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Simone David (Traducteur)
EAN : 9782264018373
241 pages
10-18 (26/11/1993)
3.82/5   34 notes
Résumé :
Mrs. Gereth n'a accepté l'invitation des Brigstock à Waterbath que pour vérifier si son fils Owen est épris de leur fille Mona, ce qu'elle redouté car elle a toujours pensé qu'il s'enticherait d'une pimbêche sans intérêt.
Ses craintes se trouvent confirmées et la consternation s'y ajoute : Waterbath est un monument de mauvais goût risible et désolant. Mrs. Gereth éprouve un certain soulagement à en rire avec une autre invitée, la jeune Fleda Vetch, qui tranch... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Parmi la profusion de romans que Henry James a écrits, les chefs d'oeuvre les plus connus (Portrait de femme, Les ambassadeurs...), par leur prestige colossal, font beaucoup d'ombre à leurs petits frères. Si Les dépouilles de Poynton fait assurément partie de ces derniers, il n'empêche que c'est un texte attachant dans lequel se retrouvent réduits à une expression plus concise et peut-être plus accessible les thèmes chers au grand auteur américain.

L'intrigue peut sembler datée ou loin des considérations d'un lecteur contemporain : Mrs Gereth, veuve anglaise issue de la gentry, voue une passion sans bornes à sa collection d'objets d'art, collection patiemment constituée qu'elle conserve dans sa magnifique propriété de Poynton. Lorsque son unique fils Owen, rejeton sans grande substance, se fait mettre la corde au cou par la philistine Mona Brigstock, la mère du jeune homme, prête à tout pour ne pas voir l'oeuvre de sa vie passer entre des mains incultes lorsque l'union sera célébrée, soumet de force à ses projets fous sa protégée, Fleda Vetch, une jeune femme sans fortune mais douée d'un sens inné de tout ce qui est beau. de déménagements clandestins en stratagèmes machiavéliques pour faire capoter le mariage de son propre fils, Mrs Gereth ne recule devant rien pour conserver pour elle sa collection chérie, et entraîne dans les dilemmes les plus terribles sa jeune amie qui, entre temps, n'a pas manqué de tomber elle-même amoureuse d'Owen.

Totems d'un bon goût exclusif pour Mrs Gereth, objets précieux dont la valeur marchande et patrimoniale saute aux yeux de Mona, les « dépouilles » qui trônent à Poynton finissent par devenir, au fil du roman, les prétextes à toutes les manigances pour que se joue en leur nom un bras-de-fer terrible entre les deux femmes, dont Owen se résout par nature à n'être que le spectateur, tandis que Fleda en devient malgré elle le dommage collatéral tragique.

