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sur 507 notes
Moloch , six lettres jaunes qui claquent sur fonds noir !
Moloch , aller simple pour l'enfer...

Jonquet , magistral troubadour disparu bien trop tot ( 1954 – 2009 ) , fait rarement dans l'allégresse et la jubilation . Moloch vous scotche ( juste un doigt alors ) du début à la fin , autant par le propos que la maitrise du récit .
Trois histoires concomitantes . Une équipe de fins limiers sur les dents...de l'amer . le tout sur fonds d'enfance sacrifiée , jouez hautbois , résonnez musette car aujourd'hui c'est la fete !
Des corps d'enfants retrouvés à moitié carbonisés et c'est une nouvelle et terrible enquete se profilant pour les protagonistes des Orpailleurs . D'autant qu'il semblerait qu'une potentielle petite victime ait réussi à en réchapper , offrant ainsi à Charlie , son courageux sauveur SDF , la possibilité de se muer en jeune et joyeux justicier frappant alors de son doigt ( juste un scotch alors ) vengeur tous les responsables de cette atrocité ! Nadia Lintz , jeune juge dépéchée sur l'affaire , doit parallelement gérer une sordide histoire de petite fille malade à l'hopital car possiblement empoisonnée par des parents visiblement au-dessus de tout soupçon ! Ajouter à cela un mystérieux peintre condamné par la maladie et confiant à son psy sa volonté affirmée de finir en beauté en égalant la puissance expressionniste du seul tableau qui le hante : le Cri d'Edvard Munch – l'une de ses 4 versions ayant récemment atteinte la modique et dérisoire somme de pres de 120 millions de dollars , une pécadille...Secouez énergiquement et laissez-vous embarquer par ce roman , véritable page-turner d'une noirceur contagieuse .

Trois raisons majeures à cette réussite incontournable :
Primo : la réelle profondeur des personnages englués dans leurs problemes du quotidien sur fonds de sujets aussi puissants que sont la pédophilie , la rédemption , la maltraitance .
Secondimo : trois histoires paralleles sans qu'aucune d'entre elles ne vienne tirer la couverture .
Trimo : écriture nerveuse , rebondissements à foison et final aussi surprenant que rationnel font que ce bouquin se dévore plus qu'il ne se lit !

Concernant l'épisode de l'hopital et pour la petite histoire – et là , ami lecteur ayant fort justement décidé de le lire ultérieurement , il serait judicieux de sauter ces quelques lignes – Jonquet fut suspecté , à l'époque , de s'etre inspiré de l'affaire Kazkaz ( 1990 ) et accusé de violation du secret de l'instruction , cette derniere étant alors toujours en cours...

Vous ne regarderez plus les aventures du Baron de Munchausen du meme oeil ! ;)
Moloch , aussi mieux que Mygale sans etre tout à fait plus moins bien que le Bal des Débris !
Juste énorme !
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Thierry Jonquet est un des grand auteur français du polar et du roman noir, par trop sous-estimé à mon avis, ce "Moloch" le prouvant encore une fois.

Moloch, divinité païenne à qui des enfants sont sacrifiés.
Le titre donne le ton du roman, agrégat de nuances de noir, sans compromis, sans espoir, au bout de l'abject, glacial. Pas de pathos, les faits, dans leur crue nudité, violents et cliniquement exposés par une écriture désincarnée, objective.
L'on retrouve son équipe enquêtrice, la juge Nadia Linz, les policiers Rovère, Dimiglio, Choukroun . Oui cette équipe popularisée à la télévision par la série, au demeurant sympathique, "Boulevard du palais" ; mais oubliez-là, nous sommes sur beaucoup plus rude, complexe et sauvage, le filtre du politiquement diffusable à 20h50 n'est pas passé par le roman.
Là, cette équipe récurrente sert de point de rencontre de ces histoires de psychopathes ordinaires, qui se télescopent sans s'imbriquer, et elle s'efface au profil de leurs protagonistes, qui de secondaires deviennent les personnages principaux, véritable tour de force narratif donnant au roman sa puissance.
Ces différentes histoires, l'ex militaire traumatisé et crucifié sur sa rédemption, les trafiquants d'enfants sacrifiés, la pédophilie ordinaire, l'artiste halluciné shooté à sa folie et catalyseur de la trame narrative, le syndrome de Munchausen extrémiste, sont les véritables centres d'intérêts de ce formidable roman, chirurgical et fataliste, d'une dureté implacable servi par une écriture ciselée. L'oeuvre ne se raconte pas, elle se découvre.

