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EAN : 9782369741503
185 pages
Akata (08/09/2016)
3.92/5   75 notes
Résumé :
Dans les années 20, au Japon… L'industrialisation du pays fait rage, tandis qu'en Russie, la Révolution vient de s'achever. Au port de Hakodate, c'est l'effervescence : le bateau-usine s’apprête à partir en mer, pour pêcher des crabes qui seront revendus à prix d'or. Mais les ouvriers-pécheurs ne se doutent pas encore du destin qui les attend… Exploités, battus et spoliés par Asakawa, l'intendant du navire qui ne pense qu'aux bénéfices de l'entreprise qu'il représen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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La littérature engagée, j'aime ça. Quelque soit son support. Ici, c'est roman issu de la littérature japonaise, publié en 1929 (et interdit ensuite), qui est adapté en manga.

L'auteur du roman original est décédé en 1933, d'une crise cardiaque, soi-disant, mais les marques sur son cadavre font tout de suite penser à ses proches qu'il est mort de la torture… Ambiance.

Ce manga parle du capitalisme dans ce qu'il a de plus extrême : pour que les actionnaires gagnent plein de pognon, il faut que des pauvres types crèvent en travaillant dans des conditions épouvantables.

Le rendement, quoiqu'il en coûte ! Voilà le maître mot d'Asakawa, l'intendant du bateau-usine qui pêche des crabes sur la mer du Kamtchtka, rivalisant avec les Russes. Pour l'intendant, c'est une guerre économique contre les Russes.

Coups, menaces, privations, travail dans des conditions terribles, pire qu'au goulag (ou aussi grave), malades obligés de bosser, bouffe infâme, pendant que le capitaine, l'intendant et les autres, se goinfrent de mets succulents, pour aller les vomir ensuite, vu que la mer, parfois, est démontée…

Même les ouvriers, dans leur trou à merde, au fond de la cale, ont bien du mal à garder leur bol de riz dans l'estomac.

Dans ce manga, aucun personnage n'est plus mis en avant qu'un autre. Pas un héros, mais des ouvriers pauvres, qui n'ont pas le choix que de bosser sur ce navire, des hommes qui vont se révolter, tenter de se serrer les coudes pour mettre fin à cette tyrannie.

L'union fait la force, c'est bien connu, mais avant d'y arriver, à cette union, il faudra bien des brimades, bien des coups, bien des morts… avant que les 400 marins ne se rendent compte qu'ils sont bien plus nombreux que l'intendant.

Unir les gens est la chose la plus difficile qui soit, tandis que les désunir est si facile, comme le fera l'intendant, en mettant les pêcheurs et les ouvriers chargés de mettre les crabes en boîte en compétition. Et ça marche toujours !

La seule chose qui ait un prix, sur ce bateau-usine, ce sont les boîtes de crabes, destinées à l'élite, certaines à l'empereur. Dans ces boites de crabes, il y a surtout le sang, la sueur et les morts des ouvriers, des pêcheurs.

L'autre chose qui a de la valeur, c'est le rafiot sur lequel ils naviguent : ce dernier est assuré pour une somme plus élevée que sa valeur. Autrement dit, il rapportera plus d'argent en faisant naufrage qu'en naviguant. le ton est donné.

Récit d'une descente aux enfers où les pauvres gars embarqués sur cette galère se demanderont, à un moment, s'il n'aurait pas mieux valu mourir au départ. Les conditions de travail vont devenir de plus en plus dures, laissant les ouvriers épuisés, à tel point que les accidents de travail augmentent.

Un manga dont la lecture ne laissera personne indifférent, sauf peut-être les gros actionnaires (hommes ou femmes), qui ne s'enrichissent que sur le dos des autres, telles des tiques sur le dos d'un chien.

Il est à souligner que dans ces bateaux-usines, les intendants étaient des Japonais, qui se comportaient en esclavagiste envers d'autres Japonais, le tout pour le bien du pays. Ce n'était pas le fait d'étrangers donc !

Juste pour rappeler que bien souvent, le Mal vient de ses propres dirigeants, de ses propres intendants, patrons…. et qu'ils sont de la même nationalité que ceux qu'ils exploitent. le véritable ennemi, ici, c'est le capitalisme et les étrangers ne sont pas responsables.

