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sur 508 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Thierry Jonquet est un des grand auteur français du polar et du roman noir, par trop sous-estimé à mon avis, ce "Moloch" le prouvant encore une fois.

Moloch, divinité païenne à qui des enfants sont sacrifiés.
Le titre donne le ton du roman, agrégat de nuances de noir, sans compromis, sans espoir, au bout de l'abject, glacial. Pas de pathos, les faits, dans leur crue nudité, violents et cliniquement exposés par une écriture désincarnée, objective.
L'on retrouve son équipe enquêtrice, la juge Nadia Linz, les policiers Rovère, Dimiglio, Choukroun . Oui cette équipe popularisée à la télévision par la série, au demeurant sympathique, "Boulevard du palais" ; mais oubliez-là, nous sommes sur beaucoup plus rude, complexe et sauvage, le filtre du politiquement diffusable à 20h50 n'est pas passé par le roman.
Là, cette équipe récurrente sert de point de rencontre de ces histoires de psychopathes ordinaires, qui se télescopent sans s'imbriquer, et elle s'efface au profil de leurs protagonistes, qui de secondaires deviennent les personnages principaux, véritable tour de force narratif donnant au roman sa puissance.
Ces différentes histoires, l'ex militaire traumatisé et crucifié sur sa rédemption, les trafiquants d'enfants sacrifiés, la pédophilie ordinaire, l'artiste halluciné shooté à sa folie et catalyseur de la trame narrative, le syndrome de Munchausen extrémiste, sont les véritables centres d'intérêts de ce formidable roman, chirurgical et fataliste, d'une dureté implacable servi par une écriture ciselée. L'oeuvre ne se raconte pas, elle se découvre.