Insistons, Jonquet est un grand auteur français.
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Ce n'est pas comme dans les tableaux du douanier Rousseau comme dirait la Compagnie Créole. Ici, le sol est boueux et la scène de crime, atroce.

Dès l'entame on vous assène: trafic d'enfants, performance artistique sanglante et empoisonnement d'enfant en milieu hospitalier.
Trois lignes narratives ou plutôt quatre avec le SDF Charlie, celui qui a tout vu, qui pourrait faire le lien entre elles.

La patte de Jonquet c'est non seulement d'approfondir la personnalité de tous les personnages jusqu'à diagnostiquer la maladie mentale de certains mais aussi de proposer un contexte où les difficultés sociales, comme un liant dans un plat, adhèrent parfaitement à l'intrigue.
Jonquet a bossé en milieu psychiatrique et cela se ressent. On dirait qu'il a le dossier de ses patients sous les yeux. Et même s'il ne peut les soigner véritablement, on trouve une forme d'empathie pour "ses malades".

Malades, il ne le sont pas tous. Les personnages principaux, La juge Nadia Lintz et le flic Rovere sont des personnages récurrents des livres de Jonquet et il sont bien connus des écrans de télévision avec la série "Boulevard du Palais". Sans oublier Dimeglio, Danset et Choukroun qui ferment la liste avec brio.
Je n'ai pas mordu à cette série télé mais l'univers de Jonquet me plaît énormément. La fin ne m'a pas surpris, ce sera ma seule réserve au terrifiant "Moloch".
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Jonquet nous garantit de pénétrer un univers aux multiples facettes.
Son monde est inscrit dans la marge, ses portraits attachants .
Sa plume engagée socialement, politiquement, dénonce les injustices , informe sur des sujets qui n'ont pas reçu un gros éclairage médiatique. Il nous manque!

Là, le trafic d'enfants et toutes les infamies qui se conjuguent autour de cette horreur. Et puis, Jonquet part dans tous les sens et nous le suivons la truffe au sol...

Vous y croiserez un syndrome post traumatique , le cri de Munch, le sacrifice d'Abraham, le syndrome de Munchausen par procuration, la vodka à l'herbe de bison, un gosse qui se teint les cheveux en rose, une petite fille muette, les Puces...

