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EAN : 9782070718207
294 pages
Gallimard (04/01/1990)
3.58/5   44 notes
Résumé :
J.H.H (Jeune Homme Hogan), vingt-neuf ans, né à Langson (Vietnam), entreprend autour du monde une déambulation qui est une fuite perpétuelle. Du Cambodge au Japon, de New-York à Montréal et Toronto en passant par la Californie et le Mexique, il se radiographie en radiographiant l'univers et ses villes monstrueuses, ses autoroutes et ses déserts, ses montagnes et ses ports, les grouillantes populations mourant de misère sur des sols pourris. Le mythe moderne, inséré ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Vous cherchez du pittoresque? de l'exotique? ou même du récit de voyage?
Passez votre chemin, ou plutôt restez dans votre fauteuil, ou sur votre plage au mois d'août.
Ce livre n'est pas pour les sédentaires.
C'est un livre de mouvement, de dynamique. Il est pour ceux acceptent de se contenter du minimum de repères, de voir les paysages se déformer pour voir l'envers du décor, voir le monde tel que le perçoit celui qui fuit.
Pas d'analyse, mais un point de fuite, le point de vue de celui qui brouille les limites.
Alors oui, quelquefois on saisit le lieu dont il s'agit, mais fugacement, fugitivement. On le découvre disséqué par un regard sans cesse en mouvement qui passe de la trivialité, le plus souvent, au sublime, rarement. Mais même ces catégories sont des repères trop clairs. Il n'y a aucune recherche de vérité, seulement une façon de dire la vie et le mouvement, la mort et le repos dans différents coins du globe. Et le sublime jaillit du trivial, et inversement.
De plus l'auteur entrecoupe son texte d'autocritiques, de rejet de ce qu'il écrit, du ratage en cours. Et le texte prend des virages, des tête-à-queue, des embardées.
Un livre labyrinthe comme celui-là peut paraître rébarbatif, mais si on se laisse porter par la poésie profonde et le mouvement perpétuel, l'on prend un plaisir infini à apercevoir le coeur des choses, à goûter la poésie qui nous fait voir le monde autrement, qui nous invite à la découverte sans cesse renouvelée.
Alors si l'aventure vous tente, n'hésitez pas!

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Avec "Le livre des fuites", J.M.G. le Clézio donne, pour la première fois, l'impression d'ouvrir ses récits à d'autres paysages que la ville côtière de ses romans précédents. Bien que, dans "Le déluge", le personnage principal prend la poudre d'escampette, son périple ne le mène pas bien loin. La fuite est comme avortée.
Dans "Le livre des fuites", Jeune Homme Hogan parcours le monde. Il traverse les mers, se perd dans un désert, avance là où le vent le pousse, sans savoir pourquoi. Il sait seulement qu'il ne pouvait rester entre les quatre murs de sa chambre, lieu de tous les mensonges et des fausses apparences. Il ne s'arrêtera que lorsqu'il pourra voir le monde sans filtre trompeur.
Mais ce mouvement incessant, cette fuite, ne sont qu'apparences eux-mêmes. J.H. Hogan est le pantin de l'auteur qui reste assis sur sa chaise, enfermé dans sa chambre. Cette mise en abyme de le Clézio met en évidence toute l'ambiguïté de la littérature, qui veut tout dire, tout montrer de l'univers, mais qui n'arrive pas, malgré des siècles de papiers grattés et de paroles portées, à atteindre son but.
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Voyagez avec JH Hogan, mais n'entreprenez ce voyage qui si vous aimez le roman moderne, sans quoi vous risquez de vous perdre.

Hogan parcourt le monde et le continents, mais le voyage qu'il entreprend est initiatique. Il ne cherche pas l'exotisme ou à vivre des aventures : il parcourt le monde pour rompre les habitudes du quotidien, pour accéder à une nouvelle forme de conscience.

La meilleure illustration de ce thème est l'épisode qui sa passe à Angkor, au Cambodge. On pourrait s'attendre à une description exotique des temples, mais Le Clézio centre l'attention du lecteur sur une jeune homme qui joue un air de flûte. Cette musique ne porte aucun sens, elle illustre simplement une forme pure d'esthétisme.

Le "récit entrecoupé de poèmes et d'autres écrits revêt un caractère poétique.

