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Vagabond tome 15 sur 37

Eiji Yoshikawa (Antécédent bibliographique)Jacques Lalloz (Traducteur)Philippe Marcel (Adaptateur)
EAN : 9782845803817
215 pages
Tonkam (29/08/2003)
4.3/5   28 notes
Résumé :

Kojiro est tout ce qu'il a au monde... Son héroïque décision prise, le vieux maître d'armes va au-devant de la mort.

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce tome est le quinzième d'une série au long cours, qu'il faut avoir commencée par le premier tome. Elle est écrite, dessinée et encrée par Takehiko Inoué. Au Japon, elle paraît en prépublication dans le magazine "Weekly morning" depuis 1998, en noir & blanc. En France, elle est publiée par les éditions Tonkam depuis 2001, en respectant le sens de lecture japonais, de droite à gauche. Il comprend les chapitres 137 à 143. Comme le tome précédent, celui-ci se termine avec une liste exhaustive des noms des personnages apparus dans les tomes précédents, chacun accompagné d'une ou deux phrases synthétiques les présentant.

Ce tome continue à raconter l'histoire de Kojiro Sasaki, sans aucune apparition, ou même mention de Miyamoto Musashi. le vieux du village demande à Jisai Kanemaki de protéger le village contre Yugessai Fudo, un rônin qui utilise ses capacités de sabreur pour imposer ses désidératas aux villageois, et en particulier violer leurs filles quand elles atteignent 14 ans.

Quand Yugessai Fudo vient chercher Orin, la fille de Kyusaku (le pêcheur pauvre qui aide Jisai Kanemaki, depuis plus de 10 ans), ce dernier est présent. Il manque de succomber à une attaque juste par le fait de se trouver en présence de Yugessai Fudo. Une fois son malaise dissipé, Jisai Kanemaki accepte d'aller trouver Yugessai Fudo le soir même pour le défier en duel.

Il s'agit du deuxième tome entièrement consacré à l'enfance de Kojiro Sasaki, dans lequel Miyamoto Musashi n'apparaît pas (i n'en est même pas fait mention). Toutefois , le lecteur s'est attaché à ce personnage, et même plus encore à son père adoptif, Jisai Kanemaki, un maître d'escrime déchu, ayant perdu l'envie de vivre après avoir été battu en combat singulier par un de ses élèves.

Jisai Kanemaki a décidé de renoncer au sabre, ayant connu à la défaite, mais aussi ayant peur de mourir lors d'un éventuel combat. Takehiko Inoué dresse le portrait d'un individu humilié d'être battu dans le domaine où il excelle, et craignant une mort infâmante dans un combat potentiel qu'il fuit de tout son être (au point d'en être physiquement malade rien qu'à l'idée d'une telle éventualité).

Avec le personnage de Jisai Kanemaki, l'auteur trouve une liberté totale dans son récit puisqu'il s'agit d'un personnage fictif, n'étant pas supposé avoir côtoyé Miyamoto Musashi en direct. Pourtant chaque séquence apporte une touche supplémentaire au portrait de Musashi. La vie de Jisai Kanemaki est celle d'un individu ayant dû abandonner sa vocation. le lecteur sait bien qu'il ne s'agit que d'une question de temps avant que Musashi soit confronté à un individu plus fort que lui. La défaite peut se solder par la mort au combat, ou par le déshonneur d'avoir été vaincu. Dans cette dernière hypothèse, quelle genre de vie peut-il y avoir après ?

Dans ce tome, la vie de Jisai Kanemaki devient une réflexion sur la vocation de Musashi, un point de vue différent. Miyamoto Musashi est-il semblable à Jisai Kanemaki ? En quoi en est-il différent ? Pour cette dernière question, l'auteur a déjà commencé à donner une réponse : Musashi dispose d'une capacité d'empathie plus développée que celle de Jisai Kanemaki. C'est à la fois ce qui lui donne un avantage décisif au combat (en étant capable de percevoir les intentions de son opposant), mais aussi ce qui le contraint à la réflexion sur sa volonté de se parfaire dans l'art de donner la mort avec un sabre.

Le lecteur se livre au même exercice de rapprochement et comparaison entre le comportement de Kojiro Sasaki, son développement, et celui de Miyamoto Musashi. Quelles sont les différences ? En quoi l'histoire personnelle de Musashi et son caractère en font un meilleur bretteur que Kojiro?