La figure de la jeune femme désargentée occupe toujours une place centrale chez James. Dans Les dépouilles de Poynton, l'auteur a eu l'idée ingénieuse d'en faire à la fois l'instrument par lequel les coups sont portés et le bouclier qui les reçoit. En effet, contrainte par sa position sociale fragile à une obéissance silencieuse à sa bienfaitrice, Fleda se plie à toutes les idées fixes de la formidable Mrs Gereth, figure marquante et imposante d'un livre bref dont elle est le dragon. Cette maîtresse mère inaugure, cent ans avant la Patsy Stone d'Absolutely Fabulous ou la Karen Walker de Will & Grace, le personnage de la peau-de-vache plus-que-parfaite, odieuse, égoïste, totalement déraisonnable et indéboulonnable dans ses lubies, qui donne à Henry James l'occasion de montrer un talent qu'on lui connaît moins : un humour extrêmement caustique, qui confère à ce petit roman une tonalité comique savoureuse. En quelques dizaines de page, c'est tout un théâtre qui défile sous nos yeux et ne se départit jamais ni de légèreté, ni de profondeur : l'âme humaine y est sondée avec une acuité sans pareille, et l'on referme Les dépouilles de Poynton avec le sourire aux lèvres et la sensation d'avoir aperçu, à travers le microcosme de ces quelques personnages, bien plus que cela.
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Trois critiques seulement et une cinquantaine de lecteurs sur Babelio pour un texte aussi achevé, pour un roman aussi prenant! Certes, l'oeuvre de Henry James est vaste. Pourtant, comme pour la plupart des grands écrivains, ses titres moins connus n'offrent pas moins d'intérêt que ceux que tout le monde lit. Une sélection sans doute en partie involontaire, mais certainement impitoyable, rejette hélas dans l'ombre certains livres qui méritent tout sauf un quasi-oubli.
« Les Dépouilles de Poynton » fait partie de ce lot. Publié en 1897 – la même année que « Ce que savait Maisie », c'est-à-dire déjà relativement tard dans la carrière de James –, ce roman concentre tout son talent dans un récit assez court, dont le sujet paraît de prime abord plus anecdotique que ceux d'autres textes plus connus. Pourtant, au fil des pages, on est pris peu à peu par cette histoire et celle-ci se révèle, grâce à la pénétration psychologique de l'auteur, tout sauf anodine.
Mrs. Gereth a accumulé avec feu son mari une collection vaste et admirable de meubles et d'objets d'art dans leur demeure de Poynton. Veuve, elle se retrouve, en vertu de la loi anglaise, dépouillée du manoir et de sa collection au profit de son fils unique, Owen, et doit déménager dans une maison plus modeste. Owen Gereth, beau garçon candide et dénué de tout sens artistique, s'est fiancé à une femme, Mona, qui, bien que décrite comme « vulgaire », a vite compris l'inestimable valeur de Poynton. Mrs. Gereth s'engage alors dans un combat farouche pour éviter la dilapidation de sa collection. Elle s'allie pour cela à Fleda Wetch, une jeune fille pauvre, intelligente, et surtout dotée d'un goût sûr et d'un amour absolu pour l'art. Ce qui ressemble au départ à une étude sur un personnage de femme – Mrs. Gereth – dominée par sa passion pour les choses au risque d'abdiquer tout amour maternel s'enrichit quand le désir prend des voies qu'on ne soupçonnait pas et que commence entre Owen, Mona et Fleda un dangereux chassé-croisé sentimental, doublé d'un questionnement implicite sur les barrières sociales.
Les relations entre Mrs. Gereth, inoubliable figure dotée d'une volonté de fer, son fils, Fleda et Mona donnent lieu à des scènes d'une vivacité extraordinaire, où James laisse se déployer son génie du dialogue. Les retournements se succèdent, l'intrigue évolue rapidement et tient le lecteur en haleine, tenaillé par le destin des personnages que lient d'abord les merveilles de Poynton, puis des sentiments plus profonds: amour, matérialisme, cupidité, magnanimité s'entrelacent. de crises en apaisements, ce sont au total les raisons de vivre de ces quatre êtres qui se trouvent mises en question; l'aspect anecdotique qui dérangeait presque au début se fait totalement oublier.
Je suis sorti sonné de cette lecture, émerveillé par les moyens souverains de James – par tant d'intelligence dans la manière de mener l'intrigue, par sa façon de laisser le narrateur et son regard à la fois distant et ironique discrètement présents –, ébloui par le relief que prennent les personnages à mesure qu'avance l'histoire, charmé, enfin, par l'humour qui vient alléger une intrigue souvent sombre, voire violente.
Il faut lire « Les Dépouilles de Poynton » autant que les romans ou nouvelles de James plus connus, et il faut remercier l'excellente maison Sillages pour sa réédition (2018) de la très fluide traduction de Simone David, initialement parue en 1929.
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L'histoire : la beauté ne sauvera pas le monde, mais bien au contraire ne suffira pas pour sauver les humains de leurs affreux sentiments qu'ils n'assument pas du tout et de leurs sales jeux de manipulation qui les détruisent.
Au final un mariage pas heureux, des délaissés, des blessures pour rien, et une baraque remplies de beautés qui part en fumée.
Plus belle la vie.

A part ça, oui : Henry James écrit et dessine tout ça, toutes ces intimités de façon fine, juste et étonnante. Ce talent qui augmentera votre rage contre la bêtise et la perversité des petits jeux humains.
Et l'histoire se répétera.
Bien sûr.