Insistons, Jonquet est un grand auteur français.
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Le grand public connaît-il l'écrivain Thierry Jonquet ? Il est pourtant à l'origine de la très populaire série télévisée « Boulevard du Palais », où une juge d'instruction travaille avec un commissaire de police sur des affaires plus que terrifiantes. Thierry Jonquet est un des auteurs emblématiques du néo-polar français (à la suite de Jean-Patrick Manchette). Il est souvent associé à Didier Daeninckx, Frédéric H. Fajardie, Jean Bernard Pouy, Hervé Prudon, Jean Vautrin et Marc Villard. Dans ses romans, le drame et la tragédie sont le moteur de l'action (comme dans « Mygale » adapté par Pedro Almodovar au cinéma). Il n'y a pas nécessairement une enquête mais plutôt la prospection des motivations de tueurs en série, d'êtres traumatisés, de monstres comme on les « aime ».
« Moloch » m'a interpellé pour deux raisons : ce roman noir est précédé d'une réputation sulfureuse ; et il suffit de citer les différents éléments de l'intrigue pour que ma curiosité soit attisée. Un psychanalyste reçoit, en tant que patient, un artiste complètement à la masse, adepte du body-art extrême, qui suspend son corps à des anneaux de boucherie. Une juge d'instruction, Nadia Lintz, fréquente les salles du Centre Pompidou pour admirer les nus masculins expressionnistes. Rovère est un flic qui aime bien le cubisme (le radical, celui des débuts, pas celui, édulcoré, de l'Art déco) mais il avoue que l'art contemporain le laisse de glace. Sans oublier un photographe dont l'appartement est décoré de tableaux réalistes socialistes, très staliniens. Voilà les ingrédients de ce roman de Thierry Jonquet, paru d'abord dans la Série noire, dont l'intrigue est particulièrement flippante. Il s'agit de retrouver le ou les assassins d'enfants brûlés vifs dans une maison abandonnée, en rase campagne. D'où le titre : Moloch est le démon qui tire sa joie des pleurs des mères à qui il vole leurs enfants pour les « consumer/consommer ».
Le croisement du polar et des arts plastiques modernes est plutôt inédit et rend ce roman presque déroutant, même si les personnages (la juge a un sentiment de culpabilité très prégnant ; le flic est désabusé et alcoolique) et la construction du récit restent au demeurant plutôt classiques. Et l'art contemporain dans tout cela, me demanderez-vous ? Il vous faudra pousser votre lecture jusqu'au dénouement pour savoir s'il a le beau rôle ou non …
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Moloch ne déroge pas au genre de Jonquet, bien au contraire, vous allez assister à une véritable descente aux Enfers, à un voyage au bout de la nuit dans les tréfonds de la déviance humaine. Âmes sensibles s'abstenir, Moloch n'est pas à mettre entre toutes les mimines !
Derrière cette quatrième de couverture biblique se cache une histoire épouvantable ou plutôt plusieurs histoires sinistres qui s'entrecroisent : des policiers parisiens doivent enquêter sur le meurtre épouvantable de quatre enfants dans un pavillon de la proche banlieue, un directeur de l'aile d'oncologie d'un hôpital et sa surveillante en chef ont des soupçons quant à la possible maltraitance de leur enfant par des parents apparemment bien sous tout rapport, un SDF illuminé part en croisade et un peintre condamné par la maladie confiant à son psychiatre sa volonté de finir en beauté en expérimentant encore plus loin le lien entre souffrance et Art... Tout un programme vous l'avez compris, avec une oeuvre dérangeante.
Avec ce livre, Jonquet colle au plus près du quotidien de ses personnages. Les différents chapitres correspondent aux jours qui s'égrènent depuis la découverte macabre jusqu'à la résolution de l'enquête. L'auteur très malin en profite pour nous asséner à chaque fois quelques scènes fortes, parfois plus intimistes et fait monter la mayonnaise comme il en a le secret. On a beau savoir que tout va se réunir pour former un ensemble cohérent, les voies de Jonquet sont impénétrables et cela déroute et excite la curiosité. Une fois happé dans ce roman, il est difficile de s'en échapper même si ici fascination et répulsion sont concomitants.
Il faut dire que Jonquet n'est pas réputé pour sa joie de vivre et ici c'est encore plus vrai que d'habitude avec pèle-mêle des thèmes plutôt angoissants et malsains. On ne tombe pas dans la facilité ou dans le voyeurisme mais plutôt dans un réel que l'on côtoie sans pour autant le voir ou vouloir le voir. Jonquet rappelons-le était un amoureux de la vie qui ne supportait pas l'injustice et les désordres de l'âme humaine qu'il aimait dénoncer à travers ses fictions. Dans Moloch, il est donc question de pédophilie et des réseaux oeuvrant dans l'ombre, de maladie mentale sanguinaire et perverse ,de l'exclusion sociale à travers le personnage de Charlie ancien militaire devenu SDF suite à son expérience rwandaise... Autant de personnages dérangés, en dehors des clous, qui hantent les pages du livre à la recherche d'un ailleurs meilleur par le Salut ou la destruction. Les contrastes sont forts et les policiers bien limités dans leur liberté d'action pour pouvoir arriver à une happy-end définitive...
On retrouve tout le talent de Thierry Jonquet pour planter un décor réaliste et des destinées tourmentées. le Paris des bas fonds (ici les Puces et la proche banlieue) est saisissant et nous plonge dans un monde interlope qui coexiste avec notre quotidien banal. le livre est donc parfois crû, direct, froid mais ne cède jamais à la complaisance. Les personnages sont ciselés comme à chaque fois avec cet auteur et le récit est ponctué de retournements de situations comme il sait si bien le faire. L'écriture est une merveille de nervosité, de précision et d'intelligence où nulle part n'est laissée au manichéisme et où la psyché humaine livre tous ses secrets même les plus inavouables.
Une grande et terrible expérience littéraire, un must dans le genre ! Foncez !
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L'histoire est prenante, souvent touchante ; je comprends bien que l'équipe de Rovère soit perturbée par ce qu'elle a vu. Pas évident !
J'ai découvert le syndrome de Münchhausen, dont est atteinte Marianne Quesnel, la mère de la petite Valérie.
Evidemment, vu le titre, le thème central est l'enfant, ses trafics ; donc sujet sensible
Jonquet a su choisir un vocabulaire (sans exagérer) qui fait que l'on est plongé dans le milieu : potiner, cloper, alpaguer, zoner, zoner, rectifier (tuer), ça fristouille, un monte-en-l'air, un rade, les quinquets, un fourguer (receleur), le pain de fesses

