AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Olivier Le Lay (Traducteur)
EAN : 9782267051032
456 pages
Christian Bourgois Editeur (13/04/2023)
4.1/5   10 notes
Résumé :
C'est par un bruit que tout commence. Un grondement sourd venant de loin qui annonce la catastrophe imminente : le rombo. Esther Kinsky donne à entendre ce grondement — mais surtout les voix de sept habitants d'un village isolé du Frioul — pour nous raconter le tremblement de terre du 6 mai 1976 qui a dévasté le nord-est de l'Italie. Des maisons détruites, un paysage profondément remodelé — et des femmes et hommes qui ne se reconnaissent plus dans ce qui était leur ... >Voir plus
Que lire après RomboVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le souvenir, c'est comme une ombre. Il vous suit partout où vous allez.
Le 6 Mai 1976, un tremblement de terre a touché le Nord-Est de l'Italie sur plus de soixante-dix sept communes, notamment dans a région du Frioul. C'est là qu'Esther Kinsky situe son roman. C'est un texte à découvrir l'esprit ouvert, en étant prêt à se laisser surprendre.
Il y a plusieurs approches pour retranscrire tout ce qui a été bouleversé par le séisme. Les plantes, les arbres, le sol, la montagne, les animaux, les homme et les femmes, leurs habitations…. Les villages et les environs ont été dévastés et chacun a réagi avec ce qu'il était, ce qu'il pensait et ressentait.
Pas de trame narrative, pas d'intrigue, l'auteur présente un ensemble de regards sur ce traumatisme. La mémoire des faits avant, pendant, après, n'est pas la même suivant les individus. Certains effacent, d'autres réfléchissent, analysent. Certains se taisent, d'autres parlent ou écoutent. Que dire des animaux, de leur niveau d'alerte, eux dont les sens exacerbés ont perçus avant tout le monde la catastrophe ?
Sept personnages s'expriment, se racontent, ils confient leurs souvenirs, leur histoire, leur vie. Ils vont et viennent au gré des pages, apparaissant plusieurs fois. Leurs souvenirs sont entrecoupés de belles et intéressantes réflexions sur l'environnement animal et végétal, les habitudes, la naissance des montagnes, les paysages, la météo, les partisans, etc. Chacun a « sa voix » et son style. On peut passer d'une scène tendre vécue enfant à un moment particulièrement difficile lors du séisme. Ces différents fragments offrent une vue d'ensemble sur le village, et les liens humains qui s'y tissent plus ou moins tendus avec les inévitables discussions quand on n'est pas d'accord.
Dans ce livre, il y a ce qui est dit et ce qu'on devine entre les lignes, ce qui est suggéré à mots couverts. C'est la vie de tous les jours à petites touches comme autant de points de peinture sur une immense fresque qui se forme et se déforme comme la terre qu'elle évoque.
Et puis Rombo est présent, le grondement indescriptible annonciateur de la catastrophe, il enfle, il monte, il peut tout effacer lorsqu'il se transforme en action dévastatrice. Un bruit suivi de l'horreur et tout est remis en cause. La poussière envahit, l'homme disparaît…. On n'est pas grand-chose diraient les anciens ….
C'est avec une écriture infiniment poétique (merci au traducteur) que l'auteur nous emmène dans cet univers qui se joue de nos sensations. Les descriptions sont telles qu'on sent le Rombo celui qui fait que la peur reste présente, qui modifie les trajectoires de vie, qui change le regard sur le quotidien ….
Une construction originale pour un texte surprenant de réalisme.

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
Commenter  J’apprécie          70
Le 6 mai 1976, un séisme dévasta la région du Frioul et des Alpes juliennes ; cette zone du nord est de l'Italie, frontalière de l'Autriche et de la Slovénie. Esther Kinsky choisit cet événement pour parler de la mémoire, de la disparition d'un monde ancien et des bouleversements de la nature et de la géographie.

Il y a eu un avant et un après ce tremblement de terre, pour les hommes comme pour la montagne et l'ensemble du vivant. Mais cet avant et cet après, l'autrice nous le dévoile à partir de la mémoire d'une série de personnages, habitant d'un petit village proche du Mont Canin. Certains étaient adultes, d'autres des enfants. Chacun a son propre souvenir de la vie au village, de l'événement lui-même et de ce qui s'est passé après. On va et vient d'une mémoire à l'autre, exprimée à la première personne. Comme les souvenirs, le récit alterne d'un personnage à l'autre dans le désordre chronologique des souvenirs humains.