4 étoiles pour la forme, le style, James.
0,5 étoile pour le fond.
Je fais le dos rond et arrive à trois.
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Poynton est une magnifique propriété du sud de l'Angleterre. A la mort du propriétaire tout va passer dans les mains de son fils Owen Gereth, et quand je dis tout c'est vraiment tout : la maison, le domaine, les meubles et toutes les oeuvres d'art qu'Adela Gereth et son époux, amateurs de beauté, avaient patiemment amassés.
La laideur, les niaiseries esthétiques sont pour Mrs Gereth « une secrète souffrance » aussi lorsqu'Owen s'éprend et se fiance à Mona Brigstock qui n'a aucun goût pour les belles choses et qui offre « le hideux spectacle d'une pimbêche disgracieuse et mal habillée » , Mrs Gereth sait qu'il va lui falloir agir avec célérité et détermination.
Owen Gereth n'a jamais aimé Poynton aussi faut-il une stratégie à Mrs Gereth et cette stratégie s'apelle Fleda Vetch, une jeune personne élégante mais pauvre, intelligente et sensible à l'art et qui va servir d'intermédiaire entre les différents protagonistes, l'essentiel étant pour Mrs Gereth que jamais oh grand jamais ! Mona ne puisse devenir la propriétaire des merveilles de Poynton quitte à ce que son fils s'unisse à quelqu'un sans le sou.

Henry James est habile et se joue de son lecteur, nous sommes immédiatement ralliés à sa cause alors que nous n'avons jamais le plaisir de visiter vraiment Poynton. Tout est dans l' art du sous-entendu, du dit à demi.
Fleda et Mrs Gereth s'installent dans une maison charmante mais à mille lieux de l'héritage convoité. Et le temps et les manipulations de Mrs Gereth font leur chemin, Owen finit par être troublé par Fleda mais il n'est pas si facile de défier et duper Mona Brigstock.
Tout le talent d' Henry James est là. Ce n'est pas une de ses oeuvres majeures mais quel plaisir de suivre les manipulations des uns, les réticences des autres, les fourberies et les scrupules, les promesses faites et non tenues, les vainqueurs et les vaincus. C'est tortueux à souhait, on éprouve de la sympathie pour Fleda, de l'agacement devant la bêtise d'Owen.

Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Un des meilleurs romans d'Henry James. Avec son style unique, il analyse et fouille l'âme et révèle la vanité des attachements matériels. Il raconte une histoire d'amour gâché poignante et nous émeut par la grâce discrète de ses observations. Une réussite. A lire.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Tout le monde, tout dans cette histoire, est en conséquence stérile, excepté Mona, construite si vigoureusement, capable à tout moment de faire porter tout son poids mort sur n'importe quel pouce de terrain qui résisterait. Fleda, obligée de ne pas faire attention aux petites surfaces ne voit et ne sent donc qu'en termes de vastes étendues et d'immensités bleues ; par comparaison, Mrs. Gereth, également, laisse échapper la moitié des points de la toile qu'elle cherche à tisser, en laissant errer son imagination.
[Préface]
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- Vous simplifiez beaucoup trop. Vous l'avez toujours fait et vous continuerez. La vie est beaucoup plus embrouillée que vous ne l'avez, je crois, jamais compris. [...]
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Fleda et Owen debout près de la porte se regardèrent alors gravement sans parler. Leurs yeux se rencontrèrent une fois de plus, un long moment, et elle sentit qu'elle avait dans les siens quelque chose que l'obscurité n'éteignait pas, qu'il n'y avait jamais vu, qu'il n'y reverrait peut-être jamais. Il resta assez longtemps pour recueillir ce regard, pour le recueillir avec des yeux assombris où pointaient la surprise…
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Vidéo de Henry James
Avec "La Bête", le réalisateur Bertrand Bonello reprend à sa manière la nouvelle "La Bête dans la jungle", de Henry James, en plongeant Léa Seydoux dans un futur dystopique qui rappelle notre propre présent et dans lequel les émotions n'ont plus lieu d'être. Il est l'invité de Géraldine Mosna-Savoye et Nicolas Herbeaux.
Visuel de la vignette : "La Bête" de Bertrand Bonello, 2024 - Carole Bethuel
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