De la littérature, de la vraie !
Loin de l'insipidité et de la gentillesse naïve des romans modernes, où la résilience fait loi et où se faire à manger est une trop grande charge mentale, Mike K nous signe un court roman qui vient détricoter notre héros au maximum tout en montrant la violence légitime d'un quotidien qui semble parfaitement banal à première vu, mais qui suffit à abattre un homme qui a quelque chose à dire, qui a quelque chose qu'il garde dans son coeur.
Même si le début peut décontenancer par la légereté des dialogues (qui donnent un côté surréaliste et sont très loin de ce que je peux avoir l'habitude de lire), on se prend facilement au jeu; on en apprécie la forme et le fond n'en ressort qu'avec plus de violence et de punch. Les insultes qui au début sonnent ridicules finissent par nous prendre à la gorge à mesure que les jours passent pour notre pauvre personnage principal.
Le Coupable, c'est un roman qui traite de la violence quotidienne. C'est un roman qui vient nous rappeler que, parfois, on n'a pas toutes les clés en main pour faire face sur le moment, malgré ce que les gourous du feel good essaient de nous vendre.
Le Coupable, ça peut être n'importe lequel d'entre nous. C'est un mari méprisé par sa femme. C'est un homme qui ne peut exprimer la beauté qu'il parvient à voir devant lui. C'est un homme détruit par un métier abrutissant et éreintant. C'est un couple qui ne communique plus et qui meure par les non-dits. C'est un enfant qui s'éloigne. C'est un père désarmé qui ne fait que rétrécir, jour après jour, sans jamais s'arrêter, en parallèle de la violence de son quotidien. C'est l'image du cercle vicieux; de la roue de la vie qui vient écraser encore et encore et encore certains d'entre nous.
Le Coupable, c'est un roman qui, à travers un personnage qui rétrécit, nous plonge dans le quotidien misérable d'un homme qui, en théorie, a tout ce qu'il faut. C'est un livre qui parle de la légitimité de la souffrance. le bonhomme sert les dents, car "il n'y a pas de quoi se plaindre", mais il est malheureux. C'est un cri du coeur. Mais un cri qui reste au fond de son âme.
le Coupable, ça peut être toi; ça peut être moi : et c'est pour ça qu'il est important de le lire.