Les chapitres consacrés aux personnages sont entrecoupés de pages descriptives, poétiques et très évocatrices sur des éléments de la nature et des traditions locales : les plantes, les animaux, les reliefs, mais aussi quelques contes et légendes ou les métiers et la vie d'antan. La nature est le personnage essentiel. Bien sur, le tremblement de terre lui-même mais aussi les pierres, les animaux, les plantes. Les descriptions de paysage de l'autrice sont riches et vivantes, montrant une nature agissante. Par exemple " Les eaux commandent au paysage et déterminent le tracé des chemins, tout ensemble additionnent et retranchent, laissent, après leur passage, dans la roche tendre formée de reste de coquillages, d'enveloppes, d'arêtes, de squelettes de vertébrés et d'organismes vivants fossilisés, des cavités profondes, des avens, des gouffres et des puits, les ''abissis'', où les explorateurs de roches calcaires, les initiés, s'empresseront de coller leur oreille, y guettant l'écho très lointain de signes de vie. (page 94).

Ce tremblement de terre a été un coup d'arrêt pour le monde ancien et un accélérateur des évolutions des conditions de vie, de la montagne vers la plaine. Mais une évolution qui s'est faite aussi ailleurs sans le tremblement de terre. La vie était dure. Les hommes partaient déjà travailler en Allemagne, les enfants rêvaient de connaitre la mer pourtant si peu distante. Les femmes allaient travailler dans la plaine, faisant des rencontres. La ville attirait. Resteraient les vieux et les souvenirs. Quelques uns reviendraient en vacances.

Un peu sceptique au début, j'ai fini par adhérer à l'univers de l'autrice et à son écriture.
Commenter  J’apprécie          10
Par petits chapitres attentifs, Esther Kinsky raconte le tremblement de terre qui a bouleversé le Frioul en 1976.

Il s'agit de points de vues : aussi bien celui des animaux et de la flore, du minéral ou des paysages que celui de hommes et des femmes. Et celui-ci  n'est pas un récit factuel, mais une évocation de souvenirs, avec ce que cela comporte de temps forts et de silences, de redites et d'oublis. Et ces récits entrecroisés racontent toute l'histoire de ces vallées hautes, le fonctionnement villageois qui s'étiole, les habitants qui partent pour nourrir la famille, les traditions, les menues actions quotidiennes, la modestie et les espoirs.

Il en ressort, derrière la grande sobriété, une émotion partagée avec tous ces personnages.
Commenter  J’apprécie          10


critiques presse (2)
LaCroix
14 juin 2023
Dans un récit à plusieurs voix, Esther Kinsky reconstitue l’expérience du séisme qui a dévasté la région italienne du Frioul, en 1976.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LesInrocks
14 avril 2023
En revisitant un tremblement de terre qui, en 1976, ruina la région italienne du Frioul, l’écrivaine allemande touche au tangible et à l’intangible d’une catastrophe pas tout à fait naturelle.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Alentour : lisières d'un paysage de moraines. Collines douces, champs, tourbières au creux de dépression de terrain isolées, ça et là quelques excroissances karstiques calcaires coiffées de petits bois de chênes et de châtaigniers, herbes fines et coupantes sur des crêtes qui, pour le céder de beaucoup à celles de haute montagne, n'en offrent pas moins un bon point de vue sur des vallonnements, des croupes rocheuses piquées de villages, d'églises et, par places, de ruines qui semblent celles de quelque château fort, mais sont en réalité de croulants vestiges de la Première Guerre mondiale.
Commenter  J’apprécie          00
Le souvenir, c'est comme une ombre. Il vous suit partout où vous allez.
Commenter  J’apprécie          10

Video de Esther Kinsky (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Esther Kinsky
Présenté par Robert Maggiori, philosophe co-fondateur des Rencontres Philosophiques de Monaco et critique littéraire.
« Pourquoi lire (13 bonne raisons au moins) », co-écrit par Annie Ernaux, Philippe Garnier, Jürgen Habermas, Eva Illouz, Frédéric Joly, Esther Kinsky, Sibylle Lewitscharoff, Nicolas Mahler, Oliver Nachtwey, Katja Petrowskaya, Hartmut Rosa, Clemens J. Setz et Joëlle Zask. Publié chez Premier Parallèle, 20€, 240 pp.
autres livres classés : séïsmesVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (40) Voir plus



Quiz Voir plus

Pas de sciences sans savoir (quiz complètement loufoque)

Présent - 1ère personne du pluriel :

Nous savons.
Nous savonnons (surtout à Marseille).

10 questions
411 lecteurs ont répondu
Thèmes : science , savoir , conjugaison , humourCréer un quiz sur ce livre

{* *}