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William Olivier Desmond (Traducteur)
EAN : 9782021005509
448 pages
Seuil (07/04/2011)
3.03/5   92 notes
Résumé :
L’inspecteur Milo Surgis et le psychologue Alex Delaware se retrouvent, pour leur 23e enquête, confrontés à une série de meurtres monstrueux où le coupable n’est pas forcément le suspect...

Un marais préservé en plein cœur de Los Angeles, blotti sous des ponts autoroutiers, jalousement gardé par une petite organisation écologiste. Un soir, le gardien du lieu découvre un premier corps de femme dont la main droite a été coupée. La première d’une horribl... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (35) Voir plus Ajouter une critique
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De Kellerman, je n'avais lu que "Qu'elle repose en paix" et donc, je n'avais plus aucun souvenir sur le duo que forme le psy Alex Delaware et le flic Milo Sturgis.

Apparemment, il s'agit ici de leur 22ème affaire criminelle commune.

Le roman commence comme dans une série américaine, vous savez, celles qui commencent avec des personnages autres que les protagonistes habituels. C'est seulement ensuite que l'on verra débarquer les experts de tous poils.

Et bien, dans le roman, l'auteur fait commencer le lecteur avec deux chapitres qui semblent sans rapport l'un avec l'autre :

Suite à une tricherie à l'école qui pourrait lui couper la route des unifs, un fifils-à-papa s'est fait punir par des heures de travail d'intérêt général. (Quand papa avocat pas content, lui toujours faire ainsi)...

Alors qu'il s'emmerde comme un rat mort, assurant (si on peut dire) la permanence téléphonique d'une association de défense du marais local, notre petit prétentieux glandeur reçoit un étrange appel téléphonique qui lui signale, d'une voix déguisée, qu'il y a un cadavre qui se trouve dans le marais.

Chapitre suivant, un homme au chômage se rend à une vente publique d'un box de location et remporte l'enchère.

Faisant l'acquisition d'un carton, notre homme qui comptait arrondir ses fins de mois se retrouve avec un seul objet de valeur digne de se retrouver sur E-Bay : une boîte à bijou en bois précieux...

Oups, cette boîboîte contient des petits os représentant l'équivalent de 5 mains humaines.

Prometteur, comme début…

Au final, ces amuses-gueule se révèleront plus anecdotiques qu'autre chose car, même s'ils concernent la future enquête, ils sont mis trop en avant par rapport à ce qu'ils valent vraiment.

Cela fait partie du jeu du livre, dirons-nous, qui fait que les choses qui paraissent importantes sont en fait négligeables et ce qui paraît banal est en fait important.

Ensuite, nous entrons dans le vif du sujet et dans la moiteur du marais aux zoziaux qui se trouve sous une autoroute de Los Angeles. Ce petit coin de verdure est jalousement protégé par un espèce d'écolo agressif qui mord, tel un roquet à qui on piquerait la baballe.

La police, en fouinant à l'aide d'un chien policier, va y découvrir plusieurs autres corps qui semblent être l'oeuvre d'un céréale killer. Pardon, d'un sérial killer.

Tous ces cadavres présentent la particularité d'être... mort ? Oui, ça je sais.

Non, leur particularité est d'avoir la main droite coupée ! Là, j'entends les petits rouages de votre cerveau se mettre en route et additionner les indices. Oui, c'est bien !

Le début prometteur me fit perdre pied lorsque le récit passa à la première personne du singulier, me stupéfiant car je ne savais pas qui parlait. Bon sang, mais c'est bien sûr !

Le flic, Milo Sturgis se fait aider dans cette enquête par son ami le psy, Alex Delaware - le narrateur ! - sans compter un jeune inspecteur, Moses Reed. Un problème était résolu.

Alors, s'enfilant des litres de café et des tonnes de donnuts bien gras, nos trois hommes vont se lancer sur l'enquête, découvrant des choses pas très nette sur la pianiste qui jouait du piano dans des parties fines et nos flicards trouveront vite un suspect.

