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EAN : 9782505119203
496 pages
Kana (20/10/2023)
3.71/5   12 notes
Résumé :
Japon, époque Edo. Découvrez treize portraits de femmes inoubliables, héroïnes aux multiples facettes, victimes d'une société étouffante, mais qui se montrent déterminées et impitoyables lorsque les hommes se jouent de leurs sentiments. Kazuo Kamimura revisite la littérature et les légendes japonaises, dans deux recueils d'histoires courtes horrifiques. Méfiez-vous de l'âme vengeresse qui sommeille en chaque femme...
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce premier volume de treize récits inédits en France de Kazuo Kamimura en comporte seulement trois, longs.

Le premier, Oiwa de l'année du rat, se déploie en huit tableaux. Une femme découvre son père mort. Il a manifestement été tué. Il s'opposait au mariage de sa fille avec Iémon, un samouraï oisif. Iémon en profite pour la consoler et nouer une relation torride…Mais Takuetsu, qui se fait passer pour un masseur aveugle, et tient en fait un lupanar en ville, a été témoin du crime. Alors qu'Oiwa tombe malade, le voisin du couple, Messire Itô, qui cultive des kuzuran, orchidées vénéneuses, lui propose un remède…Et Takuetsu, recroisant la route de Iémon lui fait du chantage : qu'il lui livre Oiwa pour sa maison de rendez-vous, ou une certaine somme d'or, et il taira la vérité. Seulement, pour Iémon, l'or se trouve à portée de main chez le fameux voisin, ainsi que sa fille Aya…Itô, veut la marier à Iémon, et va à l'aide de son poison des kuzuran, lui faire subir les tourments de l'amour et d'une frénésie sexuelle, tout en se débarrassant d'Oiwa et de Takuestsu. Mais Oiwa, de là où elle est, va assouvir sa vengeance, et son bras armé seront les rats, des nuées de rats…pour supprimer sa rivale et retrouver son cher amant dans l'au-delà…

Le second, les seins d'Okise, met en scène Okise, une jolie mère d'un jeune enfant, dont le mari est entièrement pris par sa passion de l'ornithologie et la délaisse. Sa relation physique à son enfant est ambigüe, lui réclamant encore à têter le sein de sa mère, et elle y prenant du plaisir. Un jour, un chasseur à l'arc aperçoit le couple et flashe immédiatement sur le sein dénudé d'Okise. Il la veut, et c'est décidé, il l'aura !!! Okise n'a connu que son mari, ils ont la passion commune des oiseaux, mais elle rêve d'érotisme passionné. le beau chasseur va se rapprocher de la petite famille et une relation torride va naître…Mais ils vont être découverts et le mari va se venger avec une arme par destination, sans doute la seule qu'il maîtrise à merveille, l'oiseau, pour punir sa femme infidèle par où elle a péché, ce sein superbe…C'est le récit que j'ai préféré, qui convoque un festival bien dans la tradition japonaise, la fête de la mamelle, et la légende de l'arbre enoki à la mamelle.

Le troisième et dernier récit est le chant pathétique du Tsugaru. Dans cette rude contrée du nord du Japon, Shinsuke, marin-pêcheur, aime une musicienne de shamisen mendiante et aveugle (une goze), Onami. Selon la tradition, les goze protègent les pêcheurs, leur apportant une pêche abondante. Mais coucher avec l'un d'eux est sacrilège. Si le père de Shinsuke est assez compréhensif, la matronne de cette troupe est furieuse, d'autant qu'Onami est enceinte. Elle va subir une terrible punition, se faisant couper un bras et arracher les oreilles. Comprenant aussi que Shinsuke a finalement choisi de renoncer à elle pour succéder à son père comme patron du village de pêcheur, Elle y laissera la vie, après l'avoir donnée, dans l'unique but de se venger…Quelques années plus tard, une belle jeune femme viendra avec son shamisen pour redonner du poisson aux villageois qui n'en trouvaient plus dans leurs filets, tout en leur vendant son corps, jusqu'à Shinsuke qui se souvient…Mais peut-on vraiment posséder la belle goze ?!

