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EAN : 9782021497809
168 pages
Seuil (03/11/2023)
3.06/5   8 notes
Résumé :
Recours à la chirurgie esthétique, apparition de coaches en séduction, développement du marché du sex-toy et du roman érotique… De plus en plus, le sexe est une ressource en vue de gains.
Mais il y a davantage : au-delà de la marchandisation des corps, la liberté sexuelle augmente la valeur économique des individus. Nombreux sont ceux qui se servent du sexe pour se valoriser, c’est-à-dire augmenter leur valeur sur le marché du travail. Les états psychologique... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Au départ de la réflexion des deux chercheuses, il y a cette notion de « capital sexuel », qui n'est décidément pas si facile à comprendre. Globalement, les sociologues comme les penseurs de la sexualité font appel à la notion de « capital sexuel » « pour expliquer comment les acteurs tirent profit des subjectivités, expériences et interactions sexuelles – y compris les actes, les sentiments et les pensées -, que ce soit sur les marchés économiques et matrimoniaux ou dans les aventures sexuelles ». La notion de « capital », hautement marxiste, indique en effet qu'une ressource peut produire de la richesse, la fameuse plus-value. Tout le travail de le Capital sexuel va être de montrer quelle richesse produit ce fameux capital sexuel, et en quoi il participe à la reproduction du capitalisme même.



Selon les deux auteures, il existe quatre formes du capital sexuel. le capital sexuel par défaut (chasteté) donne une valeur, surtout à la femme, si elle n'a jamais eu de relations sexuelles. le capital sexuel comme plus-value du corps rend compte de la transformation du corps en marchandise, et se retrouve notamment présent dans la prostitution. le capital sexuel incarné, plus déguisé, désigne particulièrement le sex-appeal et les compétences sexuelles. Enfin, le capital sexuel néolibéral est le réel objet d'étude du livre, car il désigne le fait que le sexe est de plus en plus pensé comme un moyen de se démarquer sur un marché compétitif, spécialement sur le marché de l'emploi.



Dana Kaplan et Eva Illouz montrent ainsi qu'il existe un lien fort entre la sexualité et l'employabilité, tout en remarquant qu'il existe peu de recherches empiriques sur le sujet. Si, auparavant, le sexe appartement à la sphère privée, celui-ci aurait été peu à peu happé par la sphère économique lors de la modernité tardive (néolibéralisme). le livre se révèle complexe souvent, et aurait gagné sûrement à être mieux illustré d'exemples ou de recherches en sociologie quantitative. Pour autant, et comme fréquemment dans les travaux d'Eva Illouz, la réflexion s'avère novatrice et ouvre des champs de réflexion à venir.
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critiques presse (3)
LeMonde
19 février 2024
La sociologue franco-israélienne explore dans ses livres les liens entre le capitalisme et la condition amoureuse. Un travail qu’elle poursuit dans « Le Capital sexuel », paru en octobre, peu de temps après l’attaque du Hamas, véritable électrochoc pour elle. Déçue par une partie de la gauche, l’opposante de toujours à Benyamin Nétanyahou partage, depuis, son temps entre ses recherches et ses prises de parole sur la guerre.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Elle
01 décembre 2023
Dans ce livre, les autrices se demandent si le néolibéralisme n’aurait pas déformé notre sexualité, à tel point que celle-ci serait devenue un moyen d’augmenter notre valeur sur le marché.
Lire la critique sur le site : Elle
LeMonde
13 novembre 2023
Entre sociologie, science politique et philosophie, l’étude du capital sexuel offre la possibilité à Eva Illouz et Dana Kaplan de rappeler que le sexe ­incarne aujourd’hui pour nous – heureux hasard ! – les « idéaux même du capitalisme contemporain » : liberté, réalisation de soi, autonomisation et créativité.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Viviane Zeidler
lun. 26 févr. 11:32 (il y a 2 jours)
À lionel, moi

Si la plupart des théories de la sociologie critique sur le fonctionnement social du sexe s’intéressent soit aux injustices socio-économiques liées au sexe, d’une part, et à la sexualité, d’autre part, soit à la marginalisation et à l’autonomisation des minorités sexuelles, en réalité, le capital sexuel n’est avantageux que si nous l’envisageons simultanément en tant que sentiment intérieur personnel et en tant que capacité psychique pouvant être utilisée comme source d’autorité, lorsque la vie professionnelle se caractérise par des emplois par projet à court terme, auxquels manquent une structure claire, un cadre organisationnel et une continuité.