Cette lecture comparative fournit l'explication de ce qui semble être un interlude au récit principal. Mais le récit s'avère également prenant pour lui-même. Takehiko Inoué utilise les conventions narratives d'Eiji Yoshikawa (écriture feuilletonnante, coïncidence pratique) pour raconter cette histoire. de manière très pratique, Yugessai Fudo fait irruption dans la masure de Kyusaku, alors même que Jisai Kanemaki s'y trouve, et qu'Orin en est absente. de manière très pratique Jisai Kanemaki décide d'aller affronter Yugessai Fudo le même soir que fils adoptif (par un hasard qui fait bien les choses). de manière très pratique, Jisai Kanemaki arrive après que son fils Kojiro ait commencé à affronter Yugessai Fudo. Autant de coïncidences très opportunes pour la tension dramatique, et peu probables.

La dimension artificielle dans la concomitance des événements n'enlève rien à l'empathie générée par les personnages, ou à la force du drame. le lecteur partage pleinement la peur panique de Jisai Kanemaki à l'idée de retoucher un sabre, son sentiment d'obligation de devoir aller affronter une mort certaine en se confrontant Yugessai Fudo, ou encore sa répulsion horrifiée à voir Kojiro s'acharner sur le cadavre de son ennemi.

De la même manière, le lecteur éprouve un grand plaisir à voir Kojiro s'épanouir progressivement, à partir du moment où il commence à être accepté dans la société des enfants du village. Il sourit de le voir se faire couper les cheveux, il compatit devant le pincement au coeur de Kamekichi Kusanagi qui voit son copain Kojiro avoir plus de succès que lui, générer plus de sympathie que lui. Takehiko Inoué a l'art et la manière pour transformer des personnages de papier en des individus complexes, avec leur caractère exprimant à la fois leur personnalité et les acquis de la culture dont ils sont le produit.

Au fil des tomes, le lecteur s'est habitué à la très haute qualité des dessins, sans plus forcément la remarquer ou pouvoir isoler les séquences, les pages, ou les cases les plus marquantes, tellement tout lui semble relever de l'évidence visuelle. Il faut presque faire un effort conscient pour pouvoir contempler les qualités graphiques de cette oeuvre.

Takehiko Inoué n'a rien perdu de son art pour représenter les lieux, qu'il s'agisse de constructions humaines, ou de décors naturels. C'est ainsi que le lecteur se sent chez lui dans la pauvre cabane de Jisai Kanemaki, en prêtant une attention distraite aux feuilles de papier, chacune avec un kanji tracé dessus (en se rappelant leur provenance, voir tome précédent). Pourtant s'il le souhaite, il peut comparer les caractéristiques de cette construction, à celles de la maison du pêcheur Kyusaku, ou à celles de la demeure de Yugessai Fudo, qu'il s'agisse des murs ou de la couverture des toits.

De la même manière, le lecteur constate qu'il éprouve l'impression de marcher sur la plage en sentant le sable crisser sous ses pieds, ou de se déplacer sur un chemin forestier avec les irrégularités de la terre, pour aller jusqu'à la cabane de Jisai Kanemaki, ou encore de pouvoir laisser errer son regard sur les champs autour du village, comme s'il était libre de regarder où bon lui semble. Presque discrètement, avec un point de vue naturel, Takehiko Inoué réalise des cases parfaitement lisibles, avec une grande densité d'informations visuelles pour une description aussi minutieuse que réaliste de chaque environnement. Comme dans les tomes précédents, chaque séquence contribue à dessiner en filigrane une société encore embryonnaire, de petite taille vivant à l'écart, dans un milieu encore à l'état sauvage.

Dans ce tome, la présence de la faune est plus discrète. Il y a quelques cases magnifiques de délicatesse consacrées à un papillon. Parfois le regard d'un personnage se tourne vers le ciel, et alors le lecteur peut contempler un vol d'oiseau haut dans le ciel. La flore est beaucoup plus présente. Les troncs d'arbre sont toujours aussi rugueux, comme si le lecteur pouvait sentir l'écorce sont ses doigts. L'implantation des brins d'herbe est maintenant bien maîtrisée par le dessinateur qui arrive à rendre compte de leur implantation aléatoire.

Takehiko Inoué croque des individus à l'apparence unique, au langage corporel expressif, qui restent en mémoire. C'est une évidence pour l'imposant Yugessai Fudo, avec son corps couturé de cicatrices, son regard froid dénué d'émotion, et sa lenteur délibérée. En prenant un peu de recul, le lecteur s'étonne de la facilité avec laquelle l'artiste restitue les mouvements étudiés de Fudo, sa façon bien à lui d'imposer son rythme posé.

Les autres personnages sont tout aussi mémorables dans leur apparence, même s'ils sont plus communs dans leur physique. Kojiro rayonne littéralement après s'être fait couper les cheveux. le lecteur assiste à la torture que représente le fait de faire un pas en avant pour Jisai Kanemaki alors qu'il progresse vers la demeure de Yugessai Fudo. L'accablement se lit dans la posture et sur le visage d'Orin, alors qu'elle se terre dans une grotte en bord de mer.