C'est un de mes reproches au livre : le suspect est tellement suspect qu'il en perd toute crédibilité.

Par contre, j'ai aimé les découvertes des petits secrets de nos deux écolos de service. C'est jouissif ! Un peu comme si vous surpreniez un végétarien en train de s'empiffrer d'une bonne côte à l'os. Et des petits secrets, ils en ont !

Les petites réparties et les bons mots qui parsèment ce livre m'ont fait sourire. Agréable.

Les personnages sont agréables à suivre, nous nous immisçons dans leur quotidien, partageons leurs problèmes familiaux, et le docteur Delaware n'est pas un mauvais conteur.

Delaware est le pivot de toute l'équipe car c'est lui qui remonte la piste. Peut-être un peu trop facilement. Mais nous savons aussi que quand il y a crime, il ne faut jamais chercher le coupable bien loin.

En ce qui concerne mes autres reproches du livre: le fait que les familles ressemblent un peu trop à Dallaaaas avec tous les remariages, divorces, enfants adoptés, ou fabrication maison... Là, sans un plan, vous risquez de vous y perdre.

Les familles recomposées sont une plaie dans les romans.

Et le fait qu'ils nous livrent un peu trop vite le nom du coupable... C'est pas dans les cinquante dernières lignes, mais les cinquante dernières pages.

L'explication finale ne me satisfait pas en totalité. le plan était machiavélique, mais il manque un petit quelque chose pour le rendre plus "vrai".

Sinon, un bon moment de lecture. Ce n'est pas le thriller ou le polar du siècle, même pas de l'année, mais pour ce titre là, j'attends encore le roman policier qui me foutra un grand coup de pied au cul.
Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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D'abord, faut que je sois honnête avec vous : les énigmes policières et autres thrillers ne me passionnent guère ; le whodunnit, c'est pas ma came et je me fous de savoir qui a tué Roger Ackroyd. Autrement dit, le roman doit être vraiment bon dans son genre pour ne pas me faire bailler. Avec Jeux de vilains, je me suis décroché la mâchoire. J'ai lutté pour le terminer et si je lui donne un point sur cinq, c'est par pure charité chrétienne. Voilà, c'est dit ; passons à la revue de détail.

L'histoire commence d'une manière pas franchement originale mais qui évite tout de même le cliché grotesque : à Los Angeles, un type trouve dans une boîte vendue aux enchères des ossements humains. Plusieurs mains – d'où le titre, à peine moins tarte que la version américaine (Bones). Peu de temps après, on retrouve dans un marais quelques corps de femmes avec la main coupée. Bon, je vous rassure tout de suite, pas la peine de trop se prendre la tête : cette histoire de membres coupés n'aura pas grande importance par la suite, pas plus qu'un des premiers personnages qui s'était pourtant montré si coriace durant la vente aux enchères. Les mains, c'est juste pour la déco, je veux dire l'ornement psychanalytique. Ah mais c'est que ça donne une belle tournure de crime pathologique, ça évoque le rituel et, attention, ça rappelle la castration. Et ouais, il est comme ça Jonathan Kellerman : c'est une grosse brute de la psychologie humaine (on nous rappelle qu'il a un Ph.D. dans ce domaine) tout comme son héros, Alex Delaware, consultant pour la police de L.A. Question analyse des personnages, on y va donc gaiement : imaginez Freud qui, avec le pognon de ses bestsellers (How I Meet your Mother, Totem et Tabou à Ibiza, etc.), se serait acheté une Mercedes pour foncer à toutes blindes sur l'autoroute de la pensée. Vous aurez un aperçu de l'acuité psychologique du bouquin et vous regretterez que la main coupée ne soit pas celle de l'auteur.