Diviser pour mieux régner, c'est un classique qui marche toujours. Exploiter les plus pauvres, ceux qui n'ont pas le choix, et les dresser l'un contre l'autre, c'est le combo gagnant pour cet intendant et pour tous les exploiteurs.

Un excellent manga, qui prouve, une fois de plus, que les mangas, ce n'est pas que pour les ados et que ce ne sont pas des "trucs avec des mecs bourrins dedans". Non, ici, c'est juste la mise en image d'un roman qui était lui-même la mise en phrase des horreurs qui avaient lieu dans les bateaux-usines.

Le pire est que ces pratiques ont toujours lieu, quelque part dans le monde, dans d'autres pays, pour que des sociétés fassent de superprofits sur des vêtements, de l'alimentation, le tout, au détriment de gens qu'elles exploitent et de la Nature qu'elles foutent en l'air.

Pas de soucis, tout va très bien, madame la marquise !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Mon premier manga à 67 ans!
En 1929 le livre dont est tiré ce manga est censuré .
Son auteur meurt à 29 ans en 1933 sous les coups de la police.
Nous avons ici,"la mer pour décor, et pour thème l'oppression "

Nous sommes au Japon, en 1926, ces bateaux usines sont consacrés à la pêche aux crabes.
Les injustices ,cruautés et mauvais traitements pleuvent sur une main d'oeuvre d'étudiants, d'anciens mineurs, de pêcheurs et de marins..

Un destroyer impérial les escorte.
Il défend le territoire de pêche japonais face aux russes et s' assure que la discipline et les quotas sont respectés à bord du bateau usine

C'est la chronique d'une insurrection qui met du temps à se lever. Il faudra attendre qu'exploités et exsangues ils n'aient plus rien à perdre..

Ce livre est dédié à tous ceux qui ont été sacrifiés pour l'essor du capitalisme japonais.

