Je m’appelle Philippe Le Gwen et ceci est mon testament. Je suis un stringer. Chaque soir vous voyez mes images sur vos écrans de télévisons. Chaque soir je risque ma vie pour que vous sachiez ce qu’il se passe sous vos fenêtres, à quelques blocs de chez vous. Nous sommes le vendredi 12 janvier 1999, depuis le début de cette semaine j’ai filmé la mort de vingt-deux personnes. Des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards, qui ne demandaient qu’à vivre en paix. Chaque soir, dans cette ville, des personnes comme vous meurent par dizaines, oubliés ou assassinées. Vous les regarder mourir dans votre télé. Vous êtes blasés. Autour de vous, le monde se casse la gueule et vous le regarder s’effondrer, comme si vous étiez au cinéma. Vous attendez la publicité pour aller pisser, vous ne vous sentez pas concernés… Mais ce monde est le nôtre. Il appartient à chacun d’entre nous. C’est notre responsabilité. J’ai filmé plus de deux cents cassettes, elles témoignent des crimes que vous laissez commettre. Vous vous cachez et vous croyez être en sécurité. Vous ne l’êtes pas. Personne ne l’est. Demain, c’est vous qui mourrez.