Plus sérieusement, les thrillers qui mettent en scène des psychologues hors-pairs comme dans le Silence des Agneaux – auquel Kellermann fait pourtant référence – emploient ces personnages à fouiller l'âme humaine dans toutes ses nuances et ses contradictions. Ici, on se sert de quelques notions freudiennes pour plaquer des schémas sur les personnages. le lieutenant Milo Sturgis incarne une figure paternelle quand il prend sous son aile un jeune flic ou qu'il apprend à Alex Delaware à tirer avec une arme à feu. Et si le lecteur n'avait pas compris le symbole, le même Alex rêve par la suite qu'il prend le gros fusil de son papa. Je vous passe les multiples allusions oedipiennes, aussi fines qu'une blague de Jean Roucas. de toute façon, quasiment toutes les motivations des personnages semblent pouvoir s'expliquer par des complexes familiaux, des traumatismes de la petite-enfance, des histoires de pénis et de petites filles amoureuses de leur père. Les deux enquêteurs Moses et Aaron, demi-frères aux noms imperceptiblement bibliques, éprouvent une rivalité depuis leur plus jeune âge ? Dans la prose délicate de Kellermann, ça se traduit par : « Les deux frères se tendirent, rigides comme des lances. En pleine régression, ramenés un instant à leurs disputes enfantines. » Ces références continuelles sont bien sûr le fait du principal narrateur, le psychologue qui va nous prendre en otage par une focalisation interne nous forçant à partager sa bêtise. Si Alex Delaware est plutôt discret au début du roman, il va bientôt se révéler envahissant pour le lecteur, lui mâchant tout, imposant son interprétation des personnages et de leurs actions. Les hésitations, les non-dits, les mimiques de ses interlocuteurs : rien n'est laissé à notre appréciation, tout doit être dit et de manière pas trop compliquée, parce qu'il se fait tard et puis la philo, c'est pas mon truc, merci. de manière tristement cohérente, l'aveu du coupable se fait à travers un écran vidéo HD : ce n'est pas un meurtre qui est expliqué au lecteur, c'est un point de vue, un cadre de compréhension, qui lui est imposé.

A la décharge du Dr Delaware, il n'est pas le seul à se vautrer dans les clichés. Les flics aussi savent juger un homme, mais plutôt sous un angle politico-social. Ainsi, quand ils soupçonnent un militant écolo : « On compte pas mal d'anarchistes et de gauchistes parmi les altermondialistes, non ? fit remarquer Reed. Ce qui nous ramène à la casquette de Huck. Ces gens-là en portent. » J'ai vainement cherché une pointe d'ironie dans ces monceaux de bêtise. Je n'ai pu que constater que cela s'aggrave au fil du roman, avec des proverbes chinois pour arguer de l'attachement d'un personnage à un enfant ou des phrases comme « telle mère, telle fille » pour expliquer l'anorexie d' « une greluche sous-alimentée ». Je me souviens de quelques romans de Simenon – auteur dont pourtant je ne raffole pas – où l'intrigue naissait justement de l'incompatibilité des personnages suspectés avec les catégories psycho-sociales dans lesquelles la police voulait les enfermer. A mesure que le brouillard tombait sur le paysage, le commissaire Maigret faisait apparaître une réalité humaine beaucoup plus complexe. Ici, pas de brouillard mais, finalement, une caméra haute-définition ; le seul problème qui se pose est de savoir dans quel stéréotype on va pouvoir fourrer tout ce beau monde : « Les salauds de riches. Toujours la politique », conclut un des policiers. Ces mecs ont la sagacité d'un ouvre-boîte.