On se plait à fuir avec Le Clézio dans ce déplacement incessant à le recherche du sens.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Je voudrais bien écrire comme on parle. Je voudrais bien écrire comme on chante, ou comme on hurle, ou simplement comme on allume une cigarette avec une allumette, et on fume doucement, en pensant à des choses sans importance. Mais cela ne se fait pas. Alors, j’écris comme on écrit, assis sur la chaise de paille, la tête un peu penchée vers la gauche, l’avant-bras droit portant au bout une main pareille à une tarentule qui dévide son chemin de brindilles et de bave entortillées.
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Dévorer les paysages, c’est donc cela qu’il me faut. Comme un qui ne serait jamais rassasié de terre, ou de vie, ou de femmes, à qui il en faudrait davantage. Il ne s’agit pas de comprendre. Il ne s’agit pas de s’analyser. Non, il s’agit de se faire moteur, monstre de métal chaud qui tire son poids vers ce qu’il ne sait pas. J’avance, vite, plus vite, avec effort, je me propulse sur la route inconnue, je bouge, je travers l’air, je file droit comme un trait vers d’autres régions qui vont s’ouvrir à leur tour. Les portes ne cessent pas. Je n’écoute rien. Ecouter quoi ? S’arrêter où ? Les langages pullulent, les visages sont brisés par vagues. Comprendre quoi ?
Il n’y a rien à comprendre, rien du tout. Il n’y a pas d’enchainements, pas de raisons. Il faut bouger, coûte que coûte, détaler à travers les champs épineux, dévaler les pentes de collines, courir sous le soleil, frapper la terre avec la plante de ses pieds. Je dévore les paysages, comme ça, et puis aussi les gens, les lèvres des jeunes femmes, les mains de vieillards, je ronge le dos des enfants. Tout ce qui s’offre, change incessamment. J’étire mon corps à travers l’espace. Il faut peupler. Je couvre les suites de kilomètres. Il faut arpenter. C’est moi qui fais les routes, et qui les mange au fur et à mesure. Un fleuve ? Je jette un pont. Une montagne ? Je fore un tunnel. Une mer ? Je bois, je bois.
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Je veux fuir dans le temps, dans l'espace. Je veux fuir au fond de ma conscience, fuir dans la pensée, dans les mots. Je veux tracer ma route, puis la détruire, ainsi, sans repos. Je veux rompre ce que j'ai créé, pour créer d'autres choses, pour les rompre encore. C'est ce mouvement qui est le vrai mouvement de ma vie: créer et rompre. Je veux imaginer, pour aussitôt effacer l'image. Je veux, pour éparpiller mieux mon désir, aux quatre vents. Quand je suis un, je suis tous. J'ai l'ordre aussi, le contre-ordre, de rompre ma rupture, dès qu'elle est advenue. Il n'y a pas de vérité possible, mais pas de doute non plus. Tout ce qui est ouvert, soudain se referme, et cet arrêt est source de milliers de résurrections. Révolution sans profit, anarchie sans satisfaction, malheur sans bonheur promis. Je veux glisser sur les rails des autres, je veux être mouvement, mouvement qui va, qui n'avance pas, qui ne fait qu'énumérer les bornes.
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Penser était dangereux. Marcher était dangereux. Parler, respirer, toucher étaient dangereux. Les éclats se ruaient de toutes parts à l’assaut, les signes aux grands bras pleins d’éclairs bondissaient devant les yeux. La page blanche immense était étendue comme un piège sur le monde, elle attendait le moment où tout serait vraiment effacé. Les hommes, les femmes, les enfants, les animaux et les arbres bougeaient derrière ces peaux transparentes, et le soleil mitraillait de toute sa chaleur blanche et dure. Tout était comme ça, il n’y avait probablement rien à faire. Et un jour, sans doute, on serait devenu pareil aux autres, un vrai signal de lumière, à l’angle d’un carrefour, une lampe un peu clignotante, un peu étoile aux rayons effilochés, prisonnière du dessin. On ne pourrait plus dire non, ni fermer les yeux en s’en allant. On aurait sa vie d’insecte fanatique, tout seul au beau milieu des autres, et on dirait oui, oui, je t’aime, tout le temps.
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Fuir, toujours fuir. Partir, quitter ce lieu, ce temps, cette peau, cette pensée. M’extraire du monde, abandonner cette propriétés, rejeter mes mots et mes idées et m’en aller. Quitter pour quoi ?pour qui ? Trouver un autre monde, habiter une autre ville, connaitre d’autres femmes, d’autres hommes, vivre sous un autre ciel ? Non, pas cela, je ne veux pas mentir. Les chaines sont partout. La ville, la foule, les visages connus sont partout. Ce n’est pas cela qu’il faut quitter. Un déplacement géographique, un petit glissement vers la droite, ou vers la gauche, à quoi bon ? Fuir, c’est-à-dire trahir ce qui vous a été donné, vomir ce qu’on a avalé au cours des siècles. Fuir : fuir la fuite même, nier jusqu’à l’ultime plaisir de la négation. Entrer en soi, se dissoudre, s’évaporer sous le feu de le conscience, se résoudre en cendre, vivement, sans répit.
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Vidéo de J.M.G. Le Clézio
Cette semaine, La Grande Librairie s'installe à Marseille et propose une émission exceptionnelle, en public, à l'occasion des Nuits de la lecture et des 10 ans du Mucem. Au coeur de ce musée dédié aux cultures de la Méditerranée, des écrivains, des librairies et des lecteurs pour une soirée dédiée aux mots, aux mille identités de l'espace méditerranéen, et à cette idée que la littérature est toujours un lieu de rencontres, de partage et de commun.
Augustin Trapenard est donc allé à la rencontre du lauréat du prix Nobel 2008 Jean-Marie Gustave le Clézio. Il est venu présenter son dernier ouvrage, "Identité nomade" (Robert Laffont), explorant son parcours d'écrivain, ses voyages et ses affiliations. L'auteur s'interroge également sur le pouvoir de la littérature dans le monde contemporain. Un récit introspectif captivant sur l'essence de l'écriture. le tout, durant une magnifique balade à Nice, ville qui l'a vu naître.
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