J'ai vraiment adoré ce livre, même s'il est rude parfois.
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La scène de crime de ce livre est la plus abominable, la plus atroce que j'ai lu de ma vie !!! âmes sensibles s'abstenir ... !! Une enquête policière qu'on ne peut lâcher ... En parallèle à cela, l'auteur soulève une maladie psychologique hyper interessante (qui touche les mères) et très peu connue ... à vous de la découvrir... comme toujours, T.Jonquet me scotche sur place !
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Entrée violente dans l'univers de Jonquet (premier roman que j'ai lu, y a un an et demi) mais ça ne me faisait pas peur, bien au contraire, en fan d'Ellroy. J'ai de suite apprécié l'horrible scène de crime, les scènes à l'hôpital, et surtout, surtout, le personnage de Charlie, qui se lance dans une cavalcade de justicier après la mort de la petite Helena... Charlie reste dans ma mémoire comme un second Hugo Cornélius Toorop (La Sirène rouge de Maurice G. Dantec) , deux personnages formidables.

Je dirais que le seul point noir vient du fait qu'à partir du moment où les scènes entre Haperman et le psychiatre sont installées, on sait quasiment qui est le meurtrier. Mais bon... le polar, le roman noir, n'est pas vraiment là pour l'énigme. le portrait social, les personnages, importent davantage, par rapport à un roman policier traditionnel à énigmes, ce n'est donc pas un reproche toujours valable... le reste de Moloch est si réussi et noir que ce n'est qu'un point mineur.

J'ai lu Les Orpailleurs bien plus tard, je l'ai préféré, et tous ces personnages avaient le potentiel pour une trilogie... En feuilletant l'inachevé Vampires, point encore lu, j'ai vu que Pluvinage réapparaissait, je ne sais pas trop si on peut le rattacher aux Orpailleurs et à Moloch... A voir!
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Un roman noir, très noir qui m'a plu dès les premières pages où plusieurs histoires s'entremêlent. Les inspecteurs Dimeglio et Dansel sont appelés sur une scène de crime où des corps carbonisés ont été retrouvés dans un pavillon d'une banlieue parisienne. Charlie, un paumé, va perturber l'enquête Quant à Françoise Delcourt, infirmière dans un service hospitalier, s'inquiète pour Valérie, une enfant, dont les symptômes ne sont pas en adéquation avec les suites de son opération. Et, encore bien d'autres personnages qui n'ont pas perturbé ma lecture car ils sont bien campés, décrits dans un quotidien peu réjouissant.

Le rythme est lent desservi par des chapitres longs. L'ambiance tient aux personnages à leur interaction, à l'ambiance, aux lieux, au quotidien malaisant. J'ai donc pris mon temps pour le lire et je replongeai dans ma lecture avec envie même si les sujets abordés sont lourds.
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Encore un polar qui restera dans ma mémoire. D'abord à cause de sa violence qui ne me semble que trop possible dans le contexte actuel. Ensuite par son originalité, le pluralisme des milieux sociaux qui se côtoient sans se mélanger. Enfin la qualité de l'écriture, ce roman se lit très facilement malgré les sujets ardus traités. Merci Monsieur Jonquet !
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Nous retrouvons trois ans plus tard les personnages du livre "Les Orpailleurs". La juge Nadia Lintz, l'inspecteur Rovère et son équipe.
Dans la tradition biblique, Moloch est le dieu auquel les Ammonites, une ethnie cananéenne, sacrifiaient leurs premiers-né en les jetant dans un brasier. C'est donc le thème du sacrifice des enfants qui est le fil conducteur du livre.
L'auteur va mêler deux histoires dont les victimes sont des enfants. La première commence très fort avec la description d'une scène de crime vraiment horrible : des cadavres d'enfants carbonisés, figés dans une dernière tentative désespérée d'échapper à la mort. Pourquoi étaient-ils enfermés dans ce pavillon prochainement détruit ? Qui a mis le feu ? En parallèle de cette intrigue principale, il y a l'histoire d'une mère qui empoisonne sa fille à l'insuline, la mère est atteinte du syndrome de Münchhausen.
C'est un vrai roman noir (certaines scènes peuvent difficiles à supporter) parfaitement construit, passionnant et poignant à la fois. Encore une belle découverte.
Lien : http://aproposdelivres.canal..
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la découverte de la scène du crime est un chef d'oeuvre
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