Un type nommé Wolfgang Iser a fait remarquer dans son discours inaugural à l'université de Constance que la caractéristique de la prose littéraire se fondait sur son indétermination. Contrairement à d'autres textes comme les manuels d'instruction, où la marge d'interprétation et d'imagination doit être très limitée, le texte littéraire produit son effet esthétique par les latitudes qu'elle offre à son lecteur. Ce n'est pas exactement le cas de Jeux de vilains, qui a quelque parenté avec le mode d'emploi de machines industrielles. Vous voulez que je vous parle du style de l'écriture ? Des phrases aussi acérées que l'esprit critique de Jean-Pierre Pernaut ; un rythme aussi haletant qu'un article de Caravane Hebdo. Non, franchement il ne manque rien à ce roman, pas même les fautes de syntaxe et d'orthographe qui crèvent pourtant les yeux. On parle tranquillement du Fürher tandis que le brave docteur émet des doutes sur une hypothèse : « je ne suis pas spécialiste, mais je dirais que nom. » Apparemment, sur ce bouquin, le Seuil a tellement rogné sur son budget qu'il n'a même pas employé des stagiaires sous-payés pour faire les relectures, et encore moins des correcteurs professionnels. C'est ballot, ça fait partie de leur travail d'éditeur.
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« Jeux de vilains » de Jonathan Kellermann est un roman policier de facture classique qui se lit facilement.
Ce récit nous raconte la découverte de femmes amputées d'une main dans une réserve naturelle, celle du Marais aux Oiseaux de Los Angeles. L'enquête est menée par les policiers Milo Sturgis, Moses Reed et le psychologue Alex Delaware, consultant pour le LAPD. Milo et Alex travaillent ensemble depuis plusieurs années et sont amis.
L'essentiel du roman se trouve dans les dialogues, nombreux et émaillés d'un humour moqueur, ce qui donne au livre un bon rythme.
Les personnages principaux m'ont semblés assez vides sortis du cadre de l'enquête. J'ai eu quelque difficulté à discerner Milo de Reed, eux qui ont la part belle au début.
Tandis que le rôle du psychologue Alex Delaware se marque seulement à la fin quand le tempo du récit s'intensifie.
J'ai été ennuyée par le nombre de personnages secondaires. Ceux-ci apparaissent au fur et à mesure, tournant de plus en plus nombreux autour de la résolution de l'enquête.
Le suspense est dérisoire et le roman à tendance à s'essouffler et je ne peux pas dire que j'ai été emballée par cette enquête.
Trop lisse, trop sobre jusqu'à la toute fin qui est somme toute, assez dérangeante.
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Lecture:

Un marais, le marais aux oiseaux, se trouve sous une autoroute de Los Angeles, un coin de verdure jalousement protégé par une petite association écologique.
Lorsqu'un correspondant anonyme prévient cette association de la présence en ce lieu d'un cadavre, la police s'y intéresse de plus près et y découvre plusieurs autres corps. Ces crimes semblent être l'oeuvre d'un nouveau tueur en série.
Le lieutenant Milo Sturgis se fait aider dans cette enquête par son ami Alex Delaware et par un jeune inspecteur prometteur, Moses Reed.
En pataugeant (et pas que dans le marais), il vont découvrir que cette affaire est surement plus que ce qu'elle ne semble au premier abord. Toutes leurs pistes et tous leurs indices si difficilement découverts peuvent devenir des preuves ou n'être que des manipulations du mystérieux tueur.

Avis:

Il s 'agit d'un vrai policier: des cadavres, une enquête, des policiers, un tueur en scierie, des prostituées, des suspects, des donuts et des fausses pistes.

Les personnages qui mènent l'enquête sont très attachants : Milo le lieutenant qui a de la bouteille, à la fois impressionnant et calme; Reed le jeune inspecteur qui apprend les bons et les mauvais côté du métier et Alex , le personnage principal qui est la première personne de ce livre. Alex est consultant pour le LAPD, pas réellement policier, il est docteur en psychologie et praticien. Milo et lui ont développé une réelle amitié, puisqu'ils en sont déjà à leur 23 ième enquêt commune. Tous deux ont une réelle réputation d'efficacité et d'honnêteté.
Leur vie est décrite de façon très crédible par l'auteur et le fait d'inclure un psychologue dans cette équipe donne un relief particulier à tous les aspects humains de cette enquête.

