.
Chant des grenouilles et des coyotes, trilles des oiseaux, bourdonnements des abeilles, vrombissement d'une merveilleuse tronçonneuse (outil vital pour ne pas mourir gelée et accessoirement donner de l'aisance et de la lumière à un grand noyer) résonnent au fil de l'eau.

Face à la complexité du cercle de vie où chacun joue son rôle, ne pas trouver de réponses à certaines de ses questions l'émerveille. Quelle admirable démonstration d'humilité devant cette nature grandiose mais fragile dont l'excès d'interventionnisme humain peut faire basculer l'équilibre.
Avec un humour simple et rafraîchissant, Sue Hubbell nous a laissé une très belle leçon de modestie, un hommage vibrant à cette terre exceptionnelle.
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Citations et extraits (67) Voir plus Ajouter une citation
Je me demande parfois où nous autres femmes d’un certain âge nous situons dans le tissu social une fois que la construction du nid a perdu de son charme. Il y a une génération, Margaret Mead, qui avait une assez bonne réponse personnelle à cette question, s’interrogeait aussi à ce sujet et faisait remarquer qu’en d’autres temps et dans d’autres cultures, nous avons joué un rôle.
Nous sommes si nombreuses qu’il est tentant de considérer que nous formons une catégorie. Nous avons dépassé l’âge de la reproduction. Les hommes ne veulent pas de nous ; ils préfèrent les femmes plus jeunes. Il est normal, du point de vue biologique, que les mâles soient attirés par des femelles qui sont au début de leurs années reproductives et qui ont encore envie de construire des nids, et si, quant à nous, nous ne pouvons plus nous perdre dans les plaisirs et l’intimité du couple, eh bien, nous avons accédé à notre véritable identité. Nous avons acquis un autre don précieux. Nous avons le Temps, ou du moins la conscience du Temps. Nous avons vécu assez longtemps et en avons vu assez pour savoir, autrement qu’au plan intellectuel, que la mort nous attend et nous avons donc appris à vivre en nous sachant mortelles, prenant nos décisions avec soin et après mûre réflexion parce que nous savons que nous ne pourrons pas les prendre de nouveau. Le temps pour nous aura une fin ; il est précieux, et nous en avons appris la valeur.
Oui, nous sommes nombreuses, mais toutes si différentes que j’ai du mal à me lancer dans une analyse sociobiologique, et je crois bien, tout comme Margaret Mead, que la solution est personnelle et individuelle. Parce que notre culture ne nous a assigné aucun rôle réel, nous pouvons créer notre propre rôle. C’est une bonne époque pour être une femme adulte possédant une personnalité, une certaine force et des lubies. Nous vivons longtemps. Nos enfants sont les adultes indépendants que nous les avons aidés à devenir, et peut-être ont-ils encore besoin de notre amour, mais ils peuvent se passer de nos soins. Les règles de la société sont si souples de nos jours qu’aucune de nos actions n’est choquante. Nous ne nous heurtons plus à des barrières politiques. À condition de demeurer en bonne santé et de pouvoir subvenir à nos besoins, nous sommes libres de faire n’importe quoi, de posséder n’importe quoi et d’user de nos talents à notre guise.
(…)
Moi aussi je veux un dindon, mais je le veux vivant et d’ici une semaine mon souhait sera exaucé et je l’entendrai glouglouter au petit jour. Cependant, je veux davantage. Je veux entendre les bruants indigo chanter leurs couplets lorsque je m’éveille le matin, je veux relire Joseph et ses frères, je veux voir les feuilles pousser sur les chênes, leurs fleurs s’épanouir sur les cornouillers et danser les lucioles. Je veux savoir ce qu’il advient du val du Raton laveur. Je veux qu’Asher découvre comment les parasites d’oreilles de papillons de nuit ont traversé l’hiver. Je veux montrer à Liddy et Brian les gros rochers au fond du vallon. Je veux en savoir bien davantage sur les faucheux. Je veux écrire un roman. Je veux aller nager nue dans la rivière sous le soleil brûlant.
C’est pourquoi j’ai cessé de dormir à l’intérieur. Une maison est trop petite, trop limitée. Je veux le monde entier, et aussi les étoiles.
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Nous avons dépassé l'âge de la reproduction. Les hommes ne veulent pas de nous : ils préfèrent les femmes plus jeunes. Il est normal, du point de vue biologique, que les mâles soient attirés par des femelles qui sont au début de leurs années reproductives et qui ont encore envie de construire des nids, et si, quant à nous, nous ne pouvons plus nous perdre dans les plaisirs et l'intimité du couple, eh bien, nous avons accédé à notre véritable identité. Nous avons également acquis un autre don précieux. Nous avons le Temps, ou du moins la conscience du Temps. Nous avons vécu assez longtemps et en avons vu assez pour savoir, autrement qu'au plan intellectuel, que la mort nous attend et nous avons donc appris à vivre en nous sachant mortelles, prenant nos décisions avec soin et après mûre réflexion parce que nous savons que nous ne pourrons pas les prendre de nouveau. Le temps pour nous aura une fin ; il est précieux, et nous en avons appris la valeur.
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Mon grand-père était apiculteur à Kalamazoo, Michigan, où j'ai grandi mais tout le monde a un grand-père apiculteur, cela ne signifie donc rien. D'ailleurs, mon grand-père me terrifiait. Il terrorisait tous ceux qui se trouvaient à portée de ses hurlements et je m'efforçais de ne pas me trouver en travers de son chemin, aussi n'est-ce pas de lui que je tiens mon amour des abeilles.
(...)
Ma grand-mère était une femme timide au visage mélancolique, épuisée par la vie commune avec un tel homme et qui essayait de se débrouiller avec la maigre allocation qu'il lui accordait pour faire marcher la maison. Elle ne se plaignait jamais, et avait presque le comportement d'une sainte. Elle lui survécut durant de nombreuses années et, une fois son mari mort, retrouva une certaine vitalité. Vers la fin de sa vie, elle rassembla ses petits-enfants autour d'elle.
"Je veux que vous vous rappeliez toujours votre grand-père", dit-elle.
Nous opinâmes du bonnet, l'air solennel. Elle nous fit signe de nous rapprocher.
"Je veux que vous vous rappeliez que c'était un vieux grigou, sale et mauvais comme la gale", reprit-elle d'une voix ferme, puis son regard se perdit au loin et un sourire satisfait éclaira son visage.
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Liddy et Brian forment une bonne équipe. Il leur suffit de quelques mots pour se communiquer leurs idées et leurs intentions. Je vais chercher à la scierie ce dont ils ont besoin, et à l'occasion je donne un coup de main, mais j'ai rapidement découvert que si je leur proposais au choix de les aider ou d'aller faire une tarte, c'était toujours la tarte qui l'emportait. Il a fallu six tartes pour finir le toit. J'ignorais jusqu'alors le rôle important que jouent les tartes dans la construction.
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En tant qu'être humain, je me mêle un peu de tout ; j'interviens, j'échange, je modifie. Ce n'est ni bien ni mal, je joue mon rôle simplement, tout comme le serpent qui mange les souris et les vanneaux joue le sien. Mais étant un être humain, je suis nantie d'un cerveau qui me permet de m'apercevoir que lorsque je manipule et modifie n'importe quelle partie du cercle, il y a des répercussions sur tout l'ensemble.
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