Une lecture instructive et touchante.
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Oui, la saison du crabe est arrivée au Québec. Les bateaux sont sortis en mer pour pêcher les crabes qui seront revendus à prix d'or. Mais les conditions de travail, malgré les exigences de la mer, ne seront jamais celles exprimées par Takiji Kobayashi. Nous ne sommes pas dans les années 20 non plus et surtout pas au Japon, où le culte du travail sans fin, du don de soi à l'entreprise et la montée du capitalisme, ont sacrifiés une génération de travailleurs au nom du profit.
Gô Fujio a adapté et dessiné cette oeuvre culte du courant marxiste des révoltés victimes d'oppression, du mouvement d'art prolétarien, de littérature prolétarienne. Sous forme de manga, dont le but bien sûr, est d'attirer un lectorat plus jeune, cette forme est très visuelle avec des dessins vraiment chargés. Trop parfois. Et comme souvent dans les mangas, les personnages se ressemblent beaucoup et je m'y perds dans tous ces faciès.
Sauf pour le méchant intendant Asakawa, facilement reconnaissable, toujours en train de battre un employé.
Par contre, la vie des travailleurs est bien représentée. le port, les pêcheurs, le dortoir, les tonnes de crabes à dépecer, le fond de la cale, un véritable travail de recherche de qualité.
Cette puissante adaptation sous forme de manga a réussi sont but pour ma part, me donner de goût de lire le livre original et vivre cette vie d'enfer à bord du Hakkô-maru, le bateau-usine et naviguer depuis la base d'Hakodate vers la mer du Kamtchatka. Et y déclencher une grève d'enfer…
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Ah ces masses critiques qui savent si bien attiser notre curiosité !
Merci aux éditions Akata pour cet envoi.
Se retrouver à lire un manga .... ce n'est pas vraiment mon habitude mais, un manga anticapitaliste, monument de la littérature contestataire cela ne se refuse pas.
Bon je me rappelle les commentaires du plus jeune de mes fils .... tu commences par la fin et tu lis les bulles de gauche à droite !
Il suffit de faire attention sinon l'histoire coule nettement moins bien !
Réaliser à quel point il y avait de haine entre deux peuples, les japonais et les russes !
Réaliser à quel point le patronat japonais a été terrorisé par l'idée que la révolution russe allait contaminer le pays du soleil levant !
Réaliser que pour certains, conserver une chaloupe sur une mer déchaînée avait beaucoup plus d'importance que de sauver des vies humaines !
Lire que pour certains, un rafiot rapportera plus d'argent en faisant naufrage, même si l'équipage péri avec !
Découvrir qu'un bateau usine, n'est pas considéré comme un bateau de croisière, ni comme une usine, donc, qu'aucune réglementation ne s'applique !
Surprise, parfois au milieu des planches dépeignant la dure vie des pêcheurs, une reproduction d'une photo avec des vrais hommes, glaçant !
Littérature prolétarienne, apologie du collectif, seul moyen d'action en face d'un patronat très très énergique et pas du tout paternaliste !
Autant la description de vie sur ces bateaux usines dans les années 20 avec les aléas du temps, des bancs de crabes, est très réussie,autant la mise en avant des moyens de lutte contre le capitalisme dans ces conditions l'est beaucoup moins. Aucune marge de manoeuvre pour l'individu et ses sentiments individuels. Tout est à la gloire des masses laborieuses qui lorsqu'elles se lèvent entraînent ...
Le livre commence et fini par une description de la fin de vie de Takiji Kobayashi, mort torturé suite à l'écriture de son oeuvre qui a été interdite pendant très longtemps.
Une chose est sûre plus jamais je ne mangerai de crabes du kamtchatka !
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J'ai aimé l'aspect roman social, militant ce ce manga. L'histoire se passe dans les années 20, sur un bateau usine japonais, véritable bagne flottant. C'est un pamphlet contre le capitalisme brutal de l'époque. Mais, quite à passer pour un vieux dinosaure, j'ai beau avoir retenté l'expérience plusieurs fois, j'ai vraiment beaucoup de mal avec les mangas : je trouve le format désagréable à lire, je ne parle pas uniquement du fait de lire à l'envers, il y a aussi le graphisme stéréotypé, les gros plans sur les visages avec la bouche ouverte, le noir et blanc avec ses trames grossières, et aussi les caractères extrêmes des personnages, les méchants et les gentils, usant d'un manichéisme basique, sans nuance. Bref, peut-être que je lirais un jour le roman de Kobayashi dont cette BD est l'adaptation, mais je ne suis toujours pas convaincu par les mangas (c'est quand même la première fois que j'arrive à en lire un jusqu'au bout).
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critiques presse (3)
Telerama
16 novembre 2016
Gô Fujio, dans cette adaptation, a parfaitement rendu le souffle âpre et l'originalité narrative de l'oeuvre originale.
Lire la critique sur le site : Telerama
BDZoom
10 octobre 2016
Un remarquable témoignage, superbement mis en image, qui vous prend forcément aux tripes.
Lire la critique sur le site : BDZoom
ActuaBD
13 septembre 2016
Adaptation réussie d’un classique de la littérature prolétaire japonaise, un puissant récit qui revient sur la place des travailleurs pauvres dans le jeu du capitalisme effréné.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Qui vous a donné l'ordre de faire un détour inutile ?!
Il est à qui, ce bateau ?
Il est à l'entreprise qui paie pour l'affréter !
Alors ceux qui ont le droit de l'ouvrir ici, c'est M.Suda, le patron et moi !
Tu fais le fier en disant que t'es le capitaine mais tu vaux pas plus que le papier pour essuyer la merde !
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Dans les remblais pour construire les ports,les ouvriers atteints de beriberi étaient enterrés vivant,tels des piliers humains

Des couches de morceaux de chair pareils à des sashimis de thon,consolidaient les galeries.

On surnommait ces travailleurs des" pieuvres "car les pieuvres sont capables de manger leurs propres tentacules pour survivre.
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Si jamais on perdait, alors les jeunes japonais que vous êtes, avec vos couilles ballantes, vous n'auriez plus qu'à vous ouvrir le ventre et vous jeter dans la mer du Kamtchatka ! Pas question de se laisser vaincre par ces lourdauds de russkofs !
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A Hokkaïdo, chaque traverse de voie ferrée était taillée dans le cadavre bleui d'un travailleur. Ceci n'est pas une figure de style. Sur les chantiers portuaires, les travailleurs victimes du béribéri étaient ensevelis vivants dans les terres gagnées sur la mer.
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Le récitant ajouta ce commentaire, qui n'était pas dans les sous-titres :
« Car l'assiduité au travail est la mère de tous les succès ! »
Les ouvriers saluèrent ce commentaire par des applaudissements « zélés ». Cependant, il y eut quand même un pêcheur pour crier : « Fadaises ! Si c'est vrai, alors pourquoi que je ne suis pas le patron, moi ! » Ce qui déclencha à nouveau l'hilarité générale.
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