Deuxième roman de
Jerzy Kosinski, écrit en 1968, trois ans après le contesté (l'a-t-il vraiment écrit ou est-ce une imposture ?) mais époustouflant «
L'oiseau bariolé », ce livre reçut alors le prestigieux National Book Award. Plus de quarante-cinq ans après, une seule question subsiste après la lecture de ce court texte : mais pourquoi donc ?
L'écriture de
Kosinski est sans aucun doute très provocatrice, sans cesse à la limite du malsain. Certains voient en cet auteur un des fondateurs de l'autofiction. Pour ma part, j'ai trouvé le style pompeux et boursouflé : le Mépris de
Moravia / Godard sans le talent en quelque sorte.
Le narrateur, anonyme, raconte au fil des pages toutes les expériences qu'il a (aurait) vécu au cours de ses pérégrinations. Ce roman est une succession de courts paragraphes décrivant des fantasmes plus ou moins inavouables. Tout y passe, de la torture à la zoophilie, en passant par des perversités où le dégoût concurrence l'exotisme. On peut sans doute comprendre à quel point ce livre pouvait être provoquant à la fin des années soixante, à faire passer pour des bluettes certains textes de
Bret Easton Ellis. Mais, contrairement à ce dernier qui s'inscrit dans une construction littéraire bien réelle, le roman de
Kosinski est au final insipide et stérile. «
L'oiseau bariolé » s'appuyait sur un récit d'enfance se voulant autobiographique. Les violences épouvantables décrites dans ce texte pouvaient (à la rigueur) se justifier pour décrire la situation du peuple polonais pendant la seconde guerre mondiale. Dans «
les pas », il ne reste que le sordide.