La théorie du capital sexuel néolibéral que nous avons présentée dans cet ouvrage propose donc une économie politique du sexe radicale. Radicale, parce qu’elle remet en cause l’idée dominante que le sexe serait avant tout une affaire privée, n’ayant rien à voir avec l’organisation de l’espace social et surtout pas avec les rapports de classe à l’échelle macroscopique. A cet égard, notre démarche diffère de celle choisie par les spécialistes du capital humain. Ces chercheurs semblent, à première vue, adopter la même perspective que nous, étant donné leur intérêt pour les investissements individuels dans différents savoirs améliorant l’emploi. Eux aussi se penchant sur des compétences employables difficiles à quantifier et détenues à titre privé : des titres qui, historiquement, ont renforcé le pouvoir de négociation de la main-d’oeuvre de la classe moyenne au plus fort du fordisme et de ses rapports de classe. De même, notre théorie relie les attributs incarnés et l’emploi. En revanche, à l’inverse des spécialistes du capital humain, nous ne postulons pas l’existence d’un acteur rationnel qui mettrait consciemment à profit son sex-appeal ou son « identité performable ». Même si nous considérons que le capital sexuel s’accumule de manière individuelle, cela n’implique pas par voie de conséquence de l’aborder avec une théorie du choix d’économiste. Contrairement aux adeptes d’approches rationnelles et utilitaires du comportement sexuel, nous considérons que le sexe ne se résume pas à des tentatives individualistes pour maximiser son capital par des sujets atomisés qui calculent leurs investissements tout en poursuivant leurs intérêts personnels. ( p75, 76 )
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Tout au long de cet ouvrage, nous avons mis en avant le rôle de l’industrie du sexe dans l’accumulation de capital. Néanmoins, cela n’explique qu’en partie en quoi le sexe favorise la structure de classe. Certes, le sexe « fait vendre » et le secteur a largement contribué à l’asservissement de femmes (généralement) pauvres et, de plus en plus souvent, de la classe moyenne ; mais, dans la culture contemporaine, le sexe incarne aussi la liberté, la réalisation de soi, l’autonomisation et la créativité, soit les idéaux mêmes du capitalisme contemporain et, surtout, les piliers de la vie professionnelle. En développant le concept de capital sexuel néolibéral, nous prenons au sérieux ce que les féministes affirment depuis longtemps’: que la sphère de la reproduction, ou « la vie elle-même », est directement partie prenante du système capitaliste et de la création de capital.
Nous pouvons pousser plus loin cette idée et envisager les compétences et pratiques subjectives comme des moyens de production directs au sein’d’une vie professionnelle « réinventée », « passionnée » et « créative ». Le capital sexuel néolibéral n’est qu’un exemple de la réalité sociale où les sujets de la classe moyenne en particulier, hommes comme femmes, doivent exploiter leurs univers de sens et leurs identités pour trouver un emploi, notamment dans les métiers créatifs. A cet égard, le capital sexuel - un attrait érotique qui implique soit du sex-appeal (généralement chez les femmes), soit une performance sexuelle (généralement chez les hommes), soit les deux - s’est étendu: ce n’est plus simplement quelque chose d’échangé entre hommes et femmes qui traduit et reproduit les hiérarchies de genre. Le capital sexuel comprend et implique aussi la totalité de la reproduction capitaliste. (p 76, 77)
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Le capital sexuel est opérant dans un ordre social et politique appelé néolibéralisme, notion fourre-tout qui décrit une responsabilisation accrue de l’individu face à un marché de plus en plus dérégulé. Pour agir de manière optimale dans le marché, cet individu hautement responsable doit mobiliser son appareil psychique, y compris ses ressources sexuelles.