Les représentations des scènes de dialogue sont aussi saisissantes que les scènes d'action. Dans les premières, l'artiste compose des plans de prise de vue qui permettent au lecteur de contempler aussi les postures et les gestes des interlocuteurs, que le lieu où ils se trouvent. Dans les secondes, il représente le mouvement grâce à un découpage qui impose un rythme rapide, fait de soubresauts vifs et de chocs brutaux (la violence et la soudaineté avec lesquelles la lame du sabre tranche).

Alors que Takehiko Inoué s'écarte de plus en plus de la trame du roman qu'il adapte, il gagne en liberté, et il en montre toujours plus sur la condition de bretteur, et par voie de conséquence sur les servitudes de la vocation de Musashi Miyamoto. Il s'en écarte pour prendre du recul, et mieux évoquer la condition du personnage principal, par un jeu de miroirs. le lecteur apprécie à sa juste valeur que pour l'auteur, il n'y a pas de petites gens, il n'y a pas d'individu sans importance. Chacun agit en fonction de son milieu, de son histoire personnelle et de sa culture. Takehiko Inoué regarde ses personnages évoluer, sans mépris, en évitant les motivations manichéenne ou arbitraire, en évitant le romantisme facile, mais sans éviter les questions fondamentales. Plutôt que de faire de longs discours sur l'interdépendance qui unit tous les êtres vivants, il le montre.
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Le quinzième tome de cette adaptation par Takehiko Inoué du roman d'Eiji Yoshikawa (La pierre et le sabre) narrant la vie du légendaire samouraï Miyamoto Musashi continue de nous conter l'enfance de Kojiro Sasaki, la série délaissant ainsi son héros principal depuis déjà deux tomes.

Un récit toujours aussi riche en émotions, avec une surdité du personnage qui ajoute encore un côté plus dramatique à l'ensemble et explique également partiellement la fin tragique de Kojiro Sasaki lors du tome six.

Mais si le tome précédent se contentait de faire ressortir le côté attachant de ce protagoniste doué pour le maniement du sabre, celui-ci va également faire ressortir son côté bestial. le rôle de son père adoptif, Jisai Kanemaki, reste prenant. Torturé par son passé sanglant, cet ancien maître en arts martiaux retrouve une raison de vivre mais se fait inéluctablement rattraper par un sabre toujours aussi tranchant.

Tout en se demandant pourquoi l'auteur a attendu la soi-disant mort de ce personnage dont Matahachi Hon'iden usurpa l'identité, pour nous conter son enfance, il est à espérer que certains personnages, comme Tenki Kusanagi, continuent de jouer un rôle intéressant dans la suite de cette excellent série.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Kojiro…
Je ne veux pas éveiller la folie qui est en toi.
Ça t’explique que…
Je ne t’enseigne rien et que j’ai caché ton sabre… encore une fois.
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Toutes ces années, le sabre a tout représenté pour moi. Seul m'intéressait de savoir comment dominer les autres.et une fois parvenu à ce point, comment conserver ma supériorité, et battre tous ceux qui venaient me défier.
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Grimper de la vallée, vaut mieux que de moisir au sommet.
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Kana c'est l'ouverture à l'Autre. L'autre bande dessinée, celle venue d'Asie, dans toute sa richesse et sa diversité avec une envie forte : la partager ! Dans cet épisode, vous retrouverez la version longue de l'aparté de l'épisode précédent (disponible ici (https://smartlink.ausha.co/kana-en-aparte/kana-en-aparte-s02e02-slam-dunk-aux-origines-du-succes)) ! Cet échange est réalisé entre Maxime Bender, notre animateur et Yuki Takanami, notre éditrice en charge de l'édition Deluxe de Slam Dunk ! Par cette discussion, nous souhaitons mettre en avant les coulisses de sa fabrication, quelles ont été nos problématiques ? Comment on adapte une série aussi phénoménale que Slam Dunk ? Réponse ici !Retrouvez Slam Dunk chez les éditions Kana : ICI (https://www.kana.fr/series/slam-dunk-deluxe/)Synopsis : À travers la version Deluxe de Slam Dunk, Takehiko Inoue nous plonge dans son oeuvre comme cela n'avait jamais été possible auparavant. Suivez le jeune Sakuragi qui se lance dans le basket-ball ! Même si au départ, il le fait pour épater la belle Haruko, il va se prendre au jeu et découvrir que se dépasser est la plus belle des motivations ! Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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