Trois longues et belles histoires d'Onryô, des esprits vengeurs, présente depuis de longs siècles dans la tradition populaire japonaise. Ils peuplent la mythologie, la littérature, et même l'histoire du pays (plusieurs fois la superstition a poussé les autorités à dédier des temples à des personnages disparus suite à des catastrophes survenues après leur mort). Dans la mythologie, l'Onryô est souvent une femme, et elle s'incarnera dans l'art. Oiwa notamment, apparaît également dans le Dit du Genji, dans des estampes d'Hokusai et de Kuniyoshi ou dans le théâtre kabuki.

Ce livre a été un grand plaisir de lecture, j'ai été très sensible à ce que ces histoires prennent racine dans les mythes japonais. Elles sont d'autant plus instructives que la riche postface, tirée de l'édition italienne qui a précédé celle-ci, nous éclaire largement sur ce point. le graphisme est précis sans être surchargé, de belles plages panoramique aèrent et déroulent les plans comme on déroulerait un rouleau.

C'est superbe, et je remercie vivement, et les éditions Kana, et babelio, de m'avoir permis de découvrir ce tome 1, m'a suffisamment séduit pour me pousser à acquérir le tome 2 et ses dix autres histoires de vengeance féminine !
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J'ai une relation un peu complexe à Kamimura, auteur de manga appartenant au style Gekiga, dont j'aime beaucoup les compositions graphiques qui tire et étire le flot des émotions de ses héroïnes, mais je trouve aussi dans ses oeuvres un « male gaze » et une vision de la femme difficilement appréciable de nos jours. Je suis consciente de mon anachronisme mais je n'arrive pas à m'en défaire et ce nouveau titre, anthologie de plusieurs histoires de vengeance, ne garde malheureusement que ce dernier point.

Auteur phare des années 70, connu pour ses histoires âpres sur la société japonaise à travers un prisme féminin pensé à travers ces yeux d'homme japonais né en 40, Kamimura a été largement édité en France contrairement à ses compatriotes femmes de la même époque, tout autant porteuse de nouveautés et envolées graphiques pourtant. Bref. Il a même connu en 2017, à titre posthume, une exposition à Angoulême : “Kazuo Kamimura: l'estampiste du manga”, avec plus de 150 originaux exposés, l'occasion de revenir sur les thématiques qui caractérisent ses oeuvres.

Je l'ai découvert pour ma part avec le Fleuve Shinano, puis avec Lorsque nous vivions ensemble et avec Maria et Une femme de Showa, des récits toujours superbement dessiné grâce à son trait lyrique. Je m'attendais à retrouver cela ici, mais si, les dessins sont souvent beaux, ils n'ont pas la force compositrice que j'ai croisé précédemment. Nous nous retrouvons bien trop souvent avec des planches à la composition fort simple, alors qu'il m'avait habituée à briser et sortir du cadre. Résultat, il reste juste ce crayonné imposant typique du Gekiga et ces beaux portraits de femmes aussi bien cruels et que tragiques. Je me suis un peu ennuyée…

Ce ne sont pas les histoires qui m'ont sauvée. Car, même si elles se lisent très bien et qu'il y a un beau souffle tragique à travers les différents vengeances qu'elles mettent en scène, elles témoignent aussi de portraits de femmes difficilement appréciable par un regard féminin du XXIe siècle. Je ne veux pas faire d'anachronisme mais le regard porté sur les femmes dans les années 1970 n'est plus le même qu'actuellement et ça dérange. Montrer une femme qui se fait violer puis qui finalement tombe « amoureuse » de son agresseur, c'est très limite. Célébrer aussi le plaisir pris par une femme lorsqu'un enfant la tête me semble aussi plus relever du fantasme masculin et j'en passe. J'ai vraiment eu du mal avec le volet pseudo romantique de l'histoire que je trouvais fort malaisant…

Pour autant, comme l'explique la postface fort intéressante glissée par l'éditeur, l'auteur puise aussi son inspiration, pour les trois histoires composants ce premier tome, de la littérature et de l'art classique japonais. On prend donc plaisir à évoluer dans ce décor révolu de ronin (ex-samurai), de femmes en kimonos, de peuples de pêcheurs pauvres et j'en passe. C'est une belle atmosphère à l'ancienne qui se retranscrit superbement sous la plume incisive de l'auteur qui allie âpreté et sombre poésie. Il emprunte aussi énormément au théâtre et propose ainsi une narration dramatique théâtralisée qui veut prendre les lecteurs aux tripes pour les bouleverser, ce qui donne des histoires un peu grandiloquentes mais poignante, car elles finissent toujours mal. Enfin, il y a aussi un peu d'horreur fantastique ici, avec des pointes même de Body Horror à plusieurs reprise et j'avoue aimer cela dans le contexte tragique et vengeur de chacun des histoires.