Ces trente dernières années, les sociologues ont mis l’accent sur la nécessaire revitalisation de l’analyse de classe, afin de bien rendre compte des périls de la néolibéralisarion. Beaucoup d’analystes ont avancé que la classe n’est pas juste une force structurelle et objective venue d’en haut. Ils ont notamment affirmé qu’elle est aussi psychologique, au sens où elle atteint la subjectivité même, dans l’experience de vivre un corps et des émotions. Pourtant, la recherche sur le rôle joué par la subjectivité dans la formation et la reproduction des classes est peu développée. Des travaux prometteurs sont toutefois en cours sur les métiers « passion », artistiques, créatif ou culturels, où l’investissement psychologique est très fort. Des études convaincantes ont montré il y a peu que les sujets de la classe moyenne exerçant des métiers créatifs n’envisagent pas de « dehors » au travail. Ce dernier, devenu extrêmement précaire, instable et exigeant donc un très fort degré d’empressement et d’aptitude de la part du travailleur, fonctionne comme une expression profonde du moi authentique. Par conséquent, l’employabilité est précisément conditionné par le niveau d’engagement personnel et d’investissement psychologique « passionné ».
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Nous pensons plutôt que le capital sexuel est un exemple de la manière dont les actifs de la classe moyenne, en particulier celles et ceux exerçant un travail culturel et créatif, exploitent dans un marché de l’emploi fortement concurrentiel différents types de savoirs tacites et de capacité incarnées - lesquels ne nécessitent pas nécessairement de formation formelle ou de longues périodes d’apprentissage.
Le sexe est un capital dans d’autres cas que l’exploitation par la classe dominante des capacités et de la force de travail sexuelle de sujets marqué par la classe; en d’autres termes, il faut aller au-delà de l’idée du capital sexuel comme plus-value du corps. Le capital sexuel n’est pas non plus un atout purement personnel, utilisé et géré au niveau interindividuel par des sujets autonomes rationnels à travers la culture de la consommation et dans les rapports personnels et professionnels, comme le pense une partie des économistes. Dans la mesure où les codes esthétiques du sex-appeal et même du savoir-faire sexuel sont marqués dans notre exposé des troisième et quatrième catégories, le capital sexuel fait plutôt partie de la structure de classe précisément parce qu’il est accumulé par l’individu dans l’intimité du quotidien. ( p76 )
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Dans son étude sur la culture des « coups d’un soir » à l’université, Lisa Wade montre que le capital sexuel - la capacité à attirer des partenaires pour une aventure - du sujet dépend essentiellement de ses disponibilités affectives. En s’appuyant sur les récits de la population étudiante elle-même, Wade rapporte que le détachement et le désengagement émotionnel sont la véritable monnaie d’échange du sexe récréatif. En dépit des souffrances émotionnelles significatives qu’entraine sur le long terme ces arrangements, les acteurs de ce champ doivent se doivent tout de même d’afficher leur désinvolture et leur indifférence : « la désinvolture n’était pas seulement normative, elle était aussi connotée sexuellement. Plus les étudiants montraient leur détachement, plus ils pouvaient prétendre à un statut érotique élevé. L’inverse n’etzit pas seulement pathétique, mais tue-l’amour. » ( p 58 )
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Vidéo de Eva Illouz
Eva Illouz, sociologue et philosophe, était l'invitée de "La Fabrique des idées", les masterclass de Philosophie magazine, mercredi 24 janvier au Club de l'Étoile, à Paris (17e).
Prochain rendez-vous : Jean-Luc Marion, phénoménologue, académicien, grand théoricien de la "donation", mercredi 6 mars en présentiel ou visio. Informations et résa :
www.philomag.com/masterclass
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