Les personnages ont en effet une réelle importance dans ce livre. Ils prennent fréquemment le pas sur les faits, sur les indices, qui compte tenu du caractère manipulateur du tueur sont toujours sujets à caution. Cela rend le livre particulièrement intéressant et l'identification à Alex est aisée. Autre aspect appréciable, les protagonistes ne semblent pas tous pour une fois sortir d'une encyclopédie des psychopathes, et sont pour la plupart simplement "normaux".
Les ambiances et les lieux, les humeurs des personnages et des échanges sont particulièrement tangibles. Les dialogues sont prédominants et écrits dans un style à la fois correct et percutant. L'auteur sait transmettre des impressions au lecteur et le guider là où il veut, présenter un personnage comme éminemment louche puis plutôt comme une victime en fonction de l'impression qu'en ont les enquêteurs et des nouveaux éléments qui apparaissent.

Jamais une révélation disparate tombée du ciel ne vient casser le rythme de l'enquête : les cailloux blancs apparaissent au fur et à mesure des recherches. Des pistes qui semblaient très prometteuses s'avèrent des culs-de-sac, des éléments anodins se révèlent essentiels.

Seul élément qui m'a gêné : les recherches dans les familles, l'accumulation de divorces, remariages, naissances hors mariages, sans compter les cures de désintoxication qui ont une tendance certaine à se transformer en sites de rencontres, m'ont pendant un moment perdu dans les fourrés des arbres généalogiques. Il faudrait faire passer une loi interdisant les familles recomposées dans les romans policiers! Mais tout cela s'avère en fait dispensable et seuls les indices qui en ressortent sont mémorables.

Le livre évite le manichéisme : certains avocats sont humains, d'autres pourris, le clochard drogué peut être capable de grandeur comme l'écolo de la pire bassesse.

Le rythme est somme toute assez serein : pas de fusillade, pas de bagarre, beaucoup de dialogues avec un humour très pince sans rire. Mais cela évite aussi l'hystérie et permet de réellement entrer dans le livre.

Conclusion:

Sans jamais réellement s'emballer, ce livre réussit à s'imposer doucement et à nous retenir insidieusement dans une enquête prenante.
Un livre policier classique dans le sens noble du terme. Un vrai plaisir de lecture.

Ma note : 16/20.
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Des ossements de mains sont retrouvés, précieusement polis et conservés, dans une belle boîte en bois ouvragée suite à une vente aux enchères. Dans le même temps, une macabre découverte est faite dans le Marais au Oiseaux, un trou de verdure gardé par un écologiste solitaire : une femme gît sans vie dans l'eau, sa main gauche a disparu. D'autres cadavres vont être retrouvés. Alex Delaware, consultant en psychologie pour la police de Los Angeles enquête…

« Jeux de vilains » est une enquête d'Alex Delaware écrite par Jonathan Kellerman à paraître en avril 2011 aux éditions du Seuil, dans la collection « Policiers ». J'ai eu le privilège de lire en avant première cette enquête dans le cadre du Jury Seuil Policiers 2011 et je tiens à remercier Babelio.

Jonathan Kellerman a grandi à Los Angeles. Il possède la double casquette d'écrivain et de psychologue. Il a reçu son premier prix littéraire à l'âge de 22 ans. A 24 ans, il obtient un doctorat en psychologie. Il a étudié notamment les effets psychologiques et affectifs de l'isolement des enfants atteints de cancers. Il a déjà publié d'autres enquêtes menées par Alex Delaware. Il s'agit du premier policier de Kellerman que je lis.

Dans cette enquête, Jonathan Kellerman a voulu introduire deux nouveaux personnages aux côtés des piliers habituels de ses enquêtes (Alex Deleware, d'une part, et Milo Sturgis, le policier gay) : l'inspecteur Moses Reed et son demi-frère, le détective privé Aaron Fox. L'auteur prend plaisir à mettre en scène leur rivalité, non pas tant raciale (l'un est blanc, l'autre noir), que psychologique et sociale.