Lecture captivante, ouverte sur le monde.
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Je n'avais jamais ouvert un bouquin de Thierry Jonquet. Allez savoir pourquoi... Parce que je n'avais dépassé le premier quart d'heure des téléfilms inspirés de ses personnages? Jamais tombée au hasard sur une couverture qui tape dans l'oeil? Allez savoir. Et puis une amie qui déménage, ses livres qui transitent quelques semaines par chez moi, et un carton entier de polars. C'est qu'elle a bon goût, Vargas, Lehane, Hayder, Mankell, Indridasson. Et Jonquet.
Alors là, quelle claque! Une équipe de policiers qui ne jouent pas aux cow-boys, une juge toute jeune, et des meurtres mes amis, atroces, horribles, épouvantables, à faire des cauchemars pour le reste de vos nuits. Et un SDF justicier, la banlieue pas bien reluisante, la misère de tous les jours.
Et trois intrigues qui se répondent, le Cri de Munsch et le baron de Munschaüsen, et le terrifiant Moloch qui sacrifiait les premier-nés.
Un livre qu'on ne peut pas lâcher? Chapeau bas, Monsieur Jonquet, parti bien trop tôt.
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Le grand public connaît-il l'écrivain Thierry Jonquet ? Il est pourtant à l'origine de la très populaire série télévisée « Boulevard du Palais », où une juge d'instruction travaille avec un commissaire de police sur des affaires plus que terrifiantes. Thierry Jonquet est un des auteurs emblématiques du néo-polar français (à la suite de Jean-Patrick Manchette). Il est souvent associé à Didier Daeninckx, Frédéric H. Fajardie, Jean Bernard Pouy, Hervé Prudon, Jean Vautrin et Marc Villard. Dans ses romans, le drame et la tragédie sont le moteur de l'action (comme dans « Mygale » adapté par Pedro Almodovar au cinéma). Il n'y a pas nécessairement une enquête mais plutôt la prospection des motivations de tueurs en série, d'êtres traumatisés, de monstres comme on les « aime ».
« Moloch » m'a interpellé pour deux raisons : ce roman noir est précédé d'une réputation sulfureuse ; et il suffit de citer les différents éléments de l'intrigue pour que ma curiosité soit attisée. Un psychanalyste reçoit, en tant que patient, un artiste complètement à la masse, adepte du body-art extrême, qui suspend son corps à des anneaux de boucherie. Une juge d'instruction, Nadia Lintz, fréquente les salles du Centre Pompidou pour admirer les nus masculins expressionnistes. Rovère est un flic qui aime bien le cubisme (le radical, celui des débuts, pas celui, édulcoré, de l'Art déco) mais il avoue que l'art contemporain le laisse de glace. Sans oublier un photographe dont l'appartement est décoré de tableaux réalistes socialistes, très staliniens. Voilà les ingrédients de ce roman de Thierry Jonquet, paru d'abord dans la Série noire, dont l'intrigue est particulièrement flippante. Il s'agit de retrouver le ou les assassins d'enfants brûlés vifs dans une maison abandonnée, en rase campagne. D'où le titre : Moloch est le démon qui tire sa joie des pleurs des mères à qui il vole leurs enfants pour les « consumer/consommer ».
Le croisement du polar et des arts plastiques modernes est plutôt inédit et rend ce roman presque déroutant, même si les personnages (la juge a un sentiment de culpabilité très prégnant ; le flic est désabusé et alcoolique) et la construction du récit restent au demeurant plutôt classiques. Et l'art contemporain dans tout cela, me demanderez-vous ? Il vous faudra pousser votre lecture jusqu'au dénouement pour savoir s'il a le beau rôle ou non …
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Moloch ne déroge pas au genre de Jonquet, bien au contraire, vous allez assister à une véritable descente aux Enfers, à un voyage au bout de la nuit dans les tréfonds de la déviance humaine. Âmes sensibles s'abstenir, Moloch n'est pas à mettre entre toutes les mimines !
Derrière cette quatrième de couverture biblique se cache une histoire épouvantable ou plutôt plusieurs histoires sinistres qui s'entrecroisent : des policiers parisiens doivent enquêter sur le meurtre épouvantable de quatre enfants dans un pavillon de la proche banlieue, un directeur de l'aile d'oncologie d'un hôpital et sa surveillante en chef ont des soupçons quant à la possible maltraitance de leur enfant par des parents apparemment bien sous tout rapport, un SDF illuminé part en croisade et un peintre condamné par la maladie confiant à son psychiatre sa volonté de finir en beauté en expérimentant encore plus loin le lien entre souffrance et Art... Tout un programme vous l'avez compris, avec une oeuvre dérangeante.
Avec ce livre, Jonquet colle au plus près du quotidien de ses personnages. Les différents chapitres correspondent aux jours qui s'égrènent depuis la découverte macabre jusqu'à la résolution de l'enquête. L'auteur très malin en profite pour nous asséner à chaque fois quelques scènes fortes, parfois plus intimistes et fait monter la mayonnaise comme il en a le secret. On a beau savoir que tout va se réunir pour former un ensemble cohérent, les voies de Jonquet sont impénétrables et cela déroute et excite la curiosité. Une fois happé dans ce roman, il est difficile de s'en échapper même si ici fascination et répulsion sont concomitants.
Il faut dire que Jonquet n'est pas réputé pour sa joie de vivre et ici c'est encore plus vrai que d'habitude avec pèle-mêle des thèmes plutôt angoissants et malsains. On ne tombe pas dans la facilité ou dans le voyeurisme mais plutôt dans un réel que l'on côtoie sans pour autant le voir ou vouloir le voir. Jonquet rappelons-le était un amoureux de la vie qui ne supportait pas l'injustice et les désordres de l'âme humaine qu'il aimait dénoncer à travers ses fictions. Dans Moloch, il est donc question de pédophilie et des réseaux oeuvrant dans l'ombre, de maladie mentale sanguinaire et perverse ,de l'exclusion sociale à travers le personnage de Charlie ancien militaire devenu SDF suite à son expérience rwandaise... Autant de personnages dérangés, en dehors des clous, qui hantent les pages du livre à la recherche d'un ailleurs meilleur par le Salut ou la destruction. Les contrastes sont forts et les policiers bien limités dans leur liberté d'action pour pouvoir arriver à une happy-end définitive...
On retrouve tout le talent de Thierry Jonquet pour planter un décor réaliste et des destinées tourmentées. le Paris des bas fonds (ici les Puces et la proche banlieue) est saisissant et nous plonge dans un monde interlope qui coexiste avec notre quotidien banal. le livre est donc parfois crû, direct, froid mais ne cède jamais à la complaisance. Les personnages sont ciselés comme à chaque fois avec cet auteur et le récit est ponctué de retournements de situations comme il sait si bien le faire. L'écriture est une merveille de nervosité, de précision et d'intelligence où nulle part n'est laissée au manichéisme et où la psyché humaine livre tous ses secrets même les plus inavouables.
Une grande et terrible expérience littéraire, un must dans le genre ! Foncez !
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Moloch, roman inspiré de faits réels( l'affaire Kazkaz, une mère accusée d'avoir empoisonnée sa fille). Enquête sur l'enfance ,le viol, la prostitution, la persécution, la souffrance et le syndrome de Münchhausen (blesser volontairement pour attirer l'attention).
"La monstruosité est la chose au monde la plus répandue, avec la bêtise"
Un chef d'oeuvre
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Durant la pause littéraire, de bien trop courte durée, que procure la période estivale, c'est l'occasion de découvrir ou redécouvrir quelques romans en piochant sur les étalages des librairies qui croulent sous les assortiments d'ouvrages en format poche. Dans le domaine du roman noir et du polar, c'est également une opportunité pour remettre au goût du jour quelques auteurs ayant disparu précocement et dont l'oeuvre a sombré bien trop rapidement dans l'oubli à l'instar de Jean-Claude Izzo ou de Thierry Jonquet qui ont marqué l'univers du polar durant toute la décennie précédent les années 2000. Avec Moloch, de Thierry Jonquet on aborde sous l'angle du fait divers sordide, une enquête mettant en scène l'équipe de l'inspecteur divisionnaire Rovère qui a inspiré les personnages de la série Boulevard du Palais.

