Thierry Jonquet est un des grand auteur français du polar et du roman noir, par trop sous-estimé à mon avis, ce "
Moloch" le prouvant encore une fois.
Moloch, divinité païenne à qui des enfants sont sacrifiés.
Le titre donne le ton du roman, agrégat de nuances de noir, sans compromis, sans espoir, au bout de l'abject, glacial. Pas de pathos, les faits, dans leur crue nudité, violents et cliniquement exposés par une écriture désincarnée, objective.
L'on retrouve son équipe enquêtrice, la juge Nadia Linz, les policiers Rovère, Dimiglio, Choukroun . Oui cette équipe popularisée à la télévision par la série, au demeurant sympathique, "Boulevard du palais" ; mais oubliez-là, nous sommes sur beaucoup plus rude, complexe et sauvage, le filtre du politiquement diffusable à 20h50 n'est pas passé par le roman.
Là, cette équipe récurrente sert de point de rencontre de ces histoires de psychopathes ordinaires, qui se télescopent sans s'imbriquer, et elle s'efface au profil de leurs protagonistes, qui de secondaires deviennent les personnages principaux, véritable tour de force narratif donnant au roman sa puissance.
Ces différentes histoires, l'ex militaire traumatisé et crucifié sur sa rédemption, les trafiquants d'enfants sacrifiés, la pédophilie ordinaire, l'artiste halluciné shooté à sa folie et catalyseur de la trame narrative, le syndrome de Munchausen extrémiste, sont les véritables centres d'intérêts de ce formidable roman, chirurgical et fataliste, d'une dureté implacable servi par une écriture ciselée. L'oeuvre ne se raconte pas, elle se découvre.
Insistons, Jonquet est un grand auteur français.