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EAN : 9782378277765
160 pages
Spinelle éditions (26/05/2023)
4.8/5   5 notes
Résumé :
Victor P., un homme tout à fait ordinaire, marié et père d’une petite fille, réalise un beau matin avoir perdu quelques centimètres.

Ce court roman, à la frontière du réalisme, du grotesque et du fantastique, inspiré de certaines œuvres de Kafka et de Gogol, nous invite à suivre les péripéties de Monsieur P. et de son rétrécissement.
Si dans un premier temps il décide de dissimuler cette anomalie, des questions le taraudent : son entourage va-t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
De la littérature, de la vraie !

Loin de l'insipidité et de la gentillesse naïve des romans modernes, où la résilience fait loi et où se faire à manger est une trop grande charge mentale, Mike K nous signe un court roman qui vient détricoter notre héros au maximum tout en montrant la violence légitime d'un quotidien qui semble parfaitement banal à première vu, mais qui suffit à abattre un homme qui a quelque chose à dire, qui a quelque chose qu'il garde dans son coeur.

Même si le début peut décontenancer par la légereté des dialogues (qui donnent un côté surréaliste et sont très loin de ce que je peux avoir l'habitude de lire), on se prend facilement au jeu; on en apprécie la forme et le fond n'en ressort qu'avec plus de violence et de punch. Les insultes qui au début sonnent ridicules finissent par nous prendre à la gorge à mesure que les jours passent pour notre pauvre personnage principal.

Le Coupable, c'est un roman qui traite de la violence quotidienne. C'est un roman qui vient nous rappeler que, parfois, on n'a pas toutes les clés en main pour faire face sur le moment, malgré ce que les gourous du feel good essaient de nous vendre.

Le Coupable, ça peut être n'importe lequel d'entre nous. C'est un mari méprisé par sa femme. C'est un homme qui ne peut exprimer la beauté qu'il parvient à voir devant lui. C'est un homme détruit par un métier abrutissant et éreintant. C'est un couple qui ne communique plus et qui meure par les non-dits. C'est un enfant qui s'éloigne. C'est un père désarmé qui ne fait que rétrécir, jour après jour, sans jamais s'arrêter, en parallèle de la violence de son quotidien. C'est l'image du cercle vicieux; de la roue de la vie qui vient écraser encore et encore et encore certains d'entre nous.

Le Coupable, c'est un roman qui, à travers un personnage qui rétrécit, nous plonge dans le quotidien misérable d'un homme qui, en théorie, a tout ce qu'il faut. C'est un livre qui parle de la légitimité de la souffrance. le bonhomme sert les dents, car "il n'y a pas de quoi se plaindre", mais il est malheureux. C'est un cri du coeur. Mais un cri qui reste au fond de son âme. le Coupable, ça peut être toi; ça peut être moi : et c'est pour ça qu'il est important de le lire.



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Dans quel monde peut-on vivre quand le fantastique et l'absurde ne sont même pas perçus comme tels et que chaque personne reste butée dans son aveuglement ? Sans doute le notre et c'est une grande tragédie.

Le coupable est l'histoire de Victor P., employé quelconque, père marié et peintre à ses heures perdues. Il se rend compte un matin qu'il commence à rétrécir. Si à travers le résumé, on peut sentir au départ un postulat d'origine fantastique en milieu réaliste qui donne un ton absurde proche de Gogol et de Kafka, on s'y écarte finalement assez rapidement pour laisser place à une vision de l'homme actuel: un homme lobotomisé par les (non) aléas de la normalité, la banalité du quotidien. Ça aurait pu être le roman d'une génération, une génération qui ne veut pas s'écraser et se faire petite pour entrer dans le moule du système: bullshit jobs, canapé, glace et série netflix. Une génération qui lutte et tente de préserver une idée de la beauté, mais cette génération n'existe pas.

Les successions de phrases courtes et percutantes dans lesquelles se déploient les différentes impressions des personnages me rappellent les coups de pinceau tout en hachures des impressionnistes avec leurs tonalités différentes, sans aplats, pour donner dans une impression de mouvement un perpétuel fourmillement des choses. Mais un impressionnisme dont le sujet tend vers un certain symbolisme: un personnage se laissant écraser par la vie finit par diminuer.

Je pense que la différence avec les auteurs précités est l'importance donnée à l'entourage du personnage principal qui remarque le rapetissement de celui-ci, mais en est indifférent. Ne trouvant la situation ni absurde ni fantastique et voulant même tenter d'en diminuer l'importance.