J'ai apprécié les descriptions des décors luxueux, intérieurs ou extérieurs, des vêtements, ou des bijoux du même acabit, particulièrement soignées et comportant de multiples adjectifs qualificatifs. L'auteur prend plaisir à magnifier l'opulence. Il manie également l'humour avec un certain talent, le premier chapitre étant particulièrement révélateur à cet égard, nous dépeignant l'insupportable Chance Brandt, adolescent à problème issu d'une famille fortunée. L'humour peut aussi provenir d'Alex Delaware, le consultant en psychologie qui narre l'histoire, notamment lorsque, mis en joue par un être sans scrupule, il fait appel, de manière décalée, à ses connaissances en psychologie pour le désarçonner :
« Dans un état second, curieusement détendu, je m'entends dire :
- Ce n'est pas le bon oeil.
Confusion. Sa main se paralyse.
- Vous êtes droitier, mais c'est sans doute votre oeil gauche qui commande. Fermez-les à tour de rôle, et voyez avec lequel mon visage est le plus net. Et aussi, ne cherchez pas à lutter contre ce fusil, les armes détestent qu'on les malmène, penchez-vous, épousez-le, faites corps avec lui. Allez-y, clignez des yeux, faites le test. » (p. 432)

Les dialogues sont percutants, l'enquête progresse pas à pas, se fondant au départ sur très peu d'indices puis menant vers des pistes, avec des rebondissements qu'on peut subodorer. le suspens grandit au fur et à mesure des pages, jusqu'à la révélation finale. L'auteur nous emmène dans l'univers du luxe et de la richesse, de la perversion, en explorant le sado-masochisme.

Même si j'ai bien apprécié ce policier finement pensé (les personnages sont attachants, le suspens est présent de bout en bout), j'ai trouvé cette enquête assez classique (j'avais apprécié l'originalité du roman de Charlie Huston : « le paradis (ou presque) » que j'ai lu dans le cadre du Jury en mars), un peu longue (autour de 450 pages) et un peu trop foisonnant en personnages (le lecteur peut s'y perdre).

Une lecture au final détendante, qui me donne envie de découvrir une nouvelle enquête d'Alex Delaware : je vais entamer prochainement « Terreurs nocturnes ».

Un grand merci à Babelio et aux Editions du Seuil : j'ai découvert un auteur dont j'ai envie de mieux connaître l'oeuvre.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Dans un état second, curieusement détendu, je m’entends dire :
- Ce n’est pas le bon œil.
Confusion. Sa main se paralyse.
- Vous êtes droitier, mais c’est sans doute votre œil gauche qui commande. Fermez-les à tour de rôle, et voyez avec lequel mon visage est le plus net. Et aussi, ne cherchez pas à lutter contre ce fusil, les armes détestent qu’on les malmène, penchez-vous, épousez-le, faites corps avec lui. Allez-y, clignez des yeux, faites le test.
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Milo prit la parole.
-Monsieur est le gardien du marais.
-A vous entendre, protesta Duboff, on croirait que ce n'est rien.
-Monsieur est l'éminent gardien du marais.
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- Mis injustement au trou puis réhabilité, mais il s'est retrouvé au milieu de vrais délinquants et s'est fait massacrer la cervelle...
- Privé d'affection maternelle, et ballotté d'une famille d'accueil à l'autre, avec tout ce qui peut s'ensuivre...
- Il disparaît des écrans radars jusu'à il y a trois ans... Ouais, tout cela conduit à ce que vous autres appelez un "risque élevé de comportement déviant", si je ne m'abuse.
- Et toi, t'appelles ça comment ?
- Une piste.
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Chaque été, à la fin juin, il m'obligeait à le suivre quand il partait tirer les écureuils et les petits oiseaux. Il traquait ces pauvres bestioles, équipé d'une puissance de feu absurde,parce qu'il n'aimait qu'une seule chose, détruire. Et il se servait de moi pour aller repérer la poussière ensanglantée, ramener un fragment d'os, un bec ou une patte, car j'étais plus obéissant qu'un chien.
Terrifié par ses sautes d'humeur comme aucun chien n'aurait pu l'être.
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- Les autres, ce sont surtout des ossements, lieutenant. Il pourrait s'agir d'un cimetière indien.
L'un des types de la morgue s'était approché.
- Vu l'odeur c'est pas de l'histoire ancienne.
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