On découvre quatre petits cadavres partiellement carbonisés dans une maison abandonnée du côté de la porte de la Chapelle et c'est l'équipe de l'inspecteur divisionnaire Rovère qui est chargée de l'enquête sous la direction de la juge d'instruction Nadia Lintz.
A l'hôpital Armand-Trousseau, la surveillante en chef Françoise Delcourt réclame depuis plusieurs jours le carnet de santé de la petite Valérie atteinte d'un cancer du pancréas. Heureusement, la fillette peut compter sur le soutien de ses adorables parents avec une mère exemplaire de courage qui suscite l'admiration. Mais la lecture du document recèle quelques surprises.
Le psychiatre Vilsner reçoit depuis plusieurs mois la visite d'un étrange patient. Atteint d'une infection au niveau des yeux qui le rendra très prochainement aveugle, le peintre Haperman a annoncé qu'il mettrait fin à ses jours au terme de sa thérapie.
Victimes, proies faciles, trois affaires convergentes où il est question de souffrance et d'innocence bafouée car sur l'autel du sacrifice, Moloch, divinité cruelle, réclame toujours sa part d'enfants à immoler.

Issu du courant néo polar, comme bon nombre d'auteurs français, Thierry Jonquet a rédigé ses textes avec la volonté de dénoncer les carences sociales par l'entremise du roman noir qu'il a découvert notamment avec l'oeuvre de Jean-Patrick Manchette. Engagé politiquement, mais également professionnellement que ce soit comme ergothérapeute en gériatrie ou professeur dans la zone périphérique du nord de Paris, l'auteur a donc puisé dans la somme de ses expériences pour enrichir des récits d'une terrible noirceur qui s'enracinent toujours dans un réalisme déconcertant. Ainsi Moloch ne déroge absolument pas à cette règle de naturalisme que ce soit lors des investigations policières et judiciaires, mais également durant toutes les phases se déroulant dans le milieu médical. L'abandon, le dénuement, mais également dans le deuil que l'on doit surmonter ou l'attachement tout en ambiguïté, Thierry Jonquet aborde la thématique de l'enfance malmenée et bousculée dans le contexte de trois intrigues très adroitement menées qui vont trouver leurs conclusions dans une finalité qui devient l'enjeu du roman. En effet, même si l'on perçoit très rapidement quelques ressorts des différentes péripéties qui alimentent le récit, le lecteur est plongé dans une perpétuelle perplexité quant à la découverte des éléments qui vont permettre de les mettre en lien dans la perspective d'un final troublant et forcément désespérant.

