Une oeuvre assez particulière, qui se veut littérature secondaire — critique —, mais qui ne peut s'empêcher d'être tout autre chose, rappelant la définition que
Paulhan donnait de la critique idéale — littérature à part entière. Rigoureux, voire scientifique, tant la forme musicale et la partition est scrutée dans le plus infime détail, il n'en demeure pas moins que Jouve nous livre surtout ses impressions personnelles concernant le Don Giovanni de Mozart, et qu'il se livre lui-même par la même occasion.
On y retrouve les idées de Jouve sur la Faute — fait ontologique bien plus que simplement moral —, l'érotisme et la mort (qui se trouvent inévitablement liés). On a souvent parlé de la double pénétration chez Jouve des idées Freudiennes et Chrétiennes, mais bien peu (
Starobinski, Bonnefoy, Noël, etc.) ont vraiment pu saisir ce qu'il y a de proprement original et de personnel dans la vision artistique de Jouve, et dans cette interpénétration des savoirs psychanalytiques et spirituels. À ce sujet, je renvoie à la superbe préface de
Starobinski aux Noces : La Traversée du Désir.
Plus d'une fois, durant la lecture de cet ouvrage, l'analyse fait place à la dithyrambe, s'y mêle assez adroitement ; et qu'on apprécie ou non l'oeuvre de Mozart, Jouve nous en donne une lecture profonde et à la hauteur du contenu de pensée qui s'y retrouve.