Je garderai la sensation que si la vie n'est rien et n'a presque pas de valeur pour certains, ce n'est pas pour autant qu'il ne faut pas leur montrer quelque chose de grand, de beau et de bien. Si une génération tout confort qui se perd dans la détente est prête à disparaître dans l'oubli, c'est à certains d'en être les témoins.
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L'auteur de "En guerre dès le matin" revient avec un nouveau roman coup-de-poing dont on ressort lessivé. Nous y suivons le quotidien de Victor P. dans son travail aliénant dénué de sens, avec une femme méchante et tyrannique et une petite fille qui lui pompe le reste de son énergie, alors qu'il est victime d'une circonstance particulière qui le voit perdre des centimètres un peu plus chaque jour. Tout au long de ce court roman, le lecteur est oppressé tout autant que Monsieur P. Par les tirades de l'auteur remplies "d'ânes!" et de "Dieu !", par les dialogues invraisemblables, qui d'une seule voix, comme si une entité maléfique possédait tour à tour chacun des personnages, condamnent ce pauvre homme, l'accusent de tous les maux, sans échappatoire, sans rien lui pardonner, le contraignant à prendre toujours moins de place, à se rabougrir, encore plus méprisé à mesure que sa "condition" se détériore, de moins en moins homme. Contrairement à la "Métamorphose" de Kafka, où le protagoniste est changé en insecte dès la première page, le lecteur suit ici les changements lents et douloureux, les renoncements successifs, l'incapacité à s'échapper de ce piège mortel. On se rapproche par l'horreur d'un "Eraserhead" de David Lynch. L'auteur ne nous offre que peu de réconfort face à la culpabilité de son protagoniste, seule la peinture semble en mesure de le sauver, mais trop tard, trop peu, l'art ne saurait être relégué au second plan, la vie ne saurait se passer à plat ventre, recroquevillé, à l'ombre de sa femme, de son patron ou d'une vie dénuée de sens. On ressort ainsi du livre en se sentant coupable nous aussi, mais satisfait de notre lecture
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Après "En Guerre dès le matin", voici une nouvelle lecture des plus agréables.
On retrouve le style de l'auteur, aimant jouer avec les exagérations dans les dialogues et les introspections. Mais cette fois, il y a davantage de douceur, ce qui accentue à merveille le quotidien misérable de ce cher Victor P..
Cet homme comprend que quelque chose ne va pas dans sa vie, ce qui se manifeste physiquement par une certaine "circonstance".
L'auteur nous dépeint parfaitement un homme rongé, qui s'oublie et qui renie cette nécessité vitale qu'est la création artistique.
Entre un travail aliénant, son odieuse femme et sa fille innocente, personne ne le comprend, ni ne cherche à le comprendre.
Alors à la recherche du transcendant, du divin ( s'exprimant par ses apostrophes "Dieu" constantes ) Victor P. subit sa circonstance, et son quotidien, tout en tentant un dernier sursaut de vie, celui du Beau à travers la peinture.
Il me reste en tête de sublimes scènes et sa fin magnifique. le Beau est présent.
La tristesse et la culpabilité émanent du roman, et c'est très bien mené.
Victor P. est tel un condamné, un exemple malheureux pour qui on a de la peine, mais un exemple à ne pas suivre.
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Ce roman court de Mike Kasprzak est une mélancolie douce, comme un voyage vers le néant, vers la négation du soi et la perte des ambitions. Un écrasement de la capacité à faire, à être, à ressentir, à aimer les autres. Tout le monde tourne le dos au pauvre Victor P. qui n'a plus qu'à disparaitre pour de bon ; et débarrasser le plancher. Comment ne pas voir la volonté de Kasprazk à dire qu'on étouffe de vivre, qu'on meurt de ne pas pouvoir créer, qu'il faut continuer à tenter pour ne pas s'effacer. le rétrécissement, c'est la routine, le rabougrissement de la volonté, le quotidien morne, sans doute un peu des trois.

Le roman utilise aussi l'humour avec le truculent passage du docteur, ou la femme du protagoniste absolument odieuse. Ce savant mélange doux-amer est d'une maîtrise totale. Un texte à part dans l'oeuvre de Mike par sa douceur, il y a comme une lueur d'espoir étrangement. Quand l'artiste s'efface, il peut laisser les autres vivre et arrêter de leur pomper l'air, sans doute. le Coupable est un innocent selon moi.
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Video de Mike Kasprzak (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mike Kasprzak
http://lesoccultes.com/catalogue/mons... Vidéo de présentation du recueil de nouvelles "Monstres" écrit par Mike Kasprzak, publié en Juin 2014 (version papier) par les éditions Les Occultés.
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