J'ai donc lu très facilement les trois histoire (sur 13 ?) de la première moitié de ce recueil. Des histoires assez longues, entre 200 et 100 pages chacune, avec des pages couleurs ou bichromiques de toute beauté en ouverture, dans un grand format souple agréable même dans mes petites mains. J'aime ce format des intégrales de Kana qui offre beaucoup de pages pour un prix réduit et une manipulation correcte. C'est plus populaire que d'autres. J'ai aimé malgré tout suivre les parcours de vengeance de chacune des femmes croisées, de celle qui se fait empoisonnée par son voisin pour se faire piquer son amant, en passant pour cette mère-épouse délaissée par son mari qui trouve du réconfort ailleurs, ou celle musicienne itinérante aveugle qui subit le courroux de ses paires à cause d'une relation interdite avec un riche pêcheur. Parfois les vengeances coulent de source, notamment dans la première histoire. C'est parfois plus tordu (dernière histoire) et d'autre mal désigné (deuxième histoire), mais ça reste prenant à suivre grâce à la narration efficace de l'auteur et les grands sentiments pourtant simple qu'il invoque. Bref du Kamimura.

C'est ainsi avec tous ces bémols que je conclus en disant que j'ai quand même apprécié ma lecture, la trouvant efficace et ayant tendance à m'emporter. Je voulais voir les destins de ces femmes malmenées par les hommes de tout âges et conditions, surtout sous le beau trait gekiga de l'auteur qui célèbre bien ces époques lointaines, même si je l'ai connu plus inspiré et original. Alors certes, lu en 2024, il y a une vision de la femme dérangeante car relevant surtout du fantasme, mais si vous parvenez à surmonter cela vous serez face à des histoires de vengeance tragiques et entêtantes, évoquant traditions littéraires, histoire passée et fantastique horrifique bien maîtrisés.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Un chef-d'oeuvre. Les 3 histoires sont du pur Kamimura.
Poésie, féminité, amour, vices, vengeance, violence... une esthétique artistique frôlant la cinématographie entre les alternances de gros plans et de plans panoramiques, c'est très immersif.
Même si le format est standard, le papier est agréable. Cela respecte les standard des mangas qui sont publiés au Japon.
Il y a une postface très intéressante et enrichissante sur les esprits vengeurs dans la littérature et les estampes.
Merci aux éditions Kana de rendre disponible ces pépites au public francophone. Ainsi qu'à massecritique pour la possibilité de lire ce chef d'oeuvre :)
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critiques presse (3)
MangaNews
06 décembre 2023
Atypiques sur plus d'un point dans sa carrière, ces histoires captivantes brillent à la fois dans leur mélange de poésie graphique et d'élans de violence et d'horreur, dans leurs influences marquées, et dans leur critique des pressions sociales amenant bien souvent l'humain à commettre le pire.
Lire la critique sur le site : MangaNews
LesInrocks
28 novembre 2023
Avec plusieurs pages en couleurs magnifiques, ces "Treize Nuits de vengeance" mêlent horreur et passion pour un résultat admirable.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
LeMonde
31 octobre 2023
Outre son trait singulier et élégant, l’auteur parvient à créer une atmosphère dérangeante qui sied aux travers de la société moderne qu’il met en exergue.
Lire la critique sur le site : LeMonde

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Videos de Kazuo Kamimura (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Kazuo Kamimura
"Un titre TRES particulier de KAMIMURA ou la perversion et le côté malsain atteignent certainement des hauteurs un peu trop exacerbées à mon gout."
Salut à toi ! Voici une nouvelle fois un Mangado - La voie du manga sur Les fleurs du mal de KAMIMURA Kazuo et OKAZAKI Hideo. Pour ne louper aucune vidéo et nous soutenir, pense à t'abonner à la chaine youtube de Manga-News et de la Bande Animée !
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