Un texte précis équilibré, dépourvu d'effets de style ostentatoire où chaque mot semble avoir été pesé, permet d'appréhender avec une facilité déconcertante la multitude de personnages qui entrent en scène dans un roman somme toute assez court. Qu'ils soient principaux ou secondaires, l'ensemble des protagonistes est doté d'une épaisseur qui leurs donne un certain relief tout en nous permettant d'appréhender leurs divers états d'âme en rapport avec des faits douloureux qui ne sont pas forcément en lien avec l'intrigue. Dans une construction aussi subtile qu'implacable, Thierry Jonquet chronique un ensemble de faits divers à la fois cruels et abjects, sans pour autant sombrer dans une forme de voyeurisme pervers ou morbide. Car au-delà de l'ignominie des actes, l'auteur parvient toujours à insuffler cette petite part d'humanité que l'on peut même déceler dans le coeur des individus les plus monstrueux. Cela transparaît notamment avec Charlie, ce SDF paumé, ancien soldat affecté dans une unité du génie, victime d'un traumatisme après avoir été engagé au Rwanda dans le cadre de l'opération Turquoise ou avec Marianne, cette mère courage qui noie son enfant malade sous un déluge d'affection équivoque. Cette humanité elle transparaît également au travers des personnages tels que l'inspecteur divisionnaire Rovère qui doit surmonter le deuil de son enfant et la juge d'instruction Nadia Lintz qui doit accompagner sa meilleure amie pour une interruption volontaire de grossesse. Tout un ensemble de protagonistes confrontés à cet univers lourd de la maltraitance d'enfants et qui apparaissaient déjà dans un roman intitulé Les Orpailleurs (Folio Policier 1993) évoquant les premières investigations mettant en scène les membres de cette équipe d'enquêteurs.

Moloch donne également l'occasion de découvrir Paris sous un aspect aussi attrayant qu'original, puisque l'auteur nous entraîne avec force de précisions dans le périmètre des entrepôts qui bordent le canal de l'Ourcq, les Puces de Saint-Ouen, les chantiers et autres terrains vagues qui jouxtent le périphérique du côté de la porte de la Chapelle. Un portrait sans fard, mais également sans misérabilisme où enquêteurs, délinquants, travailleurs, résidents et touristes se côtoient dans les méandres d'une ville que Thierry Jonquet dépeint avec beaucoup de justesse sans rien concéder au cliché de carte postal ou au sensationnalisme de bas étage tout en distillant une atmosphère à la fois trouble et pesante pour un roman policier original, tout en rigueur.

Thierry Jonquet : Moloch. Folio Policier 1998.

A lire en écoutant : Rive Gauche d'Alain Souchon. Album : Au Ras des Pâquerettes. Parlophone Music 1999.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Que voilà un roman palpitant et dérangeant! Thierry Jonquet jongle avec les diverses cordes de son arc professionnel pour servir un polar très noir et d'une redoutable efficacité.

Fi des effets de manche qui sentent l'artifice. Jonquet nous colle sous les yeux du sordide, du cru, du vrai. Les trafics en tout genre, les méfaits ordinaires, la lassitude blasée de ses policiers et procureurs, tout sonne vrai, mieux (ou pire?) qu'un documentaire sur le quotidien de la brigade criminelle.
Cette véracité du stylo donne toute sa profondeur au roman. Jonquet était un fervent militant politique et social. Il travailla aussi dans des hôpitaux, notamment psychiatriques. Il connaît les drames qui ornent les pages faits divers des journaux et s'en sert pour mettre en exergue une société sombre et en perte de valeurs humaines (autres que marchandes, cela s'entend...).

Si l'on n'est pas au pays des Bisounours, Thierry Jonquet évite également l'écueil du tout désespéré. Son style, déjà, n'est pas dénué d'humour. Et certains protagonistes font preuve parfois d'une surprenante solidarité.

En bonus, on a une très intéressante discussion sur divers cultes antiques et sur la symbolique du sacrifice d'Isaac dans l'Ancien Testament. Merci Mr Jonquet de m'avoir offert un éclairage nouveau sur cette partie de la Bible.
Deuxième bonus, un discours sur l'art et les incursions dans le "body art" et les prestations parfois très particulières d'artistes se voulant d'avant-garde. Perturbant mais instructif...

Alors pourquoi hésiter à s'y plonger? Thierry Jonquet tient la promesse d'un grand moment de lecture avec questions à la clé et interrogations sur l'éthique. Magistral!
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